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vres qui ne reposent pas sur la sainte écriture (slok 94 et suiv.). Il suppose l'existence simultanée de plusieurs doctrines religieuses et crée pour les examiner des assemblées composées de dix juges (sł. 111, 122, 125). Le sloka 121 mentionne comme un dieu secondaire Vichnou, que des pouranas d'une date ultérieure mettent au-dessus de Brahma, divinité suprême des premiers temps. Dejà tout semble faire pressentir le schisme de Bouddha, cette grande rénovation religieuse du VIe siècle, dont nous parlerons ci-après (1).

$ 4. Théocratic Ethiopienne.

39 Histoire de l'Ethiopie, antique puissance de ce royaume. 40 Vicissitudes depuis le XIIe siècle.

41 Action des lois providentielles sur l'Ethiopie.

42 Organisation sociale.-Familles, castes.

43 Gouvernement.-Administration de la justice.

39 Histoire de l'Ethiopie, antique puissance de ce royaume. Nous avons suivi jusqu'ici la filiation des théocraties; nous avons vu la doctrine des Chaldéens, de la race basanée de Sem, se communiquer aux Mages de la race blanche de Japhet; ceux-ci,à leur tour, ont instruit les Indiens, comme eux d'origine japétique. Maintenant au foyer scientifique et religieux de l'Inde va s'éclairer une tribu sacerdotale noire de la race de Cham, tribu d'où vont sortir les théocraties de l'Ethiopie et de l'Egypte. Parlons d'abord de l'Ethiopie.

A une époque dont l'antiquité se perd dans la nuit des temps, une peuplade d'Ethiopiens, issue de Chus, fils de Cham, et venue d'abord du golfe persique, remonte vers l'Afrique méridionale en suivant la chaîne de montagnes qui s'étend le long de la vallée du Nil; elle s'avance jusqu'au point où l'Atapus et l'Astraboras viennent se décharger dans le Nil.

(1) Sur l'architecture du l'Inde dans ces temps anciens, antérieurs à Bouddha, v. le Manuel de l'hist. générale de l'architecture, par M. Daniel Ramée, t. 1 p. 69.

Là, dans une presqu'ile formée par ces fleuves, cette peuplade trouve une contrée fertile où elle se fixe. Là, des prêtres instruits par des Brahmanes de l'Inde fondent un temple qu'ils consacrent à Ammon, divinité de la peuplade.

à

Saba ou Meroé devient la capitale de cet état naissant et s'accroit peu

peu par la réunion de populations indigènes qui viennent s'abriter dans son enceinte. Organisé par les prêtres qui s'adjoignent une caste de guerriers parmi lesquels un roi est élu, le nouvel état se développe rapidement. Agrandi par la conquête, enrichi par les offrandes adressées de toutes parts au temple d'Ammon, il forme de bonne heure un puissant royaume. Hérodote (liv. II, chap. 100) rapporte que parmi les 350 rois qui régnèrent sur les diverses parties de l'Egypte, dix-huit furent Ethiopiens. Cette énonciation, qui, d'après les listes connues des Pharaons, se rapporte nécessairement aux plus anciennes dynasties, prouve l'antique domination de l'Ethiopie. Du temps de Moïse, Flavius-Joseph nous les représente luttant vaillamment contre l'Egypte et signale Saba ou Meroé, leur capitale, comme une place forte imprenable à cause de ses immenses fortifications et des trois fleuves (le Nil, l'Atape et l'Astaboras) qui l'entourent (II, 5). Brillante à cette époque, la glorieuse prospérité de ce pays ne fléchit un instant que devant la fortune et les armes du grand Sésostris. Ce célèbre Pharaon, sous lequel se courbe presque tout l'ancien monde, attaque aussi les Ethiopiens voisins méridionaux de l'Egypte. Il les défait et les force à lui payer un tribut annuel en bois d'ébène, en or et en dents d'éléphants (Diodore 1, 55). Momentanément humiliés, les Ethiopiens relèvent la tête sous les successeurs de Sésostris. La gloire éthiopienne rentre ensuite dans l'ombre pendant plusieurs siècles.

40. Vicissitudes de l'Ethiopie depuis le XIIe jusqu'au VIe siècle. Un grave inconvénient de l'histoire des anciennes théocraties est de n'avoir point de chronologie suivie. Du XIIe au VIo ɛiècle,à peine trou

vons-nous pour l'Ethiopie quelques faits disséminés dans les annales dés

autres peuples.

La dixième année du règne de Salomon (la 991o av. J.-C.) est signalée par la visite fastueuse de Nicaulis, reine d'Egypte et d'Ethiopie, à ce grand roi de Judée. La richesse et la magnificence de cette souveraine de race noire, ses chameaux chargés d'or, de pierreries, de précieux parfums, les splendides présents dont elle comble son hôte, donnent une haute idée de la prospérité de sa nation (IIIe liv. des rois, ch. 10. Flav.Joseph, VIII, 2).

La fortune de l'Ethiopie semble rester long-temps liée à celle de l'Egypte. En 957, la Ve année du règne de Roboam, Sesac, Pharaon d'Egypte, entre en Judée avec une armée immense composée en majeure partie de Lybiens et d'Ethiopiens. Il prend plusieurs villes, assiége Jérusalem, s'en empare et pille le temple (Flav.-Joseph. VIII, 4).

Dieu a ensuite pitié des Hébreux. En 919, Aza, roi de Juda, remporte une victoire éclatante sur Zaba, roi d'Ethiopie, dont l'armée comptait cent mille chevaux et neuf cent mille fantassins. Le camp des Ethiophiens est saccagé. Les vainqueurs y gagnent une énorme quantité d'or, de chameaux, de chevaux, de bétail, et retournent à Jérusalem chargés de richesses. (Flav.-Joseph. ibid. VIII, ch. 6).

Après ces revers, l'Ethiopie refleurit plus resplendissante que jamais. L'apogée de sa gloire doit être fixée du VIIIe au VIIe siècle. Sabakho, roi puissant de cette contrée, fond sur l'Egypte avec une formidable armée. Les fils de Mesraïm sont vaincus ; le Pharaon Anysis se réfugie dans les marais, et pendant cinquante ans le conquérant reste maître de l'Egypte. Pieux envers la divinité, bienveillant pour les hommes, Sabakho abolit le plus rigoureux des chatiments, la peine de mort. Au lieu d'être privé de la vie, le coupable n'est plus condamné qu'à travailler aux ouvrages publics, aux levées de terre, à l'exhaussement du sol des cités. Un supplice inutile, dit Diodore, est ainsi remplacé par des services rendus au pays. (Diod. 1, 65; Herod. 11, 137).

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Après Sabakho règnent successivement Suech ou Sica, qui gouverne douze ans (de 744 à 732), et Tarakho, que l'histoire signale comme un grand conquérant. Celui-ci tient le sceptre pendant vingt ans (732-712), et a pour successeur Merrès, qui règne douze ans et commence la XXVIe dynastie. On ne sait rien des autres rois d'Ethiopie. (IVe liv. des rois ch.17 et 19).

Les monuments de l'architecture éthiopienne remontent à la plus haute antiquité. Des sujets sculptés en bas-relief dans l'intérieur des temples représentent soit des adorations, sortes d'actes solemnels accomplis par des individus ou des familles avec l'assentiment des prêtres moyennant de riches offrandes, soit des processions religieuses en l'honneur de la divinité, soit des traits de l'histoire politique des rois, surtout leurs guerres, leurs victoires, leurs triomphes (1).

40. Action des lois providentielles sur l'Ethiopie. Les trois grandes lois providentielles, la sociabilité, la rénovation, le progrès, auxquelles correspondent l'unité, la diversité et l'harmonie, exercent tour à tour leur influence sur les destinées de l'Ethiopie.

Une tribu sacerdotale en relation avec les prêtres de l'Inde développe de bonne heure les germes de la sociabilité parmi les fils de Chus. Meroé, gouvernée dès sa fondation par un collége de prêtres, est l'une des plus anciennes théocraties et devient le foyer de cette brillante civilisation égyptienne qui plus tard éclaire l'Europe.

A diverses époques, le voisinage de l'Egypte, les expéditions du grand Sésostris, des migrations d'Arabes, des conquêtes sur une partie de l'Afrique introduisent en Ethiopie des éléments importants de

(1) V. les voyages de Burkhardt, de Caillaud, l'ouvrage de M. Heeren, intitulé : De la politique et du commerce des peuples de l'antiquité, trad. de l'allemand par M. Suckau, 1. V, et le Manuel de l'histoire générale de l'architecture, par M. Daniel Ramée, t. I, p. 178.

rénovation. Les populations qui l'habitent doivent aussi se recomposer souvent d'une foule de petits peuples d'alentour nomades ou sédentaires.

Enfin la religion, le commerce, les produits du sol deviennent une source abondante de lumière, de prospérité, de progrès social. Par leurs études et leur science, les prêtres répandent les premiers éléments des connaissances humaines. Le savoir, la doctrine se propagent avec la religion. Des temples sont fondés en divers lieux. Ces établissements et les bourgades qui les entourent prospèrent rapidement, soit à l'aide des dons qui accompagnent les actes solennels connus sous le nom d'adorations, soit par de pieux pèlerinages joints aux caravanes commerciales.

42. Organisation sociale ;—familles, castes. Peu de documents nous sont parvenus sur la constitution de la famille en Ethiopie. A en juger par la colonie sortie de Meroé qui desservait en Lybie le temple d'Ammon, la famille éthiopienne paraît organisée selon le mode oriental. La polygamie, dont le but est d'abord de suppléer à la stérilité d'un premier hymen, sert plus tard d'aliment au sensualisme, surtout chez les principaux de l'état que leur fortune met en position d'entretenir plusieurs femmes. Ceux-ci possèdent plusieurs épouses. Elles tiennent avec leurs enfants le premier rang dans la maison. Puis, dans un ordre inférieur, viennent des concubines.

La nation entière se partage en trois castes héréditaires : les prêtres, les guerriers, le commun peuple.

Les prêtres sont les dominateurs suprêmes. Dépositaires de la religion et de la science, ils maîtrisent facilement des esprits non moins superstitieux qu'ignorants. Aussi jouissent-ils d'un crédit et d'un ascendant sans limites. Les rois élus par eux doivent se soumettre aux lois qu'ils ont établies. Arbitres absolus de la destinée du monarque, ils peuvent même, par un étrange abus d'autorité, lui intimer l'ordre de quitter la vie.

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