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de la race blanche de Japhet, fondent une des plus anciennes sociétés du monde primitif. Les Mages, qui forment une de leurs tribus, se distinguent par la connaissance qu'ils acquièrent du mouvement des astres et des principes moteurs de l'univers. Versés en outre dans les sciences occultes et inventeurs de la magic, ils organisent le culte du feu sous la direction du premier Zoroastre, leur chef. Un antagonisme opiniâtre se déclare bientôt entré les deux religions des Chaldéens et des Mages.

§ 5. Theocratie de l'Inde. Au-delà de l'Indus et plus spécialement sur les bords du Gange, on aperçoit les Brahmanes, caste sacerdotale de l'Inde, fils aînés de Brahma, réputés par une belle fiction sortis de la tête de ce dieu, tandis que les Kchatriya (guerriers) sont issus de son bras, les Vaisyas (laboureurs) de son ventre, et les Soudras (serviteurs) de ses pieds. Supérieurs aux autres races, d'un sang plus noble et d'un teint plus blanc, les Brahmanes sont dans l'Inde les chefs des êtres créés, les seigneurs de la terre, les interprètes sacrés de la loi. La théocratie dont ils sont les fondateurs est une des plus puissantes des temps anciens.

§ 4. Theocratie Ethiopienne. Instruits par des migrations venues de l'Inde, les prêtres éthiopiens de Méroé, de la race noire de Khus, fils de Kham, instituent au confluent de l'Astaboras et du Nil une théocratie renommée, pleine de vie et d'avenir, dont la gloire est cependant éclipsée par celle du sacerdoce égyptien.

§ 5. Theocratie d'Egypte. De Méroé se détachent successivement deux colonies sacerdotales qui vont l'une à Thèbes, l'autre en Lybie, fonder un temple, une religion, un état. Les fils de Mesraïm, au teint plombé, accueillent avec une bienveillance hospitalière cette colonic d'Ethiopiens, issus comme eux de Kham, leur aïeul commun. Thèbes est le premier séjour de la nouvelle caste sacerdotale et le centre du culte d'Ammon qu'elle propage en Egypte. Comme dans les autres théocraties, la religion et la science sont les bases de l'autorité des prêtres.

§ 6. Theocratie Hebraïque. Elevé dans la science des prêtres égyptiens dont il a pénétré les mystères et scruté les instituts, Moïse, après la miraculeuse sortie d'Egypte, promulgue, sous l'inspiration de Dieu, les lois qui doivent régir Israël, et constitue le peuple hébreu, à la tête duquel il place la caste des Lévites.

Dans toutes ces théocraties la société se divise par castes. Les prêtres

composent un ordre privilégié et organisent une caste de guerriers destinée à maintenir leur puissance et à défendre l'état contre l'ennemi extérieur (1).

II. Théocraties d'Europe.— § 7. Theocratie des Pelasges. C'est d'abord à Dodone en Epire, qu'un oracle de Jupiter est institué par les Pélasges, à l'imitation de l'oracle de Thèbes en Egypte. Un autel de pierre est ensuite érigé auprès d'une forêt de chênes séculaires, pour lesquels le peuple professe une profonde vénération. L'oracle et la religion ont pour interprètes et pour ministres des prophétesses et des prêtres qui, en qualité d'organes exclusifs de la divinité, sont investis d'une autorité considérable. Premiers agriculteurs sur le sol européen, les Pélasges, pour mettre leurs récoltes en sûreté, se renferment dans des villes fortifiées dont les murailles grossières se composent de blocs de pierres non taillées (2).

§ 8. Theocratie des Druides. Les institutions et les coutumes des vieux Gaulois présentent une frappante ressemblance avec celle des Pélasges, dont ils sont frères d'origine. Uniques dépositaires de la volonté des Dieux, les Druides organisent la religion, dans laquelle le chêne a aussi son culte et la divinité ses autels de pierre. Ces prêtres, seuls éclairés au milieu des populations ignorantes et superstitieuses, constituent un ordre puissant devant lequel fléchissent les autres classes de la société.

§ 9. Theocratie des Thusques ou Toscans. Issus des Pélasges, dont les colonies venues de l'Asie-Mineure et de la Grèce ont peuplé l'Italie, les vieux Toscans conservent le culte et les institutions sacerdotales de

(1) Pour compléter cette étude sur les théocraties de l'Orient, il est nécessaire d'y joindre l'examen détaillé des ressemblances qui ont existé entre elles et des points sur lesquels il y a eu antagonisme. (V. à ce sujet Diogène Laerce, Vie des philos. de l'antiq., Préface). — Quant aux rapports spéciaux : 1o Des Mages avec les Indiens, v. De Marlès, hist. de l'Inde, t. I, p. 386, t. II, p. 325; 2o Des Indiens avec les Egyptiens, v. de Marlès, t. Ḥ, p. 307, ibid; Heeren, politique et commerce de l'antiq., t. III, p. 445 de la trad.; 3o Des Indiens avec les Hébreux, v. de Marlés, t. II, p. 347 et t. III, ibid, p. 179.; la Crequinière, Conformité des coutumes des Indiens orientaux avec celles des Juifs, Bruxelles, 1704, in-12.-V. aussi sur les diverses théocraties, un petit traité assez rare intitulé: l'Examen des esprits, ou les entretiens de Philon et Poliate. Examen premier des origines. Paris, 1672, in-12.

(2) V. Petit Radel. Recherches sur les monuments cyclopéens, p. 3 et suiv. (Paris, 1841, in-8°.

leur mère-patrie. Ils entretiennent avec soin le feu sacré, jadis allumé au foyer de l'Hieron ou temple métropolitain. De nombreux vestiges, des débris d'autels de pierre, des restes de grès non taillés ont pu encore de nos jours être reconnus comme ayant appartenu à ces anciennes colonies pélasgiques, dont le culte s'imprégna de rites égyptiens (1). Barbares à leur origine, ces Thusques ou Toscans primitifs sont civilisés plus tard (vers le XIIIe siècle av. J.-C.) par des Pélasges Tyrrheniens venus de la Lydie. Ces autres Thusques (Étéroi-Thusques), ou Etrusques qui connaissaient l'art de construire, développent en Italie les premiers germes du progrès social. ( V. ci-après, no VI, § 5).

Telles sont en Europe les trois premières théocraties des Pélasges, des Druides et des Thusques ou Toscans. Filles de l'Orient et de l'Egypte, elles portent sans doute dans leur physionomie des traits qui attestent leur origine. Mais altérés par une foule de causes, ces traits sont déjà bien modifiés, bien effacés. Dans l'organisation politique comme dans les habitudes de la vie sociale, le culte est loin d'occuper une place aussi importante; le pouvoir royal, l'élément aristocratique prennent une plus large part, et ces colléges de prêtres qui se recrutent parmi les laïques, ces familles sacerdotales qui s'allient aux familles des grands, soit loin de former ces castes héréditaires et profondément séparées qui sont la base des théocraties de l'Orient.

SECTION II. Royautés patriarcales, guerrières, héroïques.

IV. Tandis qu'une partie du monde est ainsi subordonnée à des théocraties où les prêtres gouvernent au nom de la divinité, une autre partie non moins considérable est régie par la royauté, forme de gouvernement simple établie à l'image de l'autorité du père de famille.

Dans la terre de Chanaan et dans les contrées d'alentour, en Syrie, en Mésopotamie, toutes les populations divisées en petits états sont, dès les temps primitifs, gouvernées par des rois, dont l'autorité est à la fois patriarcale et guerrière (2). Quelques-uns de ces rois résident dans une cité fortifiée. Pour mieux résister aux agressions du dehors, ils forment aussi des ligues ou confédérations. La pentapole d'Asie, par exemple, se compose des cinq petits états de Sodome, de Gomore,

(1) Petit Radel, ibid, p. 141 et 217.

(2) V. la Genèse, chap: XIV; le livre de Josué, chap. X-XII.

d'Adama, de Seboïm et de Bala, dont les rois coalisés font la guerre à d'autres rois (Genèse, ch. XIV). La pentapole de Palestine est formée des villes de Geth, Accaron, Azot, Ascalon et Gaza (liv. I des Rois, ch. VI).

Dans l'Asie-Mineure et dans la Grèce, nous voyons apparaître ces royautés héroïques dont Homère nous a laissé une peinture si poétique et si vraie. Aristote a parfaitement caractérisé la puissance de ces rois du moyen-âge antique, en disant qu'ils commandaient à la guerre, présidaient aux sacrifices et rendaient la justice. (Polit., liv. III, ch. IX) - (1).

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Quels que soient au surplus son caractère et ses attributs, la monarchie primitive n'est point illimitée. L'autorité du prince, les restrictions qu'elle reçoit, reposent sur deux principes qui se contrebalancent:

Pour les populations, la nécessité d'un chef, la conscience de ne pouvoir s'en passer;

Pour le monarque, l'idée qu'il ne peut agir seul sans le concours de ses sujets (2).

SECT. I.

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CHAPITRE II. Sociétés de seconde formation.

Les Assyriens;

Empires militaires antérieurs à Cyrus.
- les Ninivites, les Chaldéens, les Mèdes.

V. Avec le cours des siècles, la royauté subit des modifications; tantôt elle acquiert plus d'intensité et tourne au despotisme en devenant conquérante, tantôt elle perd de sa puissance et se mélange d'élémens républicains.

Quand la mésintelligence éclate entre des rois rivaux, parmi eux en

(1) Des études juridiques sur l'Iliade et l'Odyssée peuvent conduire à une juste appréciation des prérogatives de ces rois. Nous publierons plus tard le résultat de nos recher→ ches à ce sujet. V. aussi en tête de la traduction de l'Iliade de Lebrun, le discours d'un rhéteur sur les gouvernements; et Barthelemy, Voy. d'Anacharsis en Grèce.

(2) Sur la royauté comme forme primitive du gouvernement, v. Platon, des lois, liv. III; Aristote, politiq., liv. I, ch. 2; Justin, liv. I, ch. 1; Ciceron, de legibus, liv. III, ch. 2; Vico, science nouv., chap. 2, axiom. 73 et 76; Goguet, de l'origine des lois, etc. t. I, p. 25, in-8°; Meiners, hist. des sciences dans la Grèce, t. III, p. 115 de la trad.; Chateaubriand, essai sur les révolutions, liv. I, chap. 2.

surgit un, plus habile chef de guerre ou plus audacieux dans ses projets; il défait ses voisins, subjugue leurs cités, étend au loin ses conquêtes; dans son orgueil il prend le titre de roi des rois et fonde par la force des armes une domination militaire dont les bases sont la crainte et le despotisme.

Le premier empire militaire dont l'histoire fasse mention est celui qu'élève Ninus en Assyrie. Né avec un caractère remuant et ambitieux, il s'entoure de vaillants guerriers, envahit la Babylonie devenue alors la proie des Arabes, conquiert l'Arménie et la Médie, soumet la Bactriane et fait retentir le monde du bruit de ses exploits (1968-1916 av. J.-C.). Sa veuve Sémiramis, non moins célèbre que lui par ses victoires et par l'éclat de son règne, ajoute encore à la puissance de l'Assyrie.

Redevables de leur domination à la force du glaive, les monarques assyriens consolident et maintiennent dans la famille et dans l'état tout ce que le despotisme paternel et monarchique produit en Orient de plus intense.

Mais sous ce climat énervant les races et les dynasties s'usent vîte; de fréquentes rénovations y sont indispensables. Après Ninias, fils dégénéré de Sémiramis, l'Assyrie n'offre plus qu'une longue suite de rois insignifiants qui, pendant quatorze siècles, se succèdent sans gloire et vivent efféminés dans leur sérail de Babylone. Le dernier de cette liste est Sardanapale, qui surpasse ses prédécesseurs en luxe, en mollesse, en lâcheté. Arbakès, chef des Mèdes, Belesis, chef et grand prêtre de Babylone, trament une conjuration et organisent la révolte. Sardanapale, assiégé dans Ninive, se brûle avec ses femmes et ses richesses (759).

Ainsi s'éclipse cette puissante domination assyrienne, après avoir long-temps brillé d'un vif éclat. La diversité des nations soumises à ses lois, l'absence d'unité sociale, le relâchement de l'autorité, la dépravation et l'ineptie des rois sont les principales causes de sa ruine.

Des débris de cet immense empire se forme le triple royaume des Assyriens de Ninive, des Babyloniens et des Mèdes.

De ces trois royaumes renouvelés, celui qui brille d'abord avec le plus d'éclat est le royaume de Ninive. On y compte successivement sept souverains qui règnent de 759 à 625, Parmi ces sept princes, les plus remarquables sont : le cinquième, Assar-Adon, qui, dans le cours de son règne (de 707 à 667); s'empare de Babylone (en 680); et le sixième,

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