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ARTICLE II.

De la vérité des faits rapportés dans les autres livres de l'Ancien Testament.

200. Toutes les preuves que nous avons données de la véracité de Moyse, reviennent ici en faveur de la véracité des autres écrivains de l'Ancien Testament; tout ce que nous avons dit pour prouver la vérité du Pentateuque, prouve également la vérité de l'histoire du peuple juif, depuis son entrée dans la terre promise jusqu'aux guerres des Machabées. Les historiens sacrés n'ont pu être trompés; ils rapportent des faits sensibles, publics et notoires; des faits qui intéressaient plus ou moins la nation. Ils n'ont pas eu l'intention de tromper; rien, dans leurs écrits, n'autorise une pareille supposition; la diversité des temps où ils ont écrit, leur caractère, leur zèle pour le culte du vrai Dieu et l'observation de la loi, la candeur et la simplicité qui règnent dans leurs récits, la nature des faits le plus souvent peu honorables pour les Juifs, l'indication des temps, des lieux et des personnes, les circonstances minutieuses, les détails précis qu'on remarque dans les différents livres de l'Ancien Testament, tout, en un mot, nous démontre jusqu'à l'évidence que ceux qui les ont rédigés ne sont pas des imposteurs. Pour peu qu'un fourbe soit adroit, il cherche à flatter le peuple, afin de pouvoir plus facilement se concilier les esprits; et il écarte avec soin tout ce qui peut servir à confondre l'imposture. Enfin, ils n'auraient pu tromper les Juifs quand même ils l'auraient voulu. Prétendre qu'une nation tout entière puisse être dupe de la fourberie pendant plus de dix siècles, pour ce qui concerne ses annales, l'histoire de sa religion, de son culte et de son gouvernement, n'est-ce pas le comble de l'extravagance? Une telle hypothèse, si elle était possible, saperait les fondements, nous ne disons pas seulement de l'histoire du peuple juif, mais de l'histoire générale, de l'histoire de tous les peuples de la terre. On a fait des difficultés contre les livres de l'Ancien Testament, mais il n'en est aucune qui soit restée sans réponse; toutes ont été résolues à l'avantage de l'histoire de la religion (1).

(1) Voyez Bullet, Réponses critiques à plusieurs difficultés touchant les livres saints; Bergier, Traité hist. et dogmat. de la vraie Religion ; du Clot, Bible vengée; Guénée, Lettres de quelques Juifs à Voltaire; Janssens, Hermeneutica sacra; M. Glaire, Introduction aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, etc.

ARTICLE III.

De la vérité des faits contenus dans les Évangiles et les autres livres du Nouveau Testament.

201. Les faits rapportés dans les livres du Nouveau Testament sont vrais ; il n'est aucune histoire dans toute l'antiquité qui soit mieux constatée que celle de Jésus-Christ et des apôtres; les miracles qu'on leur attribue réunissent toutes les conditions requises pour le plus haut degré de certitude, pour la certitude historique ou morale la plus absolue.

SI. Preuve de la vérité des faits évangéliques par le témoignage des historiens qui les rapportent.

202. Les écrivains du Nouveau Testament sont au nombre de huit, savoir: saint Matthieu, saint Marc, saint Luc, saint Jean, saint Paul, saint Pierre, saint Jacques et saint Jude. Cinq d'entre eux, Matthieu, Jean, Pierre, Jacques et Jude, étaient du nombre des douze apôtres ; ils avaient accompagné Jésus pendant tout le cours de sa prédication; ils pouvaient donc dire comme saint Jean : « Nous vous annonçons ce que nous avons entendu, ce que nous « avons vu de nos yeux, ce que nous avons touché de nos mains (1). » Les évangélistes Marc et Luc ne faisaient point partie du collége apostolique, mais ils étaient disciples de Jésus-Christ. Pour ce qui regarde saint Paul, il a vécu avec les apôtres; il a même vu NotreSeigneur, qui lui a apparu après sa résurrection. Nous avons donc, en faveur des miracles de Jésus-Christ, huit historiens contemporains, tous témoins oculaires de ce qu'ils rapportent ; nous disons huit historiens, car non seulement les évangélistes, mais encore les Épitres des Apôtres, sont des monuments historiques de la vie du Sauveur; toutes en rappellent ou en supposent les principaux traits. Par cela même que les auteurs de ces lettres ne contredisent point le témoignage des évangélistes, c'est une preuve qu'ils croient comme eux, et qu'ils reconnaissent la vérité des faits publiés par eux ; ils parlent comme les évangélistes, en parlant toujours dans

(1) Quod fuit ab initio, quod audivimus, quod vidimus oculis nostris, quod perspeximus, et manus nostræ contrectaverunt de Verbo vitæ.... testamur et annuntiamus vobis. Epist. 1, ch. 1, v. 1.

leur sens, sans jamais parler contre eux. Or, d'après cela, quelle est l'histoire profane qui soit aussi bien attestée que celle des miracles de Jésus-Christ? Quels sont les faits de l'histoire des Grecs et des Romains, même parmi ceux qu'on ne peut révoquer en doute, en faveur desquels on puisse invoquer un aussi grand nombre de témoins oculaires, et qui nous aient été transmis par huit historiens contemporains? On ne doute point des expéditions d'Alexandre le Grand; cependant elles ne sont connues par le témoignage d'aucun écrivain qui ait vécu de son temps. L'antiquité profane ne nous offre rien de plus constant, de plus certain, que les faits de Socrate; cependant nous n'avons pour garants que deux de ses disciples, Platon et Xénophon. La mort de César, qu'on propose comme un exemple de la certitude historique portée au suprême degré, a-t-elle autant de motifs de crédibilité que la mort et la résurrection de Jésus-Christ? Aussi les miracles de Notre-Seigneur et de ses apôtres, racontés dans les livres du Nouveau Testament, ont-ils été reçus comme vrais, comme certains et incontestables par tous les peuples qui ont embrassé le christianisme. Donc on doit tenir pour vraie l'histoire contenue dans les livres évangéliques. Mais voyons plus particulièrement si les apôtres sont des auteurs dignes de foi.

§ II. Preuve tirée de l'impossibilité où étaient les apôtres de se tromper et de tromper les autres.

203. On convient que le témoignage des apôtres est digne de foi, qu'il ne laisse rien à désirer pour la certitude, s'ils n'ont pu être trompés sur les faits qu'ils rapportent, s'ils n'ont pas eu l'intention de tromper leurs lecteurs, et s'ils n'ont pu les tromper, quand même ils l'auraient voulu : on ne peut rien exiger de plus. Or, les apôtres n'ont pu se tromper; ils n'ont pas voulu tromper; ils n'auraient pu tromper, quand même ils l'auraient voulu. Donc les apôtres sont véritablement dignes de foi.

204. Premièrement : les apôtres n'ont pu se tromper sur les faits qu'ils racontent. Ce ne sont pas des faits inconnus et cachés, qui se soient passés dans quelque coin obscur; c'est en public, en présence de ses disciples et même de ses ennemis, que Jésus-Christ a fait ses miracles. Il ne s'agit pas de questions abstraites, d'opinions métaphysiques, de faits éloignés pour le temps et pour les lieux: il s'agit de faits contemporains, de faits matériels, sensibles et palpables, de faits dont les apôtres avaient été témoins oculaires. Ce ne sont pas des faits isolés et sans consistance; ce sont

des faits qui se sont renouvelés tous les jours pendant le cours de trois années, sans parler des miracles que les apôtres ont opérés eux-mêmes après la résurrection de leur divin Maître. Ce ne sont pas non plus des faits d'une vaine curiosité et dépourvus de tout intérêt, incapables de fixer l'attention des Juifs et des disciples de Jésus-Christ, mais des faits de la plus haute importance, des faits d'où dépendaient la reconnaissance du Messie, l'abrogation de la loi de Moyse, la religion, le gouvernement de la nation. Ce n'est pas tout les apôtres qui publient les faits n'en ont pas été seulement les témoins, ils y ont même pris plusieurs fois une part active : Notre-Seigneur a fait marcher saint Pierre sur les eaux; dans les deux miracles de la multiplication des pains, ce sont les apôtres qui en ont fait la distribution au peuple, et qui en ont recueilli les restes.

205. Enfin, comme on le voit dans le livre des Actes, ils ont fait eux-mêmes plusieurs prodiges. Or, en supposant, par impossible, qu'ils se soient trompés sur les actes publics du Fils de Marie, avec lequel ils ont vécu familièrement plusieurs années, il faudra du moins reconnaitre qu'ils n'ont pu s'abuser sur leurs propres actions; ceux qui sont sains d'esprit ne se persuaderont jamais qu'ils parlent des langues qu'ils n'ont point apprises, qu'ils guérissent des maladies de tout genre, qu'ils font voir les aveugles, entendre les sourds, parler les muets, marcher les boiteux, qu'ils ressuscitent les morts, tandis qu'ils ne font rien de semblable. Il n'y a pas de milieu ou vous reconnaîtrez que les apôtres n'ont pu se tromper sur les faits évangéliques, ou il faudra les reléguer parmi ces infortunés qui n'appartiennent plus à la société que par la commisération qu'ils excitent. Mais nous vous le demanderons, insensés, des hommes privés de l'usage de leurs sens et de la raison, auraient-ils pu jamais concevoir et exécuter la plus grande révolution qui eut lieu dans le monde? Les Evangiles, les Actes des Apôtres, les Épitres de saint Paul, de saint Pierre, de saint Jean; les livres du Nouveau Testament, en un mot, ontils jamais passé pour des ouvrages rédigés par des hommes en délire?

des

206. Vous nous direz peut-être que si les apôtres n'étaient pas des insensés, ils étaient au moins d'une ignorance grossière. Les apôtres étaient ignorants, soit: mais étaient-ils aveugles? étaientils sourds? Non, il n'est point nécessaire d'être érudit pour s'assurer des faits qui s'opèrent sous nos yeux: sans être philosophe, on peut être certain de ce qu'on a vu constamment pendant des années

entières. Et si cela n'était, que nous resterait-il de l'histoire des peuples? Si vous récusez le témoignage des apôtres parce qu'ils n'ont pas fréquenté les écoles de la Grèce, il vous faudra donc condamner les tribunaux de la justice humaine, puisqu'ils condamnent le plus souvent un accusé sur la déposition de quelques témoins qui ne sont pas hommes de lettres. Vous casserez donc leurs arrêts toutes les fois qu'ils seront rendus sur le témoignage d'hommes ignorants, de ceux qui n'ont point cultivé les sciences. Mais alors qui voudrait rester dans la société ? qui pourrait y vivre avec sécurité, si le crime ne pouvait y être puni que lorsqu'il aurait pour témoins des philosophes ou des académiciens ? Nous le répétons, pour attester des faits matériels, extérieurs et sensibles, il suffit d'avoir l'usage de ses sens, c'est-à-dire, des yeux qui voient, des oreilles qui entendent. Il ne s'agit pas encore de savoir si tel ou tel fait est miraculeux ou non, mais bien de savoir si, par exemple, lorsque Jésus-Christ commandait aux aveugles de voir, aux sourds d'entendre, aux muets de parler, aux morts de sortir du tombeau, les aveugles, et les sourds, et les muets, et les morts, ont véritablement recouvré la vue, l'ouïe, la parole et la vie. Or, est-il plus difficile de voir un mort après sa résurrection que de le voir avant sa mort? Si donc vous persistez à soutenir que les hommes peuvent se persuader qu'ils voient ce qu'ils ne voient pas, qu'ils entendent ce qu'ils n'entendent pas, qu'ils touchent de leurs mains ce qu'ils ne touchent pas, sous prétexte qu'ils ne sont point lettres, ou qu'il s'agit de faits opérés par l'intervention de Dieu, que deviennent alors et le témoignage de nos sens et le témoignage des hommes? Que devient la certitude?

207. Se rejettera-t-on sur la crédulité des apôtres? Dira-t-on qu'ils ont cru les miracles de Jésus-Christ, les miracles qu'ils ont faits eux-mêmes, parce qu'ils étaient crédules? Mais comment saurez-vous s'ils étaient crédules, si ce n'est par l'Évangile? Or, loin de nous les représenter comme tels, l'Évangile leur reproche, en différentes occasions, leur peu de foi, leur hésitation, leur lenteur à croire (1). Et certes ils n'étaient point trop crédules, lorsqu'ils refusaient de croire la résurrection de Jésus-Christ, malgré l'annonce de ceux qui en avaient été les premiers témoins; ils n'étaient

(1) Quid timidi estis, modicæ fidei? Matth., c. VIII, v. 26. Modicæ fideiquare dubitasti? Ibidem, c. xiv, v. 31. Quid cogitatis intra vos modicæ fideiquia panes non habetis? Ibidem, c. xvi, v. 8. O stulti et tardi corde ad credendum in omnibus quæ locuti sunt prophetæ ! Luc, c. xxiv, v. 25.

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