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Moyse comme un fait constant et public, dont tout le peuple « était témoin; quatre ou cinq remarques de cette nature faites par Josué ou par Samuel, ou par quelque autre prophète d'une pareille antiquité, parce qu'elles ne regardaient que des faits no<«<toires, et où constamment il n'y avait point de difficulté, auront naturellement passé dans le texte, et la même tradition nous « les aura apportées avec tout le reste; aussitôt tout sera perdu? « Esdras sera accusé, quoique le Samaritain, où ces remarques se << trouvent, nous montre qu'elles ont une antiquité non-seulement « au-dessus d'Esdras, mais au-dessus du schisme des dix tribus? N'importe, il faut que tout retombe sur Esdras. Si ces remarques «< venaient de plus haut, le Pentateuque serait encore plus ancien « qu'il ne faut, et on ne pourrait assez révérer l'antiquité d'un livre dont les notes mêmes auraient un si grand âge. Esdras aura « donc tout fait; Esdras aura oublié qu'il voulait faire parler Moïse, « et lui aura fait écrire si grossièrement comme déjà arrivé ce

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qui s'est passé après lui ! Tout un ouvrage sera convaincu de supposition par ce seul endroit; l'autorité de tant de siècles et la « foi publique ne lui servira plus de rien. Comme si, au contraire, « on ne voyait pas que ces remarques, dont on se prévaut, sont « une nouvelle preuve de sincérité et de bonne foi, non-seulement dans ceux qui les ont faites, mais encore dans ceux qui les ont « transcrites. A-t-on jamais jugé de l'autorité, je ne dis pas d'un livre divin, mais de quelque livre que ce soit, par des raisons si légères ? Mais c'est que l'Écriture est un livre ennemi du genre «< humain : il veut obliger les hommes à soumettre leur esprit à Dieu, et à réprimer leurs passions déréglées. Il faut qu'il périsse; et, à quelque prix que ce soit, il doit être sacrifié au liberti« nage (1). »

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ARTICLE II.

Les autres livres de l'Ancien Testament sont authentiques.

89. Il s'agit ici principalement des livres proto-canoniques, c'est-à-dire, des livres qui ont toujours été reçus comme sacrés par les Juifs et par les chrétiens. Quant aux livres deutéro-canoniques, ainsi appelés parce que la canonicité ou l'inspiration divine n'en a pas été reconnue, dès le principe, dans toute l'Église, nous en parlerons plus spécialement un peu plus bas (2). Nous ferons remar

(1) Bossuet, Discours sur l'histoire universelle, part. п. n° xшII.—(2) Voyez plus bas le chapitre vi, De la canonicité des livres saints.

quer aussi que, parmi les livres de l'Ancien Testament, il en est plusieurs dont les auteurs ne sont pas certainement connus: mais, pour prouver qu'ils sont authentiques, il suffit de constater qu'ils remontent au temps auquel on les rapporte; qu'ils ont été rédigés par des contemporains, ou d'après les archives et les monuments publics; et que ceux qui les ont écrits n'ont pu en imposer en aucune manière à la nation. Or, il n'est pas difficile de montrer que la chose est ainsi. Nous disons donc que les livres de l'Ancien Testament, ceux qui sont sans nom d'auteur, aussi bien que ceux de David et de Salomon, des grands et des petits prophètes, sont tous authentiques.

90. En effet, à peu de chose près, tout ce que nous avons dit pour établir l'authenticité du Pentateuque revient ici, pour prouver l'authenticité des autres livres du peuple juif. Ici, comme pour les livres de Moïse, nous avons la foi publique et constante de toute la nation, qui revendique ces livres comme autant de titres authentiques de son histoire et de sa religion; le témoignage de Jésus-Christ et des apôtres, l'enseignement des docteurs de l'Église, la croyance de tous les chrétiens, qui confirment, au besoin, l'autorité de la synagogue. Nous avons le rapport de ces livres aux lois, aux coutumes, aux mœurs des Juifs, et au temps où l'on croit qu'ils ont paru; nous avons, en outre, l'impossibilité qu'ils aient été fabriqués, soit à différentes époques, par plusieurs, soit en même temps et par un seul. Si ces livres étaient l'ouvrage d'un imposteur, le peuple dont il aurait tenté de faire l'histoire y eût-il été représenté comme un peuple mille fois infidèle et mille fois puni de Dieu, comme une nation ingrate et retombant sans cesse dans l'idolâtrie, malgré les prodiges que le Tout-Puissant renouvelait sans cesse sous ses yeux, tantôt dans sa colère, tantôt dans sa miséricorde? Ce n'est pas ainsi qu'eût agi un faussaire; et, l'eût-il entrepris, jamais la nation n'eût été dupe de sa fourberie.

ARTICLE III.

Les Évangiles et autres livres du Nouveau Testament sont authentiques.

91. Comme nous nous réservons de parler ailleurs des livres deutéro-canoniques, nous n'insisterons, dans cet article, que sur l'authenticité des livres proto-canoniques; tels sont, entre autres, les quatre Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean; les Actes des apôtres et les treize premières

lettres de saint Paul. Or, l'authenticité de ces livres se prouve par la foi de l'Église chrétienne, par l'autorité des auteurs ecclésiastiques des premiers siècles, par le témoignage ou l'aveu des anciens hérétiques et des païens, par l'inspection des livres dont il s'agit, et par l'absurdité des hypothèses auxquelles sont obligés de recourir ceux qui prétendent qu'ils ne sont point authentiques. Il n'est certainement pas nécessaire, pour prouver l'authenticité d'un livre, de réunir l'universalité de ces preuves : mais leur concours démontre jusqu'à l'évidence qu'il n'existe aucun livre, dans le monde, dont l'authenticité soit mieux établie que celle des livres du Nouveau Testament.

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§ I. Preuve tirée de la foi publique de l'Eglise chrétienne.

92. Saint Augustin, soutenant contre quelques manichéens la cause que nous défendons contre quelques incrédules, et en particulier contre Strauss, rationaliste allemand, demandait sur la foi de qui nous attribuons les livres profanes à des temps et à des auteurs certains: «< D'où savons-nous, leur disait-il, que Platon, Aristote, Cicéron, Varron, et autres écrivains, sont les véritables auteurs « des ouvrages qui portent leurs noms, si ce n'est parce qu'eux« mêmes en ayant instruit leurs contemporains, cette connaissance « est venue jusqu'à nous par la voie de la tradition (1) ? » En effet, l'auteur d'un livre ancien, sacré ou profane, ne peut, en général, être connu que par l'opinion publique des peuples auxquels il appartient, que par la tradition, dont l'autorité croit à proportion de l'importance du livre et de l'intérêt qu'il excite. Or, il n'existe point, en faveur de quelque livre que ce soit, une croyance aussi ferme, aussi unanime, aussi universelle et aussi persévérante que celle des chrétiens à l'égard des livres du Nouveau Testament. Une société immense répandue dans toutes les contrées de l'univers, l'Église chrétienne, nous présente des livres qu'elle croit avoir reçus de ses fondateurs; ces livres se trouvent partout, chez les Grecs et chez les Latins, dans les Églises de l'Orient et dans celles de l'Occi

(1) Platonis, Aristotelis, Ciceronis, Varronis, aliorumque hujusmodi auctorum libros, unde noverunt homines, quod ipsorum sint, nisi eadem temporum sibimet succedentium contestatione continua ?... Unde constat quid cujusque sit, nisi quia his temporibus, quibus ea quisque scripsit, quibus potuit, insinuavit atque edidit, et in alios atque alios continuata notitia latiusque formata, ad posteros etiam usque ad nostra tempora pervenerunt. Lib. xxın contra Faustum, cap. vi.

dent; ils sont traduits dans toutes les langues. Partout les chrétiens les lisent, les méditent, et les révèrent comme la parole de Dieu. S'il s'élève entre eux quelques disputes sur la foi, c'est à ces livres qu'on en appelle; ce sont les oracles que tous les partis consultent avec un égal respect. Et il ne peut en être autrement; car c'est dans ces livres qu'ils trouvent les titres de leur croyance, les mystères qu'ils adorent, les maximes et les règles de leur con duite, les lois qu'ils doivent observer, sous peine de damnation. Or, cette foi publique et générale, cette possession non interrom< pue, dont on ne peut expliquer l'origine qu'en remontant au temps des apôtres, forme au moins une prescription qui ne pourrait être ébranlée que par des preuves positives et incontestables. Ce n'est point à l'Église qu'il faut demander ses titres; sa possession seule suffit pour confondre ses adversaires. C'est à vous, philosophes, de nous montrer ce que cette possession a de vicieux; c'est à vous de nous dire et de nous prouver en quel temps et par qui nos livres ont été supposés, de nous expliquer comment les écrits d'un faussaire ou d'un visionnaire ont pu tout à coup inonder le monde entier, et prendre la place qui n'était due qu'à des livres authentiques. Dites-nous donc par quel moyen, par quel art, par quel enchantement on a pu tromper, sur un fait de cette nature, la vigilance des pasteurs et la piété des fidèles, surprendre la religion des peuples, et faire triompher par l'imposture ou le fanatisme, les rèves d'une imagination exaltée ? Jusque-là l'Église pourra vous dire ce que Tertullien lui faisait dire aux anciens hérétiques : « Qui « êtes-vous? Depuis quand et d'où êtes-vous venus? A quel titre, a Marcion, coupes-tu ma forêt? Qui t'a permis, Valentin, de déa tourner mes canaux ? Qui t'autorise, Apelles, à déplacer mes ⚫ bornes ? C'était ma possession. Comment osez-vous, vous qui êtes « étrangers, semer et recueillir ici? Encore une fois, c'est ma posa session; je possède depuis longtemps, je possède la première ; je descends des anciens possesseurs; je suis héritière des apôtres ; ⚫ et je jouis conformément aux dispositions de leur testament, aux charges du fidéicommis, au serment que j'ai prêté (1). »

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(1) Qui estis? Quando et unde venistis? Quid in meo agitis, non mei? Quo denique, Marcion, jure silvam meam cædis? Qua licentia, Valentine, fontes meos transvertis? Qua potestate, Apelles, limites meos commoves? Mea est possessio. Quid hic cæteri ad voluntatem vestram seminatis et pascitis? Mea est possessio; olim possideo, prior possideo, habeo origines firmas, ab ipsis auctoribus quorum fuit res; ego sum hæres apostolorum; sicut caverunt testamento suo, sicut fidei commiserunt, sicut adjuraverunt, ita teneo. De præscriptionibus, no xxvII.

93. Prétendre qu'on ne peut admettre le témoignage des Églises chrétiennes en faveur des livres sacrés, sous prétexte qu'elles déposeraient dans leur propre cause, ce serait récuser tout à la fois et le témoignage des peuples qui s'appuient sur la tradition pour établir l'authenticité des livres qui leur appartiennent, et le titre de ceux qui invoquent une possession constante et immémoriale pour repousser une injuste prétention. Récuserez-vous le témoignage des mahométans pour ce qui regarde l'authenticité de l'Alcoran, parce que ce livre intéresse les disciples de Mahomet? Pourquoi donc rejeteriez-vous le témoignage de l'Église à l'égard des Evangiles? La cause des livres du Nouveau Testament n'est devenue la cause de l'Église que parce que, dès son origine, elle possède et révère ces livres comme venant de ses fondateurs. Dans la question présente, les chrétiens sont des témoins naturels et nécessaires le fait s'est passé chez eux, il leur appartient; eux seuls sont intéressés. Il est donc juste de les entendre, de recevoir leur déposition, et de respecter leurs titres. Chaque nation doit en être crue sur son histoire, chaque société sur ses monuments, sauf les réserves que la critique a droit de mettre à cette confiance: autrement c'en serait fait de la certitude historique; on ne serait plus assuré de rien, pas même des faits les mieux constatés. Ainsi donc il est prouvé, par la foi publique, générale et constante des chrétiens, que les livres du Nouveau Testament sont authentiques.

S II. Preuve lirée du témoignage des auteurs ecclésiastiques des premiers siècles.

94. Nous ne parlerons pas ici des écrivains postérieurs au quatrième siècle, car tous les ennemis du christianisme conviennent qu'à partir de cette époque les livres du Nouveau Testament ont été généralement reçus partout comme authentiques. En effet, le concile de Carthage de l'an 390 ou 397, dont le décret (1) a été confirmé en 405 par le pape Innocent I (2), reconnaît tous ces livres pour canoniques, les donnant comme venant des apôtres ou des disciples immédiats de Jésus-Christ, dont ils portent les noms. Et, avant le concile de Carthage, celui de Laodicée admettait aussi comme sacrés les Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc et de saint Jean, les Actes des apôtres, et toutes les lettres

(1) Le P. Labbe, Concil., tom. u. col. 1177. —(2) Lettre à Exupère, évêque de Toulouse, Labbe, ibid., col. 1256,

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