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autant de marques négatives de la vraie Eglise ; et les quatre đer nières, qui en sont les marques positives.

ARTICLE I.

L'Église romaine a un tribunal suprême, qui prononce avec autorité sur les controverses en matière de religion.

951. Le tribunal suprême de l'Église, c'est le corps des évêques, dont le pape est le chef. Depuis la promulgation de l'Évangile, nous voyons, l'histoire en main, saint Pierre et les apôtres, les papes et les évêques leurs successeurs, enseignant les nations, gou vernant l'Eglise, réglant le culte divin, et jugeant en dernier ressort sur les controverses en matière de religion. Dans les siècles primitifs comme dans les siècles suivants, on voit des pasteurs et des docteurs, pastores et doctores, établis, comme le dit saint Paul, selon l'ordre de Dieu, pour édifier le corps de Jésus-Christ, pour maintenir l'unité de la foi, fixer les fidèles, et les empêcher de flotter à tout vent de doctrine (1); on voit les évêques des Églises particulières, à la tête des prêtres, dés diacres et des simples fidèles, présider les assemblées et les cérémonies religieuses, condamner les hérétiques et les schismatiques, comme on voit les papes étendre leur sollicitude sur l'Église universelle. Le plus souvent, la condamnation de l'erreur partait de la chaire de Rome comme du centre de l'unité, et arrivait dans tous les sens jusqu'aux extrémités du monde chrétien les évèques y adhéraient par un consentement exprès ou tacite, et cette adhésion générale formait le jugement de l'Église universelle. D'autres fois, pour étouffer une hérésie, il suffisait qu'elle fût anathématisée par l'évêque du lieu qui l'avait vue naître. Si, au contraire, l'erreur devenait plus dangereuse, soit à raison du caractère de ceux qui en étaient les auteurs, soit parce que les fidèles ne pouvaient juger que difficilement si elle était contre la foi catholique, les évêques se réunissaient en concile, condamnaient les novateurs comme hérétiques, et en donnaient avis aux autres évêques, notamment au pape, qui confirmait leur sentence. Cependant, dans les premiers temps du christianisme, c'est-à-dire dans les temps de persécution, ces assemblées étaient plus rares. Les évêques, ne pouvant se dérobér à la mort qu'en se cachant, ne pouvaient se concerter ensemble toutes

(1) Lettre aux Ephésiens, c. Iv, v. 11, etc.

Voyez le n° 938.

les fois qu'il se manifestait de nouvelles hérésies; souvent il n'y avait pas d'autre moyen d'arrêter les progrès de l'erreur, que des condamnations particulières, ou la réfutation qu'en faisaient ceux qui étaient plus instruits dans la foi. Ce ne fut qu'au quatrième siècle, lorsqu'avec la paix l'Église eut recouvré la liberté, que les condamnations devinrent plus solennelles, par cela même qu'elles étaient plus libres; que ni le pape ni les évêques n'étaient plus aussi gênés dans l'exercice de leurs fonctions qu'auparavant. De là ce grand nombre de conciles dans les différentes parties du monde, des conciles même œcuméniques, dont le premier eut lieu à Nicée en 325. De tout temps, depuis saint Pierre prinée des apôtres, jusqu'à l'immortel Pie IX, on a regardé dans l'Eglise catholique le papé et les évêques comme dépositaires des Écritures et de la tradition, comme interprètes de la parole divine, comme juges de la foi, commé formant un tribunal suprême, et infaillible dans ses jugements sur tout ce qui intéresse la religion.

ARTICLE II.

L'Église romaine a la visibilité perpétuelle et indéfectible qui convient à l'Église de Jésus-Christ.

952. L'Église romaine est visible, et dans son chef, dont le gouvernement, qui s'étend sur tous ses membres, est extérieur et visible; et dans ses évêques, dont l'enseignement et les actes en matière de juridiction sont extérieurs et visibles; et dans ses prẻtres, ses diacres et ses lévites, dont le ministère également est extérieur et visible; et dans les simples fidèles, qui professent extérieurement ce qu'elle enseigné, qui participent extérieurement aux sacrements qu'elle administre, qui sont extérieurément soumis aux pasteurs qui la gouvernént. Elle est visible dans ses symboles, ses professions de foi, ses décrets dogmatiques, ses règlements généraux ou particuliers, dans son culte et sa discipline. Elle est éminemment visible, elle se montre dans toutes les parties du monde, avec son unité supérieure à toute autre société chrétienne qui se divise et se fractionne en proportion de son développement. Elle a toujours été visible; dès le temps des apôtres, nous la voyons répandue par toute la terre, ayant constamment la même hiérar-chie, le même gouvernement, le même ministère public, les mêmes sacrements, le même culte. Elle a été visible dans la persécution comme en temps de paix; visible dans les luttes qu'elle a' cu à

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soutenir contre les tyrans et les hérétiques. L'Église n'est jamais plus visible que lorsqu'elle s'élève au-dessus des flots qui semblent menacer de l'engloutir; les édits des empereurs, le glaive des bourreaux, la flamme des bûchers, ne servent qu'à lui donner plus d'éclat. Elle peut perdre des hommes, mais elle ne perd point la victoire; encore la diminution qu'elle souffre par l'infidélité de quelques-uns de ses membres est-elle abondamment compensée par le sang de ses martyrs, dont la mort est un triomphe pour la foi. Il est donc vrai de dire que l'Église romaine a la visibilité perpétuelle, constante, indéfectible qui convient à l'Église de Jésus-Christ. Elle a d'ailleurs dans le pape et les évêques un corps enseignant qui est le juge des controverses; donc elle réunit les notes négatives de la vraie Église. Elle a pareillement l'unité, la sainteté, la catholicité, qui en sont les quatre notes positives; quatre caractères qui la distinguent de toutes les sociétés hérétiques ou schismatiques.

ARTICLE III.

L'Église romaine est une.

953. Elle est une, quant à la doctrine: tous les catholiques romains professent la même foi, admettent les mêmes sacrements, les mêmes préceptes évangéliques, les mêmes conseils de perfection; considérant le pape et les évêques comme formant un tribunal suprême et infaillible dans ses jugements sur la foi et la règle des mœurs, au point de mettre au nombre des hérétiques quiconque nie sciemment une vérité que ce tribunal nous propose comme révélée de Dieu. Ils ne peuvent pas n'être point d'accord entre eux sur la doctrine: ils croient tout ce que l'Église catholique romaine croit; ils condamnent tout ce qu'elle condamne; ils tolèrent tout ce qu'elle tolère touchant les questions accessoires, au sujet desquelles il n'existe aucune décision dogmatique, aucun acte qui nous fasse connaître d'une manière certaine la croyance du siége apostolique. D'ailleurs, nous ne croyons que ce que nos pères ont cru, comme nos pères eux-mêmes ne croyaient que ce qu'ils avaient reçu de leurs ancêtres, que ce que leurs ancêtres tenaient des apôtres. L'Église romaine a toujours eu la même foi, s'opposant constamment à toute nouveauté en matière de doctrine. Autre chose est qu'à l'occasion des hérésies elle ait ajouté quelques mots à ses anciens symboles, autre chose qu'elle ait varié dans son enseignement: elle n'a fait ces additions que

pour faire connaître aux fidèles, d'une manière plus expresse, ce qu'elle croyait auparavant; son enseignement s'est développé, mais il n'a point changé; il n'a jamais souffert la moindre altération. Elle se sert quelquefois, il est vrai, de termes nouveaux; mais ce n'est que pour mieux exprimer les anciens dogmes et confondre les novateurs. « Qu'a fait l'Église catholique, se de« mande Vincent de Lérins, lorsqu'elle s'est assemblée en concile «< contre les nouveautés des hérétiques, sinon de laisser à la postérité dans ses décrets ce que les anciens lui avaient transmis par

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« la tradition, réduisant en peu de mots les dogmes de la religion, « et se servant au besoin d'une expression nouvelle pour expliquer << une ancienne croyance, et en faciliter l'intelligence aux fide«<les (1)?» D'ailleurs, en exposant les dogmes de l'Eglise romaine dans le second volume de cet ouvrage, nous aurons l'occasion de montrer que sa croyance et son enseignement s'accordent, en tout, avec les traditions apostoliques.

954. L'Église romaine est une non-seulement quant à la doctrine, mais encore quant au ministère : elle nous offre comme institution divine la hiérarchie la plus parfaite, composée des évêques, des prêtres et autres ministres de la religion. Les laïques ou simples fidèles et les lévites sont unis aux prêtres ; les prêtres, avec le reste du troupeau, sont unis à l'évêque; les évêques sont unis au pape, dont la chaire est le centre de l'unité catholique. Cette subordination n'est point nouvelle; elle remonte aux Pères apostoliques, des Pères apostoliques aux apôtres, des apôtres à Jésus-Christ. De tout temps, dans l'Eglise catholique romaine, on a regardé comme schismatiques, et les fidèles et les prêtres qui se séparent de l'évêque en communion avec le pape, et les prêtres et les évêques qui se séparent du pape, l'évêque de Rome, successeur de saint Pierre prince des apôtres. L'Église romaine a donc l'unité du ministère avec l'unité de doctrine; elle est une, non-seulement de fait, mais de droit; elle est une en vertu de sa constitution, qu'elle tient de Jésus-Christ. Sa discipline a varié suivant les temps et les lieux, dans l'intérêt moral et spirituel des fidèles et du clergé, mais son gouvernement n'a jamais varié; elle sera toujours, comme elle a toujours été, la société des fidèles qui professent une même foi et participent aux mêmes sacrements, sous l'obéissance du pape et des évêques qui sont en communion avec le pape.

(1) Commonitoire, n° xx,

ARTICLE IV.

L'Eglise romaine est sainte.

955. L'Église romaine est sainte elle est sainte dans sa doctrine et dans un certain nombre de ses membres, qui suivent en tout ses enseignements. Elle est sainte dans ses dogmes et ses mystères; ils tendent tous plus ou moins directement à nous unir à Dieu, notre premier principe et notre fin dernière; ils nous inspirent le détachement des biens du monde et le désir des biens éternels, l'horreur du viee et l'amour de la vertu. Elle est sainte dans son culte rien n'est plus propre que ses fêtes et ses cérémonies à ranimer en nous la piété, le respect pour la majesté divine, et la confiance en Dieu. Elle nous représente sous des formes symboliques les vérités tout à la fois terribles et consolantes de la religion, et nous rappelle, par ses assemblées dans le lieu saint, que nous sommes tous indistinctement les enfants de Dieu, tous frères en Jésus-Christ, ne devant tous avoir qu'un cœur et qu'une âme. Celles même des pratiques de dévotion qu'elle favorise sans les rendre obligatoires, celles de ses pratiques que certains hérétiques et les incrédules traitent de superstitieuses parce qu'ils n'en connaissent point l'esprit, contribuent puissamment à entretenir en nous, avec la piété chrétienne, la piété filiale et la piété fraternelle, nous voulons dire la charité, l'amour de nos semblables, que l'on tenterait en vain de remplacer par la philanthropie, qui dégénère si facilement en égoïsme. L'Eglise est sainte dans sa morale: il n'est aucun crime, aucune mauvaise action qu'elle ne condamne, aucune vertu qu'elle ne commande, aucun dévouement qu'elle n'encourage et qu'elle ne sanctifie par ses bénédictions. Ses lois, ses règlements, ses usages, toujours conformes a l'esprit de l'Evangile, sont autant de moyens de nous faciliter l'accomplissement de la loi divine, et de nous faire avancer dans la perfection chrétienne. Oui, l'Église romaine peut défier ses ennemis de la trouver en défaut, sous le rapport de la sainteté de ses enseignements et de ses ordonnances: Quis ex vobis arguet me de peccato (1)?

956. Enfin elle est sainte dans une partie de ses membres, dans ceux-là mêmes qui suivent ses instructions. Ce n'est pas seulement

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