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Lorsque vous livrant à la jalousie, à la haine, aux désirs de vengeance, vous noircissez la réputation de celui-ci, vous cherchez à nuire à celui-là; lorsque, dans les accès de votre colère, vous scandalisez vos enfans, votre femme, vos voisins, par des juremens et des malédictions affreuses; pensez-vous que vous n'êtes qu'un ver de terre et qu'ayant la fin du jour peut-être vous serez écrasé ?

Lorsque vous passez des journées entières, et même le saint Dimanche, au cabaret et dans la débauche; lorsque vous suivez les mouvemens de cette passion honteuse à laquelle vous sacrifiez votre ame, pensez-vous que vous en avez une et que cette nuit peut-être on viendra vous la redemander? Non, et la pensée de la mort est bien loin de vous.

Mais vous y penserez, et vous y serez bien forcé, quand la maladie et les infirmités viendront fondre sur vous. Chaque membre qui souffre, élève la voix et semble dire alors à la pourriture: Vous êtes mon père ; aux vers, vous êtes ma mère et ma sœur ; à la terre, vous êtes le lieu de mon repos. La douleur qui annonce le dérangement des différentes parties dont cette maison de chair est composée, annonce en même temps leur fragilité. Nous sentons alors ce que les passions qui nous aveuglent et nous étourdissent, nous empêchent de sentir dans un autre temps, que la vie de l'homme est vraiment semblable à une fleur qui se fane pres

qu'aussitôt qu'on l'a vue éclore ; que nos jours s'évanouissent comme l'ombre; que la vie de l'homme le plus robuste n'est qu'un souffle.

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Voilà, M. C. F., les réflexions salutaires dont il n'est guère possible de se défendre soit dans le cours d'une maladie dangereuse, où l'on flotte entre la crainte de la mort et la misérable espérance de prolonger sa vie de quelques années, soit dans un certain état d'infirmité habituelle, où il semble qu'on ne vive que pour souffrir, et où l'on ne peutespérer de voir finir ses douleurs qu'avec la vie. C'est alors que l'homme chrétien jette les yeux sur le tombeau dans lequel il doit bientôt descendre. Il y descend en esprit, et là, il considère l'état futur de cette chair corruptible qui lui cause tant de maux, qui lui est si fort à charge; qui ne demande qu'à rentrer et à se reposer dans lapoussière d'où elle est sortie; pendant que son ame, lassée de cette prison où elle ne trouveque des angoisses, soupire après le moment de sa délivrance et comme le mercenaire attend la fin d'un travail long et pénible, elle attend, avec la destruction de ce corps de péché où elle habite, la fin de ses douleurs et de toutes ses misères.

Telle est l'utilité de la maladie et des infirmités.

Vous me demanderez s'il est permis de désirer et de demander à Dieu la santé. Oui, M. F.; mais il faut la désirer et la demander sans inquiétude et sans empressement. Notre premier devoir dans la maladie, c'est d'en

faire bon usage; et si nous demandons la santé, ce doit être comme Jésus-Christ a demandé que le calice de sa passion s'éloignat de lui, en disant comme ce divin Sauveur : Mon Père, que votre volonté se fusse, et non pas la mienne.

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Ajoutons un mot de la convalescence. Cet état, qui tient le milieu entre la maladie et la santé, et qui est le passage de l'une à l'autre, est un écueil pour plusieurs. Sous prétexte qu'il y a bien des adoucissemens qu'on est alors obligé de se permettre, se croit permis tout ce qu'on désire ; et parce qu'on ne peut encore remplir tous ses devoirs, on se croit dispensé de tous. Mais, M. F., nous devons nous souvenir dans la convalescence, que nous sommes toujours Chrétiens et pécheurs pénitens et que par conséquent, tout ce que la loi de Dieu et l'Evangile condamnent, ne peut pas plus nous être permis dans la convalescence que dans la santé ; que nous ne sommes dispensés, dans la convalescence, d'aucun des devoirs que nous pouvons remplir. Or, rien ne nous empêche de prier souvent, de faire de courtes lectures de piété, de nous unir aux prières et aux sacrifices de l'Eglise, lors même que nous ne pouvons encore sortir de la maison; rien ne nous empêche de penser à nos devoirs pour l'état de santé, et de craindre le mauvais usage de ce bien que Dieu a la bonté de nous rendre. Pour détourner ce danger, un convalescent doit s'occuper souvent de cette parole de Jésus-Christ au paralytique

guéri: Vous voilà guéri, ne péchez plus, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis. Enfin, dès qu'un malade est guéri, la première chose qu'il doit faire c'est de venir à l'église pour remercier Dieu de ce bienfait, et recevoir les Sacremens, pour réparer les fautes que la violence du mal a pu lui faire commettre, lorsqu'il les a reçus dans sa maladie. Tous les malades le promettent mais, semblables aux lépreux de l'Evangile, à peine sur dix s'en trouve-t-il un qui s'acquitte d'un devoir si légitime. Quelle ingratitude!

Divin Jésus, dont la chair innocente a été meurtrie et déchirée pour effacer mes iniquités, lorsque, par un effet de votre miséricorde, vous affligerez cette chair mortelle qui tant de fois s'est révoltée contre vous, faites que mes pensées et mes regards se fixent sur votre croix adorable; que la vue de cette croix me rappelle le souvenir de mes péchés, afin que je les expie, en unissant mes douleurs à celles que vous avez souffertes pour l'amour de moi. Qu'en même temps, je pense à la mort dont la maladie et les infirmités sont les avant-coureurs, et que je me prépare à descendre dans le tombeau, où la pourriture et les vers m'attendent. Et vous, mon ame préparez vous à quitter cette habitation terrestre, et à rendre compte de votre vie. O mon Dieu! inspirez-nous ces sentimens, afin que les maladies dont vous affligez nos corps, pour sauver nos ames, servent à nous purifier de plus en plus,

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à nous faire mériter la couronne que vous avez promise à ceux qui souffriront avec patience dans l'union de votre croix et de vos douleurs. Je vous la souhaite, M. C. F., cette couronne immortelle.

POUR LE DIX-NEUVIÈME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE.

Sur la Communion fréquente.

Dicite invitatis: Ecce prandium paravi; venite. Ili autem neglexerunt et abierunt alius in villam suam, alius verò ad negotiationem suam. Le Roi fit dire aux conviés : J'ai préparé mon festin, venez-y; mais eux ne s'en mettant pas en peine, s'en allèrent, l'un à ses champs, l'autre à son trafic ordinaire. S. Matth. 22.

TOUTES les fois que je fais devant Dieu la

revue de mon cher troupeau, en considérant les dispositions des différentes ames qui le composent; les devoirs qu'elles ont à remplir, et les dangers auxquels elles sont exposées; les tentations du malin esprit, qui travaille continuellement à les perdre ; la chute des unes, la foiblesse des autres, le malheureux état de plusieurs la tristesse s'empare de mon ame, je suis saisi de frayeur, je me sens abattu, et je quitterois volontiers les fonctions du saint Ministère, si je ne jetois les yeux sur la sainte Table, où J. C. se donne lui-même à ses chères brebis, pour les nourrir et pour les défendre. Cette pensée

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