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savez-vous pas que ces fautes qui vous paroissent légères, lui déplaisent souverainement; qu'elles ont une malice infinie, et qu'elles ne sont excusables à ses yeux, qu'à cause de notre fragilité ? Réfléchissez bien là-dessus souvenez-vous que le vrai amour de Dieu nous inspire nécessairement de l'horreur pour les plus petites fautes, qu'il renferme par conséquent le désir de la perfection; d'où je ne crains pas de conclure que celui-là n'a pas l'amour de Dieu, qui ne désire pas de se corriger, de se purifier, de se perfectionner de plus en plus, et qui n'y travaille pas de toutes ses forces. Ames tièdes, voilà de quoi vous faire trembler. Puissiez-vous profiter de ce qui me reste à vous dire, pour vous aider à sortir d'un état infiniment plus dangereux que vous ne sauriez l'imaginer!

1.° Mettez-vous bien dans l'esprit qu'en qualité de Chrétiens, vous êtes appelés à la perfection, et que par conséquent vous devez faire tous vos efforts pour y arriver. Dire Je ne veux pas étre un Saint, est le langage d'un réprouvé. Quiconque ne veut pas être un Saint, n'entrera jamais dans le ciel, parce qu'il n'y a que les Saints qui y entrent. Eh! pourquoi ne voudriez-vous pas devenir aussi saints que ceux dont vous lisez la vie et dont l'Eglise honore la mémoire ? Ne prétendissiez vous qu'à la dernière place du Paradis, souvenez-vous qu'elle ne peut être donnée qu'à un Saint.

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2.o Ne vous comparez jamais à ceux qui

vous paroissent plus imparfaits que vous. Comparez-vous plutôt avec ceux qui ont des vertus que vous n'avez pas, qui font des bonnes œuvres que vous ne faites pas. Quelle folie de dire: Je ne suis pas un usurier comme celui-ci ; je ne suis pas un avare comme celui-là; un impie, un libertin comme cet autre; tels et tels qui vivent dans le même état que moi, ne s'y comportent pas aussi bien que moi. Ils ne font pas ceci, et je le fais. Ils font cela, et il s'en faut bien que je le fasse.

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Pourquoi ne pas dire plutôt : Je ne suis pas à beaucoup près si humble, si modeste doux, si patient, si mortifié, si détaché du monde, qu'un tel et un tel; je ne suis pas si charitable que celui-ci, je n'ai pas tant de piété que celui-là? Voilà ce que se dit à luimême un Chrétien qui est tant soit peu zélé pour sauver son ame. Point du tout, pour se trouver bon ou assez bon, l'on se compare à ceux qui paroissent plus méchans ou moins bons que soi ; et là-dessus, on se tranquillise, comme si la malice du prochain faisoit notre bonté, comme si ses imperfections faisoient nos vertus, comme si sa damnation nous assuroit la vie éternelle.

Ah! vous ne raisonnez pas ainsi, lorsqu'il s'agit des biens et des honneurs de ce monde. Vous regardez toujours au-dessus, jamais, ou presque jamais au dessous. Je, veux encore ceci, dites-vous; je voudrois encore cela. Pourquoi ne pourrois-je pas devenir aussi riche qu'un tel? Hélas! nous courons comme

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des insensés dans le chemin de la fortune. C'est à qui réussira le mieux: rien ne nous lasse, rien ne nous rebute. Et dans le chemin du ciel, on ne voit que des lâches qui s'arrêtent à chaque instant; qui, après avoir fait un pas, reculent; qui, au lieu de regarder devant eux, regardent derrière; qui, au lieu de se piquer d'une sainte émulation, en voyant la ferveur de ceux qui les passent, s'applaudissent intérieurement à la vue des autres qui leur paroissent moins avancés. Nous courons avec ferveur après des chimères, nous nous les arrachons, pour ainsi dire, les uns aux autres; et, quand il s'agit de ravir le ciel, nous sommes toujours contens de nous-mêmes nous croyons toujours avoir assez de vertu, assez de piété il semble que nous craignons d'en avoir trop. Quelle honte !

Troisième remède contre la tiédeur. Faites-vous un règlement de vie, et suivez-le sans jamais vous en écarter. Réglez votre journée conformément aux occupations de votre état. Ayez une heure marquée pour votre lever, pour votre coucher, pour vos exercices de piété, pour votre travail, pour vos récréations, pour tout. Mais prenez garde; il ne suffit pas de mettre de l'ordre dans l'extérieur, il faut que l'intérieur soit réglé aussi ; autrement ce règlement de vie ne seroit qu'une routine. Ayez pour maxime, de ne rien faire, sans avoir auparavant dirigé et purifié votre intention. Préparez votre ame, non-seulement avant la prière et les

autres exercices de piété, mais avant de commencer votre travail, avant d'entrer en conversation, et dans quoi que ce soit que vous fassiez, ou que vous ayez à dire.

4. Remède contre la tiédeur. Quelles que puissent être vos vertus et vos bonnes œuvres, regardez tout cela comme rien : imaginez-vous que vous avez à peine commencé. Que n'avoit pas fait saint Paul; que n'avoit-il pas souffert pour la gloire de JésusChrist, et pour sa propre sanctification! Cependant, comptant tout cela pour rien, il ne pensoit qu'à ce qu'il devoit faire encore. M. F., disoit-il aux Philippiens, j'oublie ce qui est derrière moi; mes désirs s'étendent et se portent vers Jésus-Christ, qui marche devant moi et qui m'appelle toujours plus loin. Je le suis, je m'élance, je fais continuellement de nouveaux efforts pour efforts pour l'atteindre, jusqu'à ce que je le tienne.

Plus donc on avance dans la connoissance de Jésus-Christ et dans la pratique de la vertu, plus on voit de chemin à faire. Mais, hélas ! qui sont ceux qui en agissent ainsi? Combien qui n'ont que l'ombre du Christianisme, qui vivent dans la tiédeur ! Ne suisje pas moi-même dans ce funeste état? Je ne puis maintenant le connoître facilement.

O mon Dieu! fondez la glace de mon cœur, attendrissez-le, dilatez-le, afin que je marche, que je coure dans la voie de vos commandemens. Donnez-moi la faim et la soif de la sainteté et de la justice. Faites que

tremble de vous déplaire en quoi que ce soit, et que j'aie pour les fautes les plus légères, autant d'horreur que pour les plus grandes. Que je travaille sans relâche à corriger mes imperfections, pour devenir conforme à Jésus-Christ, afin que je puisse recevoir de votre miséricorde ô mon Dieu! la couronne que vous n'avez promise qu'à ceux qui lui seront trouvés semblables.

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POUR LE VINGT-QUATRIÈME DIMANCHE APRÈS LA PEntecôte.

Sur le peu de fruit qu'on retire de la Parole de Dieu.

Verba mea non præteribunt. Mes paroles ne passeront point. S. Matth. 24.

La plus grande et même la seule consolation que puisse avoir un Pasteur dans les travaux de son ministère, est de voir que ses Paroissiens deviennent meilleurs à mesure qu'il les instruit. Si ceux qui nous écoutent se ressouvenoient de ce que nous leur disons dans cette chaire ; si l'Evangile que nous leur prêchons, étoit en tout et partout la règle de leur conduite, notre joie seroit parfaite, et nous n'aurions plus rien à désirer dans ce monde.

Mais, hélas! nous parlons, on nous écoute; et dès que nous sommes descendus de chaire,

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