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LA COMMÉMORATION DES MORTS.

Sur la Piété envers les Morts.

Venit nox in qua nemo potest operari. La nuit vient, pendant laquelle on ne peut plus rien faire. S. Jean, 4.

TELLE

ELLE est, M. F., la cruelle position où se trouvent ceux de nos frères qui, en sortant de ce monde, tombent entre les mains de Dieu, et deviennent les victimes de sa justice, soit qu'il les précipite dans les enfers, pour y être tourmentés éternellement, soit qu'il les retienne dans les prisons ténébreuses du Purgatoire, jusqu'à ce qu'ils aient payé la dernière obole. Secret impénétrable, sur lequel il ne nous est pas permis de porter aucun jugement; et de là viennent le respect, la piété, la charité dont l'Eglise est pénétrée, et qu'elle nous inspire envers tous ceux qui meurent dans son sein, de quelque manière qu'ils aient vécu. Faisons là-dessus quelques réflexions familières. C'est un tribut que je dois tous les ans à la mémoire des morts, et à la charité chrétienne. Je le dois à votre instruction; je le dois même à votre consolation et au soulagement de tant de bons paroissiens que vous avez connus, dont moi-même j'ai recueilli les derniers soupirs avec douleur, et pour qui je dois avoir toujours les entrailles d'un

QUELLE qu'ait été la vie de nos frères qui sont morts dans le sein et dans la communion de l'Eglise, leur mémoire est une chose sacrée, à laquelle il ne nous est pas permis de toucher; et le plus grand pécheur ne peut être regardé, après sa mort, que comme un criminel qui a paru devant son juge. Est-il absous? est-il condamné ? Nous n'en savons rien. Comme il n'est pas possible de mourir dans le péché, après avoir vécu dans la grâce, il peut arriver aussi, quoique très-rarement, que l'on neure dans la grâce, après avoir vécu dans le péché.

C'est pour cela que l'Eglise honore également la mémoire de tous ceux qui sont morts dans la foi. Elle les accompagne an tombeau, elle couvre leur sépulture avec les mêmes prières et les mêmes cérémonies, sans distinguer les méchans d'avec les bons. La charité dont elle est animée, lui fait présumer, ô mon Dieu ! que vous avez fait miséricorde à celui dont elle a reçu le dernier soupir.

Quelle est donc la témérité, l'injustice de ces langues malignes qui n'épargnent pas plus les morts que les vivans; qui poursuivent leurs frères jusque dans la tombe où ils reposent, jusque dans le sanctuaire impénétrable de la justice suprême qui les tient sous sa main, jusque dans les bras de l'Eglise qui, dans toutes ses prières, les offre, les recommande au Père des miséricordes, et le

conjure sans cesse de placer leur ame dans son repos éternel !

Ne passons pas sous silence le respect inviolable avec lequel les héritiers des défunts sont tenus d'exécuter de point en point, leurs dispositions testamentaires, soit qu'ils les aient consignées dans un acte public soit qu'ils les aient faites verbalement, lorsqu'elles n'ont rien de contraire aux lois et à la justice. Ah! M. C. F., prenez garde que l'esprit d'intérêt ne vous aveugle jusqu'à vous faire mépriser une obligation de cette nature. Celui qui vous a laissé son bien, en étoit le maître ; il auroit pu, de son vivant, exécuter par lui-même tout ce qu'il vous a chargé d'exécuter à sa place et en son nom. Ne pas satisfaire à ses intentions, c'est le tromper, c'est retenir un bien qui ne vous appartient pas, c'est une injustice et une ingratitude criantes. Eh! que savez-vous si les aumônes, siles prières qu'il a ordonnées, n'étoient point des restitutions auxquelles il étoit obligé ? Combien cependant qui négligent de les acquitter! Respectons, M. F., respectons les dernières intentions des morts, faisons honneur à leur mémoire ; entrons dans les sentimens de l'Eglise, qui traite avec tant de respect, non-seulement leur mémoire qu'elle rappelle journellement dans toutes ses prières, mais encore leurs corps, et jusqu'à la terre qui les couvre.

Ce corps qui n'est plus maintenant qu'une poignée de poussière, a été la demeure d'une ame faite à l'image de Dieu, et rachetée par

la mort et par le sang d'un Dieu, consacrée par les Sacremens qu'il a reçus, et par la Chair adorable de J. C. dont il a été nourri.

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De là, ces honneurs funèbres que l'Eglise s'empresse de rendre aux corps des Fidèles trépassés; de là, cette lumière qu'elle fait briller autour de leur cercueil, ces aspersions ces encensemens, et toutes les céré monies dont elle accompagne leur sépulture, qu'elle veut elle-même couvrir par le ministère de ses Prêtres, conformément à l'ordre qu'elle en a reçu du Saint-Esprit Contege corpus illius, et ne despicias sepulturam ejus.

De là vient encore qu'elle purifie et qu'elle bénit la terre destinée à cette sépulture voulant que nous la regardions comme une terre sainte, parce qu'elle renferme les os de ceux qui ont été appelés pour être saints, et qui sont véritablement saints, s'ils ont été fidèles à leur vocation,

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Avec quel respect, avec quelle décence ne devez-vous donc pas assister au convoi de vos Frères défunts! Les prières, le chant lugubre, ou plutôt les gémissemens de J'Eglise votre Mère, la vue de ce cercueil, l'idée de ce qu'il renferme ; de tels objets ne doivent-ils pas faire une forte impression sur vous? Ne vous semble-t-il pas entendre sortir du fond de cette bière, une voix qui vous crie: Mon ami, souvenez-vous du jugement que je viens de subir, et que vous subirez vous-même dans peu? Hier, ç'a été mon tour; demain, peut-être aujourd'hui, ce sera le vôtre : Hodie mihi, cras tibi.

Quel respect encore ne devez-vous pas avoir pour les cimetières ! Quelles salutaires réflexions ne devez-vous pas faire, en y entrant, ou en passant auprès! Ouvrez les yeux, M. C. F., et regardez: voilà où est enterré votre père, voilà la fosse de votre mère; là est un de vos proches; ici, un de vos amis, peut-être le compagnon de votre libertinage. Venez, et voyez, c'est là aussi que sera votre place; voilà le lieu où l'on viendra mettre votre corps: remarquez bien cet endroit. Oui, devez-vous dire, voici le terme de ma course; je marche nuit et jour pour arriver là, dans cette fosse. Qu'en pensez-vous, M. C. F.? Cette réflexion, si vous vouliez la faire, quelle salutaire et forte impression ne feroit-elle pas sur votre cœur et dans toute votre conduite!

Mais, ce respect pour les morts, les honneurs que nous rendons à leur mémoire, à leurs cendres, au lieu même où elles reposent, tout cela ne seroit rien, si notre piété envers eux n'alloit pas plus loin. Le corps qu'ils ont laissé dans la terre de quelque manière qu'il y soit traité, ne leur cause désormais plus de douleur, ni d'inquiétude; ils savent que ce corps leur sera rendu à la résurrection générale, et réuni de nouveau à l'ame pour laquelle il a été fait.

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Mais cette ame qui ne meurt point, où est-elle ? La croire dans les enfers, seroit non seulement une pensée désespérante, mais une témérité. Imaginer qu'en sortant de ce monde, elle a été réunie de suite avec

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