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que la Providence a confié à ses soins, et qu'il est chargé de nourrir; et le pauvre regarde le riche comme l'économe de la Providence comme l'administrateur des biens que la terre produit pour la subsistance de tous les hommes, dont vous êtes le Père commun, ô mon Dieu! et qui ne vous sont pas plus les uns que les autres.

Mais que cette sage administration est difficile et quels sont les riches qui s'en acquittent comme il faut ? Quelle charge! quel sujet de frayeur et de tremblement ! quelle source de damnation! Ah! je ne suis plus surpris, si un grand nombre de Chrétiens, surtout dans les premiers siècles de l'Eglise, se dépouilloient de tous leurs biens. Ils craignoient l'abus qu'on en peut faire ; ils redoutoient le compte terrible que le souverain Juge en demandera au grand jour, à ceux qui les auront possédés. Que nous sommes donc insensés de désirer les biens de ce monde !

D'ailleurs, nous n'avons à jouir de ces biens, qu'un très-petit nombre d'années ; ils nous appartiennent moins qu'à nos héritiers et à des héritiers qui attendent, avec impatience peut-être, le moment de notre mort, pour s'emparer de ce qui nous tient au cœur. Encore une fois, que nous sommes aveugles et insensés !

Ce n'est pas que je condamne une sage prévoyance; il est permis d'amasser une certaine somme, pour ne pas se voir réduit à mendier son pain. On peut amas ser pour

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le temps où l'on ne pourra plus travailler; ce n'est pas manquer à la Providence, c'est, au contraire, répondre à ses vues. Mais, quelle folie de chercher toujours à amasser d'accumuler écu sur écu, de joindre terre à terre, comme si l'on ne devoit jamais avoir assez de quoi vivre, comme si l'on ne devoit jamais mourir! Insensé, dit J. C., cette nuit méme on va te demander ton ame; pour qui seront les richesses que tu as amassées ? Tu laisseras tes biens à d'autres, et il ne te restera qu'un sépulcre. Le pauvre Lazare fut transporté dans le ciel par les Anges, et le mauvais riche fut enseveli dans les enfers. Voilà le sort de ceux qui sont attachés d'une manière désordonnée aux biens de la terre, ou qui en font un mauvais usage.

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les

Prenez donc garde, vous dirai-je avec J. C., défendez-vous de toute avarice: Videte et cavete ab omni avaritia. Sondez votre cœur, examinez si vous n'êtes point trop attachés aux biens de ce monde: videte. Les pauvres sont aussi bien sujets que riches à cette attache. Cette passion détestable règne dans presque toutes les conditions. Elle est la cause de presque tous les péchés qui souillent la terre; gardez-vous-en donc cavete. Et pour cela, soyez contens de ce que vous avez; faites de vos biens l'usage que Dieu veut que vous en fassiez ; ne soyez point attachés à ces biens périssables ; pensez souvent que vous n'avez rien apporté dans ce monde, et que vous n'en remporterez rien, si ce n'est vos bonnes et

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Faites luire ces vérités à mes yeux, Seigneur; ne permettez pas que je me laisse jamais séduire par l'appât des biens fragiles de ce monde; mais faites que je soupire et que je travaille sans cesse pour ceux du ciel, où vous vous donnerez vous-même à vos élus. Ainsi soit-il.

POUR LE SEPTIEME DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE.

Sur la Duplicité et le Mensonge.

Attendite à falsis Prophetis. Gardez vous des faux Prophètes. S. Matth. 7.

RIEN n'est plus indigne de l'honnête homme et du Chrétien, que la fourberie. Aussi J. C. nous enjoint-il d'éviter tous ceux qui l'emploient; et l'apôtre saint Pierre veut que, semblables aux petits enfans, tous les Chrétiens aient horreur du mensonge et de la dissimulation. La duplicité, en effet, et le mensonge sont la source d'une infinité de maux qui désolent le monde. Arrêtons-nous M. F., à cette morale si peu connue néanmoins si essentielle. Il n'est pas de vice plus répandu que le mensonge et la duplicité; et c'est dans le sens le plus strict et le plus littéral, qu'on peut dire que tout homme est menteur. On ment par orgueil, pour excuser ses fautes ; on ment par avarice,

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dans les marchés que l'on fait; on ment par oisiveté, c'est la source la plus ordinaire de ceux qui n'ont rien à faire.

Craignons, M. F., de contracter une habitude que tout favorise, que tous les vices fomentent, et qui les entretient tous. Comme les petits enfans, n'ayons de goût que pour le lait pur de la vérité, de la simplicité et de la candeur. C'est le fruit que j'attends de cette Instruction.

La première réflexion qui se présente à mon esprit sur cette matière, regarde les marchés que vous faites les uns avec les autres. Sur quoi je trouve une expression singulière dans l'Ecriture. Comme un morceau de bois, dit le Saint-Esprit, demeure enfoncé entre deux pierres : ainsi le péché sera comme serré entre le vendeur et l'acheteur (Eccli. 27). C'est-à-dire, le vendeur et l'acheteur se pressent en quelque sorte contre le péché ; c'est à qui y aura plus de part; à qui aura plus de ruse et de dissimulation; à qui aura le moins de bonne foi, et dira le plus de mensonges. Il n'est rien qu'on ne dise pour rabaisser le prix d'une chose que l'on veut acheter ; il n'est rien qu'on ne dise ensuite pour en exagérer la valeur, quand on veut la vendre. On a une langue double qui dit, en achetant : Cela ne vaut rien; puis en revendant la même chose Cela est bon. Et, pour justifier cette duplicité, que de faux raisonnemens

N'est-il pas naturel, dites-vous, de vanter sa marchandise? Oui, quand on ne dit rien que de vrai. Mais est-il naturel de mentir et de se tromper mutuellement? La première loi de la nature ne dit-elle pas : Ne faites jamais aux autres ce que vous ne voudriez pas qu'on vous fit à vous-même ? Il n'est pas naturel de dépriser sa marchandise, je le veux mais est-il naturel d'être un trompeur, j'ai presque dit un fripon? Je n'aurois pas osé me servir de ce terme, si vous ne vous en serviez pas vous-même à l'égard de celui qui vous a trompé dans quelque marché. C'est un fripon, dites-vous, parce qu'il vous a trompé. Vous en trompez un autre; êtes-vous un honnête homme?

Vous poursuivez Est-ce que le vendeur est obligé de découvrir les défauts de sa marchandise? Oui, sans doute, quand ce sont des défauts que l'acheteur ne voit pas, et qu'il ne peut pas voir; oui, parce qu'il est contre la justice de profiter de l'ignorance ou de l'inadvertance de quelqu'un, pour lui survendre, et de vendre une chose pour ce qu'elle n'est pas. Ces finesses ces ruses, ces déguisemens se réduisent, au fond, à une pure friponnerie.

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Et cependant, à vous entendre dire VOS mensonges n'ont fait tort à personne. Y avezvous pensé, M. C. F. ? Prenez tous les mar chés que vous avez faits, les uns après les autres; souvenez-vous de tous les mensonges qui les ont accompagnés ; et voyez donc que vous n'avez jamais ou presque jamais menti

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