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Toujours peut-on dire qu'ils ont non-seulement révélé. l'Évangile au peuple chinois, mais ont seuls révélé ce peuple aux nations chrétiennes ; leurs travaux scientifiques sont encore justement et grandement admirés des sinologues modernes. La Grammaire du P. Prémare, composée en 1728, restée ignorée en France, et que les méthodistes protestans ont éditée en 1831 à Malacca, est encore la seule complète; la traduction partielle de l' Y-king, et complète du Chouking, du Chy-king, et de tous les livres classiques, fut un service immense les sinologues suivans n'ont su que les refaire. La traduc tion faite du Ly-ki s'étant perdue, personne n'a osé l'entreprendre. La collection des Mémoires concernant les Chinois, en 16 vol. in-4o, la Grande Histoire de la Chine du P. de Mailla, en 12 vol. in-4o; celle plus restreinte du P. Du Halde, en 4 vol. in-4°, la Chronologie chinoise du P. Gaubil, l'Atlas sinensis du P. Martini, etc., sont des ouvrages que les sinologues ne cesseront de consulter, et qui attestent le profond savoir et la haute intelligence de ces apôtres chrétiens. Une seule chose est à regretter dans ces travaux histo riques, c'est qu'ils n'aient pas toujours donné la traduction littérale, et comme mot! à mot, de ces sources nouvelles de l'histoire du Monde, et que, souvent, ils y aient mêlé les commentaires chinois récens qui les leurs propres : c'est une tâche qu'ils ont laissé à accomplir à leurs successeurs, mais qui ne diminue en rien le mérite d'avoir les premiers ouvert la. voie, et tracé ce sillon difficile. Nous formons d'es vœux pour que les jésuites et les autres missionnaires actuels de ce grand empire suivent l'exemple de leurs glorieux prédécesseurs, et nous révèlent tout-à-fait cette grande littérature primitive. Le traité conclu au nom de la France par M. Lagrenée, le quel permet, enfin, légalement l'exercice de la religion, donne de grandes facilités ; mais cette mission est encore loin d'être aussi flo

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↑ Nous pouvons donner comme certain que plusieurs des prêtres des missions étrangères, comprenant l'importance de la traduction exacte des anciens monumens, et même des fables des peuples anciens, s'occupent de traduire on de faire traduire les anciens livres, chinois m mot à mot et exactement; ce sera un service véritable, rendu à la religion et à la science, et qui sera imité de tous ceux qui ont l'intelligence des besoins actuels et simultanés de l'Eglise et de la science.

rissante qu'elle l'était sous les jésuites. Pour en donner une idée, et aussi pour aider les Chrétiens de Chine à revendiquer les églises qui leur ont appartenu et que le récent traité ordonne de leur rendre, nous allons citer ici le nombre des églises, chapelles et maisons qui appartenaient aux jésuites en Chine en 1687".

Liste des colleges, églises et maisons des jésuites dans la Chine

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3. Action des jésuites dans les pays protestants et catholiques.

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A l'époque où Ignace établit sa société, le Protestantisme était dans toute l'ardeur de son zèle et de son prosély tisme; les princes, les rois, quelques hommes de talent, tels que Luther, Melanchton, et puis la foule des lettres et des humanistes lui donnaient une impulsion qui semblait irrésistible. On pourrait dire en un certain sens que la

4 Nous puisons ces documens dans une carte dressée par le P. Couplet, ayant pour titre: Paradigma XV provinciarum et CLV urbium capitalium sinensis imperii cum templis, quæ cruce signantur, el domiciliis societalis Jesu, laquelle carte est jointe à plusieurs exemplaires de son Confucius singrum philosophus, Paris, 1687.

vogue ou la mode était pour lui; aussi les princes le favorisaient, des villes, des principautés, des royaumes entiers l'adoptaient; les bourgeois, les paysans, les femmes, se passionnaient pour le dogme nouveau. Dans les pays le plus catholiques: en Italie, en Espagne, en Portugal, en France, un grand nombre de personnes d'élite, presque tous les littérateurs, les princes, les dames de la cour, avaient des propensions ouvertes ou cachées vers cette grande ruine. Les prêtres, les ordres religieux existans, combattaient bien de toutes leurs forces, mais leurs efforts étaient souvent impuissans, et comme on le dit, l'opinion publique était au moins hésitante.

Mais les jésuites se mêlèrent bientôt à la lutte : ils y entrèrent avec un tel zèle, avec un tel ensemble, avec une telle autorité de science, de sainteté, de charité, que le torrent se trouva arrêté dans sa marche, et fut bientôt obligé de rebrousser chemin. Ce n'est pas seulement par des réfutations directes, par des conférences solennelles, comme on avait fait si souvent, qu'ils attaquèrent l'ennemi; mais ils l'entourèrent, l'enchaînèrent, le dominèrent de tous côtés et par tous les moyens par leurs prédications dans les églises, sur les places publiques; par la fondation des colléges, par l'enseignement des lettres profanes comme des lettres sacrées, par les arts, l'éloquence, la poésie, enfin, par tous les moyens qui ont accès sur l'esprit et le cœur; en un mot, non-seulement ils cherchèrent à persuader, mais encore à fasciner, à séduire, à gagner l'homme par toutes les facultés, tous les sens, tous les instincts. Le catholicisme redevint de bon ton et de bonne manière ; il reprit le dessus, c'est-à-dire la place qui lui est due avec vérité.

Nous ne pouvons appuyer ces assertions de preuves détaillées ; peut-être même cette histoire n'a pas été recueillie avec détail, et écrite pour tous les pays; mais elle a été faite pour le pays le plus important, pour l'Allemagne, où le mal avait jeté les plus profondes racines, et avait étendu le plus loin ces rameaux. C'est dans l'Histoire de la Papauté, du professeur protestant Ranke, qu'il faut voir les preuves de ce zèle et de cette activité; à travers un esprit qui n'est pas catholique, on voit facilement l'hommage le plus solennel rendu à ces grands travailleurs: il nous suffira ici de donner la conclusion de ce beau travail.

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« Une semblable association, dans le même corps, de science à un » degré suffisant de profondeur et de zèle infatigable, de travail et » de persuasion, de pompe et de mortification, de propagation et » d'unité systématique, n'a jamais existé, avant eux, dans le monde. » Ils étaient laborieux et mystiques, politiques et enthousiastes; » c'étaient des gens que l'on aimait à fréquenter, n'ayant aucun inté• rêt personnel, s'aidant tous les uns les autres; il n'est donc pas » étonnant qu'ils aient si bien réussi. Nous, Allemands, nous de»vons rattacher à ce succès une considération particulière; la doctrine théologique de la papauté, ainsi que nous l'avons dit, n'avait pres» que plus de croyans chez nous. Les Jésuites vinrent pour la réta» blir. Qu'étaient les Jésuites lorsqu'ils arrivèrent chez nous? Des Espagnols, des Italiens, des Neerlandais: on ignora pendant long» tems le nom de leur ordre; on les appelait des prêtres espagnols, >ils occupèrent les chaires, et trouvèrent des élèves qui embrassaient >> leurs doctrines. Ils n'ont rien reçu des Allemands; leur doctrine et >> leur Constitution étaient achevées et formulées avant qu'ils n'appa>> russent chez nous. Nous pouvons donc considérer les progrès de » leur institut chez nous, comme une nouvelle intervention de l'Eu» rope romaine dans l'Europe germanique. Ils nous vainquirent » sur le sol allemand; ils nous arrachèrent une portion de notre > patrie'. >>

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4. Action des Jésuites dans l'enseignement des lettres et de la philosophie.

Nous avons déjà vu qu'un des principaux objets de l'établissement des jésuites fut l'enseignement; dès sa formation l'ordre s'y livra avec l'ardeur d'un apostolat ordonné du ciel. Partout où ils pénétrèrent, leur premier soin fut d'établir des colléges, d'ouvrir des écoles, d'instituer des universités, avec exercices privés et publics, solennités littéraires, concours, académies et grades. Leurs succès en ce genre dépassèrent tout ce qu'avaient jamais fait les autres corps enseignans. De là, il faut le dire, les rivalités nombreuses et les oppo

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1 Hist. de la papauté, par Ranke, traduction de M. de Saint Cheron, 1. 11, p. 157.

sitions implacables des autres corps enseignans. Aussi, vit om bientôt sortir de leur sein des poètes latins tels que les P. Larue, Commire, Porée, Rapin, Vanière, du Cerceau, etc.; des bistoriens, tels que les P..d'Orléans, Brumoy, Longueval, Mariana, etc.; des érudits, tels que le P. Kircher, etc.; des éditeurs, tels que les P. Labbe, Hardouin, etc., des hellénistes, tels que le P. Vigier ; des prédicateurs comme Bourdaloue, et puis, au-dessus de tous, et n'ayant jamais été égalés, les célèbres Bollandistes. On peut dire sans exagération que c'est en grande partie aux jésuites que l'on doit ce grand mouvement littéraire qui se développa en Europe et en France, surtout pendant le 17° siècle. Quant à la philosophie, leur action n'a pas été si marquée; les jésuites, dans leurs colléges, se contentèrent de suivre et d'étendre les méthodes scholastiques adoptées dans les autres écoles des différentes universités en face desquelles ils donnèrent leur enseignement. Il faut dire aussi qu'ils y étaient forcés pour ne pas se séparer d'un enseignement qui était officiel et en quelque sorte obligé. En considérant la philosophie au point de vue spécial où elle est traitée dans ce recueil, nous trouvons qu'ils ont trop accordé à cette vogue d'Aristotélicisme et de scholastique où ils trouvèrent l'enseignement plongé. Les philosophes actuels, et M. Cousin principalement, leur ont reproché de s'être opposés à l'introduction de la philosophie de Descartes et de Malebranche dans leurs écoles, et il a été cité sur cette assertion des preuves nouvelles et curieuses dans une publication récente sur la lutte du P. André avec les autres pères et les supérieurs de la Société. Pour nous, nous ne pouvons que les louer de cette opposition; nous avons lu avec une grande attention toutes ces publications nouvelles, et nous y avons vu avec quelle sagesse les P. jésuites avaient deviné les funestes germes de rationalisme qui se cachent sous ces différentes méthodes tant vantées par d'autres! corps religieux. Le P. André nous paraît en effet le premier qui ait essayé d'introduire le rationalisme dans ce corps célèbre. Nous espé rons tracer un jour les principaux traits de cette lutte remarquable. M. Cousin crie à la persécution et à l'injustice; on verra, au contraire, que la tolérance de la Compagnie ne fut que trop grande. Toutes les raisons que ses supérieurs alléguèrent contre les dangers du Cartésianisme et du Malebranchisme sont encore justes et parfaite

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