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le dit Josèphe. Lorsque la période aiguë de la maladie eut cessé, la fièvre tomba et avec ellé le délire; Nabuchodonosor se retrouva tout naturellement sur son trône qui eût été évidemment occupé par son fils, si son aliénation mentale eût duré sept années, puisque dès 584, ainsi que nous l'apprend Baruch, Balsatzer, fils de Nabuchodonosor, tenait déjà une place auprès de son père, telle que des prières.. et des vœux étaient adressés au ciel en commun pour le père et pour le fils.

Il nous reste à rechercher, comme nous l'avons fait jusqu'ici, la véritable forme du nom de Nabuchodonosor.. Ce nom se trouve dans 'Écriture sous les formes suivantes :

נבוכדנאצר

נבוכרנצר

נבוכדראצר

Les textes grecs nous offrent les variantes suivantes :

No6oxoλaccapos, (PTOLEMÉE, ms. de Paris.)
Ναβουπαλασαρος, (Id. copie du Syncelle.)
Ναβουχοδονόσορ, (JOSEPHE.)

Evidemment, la forme de ce nom tel qu'il se trouve dans le Syncelle est altérée; celle que nous a transmis Josèphe est sensiblement identique avec celle que nous trouvons dans l'Ecriture; nous pouvons, nous devons donc nous en tenir à celle-là. Toutefois, je ne me charge pas d'expliquer le sens de ce nom; si c'était la variante Naboucadratzer qui dût prévaloir, on pourrait y trouver NABOU, Puissance ou force du feu.

Je suis d'autant plus disposé à admettre cette leçon comme la seule véritable, que ce nom se trouve écrit Nabokhodrosor dans le texte persepolitain de la fameuse inscription trilingue de Bisitoun. Voici à quel propos: Darius, fils d'Hystaspes, raconte tous ses hautsfaits, et il dit qu'un Babylonien, nommé Natitabirus, fils d'OЕna... s'étant emparé de la couronne, en se donnant faussement pour Nabokhodrosor, fils de Nabonide, il envoya une armée contre lui. Natitabirus fut battu, d'abord sur les bords du Tigre, puis sur les bords de l'Euphrate, et enfin dans Babylone qui fut assiégée et prise. Le faux Nabokhodrosor fut mis à mort. La même inscription nous

apprend qu'un peu plus tard, et pendant que Darius était en Perse ou en Médie, un nouvel imposteur arménien, nommé Aracces, se fit passer pour Nabokhodrosor, fils de Nabonide, et releva l'étendard de la révolte. Peu après il fut tué, et la Babylonie rentra dans le devoir.

Je viens de dire que, sous la seconde forme usitée à Bisitoun, le nom peut s'expliquer; c'est donc celle-là que j'adopte pour ne plus m'en départir, et je propose l'orthographe définitive: Nabou-cadr

alzer.

F. DE SAULGY

de l'Institut.

Traditions primitives,

DE L'ORIGINE

DE LA

TRADITION INDIENNE DU DÉLUGE'.

Premier Article.

I. Des principaux points de vue auxquels on peut étudier la tradition du déluge universel: la croyance, la science, l'histoire. Des traditions conservées chez plusieurs peuples concernant le déluge: enseignement tiré de leur contenu. La tradition indienne du déluge; ses analogies avec le récit Mosaïque; thèse nouvelle sur l'origine non indienne de cette tradition.

Parmi les grands événemens qui constituent l'histoire primitive du monde et de l'humanité, le déluge universel est un de ceux qui ont le plus sollicité les recherches et les observations de la science, dans les siecles modernes. Chrétiens et non chrétiens, tous sont aujourd'hui forcés de l'accepter comme un fait qui a jeté ses racines dans les annales des peuples, alors même qu'il ne s'est pas imposé à leur conscience religieuse, et qui a laissé des traces jusque dans les entrailles de notre planète. C'est pourquoi on a entrepris depuis longtems l'étude du fait du déluge à un triple point de vue. C'est d'abord au point de vue religieux, ou, si l'on veut, théologique, qui, fondé sur la puissante affirmation de Moïse, dans la Genèse, nous montre le déluge universel comme la punition d'un mal moral; il s'agit d'un fait miraculeux dans la vie du monde physique, fait qui se rattache à des faits moraux et qui atteint la société humaine tout entière, après les âges de sa laborieuse enfance. Il suffit d'un rapide, mais sérieux examen, pour reconnaître à quel point le fait du déluge se lie à toutes les assertions de l'histoire sacrée et à tous les enseignements du Christianisme. Nous nous bornons à rapporter en ce moment quelques-uns des traits, par lesquels un célèbre penseur de

↑ Ce mémoire a été lu à la Société littéraire de l'Université catholique de Louvain dans la séance du 18 mars 1849.

l'Allemagne, J. de Goerres, a caractérisé le déluge comme le dénouement des grandes scènes de l'histoire primitive, dont il partage le cours en trois époques '.

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« Pendant la première, dit-il, la créature est appelée à l'existence » dans tous les mondes; pendant la seconde, la corruption s'est propa» gée à travers tous les mondes; pendant la troisième, il s'est élevé de » même à travers tous les mondes une lutte entre l'affirmation et la négation. Or, cette lutte s'est poursuivie longtems entre les bons et les » mauvais esprits, entre les enfans de Dieu et les enfans des hommes, » au point que, par l'accroissement de l'iniquité, le mal est devenu » dominant dans la créature libre et se consume en efforts gigantes»ques, au point que la Divinité renie à son tour ce qui nie, et que >>la chute des esprits s'étend à toutes les régions de l'existence intel» lectuelle; alors il est advenu que les hommes, étant impliqués et >> entraînés dans cette chute, le Déluge s'est répandu sur la terre >> comme un des derniers actes de ce grand drame de l'univers. »

Le fait du Déluge peut être examiné, en seɔond lieu, au point de vue scientifique. Il réclame les observations du naturaliste et du géologue qui recherchent dans le sein de la terre les débris d'une création primordiale et qui décrivent les bouleversemens accomplis dans les tems. primitifs sur toute la surface du globe. On sait que des travaux de la plus haute portée ont mis en lumière, dans la première partie de ce siècle, la. notion scientifique de la grande catastrophe qu'a produite l'inondation universelle de la sphère terrestre. Non-seulement on a étudié le mode d'irruption de la masse des eaux; mais encore, on a recherché à travers les couches successives du sol les moindres vestiges du règne végétal et du règne animal, et l'on a découvert jusque dans les profon déurs du monde souterrain des preuves que les eaux des mers y ont porté leurs ravages dans un âge encore voisin de la formation de la terre. Il ne nous appartient pas de juger les systèmes que l'on a formulés dans les trente dernières années, pour justifier la tradition du déluge par l'étude du monde anté-diluvien, il nous suffit d'indiquer.

Dans une des leçons faites à l'Université de Munich et publiées à Breslau en 1830, sous, ce titre que nous traduisons de l'Allemand: Sur le fandement, la division et la suile de l'histoire universelle.

une des faces importantes de la question dont nous n'avons à toucher qu'un seul point, et il nous semble d'ailleurs superflu de rappeler ici des ouvrages aussi bien connus et aussi justement appréciés que ceux, des Cuvier, des Buckland, des Marcel de Serres. Qu'il nous soit permis cependant de signaler au lecteur un travail qui en résume beaucoup d'autres sur la question; c'est l'article que M. Maupied, docteur ès-science, a inséré dans l'Encyclopédie catholique, sous le titre Du Déluge au point de vue scientifique et théologique. L'auteur, qui a acquis une juste renommée par ses divers ouvrages et par ses leçons publiques de physique sacrée, à la Faculté de théologie de Paris, a pris soin de réfuter toutes les objections de l'article Deluge, dans l'Encyclopédie nouvelle, contre la réalité du déluge biblique; il a établi la vraisemblance et la véracité du récit mosaïque; puis, prenant le fait en lui-même, il en a montré le but, la grandeur et l'universalité.

Le même fait du Déluge peut être envisagé, en troisième lieu, au point de vue historique. Tradition et croyance chez les Juifs et les Chrétiens, le déluge se présente comme tradition chez la plupart des grands peuples de l'antiquité, et, à ce titre, il rentre dans le domaine de l'histoire. L'étude historique de la tradition du déluge, embrasserait, en-dehors du récit de Moïse, toutes les légendes relatives à un déluge universel ou à un déluge partiel, non-seulement chez les nations du monde ancien, mais encore parmi les peuples de l'Amérique et de toutes les parties du nouveau monde. Mais il faudrait un livre tout entier pour rassembler et comparer les témoignages d'un grand nombre des nations du globe, ainsi que pour ramener ces témoignages divers à la narration de la Genèse, si simple et si élevée. Cette tâche n'a pu être accomplie jusqu'ici qu'imparfaitement, eu égard à la somme des documens qu'il faudrait mettre en parallèle; mais plusieurs écrivains, 'quelques apologistes et entre autres, le comte F. de Stolberg 3, ont réussi, d'après les meilleures données qu'ils étaient à

3

1 Voir dans les Annales de philosophie, l'article intitulé: Fableņu des formations géologiques du globe, conformes au récit de Moïse, t. ix, p. 132 (Pre série).

2 Paris, Parent-Desbarres (1816). Tiré à part, pp. 90, in-12.

Au tome 1er de son Histoire de la religion de Jésus-Christ (en Allemand), second appendice sur le déluge et la nullité des objections soulevées contre

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