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ans; elle était donc née vers 619. Son frère qui devint roi, naquit vraisemblablement, très-peu d'années avant ou après 619. Mettons 3 ans par exemple, ce dernier roi serait donc né soit vers 616, soit vers 622. Dans le premier cas, en 538, il aurait eu 74 ans, et dans le second 78. Ce simple fait démontre, à mon sens, que le dernier roi des Mèdes ne peut être confondu avec le Mède Darius, fils d'Assuérus, qui monta sur le trône de Babylone à l'âge de 62 ans, après la chute de Baltasar au dire de Daniel.

Daniel a-t-il dit quelque part que celui qu'il appelle Darius le Mède, fils d'Assuérus, fût le roi des Mèdes? Point. Il se borne à dire qu'à Baltasar succéda Darius le Mède, fils d'Assuérus, et pour monter sur le trône, ce trône dût lui être offert, car l'expression, p, dont se sert l'écrivain sacré ne s'entend que d'une chose offerte et que l'on accepte.

Scaliger, dont personne n'oserait, je pense, révoquer en douté l'érudition profonde, et la sage critique, Scaliger, avait bien deviné que le Darius de Daniel ne pouvait être un roi des Mèdes. Pour lui ce Darius n'est qu'un Mède établi à Babylone, l'un des conjurés qui donnèrent la mort à Laborosoarchod; pour lui, enfin, le Nabonnid de Mégasthènes et de Bérose, n'est autre chose que le Darius de Daniel.

Je n'ai pas la prétention d'imposer aux autres ma croyance per

inconnu. L'enfant, jeté par dessus les murailles de la forteresse où la fille du roi était prisonnière, fut enlevé par un aigle, qui le mit sur son dos, et le déposa doucement dans un jardin. Le jardinier touché de la beauté de l'enfant en prit soin et l'éleva sous le nom de Gilglam. Cet enfant régna sur les Perses. Si cette aventure paraît fabuleuse, conclut Elien, j'ajouterai encore un fait à l'appui ; c'est que le perse Achemenès, par lequel commença l'illustration des Perses, fut nourri par un aigle.

Il est impossible de ne pas reconnaitre dans le récit d'Elien, une copie incorrecte de la fable racontée par Hérodote à propos de l'enfance de Cyrus ; (chap. 107 et suivans). Nous ne nous arrêterons pas à relever toutes les similitudes et toutes les dissemblances des deux versions, nous nous bornerons à faire observer que les commentateurs qui comme D. Calmet ont cru reconnaitre Tiglath-fela-sar dans le Gilglam (Alias Thilgame);d'Elien, ont commis une erreur impardonnable.

1 Emendatio temporum, prolegomena xxxiv.

sonnelle, mais je ne crains pas de dire que la réalité de cette identification me paraît un fait patent et irréfragable.

Maintenant pourquoi a-t-on fait dire à Daniel plus qu'il n'a voulu dire, et pourquoi a-t-on imaginé cette fable du règne à Babylone d'un roi des Mèdes après la chute de Nabonnid? Cela tient simplement, je crois, à la trop grande confiance que l'on a accordée sur ce point à l'historien Flavius Josèphe. Josèphe a confondu en une seule les deux révolutions qui ont terminé les règnes de Baltasar et de Nabonnid, qu'il appelle Naboandel; Josèphe a dit que Cyrus et Darius fils d'Astyages, roi des Mèdes, avaient attaqué Baltasar, et l'avaient fait prisonnier, peu de tems après le fameux festin dans lequel les vases sacrés du temple de Jérusalem avaient été profanés. Il a ajouté que Darius avait alors 62 ans, mais il s'est bien gardé de parler de la mort de Baltasar dans la nuit du festin même. Qu'en conclure? Que Josèphe, qui savait son Daniel, a cherché tant bien que mal à coordonner les faits qu'il y trouvait inscrits avec ceux qui lui étaient parvenus d'autre part. Il était notoire pour lui que Nabonnid exilé au su de tous en Kermanie, après la prise de Babylone, n'avait pas été tué dans la nuit du festin. Il changeait donc l'assertion de Daniel sur ce point.

Une fois Nabonnid confondu avec Baltasar, Nabonnid devenait contemporain du dernier roi des Mèdes, de race mède, et le Darius le Mède de Daniel, se confondait dans son esprit avec Astyages. De là toute la confusion qui a rendu si obscurs les faits en question.

Georges le Syncelle qui n'avait pas la même raison pour se tromper, raconte exactement les faits qui ont accompagné la chute de Labosaroch (ou Laborosoarchod), mais il fait du roi des Mèdes Astyages, du Darius de Daniel, et du Nabonnid de Megasthenes, de Bérose et de Ptolémée un seul et même personnage, et qui plus est, l'un des conjurés auteurs du meurtre de Labosaroch. Cela n'est pas soutenable et cependant des hommes comme les auteurs de l'Art de vérifier les dates, ont admis des faits aussi inconciliables avec les témoignages les plus dignes de respect et de foi. Ainsi, pour eux, avant Cyrus, régnait sur les Mèdes un Cyaxare II, fils d'Astyages, nommé à volonté, Darius le Mède, Assuerus et Artaxercès, lequel après avoir vécu 64 ans, et régné 24 ans sur les Mèdes, jouit deux années du grand empire, c'est-à-dire de l'empire des Mèdes et des Chaldéens, après la

chute de Nabonnid (538 à 536)-Suivant eux encore, en 536, Cyrus lui succéda et il avait épousé la fille de ce Cyaxare. Cet âge de 64 ans, à lui seul, fait crouler tout le reste, car étant mort en 536, Cyaxare fut né en 600; or, un an après, Cyrus avait un an aussi. Xénophon nous dit, avec toute apparence de raison, que son oncle Cyaxare était un homme fait déjà, lorsque Cyrus vint à la cour d'Ecbatane; d'ailleurs, s'il n'est pas impossible de voir un oncle ou un beau-père du même âge que son neveu, ou de son gendre, c'est du moins chose rare: donc l'Art de vérifier les dates est complétement dans le faux sur ce point.

F. de SAULCY,

De l'Institut.

Philosophie Sociale,

ATTAQUES CONTRE LA SOCIÉTÉ.
DESPOTISME DE L'ÉTAT

DANS

LES SYSTÈMES SOCIALISTES ET COMMUNISTES.

Troisième Article'.

- L'Etat est L'Icarie de

Tendance vers le despotisme. Point de liberté individuelle.
lout. M. L. Blanc. M. Duclerc. Droit au travail.
Organisation de sa Société. Omnipotence de l'Etat.-
Monumens publics. — L'enfance. — La famille. — Religion.

M. Cabet.
Nourriture.

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- Quelques remarques.

Loin d'aller vers l'avenir, nous retournerions ainsi ⚫ au passé. (L. RETBAUD).

Il y a dans les systèmes socialistes et communistes un caractère qu'on ne saurait trop remarquer : c'est une tendance générale, constante et énergique vers le Despotisme. Ces faiseurs d'utopies, qui se présentent comme les libérateurs de l'humanité, - qui ont la prétention de l'introduire dans une terre où doit couler le lait et le miel, commencent par nous ravir la plus belle conquête des tems modernes: la Liberté leur est suspecte. Ce principe sorti triomphant des ruines de l'esclavage et du monopole, cette victoire qui a coûté tant de sang à nos pères, ils nous les présentent sous les couleurs les plus sombres. Leur tactique est pleine de perfidie. Vous les voyez d'abord tracer un tableau effrayant des maux qui affligent la société; puis, quand les esprits sont fortement saisis, les imaginations frappées; quand ils ont fait naître dans les cœurs la colère et la haine contre cet ordre de choses, ils se mettent à rechercher les causes qui l'ont amené. S'il faut les en croire, ils apportent à cette étude un désir sincère de découvrir

Voir le 2e art. au n° 104, tome xvi, p. 121.

la vérité ; leurs intentions sont pures, pleines de candeur et d'un ardent amour pour le bien de l'espèce humaine. Soit! mais le résultat. de leurs investigations, quel est-il ?

Or, ils entendent la société dire à chacun de ses membres : tu es libre, travaille, travaille à tes risques et périls, et tu seras heureux ou malheureux, riche ou pauvre, selon ta conduite; ta destinée dépend de toi. Ils voient les hommes disposant de leurs facultés comme ils le veulent, se consacrant à la culture de la terre, au tissage, à la métallurgie, aux sciences, aux lettres, ou se préparant à remplir de hautes fonctions dans la société. Ils les voient encore, quand ils ont choisi leur profession, travailler pour eux-mêmes, accumuler, s'ils réussissent, le produit de leur travail, et le transmettre à leurs enfans. D'autres ne réussissent pas, ou bien, après un premier succès, viennent des revers, des malheurs imprévus, on tombe dans l'indigence et on y précipite ses enfans'. Ainsi va le monde.

On avait jusqu'ici regardé cette émancipation individuelle comme un progrès, on célébrait comme une victoire la faculté désormais acquise à l'homme de disposer de lui-même : victoire précieuse, car elle avait coûte de longues et pénibles luttes aux générations antérieures ; victoire à laquelle on rapportait les vastes développemens des sciences et des arts.

Les communistes et les socialistes en jugent autrement. Au spectacle que présente le monde, ils se sont émus d'indignation. Travailler pour soi, songer avant tout à ses descendans, c'est, ont-ils dit, de l'égoïsme! Proclamer un principe en vertu duquel on peut devenir tour-à-tour riche ou pauvre, c'est asseoir la société sur une base mauvaise, en opposition constante avec le bonheur de tous! Or, comme ce principe, c'est la liberté individuelle, c'est l'homme pouvant exercer ses facultés à ses risques et périls, la liberté est donc la cause immédiate et directe des maux qui pèsent sur la société, elle est donc la première victime que l'on doit sacrifier sur l'autel de la patrie. Rien n'égale la persistance et la force avec lesquelles les socialistes de toutes les couleurs, de toutes les écoles, demandent cette immolation. Ainsi,

* Voir M. Thiers, Discours sur la propriété el le droit au travail, p. 1415, édit. Curmer.

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