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» voit barrée dans toutes les avenues du cloître par des sentinelles » à baïonnettes. Bizel demande les clés et les comptes, arrache >>> aux religieux l'habit de l'ordre, les force à déloger pour leur faire >> respirer, comme lui, l'air du siècle. Enfin il s'y intronisa jus» qu'en 1772, et après avoir disposé de toute la sainte dépouille, » il alla porter sa pesante besace dans l'éternité, où le juge su>> prême ne se sera sans doute pas contenté de ses comptes en gros. >> On vit, à ce coup de foudre, des religieux tomber en défail» lance, d'autres pleurer comme des enfans; on en vit de mieux > résignés s'efforcer de concentrer leur douleur, sans lui permettre » de s'échapper en plaintes et en murmures. Ceux qui ont survécu » à ce désastre sont presque tous morts, dépouillés en vie par leurs » parens afin de ne rien laisser à des héritiers étrangers.

» Le roi très-chrétien, sensible aux malheurs du monastère, lui » accorda aussitôt un subside annuel, et les chanoines hospitaliers, » bien loin de diminuer la charité envers les sujets de sa majesté »sarde, l'ont au contraire augmentée. »

De tout l'ensemble de ce passage on peut remarquer une chose, c'est que, même parmi la moins fervente portion des religieux du Saint-Bernard, l'esprit d'attachement à leur vocation était loin d'être complétement détruit. Par conséquent, si la puissance séculière ne les eût pas aussi longtems et aussi obstinément opprimés pour les faire agir dans le sens de son propre intérêt, les malheurs déplorés n'auraient pas eu lieu, du moins en aussi grand nombre, et l'on eût pu tout sauver.

On voit, en outre, d'après les dernières expressions de l'auteur, combien cette réforme produisit d'améliorations dans l'esprit de charité des religieux de l'hospice.

Au lieu de la dureté dont on avait usé auparavant à l'égard des voyageurs de la vallée d'Aoste, c'est bien touchant et glorieux à la fois pour l'Institut qu'un historien puisse en dire avec toute justice: A la suite d'une aussi longue et aussi douloureuse persécution de la part d'une puissance despotique et jalouse, « les chanoines hos» pitaliers, bien loin de diminuer la charité envers les sujets de sa » majesté sarde, l'ont au contraire augmentée! >>

O esprit chrétien ! esprit de sainte mansuétude du sauveur Jésus, qui pourrait hors de toi produire de semblables actes de par

don! qui pourrait ainsi apprendre à se venger des injures!

Cet heureux affranchissement, du reste opéré par l'énergie de Benoît XIV, devint également la source de bien d'autres vertus particulières ou générales pour le Saint-Bernard.

Une perte de biens si considérable en présence des besoins immenses de l'hospitalité exercée dans les conditions qu'imposent la situation et les accidents de la montagne; une telle perte de biens, dis-je, effraya dans le principe sur l'avenir de la congrégation. Mais on s'aperçut bientôt, que loin de manquer à ceux qui cherchent avant tout son règne et la justice, Dieu, selon sa promesse, les soutient de son invincible droite et leur prodigue ses grâces et ses dons.

Riche esclave des princes de la terre, la congrégation hospitalière fut jadis ce que nous l'avons vue jusqu'ici, composée à la fois de pauvres religieux se sacrifiant dans la montagne, et de bénéficiers jouissant de toutes les douceurs de l'abondance. Elle fut, si jamais une institution aussi sublime pouvait l'être par les défauts de ses membres, elle fut déshonorée par les prévôts indignes que l'ambition et l'avarice lui imposaient. Elle fut dilapidée dans ses biens, tyrannisée dans les personnes dont elle a le plus droit d'être fière.

Maintenant, au contraire, libre et indépendante comme elle l'est depuis un siècle, réduite par la privation d'un superflu que la divine miséricorde lui a enlevé, à l'heureuse nécessité de l'ordre économique le plus sévère, nous la voyons glorieuse et pure accomplir sa mission sur la terre avec un dévouement, un esprit de sainteté, un éclat, qu'aucune tache sensible n'est encore venue ternir.

Soyez donc béni, ô mon Dieu, dans vos voies, vous qui frappez souvent pour guérir, vous qui conduisez parfois aux portes de la mort afin d'en retirer plus glorieux et plus fort par la force de votre bras; vous, enfin, qui relevez de la poussière les pauvres et les petits, pour les couronner d'une gloire dont l'éclat et la durée braveront les efforts de la passion et la durée des siècles!

J.O. LUQUET, Évêque d'Hésebon.

Chronologie de la Bible.

RECHERCHES SUR LA CHRONOLOGIE

DES

EMPIRES DE NINIVE, DE BABYLONE ET D'ECBATANE, 'EMBRASSANT LES 209 ANS QUI SE SONT ÉCOULÉS

DE L'AVÉNEMENT DE NABONASSAR A LA PRISE DE BABYLONE PAR CYRUS. EXAMEN CRITIQUE DE TOUS LES PASSAGES DE LA BIBLE RELATIFS A CES TROS

EMPIRES.

Cinquième Article 1.

V.- Règne de Nabopolassar.-Détails donnés par les historiens profanes.

Ruine de Ninive en 625.

Commencement du règne de NabopoIl régna 21 ans; de 625 à 604 avant J.-C. Son vrai nom est Nabou-pala-atzer.

lassar, son vainqueur.

Arrivons maintenant au règne de Nabopolassar.

L'Écriture ne nous dit rien nominativement du prédécesseur et père de Nabou-cadr-atzer; heureusement Josèphe nous a conservé un précieux fragment de Bérose qui nous donne quelques renseignemens sur ce prince.

« Nabopolassar, père de Nabuchodonosor, dit-il, ayant appris la » défection du satrape qui était à la tête de l'Egypte, de la Cœlé» Syrie et de la Phénicie, ne se sentit pas en état de supporter à » lui seul le fardeau des affaires, et transmettant à son fils, qui » était encore jeune, une part de sa puissance, il l'envoya contre » le rebelle. Nabuchodonosor le battit et fit rentrer dans le devoir >>> les provinces qu'il avait soulevées. Cependant il arriva que son » père Nabopolassar mourut de maladie à Babylone, après avoir » régné 21 ans, etc. 2.

Le Canon de Ptolémée donne de même 21 ans de règne au prédécesseur de Nabou-cadr-atzer, qu'il appelle Nabooλσrapes et Ναβοπαλασαρος (SYNCELLE).

Voir le 4 article au no précédent, ci-dessus, p. 245.

2 Voir Ant. judaiq., 1. x, c. xi, n. 4.

George le Syneelle s'exprime ainsi sur le compte de Nabopolassar

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«Alexandre Polyhistor, dit-il, nous apprend qu'il demanda et >>> obtint pour son fils Nabuchodonosor la main d'Aroitis, fille d'As» tyages, satrape de la Médie. Ce Nabopolassar, mis à la tête de ses » troupes par Sarac (ou Sardanapale), roi des Chaldéens, s'en ser» vit contre Sarac lui-même et contre la ville de Ninive. Sarac » épouvanté à l'approche du rebelle, mit le feu à son propre palais » et périt dans les flammes. Nabopolassar, père de Nabuchodono» sor, s'empara de la sorte de l'empire des Chaldéens et de Baby>> lone 1. >>

Ici se présente un fait qu'il est important de discuter à fond..

Si Alexandre Polyhistor a dit vrai, le père de Nabou-cadr-atzer prend Ninive sur Sarac, qui, pour ne pas tomber entre les mains du vainqueur, met le feu à son palais et périt dans les flammes.

Voilà donc Ninive qui succombe devant Nabopolassar. D'un autre côté, Hérodote nous dit que Cyaxare, roi des Mèdes, prit Ninive et soumit l'Assyrie, à l'exception du pays de Babylone. Il ajoute que Ninive fut prise sous le règne de Nitocris, mère de Labynite 2.

3

Enfin Diodore raconte que le dernier roi d'Assyrie fut Sardanapale, qu'il éclata contre lui une rébellion des Mèdes, dont le chef était Arbaces, et des Babyloniens dont le chef était Belesis ; que d'abord Sardanapale battit trois fois de suite les révoltés, mais qu'ayant été mis en déroute dans une quatrième bataille où commandait son beau-frère Salemen, il courut s'enfermer dans les murailles de Ninive; que se voyant sur le point d'être pris par ses ennemis, il se fit brûler dans son palais avec tous ses trésors. Alors Arbaces devint roi des Mèdes, Ninive fut détruite de fond en comble, et l'empire assyrien s'éteignit. Justin dit la même chose“.

Le Syncelle, Chronographie, p. 240, B.

2 Voir Hérodote, 1. 1, ch. 106 et 188.
3 Biblioth. hist.,l. п, c. 23 et suiv.
* Histor. epit., 1. 1, c. 3.

Voilà donc en présence deux destructions de Ninive dans des circonstances identiques : de part et d'autre c'est un roi Sardanapole qui périt dans l'incendie de son palais allumé de ses propres mains, pour se soustraire à ses ennemis qui, de part et d'autre encore, sont les chefs des Babylonieus et des Mèdes; Belesis et Arbaces dans le récit de Diodore, Astyages et Nabopolassar dans celui d'Alexandre Polyhistor.

Nous commençons par déclarer que nous ne saurions admettre la répétition si précise des mêmes événemens pour la même ville et le même empire. Si d'ailleurs Ninive avait été détruite de fond en comble par Belesis et Arbaces, il était difficile qu'elle le fût de nouveau par Nabopolassar et Astyages, nous n'hésitons donc pas à le dire, il y a là confusion évidente des faits. Un seul et même événement, qui avait dû frapper les esprits à cause de sa grandeur terrible, aura été attribué à deux époques différentes. Voilà tout le secret de cette invraisemblable répétition du suicide de deux Sardanapale.

Efforçons-nous donc de tirer au clair l'histoire embrouillée de la ruine réelle de Ninive.

Voyons ce que nous dit Josèphe :

«Vers ce tems, il arriva que l'empire des Assyriens fut ren» versé par les Mèdes...; or, le roi des Babyloniens, nommé Bala» das, ayant envoyé à Ezéchias des vieillards avec des présens, le » pria de devenir son allié et son ami.»

Ἐν τούτῳ τῷ χρόνῳ συνέβη τὴν τῶν ̓Ασσυρίων ἀρχὴν ὑπὸ Μήδων καταλυθή ναι... Ὁ δὲ τῶν Βαβυλωνίων βασιλεὺς, Βαλάδας όνομα, πέμψας πρὸς τὸν Εζεκίαν πρέσβεις δῶρα κομίσαντας, σύμμαχόν τε αὐτὸν εἶναι παρεκάλει καὶ φιλὸν 4.

Ainsi donc Josèphe place la ruine de l'empire assyrien par les Mèdes, vers l'époque où Mérodak-Baladan envoya une ambassade à Ezéchias.

Nous montrerons que ce fait eut lieu en 713 ou 712. C'est donc à une époque voisine de 713, suivant Josèphe, que les Mèdes s'emparèrent de Ninive. Nous examinerons tout à l'heure cette date importante.

1 1 Ant. judaiq., 1. x, c. 2, n. 2.

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