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pala-atzer, en lui promettant un trône: avec cette alliance Cyaxare vint facilement à bout de Ninive. Khin-âl-adan ne pouvait ignorer le sort que lui réservait le vainqueur; il n'y avait plus pour lui de défense possible; il aima mieux périr dans l'incendie de son palais, en anéantissant les richesses que convoitaient le roi des Mèdes et le perfide satrape de Babylone, que de tomber entre les mains de ses ennemis. Cette alliance de Cyazare et de Nabou-pala-atzer explique d'ailleurs très-simplement l'assertion d'Hérodote qui nous dit qu'à la Babylonie près, toute l'Assyrie tomba au pouvoir du roi des Mèdes; Ninive périt avec Khin-âl-adan en 625.

Voyons maintenant si, au milieu de tous ces faits qui paraissent convenablement classés entre eux, il est possible de coordonner les faits qui sont consignés dans le Livre de Judith. Faisons observer toutefois que les commentateurs chrétiens ne sont pas unanimes pour accorder à ce livre la confiance entière que l'on doit à l'Écriture sainte. Freret soutient que, puisque l'autorité de ce livre est controversée et qu'on l'a souvent considéré comme un ouvrage purement allégorique, on ne peut s'en servir pour établir aucun fait historique. Voyons si ce jugement sévère doit rigoureusement être appliqué au livre en question.

Voici ce que nous lisons dans le Livre de Judith (ch. 1) :

«V.1. Arphaxad, roi des Mèdes, avait soumis plusieurs na» tions à son empire, et lui-même éleva une ville très-puissante, » qu'il appela Ecbatane. »

« V. 5. Or, en la 5° année de son règne, Nabuchodonosor, roi » des Assyriens, qui régnait dans Ninive, la grande ville, combat» tit contre Arphaxad et le vainquit. »

Après sa victoire sur Arphaxad, Nabou-cadr-atzer somme tous les peuples ses voisins de se soumettre à sa loi; tous repoussent le joug qu'on veut leur imposer, et se liguent contre le roi d'As syrie.

« Ch. 11, v. 4. Dans la 13 année du roi Nabuchodonosor, le 22a » jour du 1 mois, en la maison de Nabuchodonosor, roi des As» syriens, il fut dit qu'il se défendrait.

Ce fut alors que la conduite de la guerre fut confiée à Holo

pherne, qui vint périr sous les murailles de Béthulie, des mains de l'héroïque Judith.

Examinons tous ces passages:

L'Arphaxad du livre de Judith n'est autre que le Phraortes d'Hérodote, cela a été établi bien avant nous, et nous n'avons pu que reproduire l'argumentation à l'aide de laquelle cette identification a été constatée. Or, Phraortes est mort en 635. Le Nabuchodonosor, qui l'a vaincu et qui l'a fait périr, était dans la 12° année de son règne; c'est Khin-al-adan qui a vaincu Phraortes. Khin-âl-adan est monté sur le trône en 647. De 647 à 635, il y a tout justement les 12 ans dont parle le Livre de Judith. Encore une coïncidence qui ne peut être un simple effet du hasard. Hâtons-nous de conclure de là que les faits historiques consignés dans le Livre de Judith sont tout aussi dignes de foi que ceux que nous tirons des autres livres de l'Ecriture. Concluons, en outre, que le Khin-âl-adan du canon de Ptolémée a porté également le nom de Nabou-cadr-atzer, et que c'est par erreur que l'Art de vérifier les dates identifie le Nabuchodonosor du livre de Judith avec le Saos-dou-khin du canon de Ptolémée.

Il ne nous reste plus qu'à rechercher la véritable forme du nom de Saosdoukhin, nous avons consigné les trois variantes :

Σαοςδουχινος (Saosdouchinos),

Σαοιδούχιος (Saosdouchios),

Σαος Δούχιος (Saos Douchios).

La dernière de ces variantes prouve que le nom se compose de deux parties, dont la première est sans doute le nom propre et la seconde un surnom. S'il en est ainsi, ce surnom dont la forme probable est aux pourrait se lire 1, et signifier: splendeur de la grâce, de la beauté, pour le resplendissant de beauté. Le mot

jouerait ici un rôle tout à fait analogue à celui que joue le mot arabe zou si fréquemment employé dans la formation des surnoms, tels par exemple que celui de zou'l-ïemineyn, l'ambidextre, qui fut donné à un célèbre visir de la cour abasside de Baghdad.

Quant au nom Saos, comporte-t-il une terminaison grecque? cela est fort douteux vu l'état concret du nom dans deux variantes sur trois. Notre savant confrère et ami, M. Félix Lajard, a, dans son

intéressant mémoire sur le culte du Cyprès, tiré un grand parti d'un fait de l'histoire d'Anouschavan, fils d'Ara II et petit-fils d'Ara-lebeau, roi d'Arménie, vaincu par Sémiramis, suivant le récit du syrien Mar-abbas-Gadina, conservé par Moyse de Khorène. « Ce >> prince fut, dit-il, surnommé Sos qui en arménien signifie cyprès, >> parce qu'il avait été sacré au pied des cyprès jadis plantés par Ar» menag, fils de Haik, chef de la première dynastie des rois d'Ar» ménie, à Armavir, l'antique capitale de l'Arménie. >>

Le nom Saos-dou-khin signifierait ainsi le gracieux cyprès et nous adoptons pleinement cette explication.

Nous conserverons donc au nom entier la forme Saos-dou-khin. Le règne de ce prince reste vide, et nous ne connaissons aucun événement important à y rapporter; passons donc au règne de son prédécesseur.

F. DE SAULCY,

De l'Institut.

Polémique catholique,

MOISE RÉVÉLATEUR,

OU

EXPOSITION APOLOGÉTIQUE DE LA THÉOLOGIE DU PENTATEUQUE..

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M. E. Quinet. Son appel aux catholiques. Comment ils y répon-
dent. Attaques du rationalisme allemand contre l'Evangile.
M. Chassay. Le rationalisme allemand et l'Ancien Testament.
M. l'abbé André. - Objet et importance de son ouvrage.· Moïse.
Sa vie. Ses écrits. Caractère de sa Théodicée.

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Il y a quelques années, M. E. Quinet interpellait violemment les catholiques. A l'entendre, ils ne paraissaient plus sur le champ de bataille; la solitude se faisait autour de l'arche de Dieu; les bras qui devaient la défendre, la laissaient tomber, sans résistance aucune, entre les mains des infidèles. « Les défenseurs de » la foi, disait-il, abandonnant le lieu du péril, imaginent de >> triompher subitement de quelques fantômes sans vie, en même » tems qu'ils désertent le sanctuaire où l'ennemi fait irruption?.» Il montrait alors à ses lecteurs les nombreuses phalanges du Rationalisme allemand s'avançant, les rangs serrés, vers le temple de Dieu, provoquant les catholiques, les armes à la main,—arrachant tranquillement, une à une, toutes les pierres de l'édifice,jetant tour à tour dans le gouffre qu'ils creusaient, la Genèse, les Psaumes, les Prophètes, l'Évangile, le corps entier des Écritures. Il y avait, dans cette mise en scène, quelque chose de saisissant et

1 Par M. l'abbé Charles-Marin André, professeur de rhétorique au petit séminaire de Villiers-le-Sec, diocèse de Bayeux. - Paris, chez Lecoffre; prix: 2 fr. 50.

2 M. Quinet, Vie de Jésus, dans la Revue des Deux-Mondes, p. 335, 1842.

de dramatique. Ajoutons que ces démolisseurs étonnaient, M. QuiBet par leurs proportions gigantesques. Les ruines qu'ils amoncelaient affligeaient son âme, et le silence des catholiques, le précipitait dans des angoisses du doute. Pour lui, simple laïc, que pouvait-il faire, sinon de les presser de répliquer enfin à tous →ces savans hommes 1?» Aussi se proposait-il bien de ne pas cesser «de ramener les défenseurs de la foi au cercle brûlant que Dla science traçait autour d'eux2.»»

1

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M. Ed. Quinet doit aujourd'hui s'applaudir de cet appel: on lui a répondu. Voilà que les catholiques s'élancent, sans crainte, sur le terrain brûlant qu'on leur traçait. Là, ils se posent en présence de leurs adversaires, ils les contemplent et trouvent leurs proportions moins effrayantes qu'on ne les avait faites; ils sondent leur sarmure et elle ne leur présente pas cette forte trempe qui devait la rendre impénétrable. Reportant alors leurs regards sur le passé de l'Eglise catholique, ils se mettent à dérouler la longue suite de ses travaux. On l'accusait de croupir dans l'inaction; ils montrent que sa vie a toujours été militante, que jamais elle n'a déposé les armes, que son front est chargé de couronnes; on se plaignait des ténèbres qu'elle laisse répandre, et ils prouvent aux auteurs de ces plaintes qu'elle a sans cesse lutté contre l'erreur, que la lumière ne leur a jamais manqué, mais qu'ils la repoussent.

Que M. Quinet et ses admirateurs ouvrent le Christ et l'Evangile.de M. Chassay, la belle introduction placée en tête du premier volume leur apprendra, si vraiment ils l'ignorent, combien vastes ont été en France, en Angleterre, en Allemagne, les développemens de l'apologétique chrétienne. Et cependant M. l'abbé Chassay ne prend son point de départ que dans le 17° siècle 3.

1 Ibid., p. 336. « Que pouvez-vous attendre de nous, sinon que nous » consentions à suspendre notre jugement, aussi long-tems que vous sus» pendrez votre réponse? »

2 Ibid.

3 Les Annales ont rendu compte du Christ et de l'Évangile. Voir.t. xv (3o série), p. 341,- t. xvI. p. 268,- t. xviii, p.147, -t. XIX, p. 163. Voir aussi l'Université catholique, t. iu (2e série), p. 426, ➡t. iv, p. 258.

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