Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

་་

en présence des membres de la famille, et presque toujours de plusieurs accoucheuses!! D'un autre côté, on ouvre des cours de maternité, dans lesquels « se discutent les mille questions relatives, nonseulement à l'allaitement de l'enfant, à son sevrage, à sa dentition, à sa marche, à sa nourriture, à ses vêtemens et à ses bains, mais encore au développement et au perfectionnement de ses organes". » C'est encore la loi qui détermine les exercices gymnastiques auxquels l'enfant doit se livrer à cet effet. « C'est elle qui règle les différentes espèces d'éducations (physique, intellectuelle, morale, industrielle et civique); et, pour chacune de ces espèces, les matières de l'éducation, le tems et l'ordre des études, et les méthodes d'enseignement3.

On paraît en principe, et tout en admettant le divorce, conserver la famille. Cependant les enfans appartiennent avant tout à l'Etat :

maient ses cris et ses pleurs; on ordonnait à la femme grosse son genre de nourriture, son régime, ses promenades. Voir Aristote, Politique, t. 11, p. 109, trad. de M. Barthélemy Saint-Hilaire.

[blocks in formation]

4 a

[ocr errors]

Quant à la famille, le Communisme paraît se séparer de Babœuf et d'Owen; il la conserve. C'est peut-être beaucoup s'avancer que d'écrire que le communisme admet la famille; il est plus exact de dire qu'une partie l'admet et qu'une autre la rejette: lorsqu'on est entré dans la voie de l'erreur, il est bien difficile de s'arrêter; une fois qu'on cherche à démolir une portion de l'édifice social, l'on est fatalement entraîné à ébranler le reste, et souvent alors, avec cette ardeur de destruction, on ne laisse plus que des décombres. C'est ce qui est arrivé aux Communistes. Quelques-uns veulent la conservation de la famille dont ils paraissent respecter le sanctuaire; tandis que d'autres, par déduction rigoureuse de leurs idées, la trouvent opposée à l'esprit de leur doctrine; et voici comment raisonnent ces derniers: Nous abolissons la propriété, parce que nous voulons l'égalité; or, ne violons-nous pas ce principe fondamental de notre système lorsque nous laissons les enfans aux pères et aux mères; les enfans, source de travail, de produits, de richesses; les enfans, par conséquent, source d'inégalité! Qui peut dire que ce n'est pas là de la bonne logique ! de la très-bonne logique. Ainsi les Unilaires ou Icariens admettent le mariage et la famille; les Humanitaires veulent la promis'cuité des sexes et l'abolition de la famille. Nous dirons cependant que, dans notre opinion, ce n'est là qu'un schisme purement momentané, un sacrifice

point d'autre nourriture pour leur corps et pour leur âme, que celle qu'il prépare, qu'il approuve et qu'il distribue, quand bon lui semble. Ainsi, pour leur parler de la divinité et de la religion, on doit attendre qu'ils aient atteint l'âge de dix-sept ou dix-huit ans '.

Et puis quelle religion! Une assemblée de prêtres, de professeurs, de philosophes, de moralistes, de savans, d'écrivains, l'ont décrétée par assis et levés. Rien de plus simple. On admet un Dieu, cause première de tout ce que nous voyons. Soumission absolue à la volonté générale, et surtout amour et vénération de la femme, chef-d'œuvre du Créateur, tel est le culte qui lui est le plus agréable. Point de ciel, point d'enfer. Tout, pour l'homme, finit au tombeau. Sur la terre, dans le système des Communistes, rien ne manque à la félicité! Que peut-on donc désirer après la mort? Cependant on permet à ceux qui souffrent, l'espérance d'une autre vie. Et voilà la Religion de l'Etat. Ajoutons : voilà le roman, l'utopie, le rêve que certains hommes forgent dans leur imagination. Ce qui étonne ce n'est pas

[ocr errors]

temporaire, que les Icariens font aux mœurs du siècle; et nous sommes persuadés que les doctrines de ces derniers une fois admises, nous retournerions vers ces tems où, si toutefois ils ont jamais existé, l'enfant devenait étranger sous le toit qui le vit naître, et, comme les oiseaux, pouvait ensuite s'unir à une mère qu'il n'avait jamais connue. Encyclopédie moderne, nouv. édit., t. xiv, art. Communisme. M. Thiers montre, avec cette clarté et cette logique qu'on lui connait, l'union étroite qui existe entre la propriété et la famille. La destruction de l'une, dit-il, entraîne nécessairement celle de l'autre. ▾ Ou tout en propre, ou rien; alors rien, ni le pain, ni la femme, ni les enfans. De la propriété, p. 165 sqq.

• On reconnaît là les idées de J.-J. Rousseau. Cette utopie est jugée depuis long-tems. Voir M. Villemain, Tableau de la littéralure au 18e siècle, XXIV leçon.

• Voyage en Icarie, p. 171. Dans tous les systèmes anti-sociaux, on méconnaît le rôle de la femme; on en fait une idole de chair devant laquelle les passions les plus honteuses sont appelées à se prosterner. On se rappelle, sans doute, la femme libre des Saints-Simoniens. Voir M. Bonnetty, Histoire du Saint-Simonisme, 1er art., dans les Annales de philosophie chrétienne, t. XI, p. 241, 1re série, 2e édit.

Voyage en Icarie, p. 276-288. Voir sur la Religion des fourieristes, Ann. de philos. chrel., tome xvi, p. 323.

tant le délire individuel que l'attention que l'on prête à ces fables, mais c'est que malheureusement ceux-là même qui repoussent ces chimères, ont abandonné eux-même la méthode seule exacte de la tradition, ils croient avoir inventé eux-mêmes leur religion moins absurde que celle de M. Cabet, mais assise sur le même fondement la conscience ou la raison individuelle. C'est la méthode de Descartes et de Malebranche, d'évidence et d'intuition, mise en pratique. Pour nous, nous n'avons qu'une chose à dire : « Où avez-vous pris, où » avez vous vu toutes les bilevesées que vous nous débitez là? » M. Cabet et ses semblables seront obligés de nous dire : « J'ai vu >>tont cela dans mes idées! » Merci.

Cependant voilà comment, lorsque l'État est tout, il mesure l'air qu'on respire, la nourriture qu'on prend, le vêtement dont on se couvre, le logement qu'on habite, la part de lumière qu'il veut accorder. Voilà comment il absorbe, avec les propriétés territoriales, le corps, l'intelligence, le cœur et les affections des individus. Despotisme abrutissant, qui, sous prétexte de nourrir le corps de l'homme, enchaîne toutes les parties de son être! Despotisme plus ou moins prochain. pour les peuples qui laissent leurs gouvernemens méconnaître les droits de l'individu ! Droits inviolables et sacrés ', leur affaiblissement est toujours le signe précurseur de leur esclavage.

Et qu'on ne se rassure pas, parce que le plan que nous venons de développer a M. Cabet pour auteur! Qu'importe ici un nom? Nos faiseurs d'utopies, quelle que soit leur couleur, partagent, plus ou moins, sa pensée. Allez au fond de leurs théories, vous les verrez tous étendre, outre mesure, la puissance et les droits de l'État : sous leurs belles promesses, il y a des fers. En nous engageant dans la voie qu'ils ouvrent devant nous, « loin d'aller vers l'avenir, nous retournerions vers le passé 2. »

L'abbé V. HÉBERT-DUPERRON.

Voir M. Cousin, Cours d'histoire de la philosophie au 18e siècle. -Ecole sensualiste, 8 leçon. Nous reviendrons sur cette question.

2 Voir Louis Reybaud, Études sur les reformateurs ou socialistes modernes, t. 1, p. 32, 5e édition.

Appendice à l'article précédent.

DÉCONFITURE

DU COMMUNISME DE M. CABET EN ICARIE.

[ocr errors]

Les Annales ont toujours dit que c'était à l'expérience et aux faits qu'il fallait rappeler tous ces faiseurs d'utopie, qui bâtissent des sociétés et des hommes romantiques dans leur imagination, dans leurs livres ou dans leurs journaux. Elles-ont déjà fait connaître l'essai de communisme fait dans les îles des Amis ; et comment cet essai a abouti à l'abrutissement des esprits, et les a réduits à la nécessité de se manger les uns les autres. Voici maintenant des nouvelles authentiques de la désunion, et de la déconfiture complette de cette colonie d'Icarie qu'a voulu fonder M. Cabet; ce sont deux Icariens, deux adeptes de M. Cabet, qui racontent eux-mêmes leur histoire.

HONNEUR ET GLOIRE AU PACHA CABET ET A SES JANISSAIRES.

Icarie est fondée, Icarie existe; c'est un Eden, un vrai paradis terrestre. Oh! si vous voyiez Icarie!» Telles sont les paroles enthousiastes dont on se sert pour entraîner et tondre les moutons qui veulent les entendre. « Il faut une confiance aveugle,» dit le pacha d'Icarie.

» Moi, comme les autres, en disciple modeste, j'ai fermé les yeux et je me suis bien gardé de demander quelles étaient les ressources et l'état de la caisse. Aucun des partans, n'a eu connaissance des recettes et des dépenses; de même le titre de la concession d'un million d'acres de terre ne nous a pas été montré; nous sommes partis comme de vrais moutons de Panurge.

-

[ocr errors]

› Aussitôt en mer, le sous-délégué de Cabet m'apprit que la concession d'un million d'acres de terre n'existait pas. Ce fut la première déception. — J'appris à la Nouvelle-Orléans que l'entrepôt de Shreveport et les montres des Icariens étaient engagées pour une somme de 1,000 francs. Deuxième déception. J'étais malade; je demandai à voir un médecin; le délégué Favard, janissaire en chef, me répondit qu'il n'y avait à la Nouvelle-Orléans

Voir notre tome xvII, p. 246 (3e série).

que des charlatans; que je n'étais pas assez malade pour m'y arrêtør, et qu'il valait mieux aller en Icarie, pour être traité par le médecin de la société. Mais j'appris depuis que le jannissaire Favard ne s'était nullement occupé de médecin, et qu'il avait répondu qu'il n'avait pas d'argent pour les visites de médecin, et qu'il en fallait pour fonder Icarie. Troisième déception.

[ocr errors]

» Arrivé à Shreveport, je fus encore déçu en voyant l'établissement destiné à recevoir les femmes. Il est tellement bien construit que les habitants de Shreveport disent qu'ils ne voudraient pas y loger un cheval.

» La quatrième et la plus forte déception fut le trajet dans les forêts et les prairies du Texas, en ce que la rapacité du janissaire en chef nous fit beaucoup souffrir des privations de toute nature.

› L'arrivée en Icarie fut la dernière et la plus triste des déceptions. Nous vîmes, à notre arrivée, non des hommes, mais des cadavres!... Rien de cultivé dans ce soi-disant paradis! On nous apprit qu'il y avait 10,000 fr. de dettes. Le lendemain de notre arrivée, on vota à l'unanimité, moins trois voix, que la société était dissoute et qu'il fallait tout abandonner.

La retraite s'opéra très-difficilement, en laissant beaucoup de malades en route. Les malles et tout le linge de la dernière avant-garde restèrent abandonnés au milieu des prairies. Nous attendîmes à Shreveport des secours de France. Une commission de cinq membres arriva le 24 octobre; elle nous annonça qu'elle possédait 4,000 fr., tandis qu'elle en possédait 25,000. Chacun de nous reçut 55 fr. pour redescendre à la Nouvelle-Orléans.

Chaise, membre de cette commission, s'est enfui avec une partie de la somme; les autres ont organisé une société dite fraternelle : chacun des membres est tenu de verser 30 sous par semaine pour soulager les Icariens malades et sans ouvrage. Comme la plupart de ceux qui sont descendus du Texas sont malades et ne peuvent travailler, il n'y aura que les jeunes moutons qui entreront dans la société qui paieront, et si jamais ils demandent des comptes, un janissaire viendra leur dire : « Il faut avoir une confiance aveugle!»

» Pour moi, je suis sans travail ; j'ai versé 1,000 fr. sur lesquels j'ai fait une retenue de 400 fr. sur l'apport de mon neveu. Comme il ne viendra pas, puisque l'Eden est en déconfiture, je croyais avoir le droit de recouvrer cette somme. Quand j'en ai parlé au janissaire Favard, l'homme de confiance du Pacha, il m'a répondu : « Ton argent est f.... comme celui des autres. » Ces autres sont les familles qui sont en France, qui ont versé des sommes, et qui. ne partiront pas, puisque tout est abandonné.

» A la séance de la Société fraternelle du 21 octobre, j'ai demandé un emprunt afin d'avoir de quoi subsister jusqu'à ce qu'il m'arrive du secours de France. J'en attends, car j'ai écrit à ma famille pour en obtenir, et j'attends ma femme, qui doit être en route maintenant pour venir me rejoindre et qui a

« ZurückWeiter »