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da verser 1,200fr. Je m'engageais à remettre cet emprunt aussitôt que des secours me seraient arrivés de France. Presque tous savaient que j'étais sans ressources et que je ne connaissais personne à la Nouvelle-Orléans. Eh bien! en vertu du principe de fraternité, l'on m'a positivement refusé toute espèce de secours. » Quelle leçon pour moi! Puisse-t-elle profiter aussi aux malheureux qui se laissent séduire par M. Cabet et ses janissaires!

» E. DUBUISSON, bijoutier, rue Royale, 103,

» ayant fait partie de la 2o avant-garde pour l'Icarie.

La lettre suivante a, en outre, été adressée au Constitutionnel, qui l'a publiée :

Monsieur le Rédacteur,

» J'ai recours à votre journal pour donner de la publicité à un fait qui peut prévenir des malheurs. Il est tems que l'opinion publique fasse justice de tous ces théoriciens qui préchent le Communisme et qui entraînent à leur perte une foule de malheureux esprits faibles.

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• J'ai un ami, maire d'un village de la Côte-d'Or, M. F..., qui a un fils qui, avant la révolution de Février, était le correspondant intime de l'illustre Cabet et son disciple le plus zélé. Avant les événemens de juin, il a réuni sa modique fortune, en a remis la plus grande partie à Cabet, puis il est parti pour l'Icarie avec la fameuse avant-garde... Aujourd'hui, le malheureux écrit à son père pour le prier de lui envoyer de l'argent afin de revenir en France. Dans cette lettre, il fait le récit abrégé de tout ce qu'il a souffert. Je vous en donne ci-dessous la copie littérale. En la publiant, vous rendrez service à tous ces malheureux ouvriers qui se disposent à partir pour cette terre de désolation. Amérique du Nord. Nouvelle-Orléans, 16 novembre.

» Cher père,

» Je vous écris à la hâte un mot concernant ma position... D'abord, je suis un réchappé de la mort. Je suis encore à l'hospice de la Nouvelle-Orléans depuis peu; car nous arrivons de l'endroit où ce fameux Cabet nous avait envoyés nous perdre. Hélas! quand nous sommes arrivés dans ce lieu mortel (car tout y est mortel, l'eau et l'air), sur 70 hommes qui avaient été les premiers, 9 de morts et tout le reste moribond. Quel camp de désolation ! Nous arrivons; au bout de quatre jours nous tombons tous malades; au bout de six, je suis tombé sans connaissance; enfin, je me crois mort; je suis résigné; cependant on me donne du quinine; ça me coupe la fièvre; et enfin j'ai pu regagner la Nouvelle-Orléans; heureusement l'hospice est bon. J'ai fait 120 lieues dans les forêts, à pied, seul et souffrant la faim, la soif, obligé de jeter mes effets, n'ayant pas la force de les porter. etc. A plus tard d'autres détails. ➡ > Cabet nous dit: « Vous allez dans un pays où tout y est. Ce malheu

reux nous y envoie sans le connaître. Tous ses écrits sont faux. De ce côté, selon lui, c'est la pèche, c'est la chasse; eh bien! rien de tout cela; on y meurt de faim. Faut-il être aventurier pour envoyer des hommes, les perdre ainsi, surtout de nous envoyer sans tout l'argent que nous lui avons donné ? Maintenant, cette chimère qu'il nous avait mise dans la tête est l'état social le plus infâme possible; c'est l'esclavage complet; c'est l'enfer si vous êtes cent, c'est cent maîtres que vous avez. Vous ne pouvez rien faire ni manger qui ne soit à retoucher ni à censurer; vous n'avez aucune liberté, et toute la journée disputes pour le manger. Toi, tu manges trop; moi, je mange moins; tu es un fainéant, etc. » Toute la patience du monde ne suffirait pas pour une heure. Seulement, nous sommes bien désaveuglés, mais trop tard; mais il fallait passer par là. Maintenant, ceux qui n'en ont pas goûté peuvent essayer; ils seront bientôt guéris. Tous les fanatiques qu'il y a encore en France passeront bientôt leur maladie quand ils sauront de nos nouvelles. Communisme! jamais lu ne règneras en France ni en Europe, non plus que

Les autres bèlises. »

» Puis il parle de sa famille.

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» Telle est la lettre de ce malheureux Icarien, parti il y a six mois plein de force et de courage, et maintenant loin de sa patrie, qu'il ne pourrait revoir, si sa famille ne lui envoyait pas de l'argent pour payer son voyage. Et cette position est celle de tous ses compagnons.

» Est-ce donc là ce paradis que Cabet leur avait montré dans le lointain ? Est-ce donc pour aller s'ensevelir dans les déserts de la Louisiane que tant de malheureux ont quitté la position qu'ils occupaient, leur famille, leur patrie? Et c'est cet homme, l'auteur de tant de maux, ce Cabet, qui ose se dire l'ami du peuple et qui veut régénérer la société ! Mais ce n'est plutôt qu'un vil intrigant qui a sacrifié à ses vues ambitieuses tous ces malheureux qui gémissent maintenant loin de leur patrie. S'il a fallu un exemple si funeste à l'opinion publique pour lui ouvrir les yeux, puisse du moins le sort de ces malheureuses sentinelles avancées, ces enfants perdus de la civilisation et du progrès, désillusionner tant de braves et vertueux ouvriers qui prètent l'oreille à tous les beaux discours des socialistes et des communistes, et les préserver des malheurs où ces doctrines les entraîneraient infailliblement.

« Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur, l'assurance de ma parfaite considération.

» Paris, 24 décembre 1848.

J. CARNE ..

Après ces détails, nous croyons inutile de continuer la réfutation des doctrines de M. Cabet, les faits en ont démontré l'impossibilité.

Philologie Orientale.

TABLEAU DES PROGRÈS

FAITS DANS L'ÉTUDE

DES LANGUES ET DES HISTOIRES DE L'ORIENT PENDANT LES ANNÉES 1846 ET 1847.

Suite et fin'.

14. Progrés dans l'étude de la littérature malaie.

L'importance croissante de la Malaisie pour la politique et le commerce de l'Europe, attire de plus en plus l'attention sur les différens dialectes malais et leur littérature, qui est assez considérable, mais n'a jamais pu acquérir d'originalité, dominée qu'elle était d'abord par les Hindous, et ensuite par les Arabes. La Société de Batavia, qui avait déjà publié une imitation javanaise du Mahabharat, a fait imprimer récemment le Romo, traduction javanaise d'une ancienne version kawi du Ramayana indien. M. Dozon nous a donné, dans le Journal asiatique, une analyse d'un ouvrage malai tout semblable au Romo. M. Roorda a commencé, à Amsterdam, la publication d'un choix de pièces javanaises3, et M. Dulaurier a ajouté à la série des chrestomathies à l'usage de l'école des langues orientales, une collection de pièces diplomatiques en malai 4.

15. Progrès dans l'étude de la littérature birmane.

M. Latter a publié, à Calcutta, une grammaire de la langue bir

Voir au no précédent, tome xvi, p. 417.

• Romo, een Javaansch Gedicht, naar de Bewerking van Joso Dhipoero, uitgegeven door C. F. Winter. Batavia, 1847, in-8°. (28 et 537 pages.) Cet · ouvrage forme la 2e partie du vol. xx des Transactions de la Société de Batavia.

3 Javaansche Zamenspraken over verschillende onderwerpen door C. F. Winter, uitgegeven door T. Roorda. Amsterdam, 1845, in-8°, cah. 1. (44 p.) • Lettres et pièces diplomatiques écrites en malai. Paris, 1845, in-8°.

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mane', langue très-intéressante, sous le double rapport de son origine, qui la rattache aux idiomes monosyllabiques de l'Asie orientale, et de son système graphique, qui la rapproche des idiomes indiens. Jusqu'ici on ne possédait, pour l'étude de cette langue, que la grammaire de Carey et le dictionnaire de Judson. La grammaire de Carey, composée, comme presque tous les ouvrages grammaticaux de ce missionnaire, d'après le système des langues classiques de l'Europe, ne donnait pas une idée juste de la structure du birman. M. Latter a le mérite d'en avoir reconnu le caractère particulier, et d'avoir dégagé la grammaire birmane des classifications étrangères qui en déguisaient la véritable nature.

16. Progrès dans l'étude de la littérature tibétaine.

M. Foucaux a fait imprimer la traduction tibétaine de la vie légendaire de Bouddha, qui est un des premiers livres canoniques du Nepal, et qui jouit au Tibet d'une grande autorité. L'éditeur s'est servi, pour la critique du texte tibétain, de l'original sanscrit, connu sous le nom de Lalita vistara 2. C'est le premier texte tibétain imprimé en France, et le plus considérable de tous ceux qui ont paru en Europe. M. Foucaux va donner incessamment la traduction de cet ouvrage. La plupart des textes tibétains imprimés en Europe l'avaient été par les soins de M. Schilling de Canstadt, grand amateur de la littérature bouddhiste des peuples de la haute Asie. On a trouvé, après sa mort, deux ouvrages qu'il avait fait lithographier par des lamas bouriates, mais qui n'avaient pas encore paru, et l'Académie de SaintPétersbourg a chargé M. Schmidt de les publier. Le premier est un Sutra tiré du Kandjour ; l'autre, travail beaucoup plus important, est l'index du Kandjour même. Cette grande collection bouddhiste

3

'A Grammar of the language of Burmah, by Latter. Calcutta, 1845, n-4°. (LII et 203 pages.)

2 Rgya Tch'er Rol Pajou développement des jeux, contenant l'histoire du Bouddha Çakya-Mouni, par E. Foucaux. 1 partie, texte tibétain, Paris, 1847, in-4°. (388 pages.)

3 Das ehrwürdige Mahajanasutra mil Namen: das unermessliche Lebensalter and die unermessliche Erkenntniss. Saint-Pétersbourg, 1845, infol. oblong lithographié. (48 pages:)

Der index des Kandjur bovorwortet von Schmidt. Saint-Pétersbourg, 814. (215 pages.)

se compose de 1,083 ouvrages, dont les titres, en tibétain et en sanscrit, et les noms de leurs traducteurs, sont énumérés, dans l'index, d'abord selon l'ordre qu'ils occupent dans la collection, ensuite par ordre alphabétique..

17. Progrès dans l'étude de la langue et de la littérature chinoise.

A ne considérer que le petit nombre d'ouvrages relatifs à la Chine qui ont paru depuis deux ans, on pourrait croire que l'étude de cette grande littérature est délaissée en Europe; mais on se tromperait gravement, car, à Paris seulement, MM. Julien, Biot et Bazin préparent d'importans travaux sur la philosophie, l'histoire et la littérature chinoise, et c'est l'étendue même de ces ouvrages qui n'en a pas encore permis la publication. Néanmoins, M. Biot a achevé son Essai sur l'histoire de l'instruction publique en Chine, et l'a conduite, dans son second volume', jusqu'à nos jours. Ce volume reprend l'histoire des lettrés au commencement du 3o siècle, et nous les voyons, à travers une série de dynasties, lutter pour leur principe, que l'administration de l'État ne doit être confiée qu'au savoir et au mérite, contre la faveur des cours, les innovations des sectes, l'ignorance des conquérans barbares et l'influence de la richesse. Ils organisent les écoles et surtout le concours, qui est leur grand instrument; ils finissent par avoir le dessus sur leurs nombreux ennemis; leur principe est reconnu et gouverne encore, malgré les empiétemens que la corruption, l'influence des grandes familles tartares, et surtout les besoins du trésor, parviennent à faire subir. Mais on y voit en même tems combien les lettrés ont eux-mêmes diminué les fruits qu'aurait dû porter ce principe; combien ils l'ont rendu stérile, en rétrécissant les études, en excluant du cercle de l'éducation publique les sciences positives, et en s'attachant, avec une sorte de fanatisme, aux formes Jittéraires. La Chine actuelle, avec ce qu'elle a de bon et de mauvais, est leur œuvre, et c'est à eux à détourner les dangers évidens dont elle est menacée de notre tems. Il est possible que leur contact avec les Européens leur fasse sentir la nécessité d'élargir le cours des études

1

1 Essai sur l'histoire de l'instruction publique en Chine, par E. Biot. Paris, 1817, in-8, 2o partie. (414 pages.)

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