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services dont il faut avoir personnellement ressenti le besoin, pour en comprendre le prix. Voilà ce qui, même au seul point de vue de l'humanité, rend inviolable et sacré pour tous ce dépôt de la piété des fidèles ; voilà ce qui, à moins du consentement de l'Église, hors le cas d'une extrême nécessité, et encore dans de justes bornes, attache à l'acte de tout ravisseur de ces biens, un stigmate indélébile d'injustice et d'usurpation; voilà ce qui ne flétrit pas moins l'acte de tout administrateur infidèle qui ose les employer à d'indignes usages.

Or, nous devons le dire avec douleur, malgré ces considérations si graves et si accablantes, ni les administrateurs infidèles, ni les ravisseurs patens ou occultes ne manquèrent au malheureux établissement.

Longtems même, et c'est là ce que nous devons avouer en versant des larmes, longtems avant que la violence des révolutions eût porté la main sur ce sacré dépôt du malheur, d'infidèles gardiens le violèrent, de faux protecteurs s'en servirent pour satisfaire l'avarice et l'ambition de leur race. La richesse accumulée par la charité devint l'appât de cette avarice ; et depuis bien longtems déjà, le Saint-Siége était obligé d'imposer les bornes suivantes aux dissipations qui s'y commettaient contre toute justice : « Ne patrimonium JESU-CHRISTI, » et bona pauperum, ipsius hospitalis in commessationibus inordina

tis, in evectionibus, parentibus, pompis atque statibus immodera» tis præpositorum et quorumcunque aliorum inferiorum ipsius hos» pitalis indebitè exponantur, statuimus et ordinamus, quod ipse » Præpositus Montis Jovis pro tempore existens de duobus sociis pro» fessionis ejusdem hospitalis, quos semper teneatur, cum sex, vel octo >> ad magis servitoribus, pro honesto et debito statu suo, debeat esse

>> contentus '. >>

Mais enfin, lorsque l'établissement dut subir la grande spoliation

'Regula, etc., p. 6. De peur que le patrimoine de J.-C. et les biens des pauvres appartenant à l'hospice ne soient illicitement employés en festins désordonnés, en luxe, en dons aux parents, en pompes et en représentation immodérée soit des prévôts, soit des religieux du même hospice, nous statuons ei nous ordonnons que le prévôt existant au Mont-Joux se contente de deu compagnons choisis parmi les religieux profès de l'hospice, lesquels seront toujours avec lui, et de six ou huit serviteurs au plus, le tout pour l'honnête représentation qui lui est due. »

opérée par le protestantisme; lorsque, plus tard, la bulle de Benoît XIV eut retranché d'un seul coup les 2,240 ducats de rente des biens situés en Piémont, la communauté retrempée dans les épreuves d'une pauvreté redoutée, mais néanmoins trop heureuse, la communauté, dis-je, rappelée plus étroitement à son esprit primitif par cette rude épreuve, dut bientôt reconnaître qu'elle avait trouvé son salut, là où out d'abord elle avait envisagé sa perte. Les religieux éprouvèrent, dans un sens très-encourageant au milieu des plus redoutables épreuves, les effets de cette sentence prononcée par l'infaillible sagesse : « Non proderunt divitiæ in die ultionis; justitia autem liberabit » à morte '.

Voilà ce que nous allons voir avec la dernière évidence, dans la suite du récit qui nous reste à faire des événemens accomplis pour le Saint-Bernard.

Plaise à Dieu que, maintenant, les malheurs arrivés à l'hospice à la suite des récentes discordes civiles, n'aient point, par excès d'appauvrissement, un effet sur cet établissement dont la perte serait un sujet de profonde douleur pour l'Église, un sujet de remords éternels pour ceux qui l'auraient accomplie.

Naguère nous avions la douce confiance de prévenir cette ruine. Des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont enlevé le moyen de réaliser nos vœux et nos espérances. Que le maître souverain de toute destinée sauve, par d'autres que par nous, l'établissement menacé. Que la divine Providence emploie pour cette grande œuvre un instrument moins indigne, nous la louerons, nous la bénirons; notre cœur rempli de joie, n'aura que des pensées de reconnaissance et d'amour à la vue d'un si grand bienfait!

J. P. O. LUQUET,

Evêque d'Hésebon.

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Les richesses ne serviront à rien aux jours de la vengeance; mais la justice délivrera de la mort. » — Prov., XI, 4.

Philologie Catholique.

EXAMEN IMPARTIAL

DU

CATHOLICUM LEXICON HÉBRAIQUE ET CHALDÉEN

PUBLIÉ PAR M. L'ABBÉ MIGNE

ET DES CRITIQUES DONT IL A ÉTÉ L'OBJET.

M. l'abbé Migne, dont le zèle pour la réimpression des bons ouvrages à bon marché, n'a pas été abattu ou ralenti par la terrible catastrophe qui a pesé sur toutes les industries, et principalement sur la librairie, vient de mettre au jour un nouveau volume renfermant en 996 pages petit in-folio, tout ce qui est nécessaire pour comprendre à fond la langue de l'Ancien Testament.

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Faisons d'abord connaître les différens traités que contient ce volume:

« 1o Le Manuel lexique (hébraïque-latin), rangé par ordre alpha» bétique, et composé par G. Gesénius (le plus savant hébraïsant de » l'Allemagne moderne), mais que M. le chevalier Drach a purgé de » toutes les impiétés rationalistes et antimessianiques, et qu'il a corrigé, » en en faisant disparaître les sens nouveaux et jusqu'alors inconnus, >> inventés et introduits par l'auteur protestant, pour y rétablir et » prouver les sens de l'ancienne tradition et des Saints-Pères, et auquel il a fait, de plus, un grand nombre d'additions philologi» ques (660 pages).

» 2o Grammaire hébraïque, composée en allemand, par le même » Gesénius, traduite en latin, et enrichie d'appendices et de notes » théologiques, philologiques et critiques, par F. Tempestini (p. 661– » 814).

» 3° Lexique de la langue hébraïque, selon la méthode libre de >> tous points massorétiques, auquel on a joint un appendix renfer» mant toutes les expressions chaldaïques qui se trouvent dans l'An» cien-Testament, par J. Du Verdier, du clergé de Paris (p. 815» 882).

» 4° Nouvelle méthode hébraïque, délivrée des points massoré» tiques, à laquelle on a joint des exercices pour une recherche plus >> facile des racines, par le même (883-946).

» 5° Court et clair enseignement de la langue chaldaïque, pour » l'intelligence des parties de l'Ancien-Testament qui ont été écrites » en langue chaldaïque, d'après les auteurs les plus renommés, par » M. le chevalier Drach (947-964).

» 6o Index des mots latins, avec indication des pages où ils ont « leur expression hébraïque, de manière à former un Dictionnaire >> latin-hébreu, d'après Gesénius (965-987). »

Ces six traités en un seul volume petit in-folio, ne coûtent que 15 f. Or, avant de donner notre avis sur ce travail, nos lecteurs ne seront pas fâchés de savoir comment il a été déjà jugé par une personne qui semblait être compétente sur cette matière. Voici son jugement :

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« Si on nous demande à quelle classe de lecteurs le Lexicon he» braïcum peut être utile, nous répondrons sans hésiter, 1° que les » commençans n'y trouveront aucun avantage, à cause du grand » nombre de matières de pure érudition qui s'y trouvent presque à chaque page, et de l'appareil effrayant de tant d'idiomes réunis » et comparés, toutes choses propres à jeter du vague et de la confusion dans leur esprit; 2° que les personnes instruites n'appren» dront certainement rien dans les additions de M. Drach; 3° que >> les Catholiques doivent repousser un livre entaché de rationalisme » et rempli d'injures et de calomnies les plus opposées à l'esprit » chrétien. »

Le directeur de la Bibliographie catholique', qui a publié cet article, n'ayant pas voulu prendre la responsabilité de ce jugement, l'auteur l'a résolument signé : L. BARGES, professeur d'hébreu à la Sorbonne.

Or, pour savoir ce que vaut un tel jugement, il est nécessaire de dire quelques mots de l'état des études hébraïques à notre époque.

1. Etat des études hébraïques dans l'enseignement ecclésiastique. Pendant tout le 19° siècle, quand un Catholique voulait étudier l'hébreu, il n'avait pour tout secours que la Grammaire de Buxtorf ou de

1

Voir Bibliographie catholique, n' de novembre dernier, tome vш, p. 211.

Bellarmin, les Lexiques de Leig et de Buxtorf, et les grands dictionnaires de Castel, de Schindler, de Thomassin et de quelques autres protestans ou catholiques, prolixes, chers et difficiles à trouver. C'est pour remédier à cette disette que M. l'abbé Glaire, qui a certainement bien mérité des lettres hébraïques en France, publia, en 1830, un Manuel lexique hébreu, in-8° de 372 pages, et puis peu après, une Grammaire hébraïque, qui est arrivée à sa 3o édition. Voilà à peu près tous les secours qu'il y avait pour étudier l'hébreu.

Cependant les études philologiques sur les langues de l'Orient avaient fait des progrès immenses et inespérés. Toutes les langues voisines, ou nées de l'hébreu, avaient été, en quelque sorte, résuscitées, soumises à une analyse savante, dans leurs termes, dans leur filiation, dans leur construction la plus intime. Or, la conclusion finale de toutes ces études était que toutes les langues sémitiques avaient l'hébreu pour souche et pour racine, et qu'un grand nombre de racines hébraïques se trouvaient même dans toutes les autres langues orientales, et conséquemment qu'il y avait eu un tems où tous les hommes de ces différens pays parlaient la même langue.

Il était impossible que de semblables découvertes ne fussent pas acquises, appliquées et appropriées à l'étude de la langue hébraïque : et, en effet, cela a été exécuté.

Un des plus savans hébraïsans de l'Allemagne, G. Gesénius, réalisa toutes ces découvertes et en enrichit l'étude de la langue hébraïque dans son grand ouvrage Thesaurus philologicus criticus, qu'il abrégea dans un Lexicon manuale, et dont il exposa les principes dans une grammaire hébraïque écrite en allemand, ouvrages qui se trouvent entre les mains de tous les étudians de l'Allemagne.

Cependant, le court lexique que M. Glaire avait publié en 1830 étant épuisé, cet honorable professeur conçut le projet d'en donner un nouveau, et de faire entrer dans cette nouvelle édition tout ce qu'il y avait de bon et d'utile dans l'ouvrage de Gesénius, en adoptant, comme l'avait fait ce professeur, l'ordre alphabétique des mots. Ce travail était louable, et il parut, en effet, en 1843, sous le titre de « Manuel lexique hébraïque et chaldaïque, dans lequel > tous les mots de l'Ancien-Testament sont rangés par ordre alphabétique, où l'on explique toutes les façons de parler propres à la

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