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ont même ouvert un hospice public avec leur qualité de chrétiens que le mandarin protège publiquement dans cette province; 68,477 enfans ont été baptisés en 1847.

4. Missions du Koui-tcheou. Lettre de M. l'abbé Albrand, des missions étrangères, datée de Kouei-jang-fou, 17 août 1847. Cette mission était bien plus florissante, les Chrétiens ont diminué, par la persécution, la pauvreté et le manque de missionnaires; espoir pour l'avenir; le bruit de la convention conclue avec M. Lagrenée donne du courage, et cependant le mandarin n'a pas publié les édits de l'empereur, mais il les connaît, car il repousse les dénonciations contre les Chrétiens comme illégales.

4. Lettre du P. W ́erner, jésuite, datée de l'île de Tsom-ming, 28 février 1847. Pauvreté des habitans; on respecte généralement le missionnaire. Les néophytes restent fidèles à Dieu. Les missionnaires ont fait cesser les procès qui ruinaient tout le monde. Décadence des pagodes. Zèle des nouveaux Chrétiens pour la conversion des infidèles.

5. Mission de la Corée. Lettre de M. Daveluy, des missions étrangères, datée d'Eurikool, 18 juillet 1846. Notice abrégée de la Corée; elle comptait en 1793, 1,737,325 maisons, et 7,342,036 habitans; mais le nombre doit en être plus considérable. Divisée en 8 provinces; libre à l'intérieur, vassale de la Chine, en ce sens qu'elle envoie deux'ambassades par an, l'une pour chercher le calendrier, l'autre pour offrir des présens à l'empereur.— Administration intérieure. Roi absolu, secondé par 3 ministres, et ceux-ci par 6 autres ayant chacun leur département. Pauvreté des édifices. Mauvais état des routes. Coutumes et usages coréens; les personnes en deuil ne doivent se laisser voir, ni interroger par qui que ce soit. Les missionnaires se servent de cet usage pour se cacher. — Agriculture abondante et assez bien pratiquée. — Abondance de mines d'or, d'argent de toute sorte, mais non exploitées. Industrie presque nulle. Le Coréen, assez bon, vigoureux, travailleur, mais menteur; dissolution des femmes. — Trois classes d'hommes: les esclaves, le peuple, les nobles. Orgueil du noble, pressurant le peuple; personne n'ose l'interroger; les missionnaires voyagent sous ce nom pour se mettre à l'abri.

6. Lettre de Mgr Cuenol, des missions étrangères, datée Binh-oinh au Tong-king, 27 janvier 1848. Mort du roi Thieu-lri, le 4 novembre précédent. La persécution est suspendue; son second fils, âgé de 18 ans, et nommé Tu-duc, lui succède. Les exilés sont rappelés, les condamnés à mort sont bannis. On doute que les 4 mandarins, ses tuteurs, accordent le libre exercice de la religion; mais on pense que les édits de persécution ne seront pas renouvelés.

7. Lettre de M. Freycenon, datée du pied desmonts Nages, 4 septembre 1847, et décrivant un prélre payen, au Bengale.

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Notre philosophie tire son origine de la Grèce et de l'Inde. — La chute originelle peut seule expliquer la première origine de cette philosophie. Elle se corrompt par l'Illuminisme.-L'Illuminisme prend sa source dans le système de la contemplation de l'essence de Dieu.-Ce système nous vient de Platon et des Indiens. Il cherche à s'infiltrer dans le Christianisme par la Gnose. - L'éclectisme alexandrin déclare l'Illuminisme une faculté naturelle. Ce système renaît au moyen-âge avec l'étude de la philosophie naturelle. - Traces dans les auteurs catholiques. Il forme les panthéistes allemands

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et les éclectiques modernes. - Textes décisifs de tous ces auteurs.

I.

Nota Bona secreta Deæ. Éclairés par le flambeau de la Révélation, nous connaissons donc les secrets de la bonne Déesse, de cette Philosophie si ambitieuse dans ses prétentions, si fastueuse dans ses dehors, et si calamiteuse dans ses résultats. Armés de la chaîne des traditions, nous pouvons réduire ce Protée qui se vante de connaître tout, ce qui est, ce qui a été et ce qui sera3; nous le verrons, en être étonnés, prendre sous nos yeux toutes les formes les plus affreuses, et nous ne le lâcherons pas que nous ne l'ayons forcé à nous

Voir le 2e art. au n° 106, tome xvi, p. 245.
Juvénal, Salire vi, 314.

Novit namque omnia vates
Quæ sint, quæ fuerint, quæ mox ventura trahantur.

Virg. Georgiques iv, 392.

6

III SÉRIE. TOME XIX. N° 110; 1849.

sans

livrer tous ses secrets. Dirigés spécialement par le fil conducteur de la doctrine de l'ordre surnaturel et de la déchéance originelle, nous pourrons parcourir le labyrinthe aux mille erreurs, aux inextricables détours, en dévoiler tous les coins et les recoins pour les rendre inoffensifs à l'imprudent voyageur qui se laisse attirer par les abords enchanteurs de cette grande Inconnue.

Ce fil conducteur, cette chaîne, ce flambeau peuvent être exprimés par cette triple formule: La philosophie moderne a ses racines dans la Grèce, la Grèce dans l'Inde, et l'Inde dans la doctrine révélée, mal retenue et mal comprise, de l'ordre surnaturel et de la déchéance. La déchéance originelle et l'ordre surnaturel qu'elle suppose, voilà le point de départ de l'erreur comme de la vérité. La philosophie indienne n'est pas plus compréhensible sans la révélation et l'ordre surnaturel, que la Grèce (sans l'Inde, et l'Europe moderne sans la Grèce. Le mensonge, comme la vérité, est donc soumis aux imprescriptibles lois de la Logique, et toutes les erreurs réduites à ces termes ne sont qu'une grande règle de proportion.

Que la philosophie moderne vienne de la Grèce, c'est là une de ces vérités qui n'ont pas besoin de preuves; ce serait, je crois, lui faire la plus grande injure que de lui contester Platon parmi ses

aïeux.

C'est un fait également acquis à la science, que la philosophie grecque a son berceau dans l'Inde. Le parallèle que nous avons établi dans l'article précédent entre la doctrine de Platon, et celle de l'Inde, le démontre suffisamment. Cette analyse même de l'erreur que

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D'un tigre furieux, d'un sanglier énorme,
Serpent, il s'entrelace; et lion, il rugit;

C'est un feu qui pétille, un torrent qui mugit.
Mais plus il t'éblouit par mille formes vaines,
Plus il faut resserrer l'étreinte de ses chaînes,
Redoubler tes assauts, épuiser ses secrets,
Et le forcer enfin à reprendre ses traits.

Delille, Georgiques, IV.

Hic labor ille domûs et inextricabilis error.

Virg. Eneide, vi, 27.

nous entreprenons, en sera jusqu'à la fin une perpétuelle confirmation. D'ailleurs, nos amis comme nos ennemis sont d'accord sur cette vérité. «La philosophie orientale, dit Mgr Wiseman, pénétra en » Grèce, laissa de profondes racines sur les doctrines de Pythagore et » de Platon, et agit sur le peuple à travers le voile épais des mystères » sacrés'.-Les époques philosophiques, dit le Précis d'histoire de la » philosophie de Juilly, sont intimement liées. On voit l'Orient agir sur » la Grèce, l'Orient et la Grèce se réunir dans le monde Romain, >> les trois philosophies agir à leur tour sur le Moyen-âge2. »

et

Le patriarche de la philosophie moderne, M. Cousin, est convenu lui-même de ce fait quand il a dit : « Les traditions de l'Orient, » celles des pythagoriciens par leur antiquité, leur renommée de sagesse » leur caractère religieux et les vérités profondes qu'elles renfer » maient, servaient de base aux conceptions de Platon; c'était pour » ainsi dire l'étoffe de sa pensée. »

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» C'est de l'Orient, dit M. l'abbé Bourgeat, dans son exposé de l'histoire de la philosophie, c'est de l'Orient que l'ancienne Grèce >> reçût les premiers élémens de sa civilisation, de sa religion et de » sa philosophie; c'est dans l'Orient que ses sages les plus célèbres, depuis Thalès, Pythagore et Platon jusqu'aux principaux représen» tans de l'école d'Alexandrie, allèrent souvent interroger les oracles » de l'antique sagesse et puiser comme à une source sacrée leurs plus >> sublimes doctrines. Les autres contrées de l'Europe passèrent plus » ou moins tard de la barbarie à la civilisation, selon leur distance plus ou moins grande par rapport à l'Asie ou l'Orient. » Aussi, dit » M. Victor Hugo, qu'il cite, il ne suffit plus d'être helléniste, il faut » être orientaliste. » On sait que M. Buchez n'a entrepris son Essai de Philosophie, et le docteur Ott de la même école, son Manuel d'histoire universelle, que pour faire l'application de ces mêmes prin

Discours sur les rapports de la science et de la Religion. Discours x1o, édit. Genoude, 407.

2 Précis de l'histoire de la philosophie, p. 5.

3 Notes sur Phedre, de Platon, dans le volume vi,, p. 465; laquelle note est reproduite dans les Fragmens de philosophie ancienne, p. 151; voir d'autres textes aussi précis dans nos Annales, t. x1, p. 231 (3 serie).

♣ Université catholique, t. xv, p. 405.

cipes. Pour nous, sans adopter toutes leurs idées, nous applaudissons franchement à leurs tentatives. Aussi est-ce avec plaisir que nous avons vu, il y a quelques années, M. de Salinis esquisser dans son Précis d'histoire de la philosophie pour la jeunesse chrétienne, la philosophie indienne d'après l'exposé de Colebrooke, et M. l'abbé Bourgeat développer cette esquisse dans l'Université catholique, cherchant à rattacher la Grèce à l'Inde pour montrer plus facilement la généalogie de l'erreur.

Pourquoi tous les professeurs de philosophie n'adoptent-ils pas cette marche ? Pourquoi ceux qui font des Manuels de philosophie pour les séminaires se gardent-ils d'initier les élèves ecclésiastiques à ces études si importantes sur l'Orient et sur ses rapports avec la Grèce ? Pourquoi MM. Gabelle et Lequeux, auteurs d'un manuel qui n'est pas sans mérite, pour le séminaire de Soissons, font-ils commencer l'esprit humain à Thalès et Pythagore, comme si le monde alors n'eût fait que de sortir du néant? Ce manque d'ampleur de vues et de grandeur dans les conceptions, est la cause qu'ils tombent souvent dans certaines erreurs, empruntées au moyen-âge et renouvelées des Grecs, sur lesquelles nous aurons occasion de revenir.

Il n'en est pas de même de nos adversaires : ils ont compris l'importance de la philosophie indienne et son influence sur la Grèce. L'auteur de l'article intitulé: Philosophie des Indous, dans le dictionnaire des sciences philosophiques, organe de la jeune école éclectique, après avoir exposé les systèmes indiens, s'exprime ainsi : « Quant à leur valeur historique, il est à peine nécessaire de le dire, elle est considérable. Voilà comme une révélation de tout un monde philosophique entièrement inconnu, et qui est l'ancêtre du monde grec; désormais l'histoire de la philosophie, sous peine d'être incomplète, doit remonter jusqu'à l'Inde; il faut étudier l'Inde » avant d'en venir à la Grèce; le berceau de l'esprit humain est dans » l'Asie 1.» On veut faire tout dater d'Athènes et de Rome, langues, religions, arts, en un mot tout ce qui constitue la civilisation. La raison se refuse à une pareille doctrine, qui, quand même les faits ne la démentiraient pas complétement, serait à notre sens la plus forte injure que l'on pût faire à la divinité. Nous ne craignons pas d'affir

"

Article de M. Barthélemy-Saint-Hilaire dans le t. 1, p. 252.

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