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quences contraires au récit de Moïse. Et d'abord ils firent contemporaines la création de l'homme et celle des animaux. Calculant alors combien de temps il fallait pour accumuler les immenses bancs de coquilles et pour les pétrifier au sein des rochers les plus durs, ils affirmèrent que l'homme devait remonter bien plus haut que quelques milliers d'années. Nous avons déjà répondu à ceux-là. Récemment un Italien, Tadini, considérant la progression dans laquelle la mer se retire, cédant à peu près un mètre en trois mille ans, et trouvant des vestiges marins sur les cimes les plus élevées, supposa autant de trentaines de siècles nécessaires pour que la mer en descendit, qu'elles avaient de mètres d'élévation au-dessus de son niveau. Étrange légèreté d'observations et de raisonnements. Si la mer se retira si pacifiquement, comment expliquez-vous ces amas de coquilles et d'autres matières, roulés, poussés à force, et souvent fracassés au milieu de roches solides? Comment expliquez-vous ces autres bancs immenses de coquilles dont les plus fines et les plus délicates se sont conservées aussi intactes que si l'on venait de les pêcher? Comment les granits sont-ils superposés à la craie et non pas aux puddings? Comment les énormes blocs erratiques furent-ils soulevés jusque sur les plus hautes cimes, et à de si énormes distances des roches de même nature? D'où viennent les gisements bizarres des couches si diversement inclinées, quelques-unes horizontales, quelques-unes même ondoyantes (1)?

A toutes ces questions répond, selon nous victorieusement, la théorie trouvée ou éclaircie par Élie de Beaumont (2), d'a

et autres, considérées par rapport aux croyances chrétiennes. Paris, 1837. Voy. aussi WISEMAN : Twelve lectures on the connexion between science and reveled religion. Londres, 1835. 2 vol. in-8°.

(1) L'explication la plus ingénieuse de ce phénomène avait été donnée par Greenough, en supposant que ces couches s'étaient formées sur place de la même manière que des inscrustations se forment dans l'intérieur d'un vase en y faisant bouillir de l'eau plâtreuse; mais si, dans ces mêmes couches, on trouve des cailloux et des coquilles, comment croire qu'ils étaient là suspendus pour attendre les incrustations?

(2) Kircher, Playfer, Breislak, avaient déjà deviné que les montagnes s'étaient formées par des soulèvements; mais Élie de Beaumont a réduit cette conjecture en système complet, ainsi qu'on peut le voir dans les Annales des Sciences naturelles. Septembre 1829 et suite. On doit s'étonner de trouver la doctrine des soulèvements dans la Bible: Psaume cii. Ascendunt montes et descendunt campi in locum quem fundasti eis. De même la formation des

près laquelle les montagnes ne sont pas la partie la plus ancienne, et, comme on le disait, la charpente du monde ; elles ne se formèrent pas par l'élévation des terres ou par le sédiment des eaux, mais elles furent poussées en haut et expulsées par une force intérieure. Ainsi donc, sous l'écorce de notre globe, à une profondeur qui n'est pas peut-être de plus de vingt-cinq mille mètres, il existe un vaste foyer, constamment embrasé, cause des tremblements de terre, des volcans et des soulèvements (1). L'élasticité de cette écorce la soumet à une ondulation, de manière que les marées se produisent non-seulement sur les eaux, mais encore sur la masse terrestre: si elles sont maintenant presque insensibles, il fut un temps où elles devaient avoir un flux et un reflux de cinq ou six mètres. Cette doctrine, en même temps qu'elle démontre combien sont simples les moyens par lesquels le Créateur maintient l'ordre universel, donne de la formation des terrains divers une raison bien plus satisfaisante que les systèmes neptuniens si vantés, avec lesquels il fallait supposer que cinquante mille kilomètres de matières terreuses et métalliques eussent été, à une époque quelconque, dissous dans un kilomètre d'eau.

L'expérience quotidienne confirme la théorie d'Élie de Beaumont; car, si les soulèvements ont diminué, ils n'ont pas cessé. Debath a démontré qu'en Suède le terrain s'élève régulièrement; Robert Stevensohn a vérifié que, depuis trois siècles, le fond de la mer du Nord et celui de la Manche se sont élevés tous deux (2); un grand nombre de voies romaines sur le littoral, d'Alexandrie à la Belgique, attestent que la Méditerranée n'a pas changé de niveau, et cependant beaucoup d'édifices sur ses bords sont couverts par les eaux. En Italie, le temple de

montagnes est distincte de celle de la terre dans le Psaume xci. Priusquam fierent montes, aut formaretur terra et orbis.

(1) CORDIER, Essai sur la température de l'intérieur de la terre. Académie des sciences. Juillet 1827. Marcel de Serres, dans des cavernes récemment découvertes près de Montpellier, a observé qu'au delà de la profondeur de 30 mètres, où le soleil n'a plus aucune influence, la température augmente dans la proportion d'un degré par 30 mètres. Le creusement du puits artésien de Grenelle, à Paris, a fourni un nouveau moyen pour suivre pas à pas la progression de la chaleur souterraine.

(2) Voy. STEVENSOHN, Observations sur le fond de la mer du Nord et de la Manche; FORTIS, Sur les côtés de la mer Adriatique; et les recherches de KEILHAU, dans le Bulletin de la Société géologique, t. VII, 1837, où il démontre qué la péninsule scandinave s'accroît régulièrement du côté de l'est.

Sérapis, près Pouzzole, nous dit comment certaines plages peuvent s'élever et s'affaisser partiellement. Nous savons, de science historique, le temps où naquirent le Monte Rosso en Sicile et le Monte Nuovo dans les champs phlégréens de Naples, et il y a peu d'années qu'on vit surgir des flots de la Méditerranée une île qui depuis disparut. Au moyen de cette théorie des soulèvements, qui aujourd'hui est généralement admise, M. de Beaumont put même déterminer l'âge relatif des montagnes de notre globe. Parmi celles qu'il a étudiées, les plus anciennes seraient celles de l'Erzgebirge en Saxe, de la Côte-d'or en Bourgogne, et le mont Pilaz dans le Forez. Les Pyrénées et les Apennins seraient moins vieux; les Alpes occidentales, avec le mont Blanc, seraient encore de beaucoup plus récentes. Un quatrième soulèvement aurait donné naissance aux Alpes du centre, c'est-à-dire au Saint-Gothard, aux monts Ventoux et Leberon près d'Avignon, et, selon toute apparence, à l'Himalaya de l'Asie, ainsi qu'à l'Atlas d'Afrique. Il n'y a rien de bien certain encore sur l'âge de l'immense chaîne qui traverse l'Amérique, mais on est porté à la croire encore plus moderne.

Dans l'une des dernières années (17 février 1837), M. Lyell, président (de la Société géologique de Londres, traitant des soulèvements et affaissements de cette nature, faisait connaître que dans le comté de Lancastre se trouvent des dépôts marins de coquilles récentes jusqu'à une hauteur de cinq cents. pieds au-dessus du niveau de l'Océan : il déclarait que les derniers tremblements de terre avaient soulevé la côte du Chili, qui même sans eux s'élève graduellement. La Scanie s'affaisse au contraire, à telles enseignes, qu'une grosse pierre, marquée par Linné en 1749, se trouve, à l'heure qu'il est, rapprochée de la mer de plus de cent pieds. Preuve en faveur de la théorie de Hutton, au sujet de l'élévation du fond des mers, produite par la chaleur centrale.

Des milliers de siècles ne sont pas non plus nécessaires pour que des êtres organisés deviennent fossiles, puisque l'expérience a réussi à les pétrifier en peu de temps au moyen de combinaisons chimiques (1).

(1) M. Goppert de Breslau obtint des pétrifications capables de tromper les géologues les plus expérimentés. En mettant de la fougère dans des couches d'argile, qu'on fait dessécher au feu ou au soleil, on en retire une plante fossile. En tenant des végétaux submergés dans la solution de sulfate de fer jusqu'à

Une argumentation qui parut plus adroite et plus directement opposée à l'époque assignée à la création de l'homme, fut celle qui mit en avant les changements arrivés sur la surface de la terre depuis les temps de la tradition, et qui ne pouvaient s'être accomplis que dans le laps d'un grand nombre de siècles. Ceux qui en firent usage ne calculèrent pas assez les forces au moyen desquelles la nature opère encore de vastes changements. Sans tenir compte des foudres et des tremblements de terre qui tout à coup, Cuba et la Guadeloupe le savent, changent l'aspect d'un pays, nous indiquerons quatre causes principales de mutations insignes et continuelles sur la superficie du globe : les pluies et les dégels, qui, pour ainsi dire, décharnent les montagnes et entraînent leurs dépouilles à leurs pieds; les eaux courantes, qui emportent ces débris pour les déposer là où leur cours se ralentit; la mer, qui sape les hautes falaises, tandis qu'elle porte des montagnes de sable sur les rivages aplanis; enfin les volcans, qui percent les couches solides du globe et répandent au loin leurs éruptions.

Les éboulements obstruent le cours des fleuves et les convertissent en lacs, effaçant des plaines cultivées et de populeuses cités. Que celui qui a vu les torrents se précipiter des montagnes, le Pô franchir ses digues, l'Océan dans la tourmente, dise quelle est la puissance des eaux. Mais encore sans cela, quand les fleuves, gros de limon et de débris, perdent leur rapidité en arrivant à la mer, ils y déposent un sédiment qui s'accroît de plus en plus et forme des provinces entières qui, mises en culture, nourrissent des hommes là où nageaient les monstres marins (1).

Au contraire, la mer dans son flux apporte toujours de nouveaux amas de graviers vers les côtes basses: à chaque reflux, il en reste à sec une portion que le vent de mer chasse plus avant à l'intérieur; de sorte que si l'homme ne pense pas à les arrêter, ces dunes couvrent les champs, les contrées entières, et l'action de l'air, de l'humidité, du temps, les solidifie ainsi que les végétaux et les animaux qu'elles surprirent dans leur

ce qu'ils en soient bien pénétrés, et en les faisant ensuite brûler jusqu'à ce que toute trace de matière organique disparaisse, l'oxyde de fer qui en résulte conserve la forme de la plante. Annales des Sciences naturelles. Avril 1837.

(1) On a calculé que le Gange apporte chaque jour à l'Océan un volume de matières égal à celui de la plus grande des pyramides de l'Egypte.

invasion. Aux endroits où la côte est escarpée, le flot, en venant battre, la mine au pied, et d'en haut s'écroulent d'énormes masses; le mouvement des vagues les use, les brise, et produit une plage plus déprimée.

Ainsi les fleuves et les torrents entraînent au fond des lacs des matières qui peuvent même les combler, et la mer remplit de limon les ports et les baies.

L'œuvre de ces seuls agents altéra l'aspect de beaucoup de pays, même depuis le dernier déluge, et des traces indubitables en apparaissent, qui confirment l'histoire et la tradition (1). La mer Noire, postérieurement aux temps historiques, s'est mise en communication avec le Bosphore de Thrace et la mer Caspienne; celle-ci et le lac Aral communiquaient entre eux; et la mer du Nord s'avançait dans le continent jusque dans leur voisinage. Les sables salés, si fréquents en Asie, en Afrique, et dans l'Europe orientale, prouvent que la Méditerranée occupait un lit plus vaste, ou s'étendait ailleurs (2). Il est probable que les monts Ourals s'élevaient comme une grande île (3), tandis qu'au contraire les îles de l'Océanie s'attachaient aux contrées méridionales de l'Asie qui, au nord, se reliait à l'Amérique. Les Grecs conservaient la mémoire d'un continent appelé Lettonia, qui occupait une grande partie de la mer Égée. La séparation violente des rocs de Calpé et d'Abyla, qui fit pénétrer la Méditerranée où verdoyaient des plaines populeuses, est un événement symbolisé dans la fable d'Hercule. Pourquoi penser que la grande île Atlantide disparue ne fut qu'un rêve des prêtres égyptiens? Quels motifs avaient-ils d'inventer un conte étranger au culte, à leurs idées, à leur intérêt (4)? Les tradi

(1) Voyez, sur les changements de la superficie du globe, connus par l'histoire ou par la tradition, et dus par conséquent à des causes qui agissent encore de nos jours, les faits recueillis avec tant d'érudition consciencieuse par M. de Hof. Gættinguen, 1822-24, 2 vol. in-8°.

(2) Voyez HUMBOLDT et SCHUBARDT.

(3) L'affaissement d'une si grande partie de l'Asie, près les monts Ourals, est une des particularités les plus singulières observées par les derniers géographes. La mer Caspienne et le lac d'Aral se trouvent, le premier, à 50 toises au-dessous du niveau de l'Océan, et le second, à 31 toises, selon M. de Humboldt, qui évalue la superficie de cette vallée à 10,000 milles carrés allemands. Les provinces de Saratof sur le Volga, et d'Orenbourg au pied de l'Oural, quoique si éloignés de la mer Caspienne, sont à peine au niveau de l'Océan.

(4) BORY DE SAINT-VINCENT, dans son Essai sur les îles Fortunées, prétend que l'Atlantide était composée par les îles Açores à son extrémité septen

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