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de l'autorité, il veut qu'ils puissent faire en son nom les mêmes prodiges qu'il faisait lui-même lorsqu'il était sur la terre. Pour dernier mot, voici ce qu'il leur a dit : Vous ferez des prodiges encore plus grands que ceux que je fais. Il leur a donné le pouvoir de ressusciter les morts. Et quoiqu'il pût rendre lui-même à Saul l'usage de la vue, il l'adressa de préférence à son disciple Ananie pour que celui-ci opérât sur ses yeux ce miracle de guérison. II voulut aussi que Pierre marchât sur la mer comme lui-même; et comme l'apôtre chancelait, il le reprit d'avoir par la faiblesse de sa foi amoindri le don de la grâce. Lumière du monde par nature, il voulut que ses disciples le fussent par grâce à leur tour. Et parce qu'il devait remonter au ciel après en être descendu, il éleva Elie au ciel, sauf à le rendre à la terre quand le temps en sera venu. Se proposant aussi de baptiser par l'Esprit-Saint et par le feu, il inaugura le baptême par l'entremise de Jean. Enfin il a donné tout pouvoir à ses disciples, puisqu'il a dit d'eux: Ils chasseront les démons en mon nom, etc. (MARC, XVI, 17). Il leur a donc donné tout pouvoir; mais ce pouvoir n'est pas de l'homme; il est tout ontier l'effet des divines largesses. Eh! pourquoi imposez-vous les mains, et attribuez-vous à vos paroles de bénédiction des guérisons qui peuvent se déclarer à la suite? Pourquoi vous flattez-vous que les possédés du démon puissent être délivrés par votre ministère ? Pourquoi baptisezvous, si les péchés ne peuvent pas être remis par le ministère de l'homme? Dans le baptême assurément se fait la rémission de tous les péchés. Qu'importe que les prêtres prétendent user de ce pouvoir par la pénitence ou par l'eau du baptême? Quel que soit le moyen employé, c'est toujours le même ministère. Vous direz peut-être que la grâce des sacrements opère dans l'eau baptismale; mais pourquoi pas aussi dans la pénitence? Le nom de Dieu qui y est invoqué est-il inefficace? Qu'est-ce donc à dire? Que vous revendiquez la grâce de Dieu, ou que vous la répudiez, au gré de votre caprice. Mais c'est orgueil intolérable, plutôt que crainte religieuse, de rebuter des gens qui ne demandent que d'être admis à la pénitence. Vous ne pouvez pas apparemment supporter le spectacle de leurs larmes. Vos yeux seraient blessés de la vue de leurs haillons et de la cendre répandue sur leurs vêtements. >>

13. Le même, Lib. II de Pœnitentiâ, c. 2: « Je pourrais encore dire à celui qui croit que ce qui se lit dans l'Epître aux Hébreux (VI, 4) doit s'entendre de la pénitence, que ce qui est

impossible aux hommes est possible à Dieu, et que Dieu peut, quand il le veut, nous pardonner des péchés dont nous regardons nous-mêmes le pardon comme impossible. Ainsi donc Dieu peut accorder ce qui nous paraît impossible à obtenir. Il paraissait impossible, par exemple, que l'eau lavât les péchés. Naaman le Syrien n'imaginait pas non plus que la lèpre pût être guérie par un peu d'eau; mais ce qui était impossible, Dieu l'a rendu possible en nous conférant par le fait une si grande grâce. De même, il ne paraissait pas possible que les péchés fussent remis par la pénitence. Mais Jésus-Christ a donné à ses apôtres ce pouvoir, qui de leurs mains a passé à celles des prêtres. Voilà donc comment ce qui paraissait impossible est devenu possible. >>

14. S. CYRILLE d'Alexandrie, in Joannem lib. XII, c. 56: <«< Comment donc, dira quelqu'un, si Thomas était absent au moment où Jésus-Christ souffla sur ses apôtres en disant : Recevez le Saint-Esprit, a-t-il reçu lui-même le Saint-Esprit? Nous répondrons à cela que, d'après l'intention de Jésus-Christ, la vertu de l'Esprit-Saint s'est transmise à tous les apôtres; car ce n'est pas à quelques-uns seulement, mais à tous qu'il l'a donnée. Ainsi donc, soit présents, soit absents, les apôtres ont reçu l'EspritSaint comme l'a entendu celui qui nous l'a envoyé. Que cette réponse que nous donnons ne fasse pas violence au texte, mais qu'elle soit fondée en vérité, c'est ce que nous démontrerons par l'autorité de l'Ecriture. Dieu ordonna autrefois à Moïse de faire choix de soixante-dix vieillards de toutes les tribus. A cette occasion, il dit qu'il prendrait de l'esprit de Moïse, et qu'il le répartirait entre les soixante-dix. Mais comme deux de ces soixante-dix, Eldad et Médad, etc. (Num., XI, 26 et suiv.)

<< Comment donc se fait-il que le Sauveur ait fait part à ses disciples d'un pouvoir et d'une autorité qui ne convient originairement qu'à la nature divine? C'est qu'en effet il n'y a rien d'étrange à ce que ceux qui possèdent l'Esprit-Saint en euxmêmes puissent remettre les péchés. Car lorsqu'ils les remettent ou les retiennent, c'est alors l'Esprit-Saint qui les remet ou les retient par leur ministère. Or c'est ce qui peut avoir lieu, pensons-nous, de deux manières, savoir, par le baptême et par la pénitence. Car, ou nous admettons au baptême après avoir éprouvé leurs dispositions ceux qui renoncent à l'infidélité, comme nous en éloignons ceux que nous en trouvons indignes, ou nous frappons de nos censures les enfants de l'Eglise qui tombent en faute

et nous les recevons à pénitence. C'est ainsi que Paul, écrivant aux Corinthiens, livrait le fornicateur à Satan pour mortifier sa chair, afin de sauver son âme (I Cor., V, 5), et que plus tard il le reçut en grâce de peur que cet homme ne se laissât accabler par un excès de tristesse (II Cor., II, 7). Puis donc que l'Esprit de Jésus-Christ, habitant en nous, accomplit par nous des œuvres qu'il n'appartient qu'à Dieu de faire, comment ne serait-il pas Dieu par nature, celui qui possède en lui-même le pouvoir propre à la nature divine, et qui ordonne avec autorité la dispense des lois dont Dieu est l'auteur ? »>

15. S. GRÉGOIRE, Hom. XXVI in Evangelia, sur ces paroles, Les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, etc. : << Ainsi non-seulement ils ont l'assurance de leur paix avec Dieu, mais de plus ils reçoivent le pouvoir de remettre aux autres les obligations contractées envers la justice divine, et ils deviennent à cet égard les dépositaires du pouvoir d'en haut, en sorte qu'ils ont le droit, comme représentants de Dieu, de retenir aux uns leurs péchés, et de les remettre aux autres. Ainsi convenait-il que Dieu élevât en honneur ceux qui avaient accepté tant d'humiliations pour l'intérêt de sa gloire. Ceux qui craignent pour eux-mêmes la sévérité des jugements de Dieu, sont établis juges des âmes, et tout en appréhendant de se voir euxmêmes condamnés, ils condamnent ou absolvent les autres. Or les évêques tiennent aujourd'hui la place des apôtres dans l'Eglise. C'est à ceux à qui est échue cette dignité qu'appartient aussi à leur tour le pouvoir de lier et de délier. Honneur sublime, sans doute, mais fardeau redoutable. Comment celui qui ne sait pas se conduire lui-même, pourra-t-il se faire juge de la conduite d'autrui ? >>

16. S. CHRYSOSTOME, in Joannem Hom. LXXXV: « Jésus-Christ ne dit pas, Vous avez reçu, mais, Recevez le Saint-Esprit. On ne se tromperait pourtant pas en disant que les apôtres reçurent en ce moment un pouvoir et une grâce spirituelle, non pas, si l'on veut, pour ressusciter les morts et faire des miracles sensibles, mais pour remettre les péchés; car les dons de l'Esprit-Saint sont de différentes sortes, c'est pourquoi il a ajouté : Les péchés seront remis, etc., montrant par là quelle sorte de puissance il leur accordait. Ce fut cinquante jours après qu'ils reçurent le pouvoir de faire des miracles, aussi leur dit-il : Vous recevrez la vertu de l'Esprit qui surviendra en vous, et vous me rendrez témoignage, à savoir par les miracles qu'ils opérèrent. Tant il est vrai

que les grâces et les dons du Saint-Esprit sont de bien des sortes et au-dessus de toute expression. >>

17. S. CYPRIEN, ad Cornelium Epist. LIV (al. LIII) : « Le divin législateur a dit lui-même que ce qui serait lié sur la terre le serait aussi dans le ciel, et que ce qui serait délié sur la terre par les mains de l'Eglise le serait également dans le ciel. »

18. S. HILAIRE, in Matthæum Can. 16: « Heureux portier du ciel, à qui sont confiées les clefs de l'éternel séjour, et dont le jugement prononcé ici-bas fait autorité dans le ciel, en sorte que ce qui est lié ou délié sur la terre, l'est en conséquence dans le ciel même ! »

19. S. PACIEN, ad Sympronianum novatianum Epist. I: << Jamais Dieu ne ferait entendre de menaces au pécheur qui ne se convertit pas, s'il n'était disposé à pardonner à celui qui se convertit. C'est là, dit notre adversaire, une chose que Dieu seul peut faire. J'en conviens; mais ce qu'il fait par le ministère des prêtres n'est que l'exercice de sa puissance. Car que signifient ces paroles qu'il dit à ses apôtres : Ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel ? Pourquoi ces paroles, si les hommes n'avaient pas le pouvoir de lier et de délier? Est-ce aux apôtres seuls qu'appartient ce pouvoir? C'est donc à eux seuls aussi qu'appartient le pouvoir de baptiser, à eux seuls le pouvoir de donner l'EspritSaint, à eux seuls le pouvoir de purifier les hommes de leurs péchés, puisque tout cela n'a pas été enjoint à d'autres qu'aux apôtres? Si le pouvoir de conférer le baptême n'a pas été conféré d'une autre manière que celui de lier et de délier, il faut dire ou que l'un et l'autre à la fois nous ont été transmis par succession des apôtres, ou que ni l'un ni l'autre ne nous appartient aujourd'hui. L'Apôtre a dit : J'ai posé le fondement, mais c'est un autre qui sur ce fondement élève l'édifice (I Cor., III, 10). Il est donc vrai que l'édifice que nous élevons est celui dont les apôtres ont jeté le fondement. Enfin les évêques aussi sont appelés apôtres, et c'est de ce nom que Paul appelle Epaphrodite (Phil., II, 25): Mon frère Epaphrodite, dit-il, qui est mon aide dans mon ministère, et mon compagnon dans mes combats, et qui est aussi votre apôtre. Si donc le pouvoir de baptiser et celui de conférer le chrême, qui sont des dons bien supérieurs, sont passés des apôtres aux évêques, assurément ceux-ci ont dû également hériter de celui de lier et de délier. Et quoique nos péchés nous rendent indignes de nous attribuer ce pouvoir, l'honneur que

nous avons d'occuper la chaire des apôtres nous autorise à croire que Dieu ne nous le retirera pas, puisqu'il voit dans les évêques les représentants de son Fils unique. Que les défauts personnels de l'évêque n'engagent personne à mépriser son caractère. Souvenons-nous que l'apôtre saint Pierre appelle Notre-Seigneur lui-même du nom d'évêque : Maintenant, dit-il (I PETR., II, 25), vous êtes retournés à l'évêque et au pasteur de vos âmes. Qu'est-ce que Dieu pourra refuser à l'évêque, en qui son nom seul marque un pouvoir divin? Il est vrai qu'il aura à rendre compte de son administration, s'il s'y montre infidèle, s'il est injuste et partial dans ses jugements. Dieu, n'en doutons pas, se gardera bien de ratifier de tels arrêts. Si au contraire l'évêque juge avec équité, il est vraiment alors le coopérateur de Dieu. C'est à des laïques que saint Paul disait : Ce que vous accordez à quelqu'un par indulgence, je l'accorde aussi, car si j'use moi-même d'indulgence, je le fais à cause de vous, au nom et en la personne de Jésus-Christ, afin que Satan n'emporte rien sur nous, car nous n'ignorons pas ses piéges (II Cor., II, 10-11). Si l'Apôtre témoigne que c'est lui-même qui accorde les grâces que peuvent accorder de simples laïques, comment répudierait-t-il celles qu'accorderait un évêque? Done ni la confirmation, ni le baptême, ni la rémission des péchés, ni la reproduction sur l'autel du corps de Jésus-Christ, ne sont l'effet du simple pouvoir de l'évêque, rien de tout cela ne lui appartient en propre; tout lui vient de l'autorité apostolique. »

20. S. JÉRÔME, ad Heliodorum Epist. I, c. 7: « A Dieu ne plaise que je parle mal de ceux qui tiennent dans l'Eglise la place des apôtres; qui consacrent le corps de Jésus-Christ par la vertu des paroles qu'ils prononcent; qui nous ont faits chrétiens; qui, ayant les clefs du royaume du ciel, jugent en quelque façon avant le jour du jugement, et qui veillent à ce que l'épouse de Jésus-Christ se conserve chaste et pure (1).

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21. S. AUGUSTIN, de Civitate Dei, lib. XX, c. 9 : « Et je vis des trônes, et j'en vis plusieurs s'asseoir sur ces trônes, et la puissance de juger leur fut donnée (Apoc., XX, 12). Il ne faut pas croire que ces paroles regardent le jugement dernier il s'agit ici de trônes de juges, et de ces juges mêmes qui gouvernent l'Eglise. Et cette puissance de juger qui leur est donnée ne saurait mieux s'entendre que de cette promesse : Ce que vous lierez sur la terre

(1) Cf. Lettres de saint Jérôme, trad, par D. Roussel, t. I,

p. 15-16.

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