Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

sera lié dans le ciel, et ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Et de là ce mot de l'Apôtre: Pourquoi entreprendrais-je de juger ceux qui sont hors de l'Eglise? N'est-ce pas de ceux qui sont dans l'Eglise que vous avez droit de juger? (I Cor., V, 42.) »

22. S. CHRYSOSTOME, Hom. V de verbis Isaia, Vidi Dominum: «Quoique le trône d'un roi excite l'admiration par les pierreries qu'on y voit incrustées et par les dorures qui en font l'ornement, son utilité après tout se borne à la terre, et sa puissance ne va pas plus loin. Mais un prêtre a son trône placé dans les cieux, et c'est de là qu'il exerce ses jugements. Qui est-ce qui a dit cela? Le roi du ciel lui-même : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Qu'y a-t-il de comparable à cet honneur? Le ciel emprunte à la terre ses décisions. Le juge siége ici-bas, et le Seigneur obéit à son ministre, et ratifie du haut du ciel le jugement qu'il a porté. »

23. Le même, liv. III du Sacerdoce : « Guérir la lèpre du corps, ou plutôt juger seulement de la guérison, tel était le privilége des prêtres dans la loi de Moïse; et cependant vous savez avec quel empressement on se disputait la dignité sacerdotale. Mais ce n'est pas la lèpre du corps, c'est l'impureté de l'âme que guérissent les prêtres de la loi nouvelle; ce n'est pas le droit de juger de la guérison, c'est le droit de guérir qu'ils exercent: d'où il suit que ceux qui les méprisent sont à mon avis beaucoup plus coupables, encourent des peines beaucoup plus rigoureuses que Dathan et ses complices. >>

24. S. AUGUSTIN, de verbis Domini Serm. VIII, c. 1: « Quel autre ressuscitera un pécheur mort dans ses péchés, que celui qui, après avoir fait lever la pierre du sépulcre, a crié : Lazare, sortez dehors? Mais qu'est-ce que sortir dehors, sinon produire au dehors ce qui était caché? Celui qui confesse ses péchés, c'est celui-là qui sort du sépulcre. Mais pour sortir du sépulcre, il faut être déjà vivant. Pour être ainsi vivant, il faut être ressuscité. Donc s'accuser soi-même en confession, c'est rendre gloire à Dieu. >>

Ibidem, c. 2 : « Quelqu'un dira en conséquence: A quoi sert le ministère de l'Eglise, si celui qui confesse ses péchés est déjà ressuscité par la voix divine qui le fait ainsi sortir du tombeau? A quoi sert à celui qui se confesse le ministère de l'Eglise, de l'Eglise à laquelle il a été dit : Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel! Pour le savoir, considérez Lazare lui-même ; il sort du sépulcre, mais les mains et les pieds liés. Il vivait déjà,

ce pécheur, puisqu'il confessait ses péchés, mais il ne marchait encore qu'avec peine, embarrassé de ses liens. Que fait donc l'Eglise, l'Eglise à laquelle il a été dit : Ce que vous délierez sera délié, sinon exécuter cet ordre que Notre-Seigneur donna immédiatement après à ses disciples : Déliez-le, et laissez-le aller? »

25. Ibidem, Serm. XLIV, c. 6 : « Il est donc nécessaire que celui qui est rendu à la vie soit délié, et mis en état de marcher. C'est la charge qu'il a imposée à ses disciples en leur disant : Ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

26. Le même, Tract. LXIX in Joannem : « Qu'est-ce que sortir dehors, sinon montrer à découvert ce qu'on a de secret dans le cœur? Mais pour vous donner la force de faire cet aveu, il faut que Dieu vous appelle à haute voix, c'est-à-dire par un puissant effort de sa grâce. C'est pourquoi, après que fut sorti du tombeau, encore chargé de liens, ce mort, image fidèle de celui qui se confesse et qui n'a pas encore reçu l'absolution de ses crimes, le Seigneur dit aux ministres qui l'accompagnaient : Déliez-le, et laissez-le aller. Que veulent dire ces paroles, Déliez-le et laissez-le aller? La même chose que ces autres-ci : Ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. »

27. Le même, in Libro L homiliarum, hom. XXVII (al. Serm. CCCLII), c. 3: « Lazare leva la tête et sortit du tombeau; mais il était lié, comme le sont les hommes qui ont confessé leurs péchés et qui font pénitence. Ils sont déjà sortis de l'état de mort; car ils ne confesseraient pas leurs péchés, s'ils n'étaient pas en voie de sortir de cet état. L'acte même de confesser ses péchés, est une preuve qu'on sort de cet abîme. Mais que dit le Seigneur à son Eglise? Ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. C'est-à-dire que ce Lazare, ce mort soustrait aux regards des vivants, ce cadavre en putréfaction, revenant à l'état de vie et sortant du tombeau par la confession des péchés, l'œuvre de la miséricorde divine étant ainsi accomplie, c'est à l'Eglise à remplir à son tour son ministère en obéissant à ces autres paroles Déliez-le et laissez-le aller (1). »

28. Le même, in Psalmum CI Concione II: « Qu'eût-il servi à Lazare d'être sorti du sépulcre, si Jésus-Christ n'eût dit en même temps: Délicz-le, et laissez-le aller? Il est vrai que Jésus-Christ lui-même le ressuscita du tombeau par la force de sa voix toute

(1) Cf. S. Aurelii Augustini opera omnia, t. V, p. 1370, édition des Bénédictins; col. 2032, édition de Gaume.

puissante; il est vrai que le cri qu'il jeta fit rentrer son âme dans son corps; il est vrai qu'il fit ôter lui-même cette pierre dont on l'avait recouvert, et qu'alors on le vit sortir encore lié. Il en sortit non de lui-même, mais par la force de cclui qui le ressuscitait. Voilà ce qui se fait véritablement dans le cœur d'un pénitent. Lorsqu'un homme se repent de ses péchés, il est déjà ressuscité; lorsqu'il s'accuse lui-même, et que par une humble confession il découvre ce qu'il y avait de plus caché dans sa conscience, il est déjà tiré du tombeau; mais il n'est pas encore délié. Quand est-il délié, et quels sont ceux qui le délient? Ce sont ceux à qui Jésus-Christ a dit : Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. L'Eglise a le pouvoir de délier les péchés; mais le mort ne peut être ressuscité que par le cri puissant que JésusChrist fait entendre au fond de son coeur. C'est là, mes frères, ce que Dieu fait au dedans de vous (1).

Question II.

[ocr errors]

Pourquoi le sacrement de pénitence nous est-il nécessaire? Le sacrement de pénitence est nécessaire à l'homme pour que, s'il vient à perdre la grâce de son baptême et à se faire de nouveau ennemi de Dieu, il puisse par ce moyen obtenir le pardon de ses péchés, se réconcilier avec son Dieu, et repasser ainsi de la mort à la vie, et de l'état d'impiété à un état de sainteté et de justice.

C'est pourquoi les Pères ont appelé non sans raison la pénitence une seconde planche après le naufrage, puisqu'elle nous retire du gouffre du péché mortel où notre vertu aurait fait naufrage, et qu'elle nous fait recouvrer la faveur et l'amitié de Dieu, quelque nombreux et quelque énormes que soient les crimes que nous ayons pu commettre (II).

II.

Cur opus est pœnitentiæ sacramento?

Ut homo post baptismum relapsus et inimicus Dei factus, per hoc sacramentum remissione peccatorum accepta, Deo reconcilietur, et ex mortuo vivus, ex impioque justus efficiatur.

Unde Patres pœnitentiam non temerè secundam post naufragium tabulam vocant, qua scilicet ex vortice mortalis peccati, tanquam è naufragio subvehi, et in gratiam amicitiamque Dei transferri unusquisque possit, quantumlibet multis magnisque criminibus prægravatus.

(1) Cf. Sermons de S. Augustin sur les Psaumes, t. V, p. 395–396.

TÉMOIGNAGES DE L'ÉCRITURE.

1. EZECHIEL, XVIII, 30-32: « Convertissez-vous et faites pénitence de toutes vos iniquités, et l'iniquité n'attirera plus votre ruine. Ecartez de vous toutes les prévarications dont vous vous êtes rendus coupables, et faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau. Et pourquoi mourrez-vous, maison d'Israël? -Je ne veux point la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur Dieu. Venez à moi, et vivez. >>

-

Vous

2. Ibidem, XXXIII, 14-16 : « Je jure par moi-même, dit le Seigneur, que je ne veux point la mort de l'impie, mais que l'impie se convertisse, qu'il quitte sa voie, et qu'il vive. Convertissez-vous, convertissez-vous, quittez vos voies toutes corrompues; pourquoi mourrez-vous, maison d'Israël ? donc, fils de l'homme, dites aux enfants de mon peuple: En quelque jour que le juste pèche, sa justice ne le délivrera point; et en quelque jour que l'impie se convertisse, son impiété ne lui nuira point et en quelque jour que le juste vienne à pécher, il ne pourra point vivre dans sa justice. Si, après que j'aurai dit au juste qu'il vivra, il met sa confiance dans sa propre justice, et commet l'iniquité, toutes ses œuvres de justice seront mises en oubli, et il mourra dans l'iniquité qu'il aura commise. après que j'aurai dit à l'impie : vous mourrez très-certainement, il fait pénitence de son péché, et agit selon la droiture et la justice; si cet impie rend le gage qu'on lui avait confié, s'il restitue le bien qu'il avait ravi, s'il marche dans les commandements de vie, et s'il ne fait rien d'injuste, il vivra trèscertainement : non, il ne mourra point.—Tous les péchés qu'il avait commis ne lui seront point imputés : il a fait ce qui était droit et juste, et ainsi il vivra très-certainement. »>

[ocr errors]

TÉMOIGNAGES DE LA TRADITION.

Si,

1. S. AMBROISE a écrit sur la pénitence deux livres entiers, sur lesquels il s'explique de la manière suivante dans le préambule de son commentaire sur le psaume XXXVII : « J'ai déjà composé deux petits traités sur la pénitence, et je crois que je ferai bien de traiter encore ce sujet de nouveau : 1° parce qu'il est utile de demander tous les jours le pardon de ses fautes; 2o parce que l'exhortation à la pénitence, qui fait l'objet de ces deux traités, ne peut servir, qu'autant qu'on la met en pratique : il reste donc à expliquer de quelle manière la pénitence doit

s'accomplir. Car ce n'est pas tout de la faire; il faut de plus la faire comme il faut. »

2. S. AUGUSTIN, Lib. I de adulterinis conjugiis, c. 28 : « Il y a pour la réconciliation (avec Dieu par la pénitence) la même nécessité que pour le baptême, si le pénitent se trouve en danger de mort. Car l'Eglise, cette mère commune de tous les fidèles, ne peut pas vouloir qu'aucun d'eux sorte de ce monde sans l'assurance d'être en paix avec Dieu. »

3. Ibidem, Lib. II, c. 16: « Si un pécheur s'accuse d'avoir tué sa femme coupable d'adultère, comme ce péché est dès lors passé, et qu'il ne suppose pas que le pécheur persévère dans l'habitude du crime, il est effacé par le baptême, s'il s'agit d'un catéchumène, ou par la pénitence et la réconciliation, s'il s'agit d'un fidèle baptisé (1). »

4. Le grand concile de Latran, canon 1: « Si, après avoir reçu le baptême, quelqu'un tombe dans le péché, il peut toujours recouvrer son innocence par la pénitence. »

[ocr errors]

5. Le concile de Trente, session XIV, c. 2: « Au reste, il est évident que ce sacrement diffère du baptême en plusieurs manières. Car outre que la matière et la forme, qui font l'essence du sacrement, en sont fort dissemblables, il est constant que le ministre du baptême n'a point à exercer l'office de juge, puisque l'Eglise n'exerce sa juridiction que sur ceux qui sont préalablement entrés dans son sein par la porte du baptême. Car pourquoi, dit l'Apôtre (I Cor., V, 12), entreprendrais-je de juger ceux qui sont hors de l'Eglise? Il en est autrement des domestiques de la foi, que Notre-Seigneur Jésus-Christ a faits une fois membres de son corps en les purifiant dans l'eau du baptême : car pour ces derniers, s'ils viennent à se souiller de quelque péché, il a voulu, non qu'ils soient de nouveau lavés par un second baptême, ce qui ne saurait être permis dans l'Eglise catholique, mais qu'ils comparaissent comme coupables devant ce tribunal de la pénitence, pour pouvoir être acquittés par la sentence sacerdotale, non pas une fois seulement, mais toutes les fois que, se repentant de leurs péchés, ils y auront recours. De plus, autre est l'effet du baptême, autre est celui de la pénitence. Par le baptême en effet nous sommes revêtus de Jésus-Christ, et, devenus en lui des créatures tout-à-fait nouvelles, nous obtenons une rémission

(1) Cf. S. Aurelii Augustini opera, tome VI, page 415, édition des Bénédictins; col. 697, édition de Gaume.

« ZurückWeiter »