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Sa naissance entre 1155 et 1160.- Son premier mariage avec une femme nommée Philippe. Il fonde le prieuré du Houx à Jupilles (entre 1187 et 1199). Son second mariage avec Marguerite, fille de Robert IV, seigneur de Sablé, et de Clémence de Mayenne (1190). Sa femme lui apporte en dot Sablé, Loupelande et la Suze, au Maine; Précigné, Briolé et Brion, en Anjou.

La date de la naissance de Guillaume des Roches est inconnue. Sans pouvoir la préciser d'une manière formelle, nous allons, ce qui n'a pas encore été fait, essayer de l'assigner approximativement.

L'époque connue de son mariage eût pu servir à fixer cette naissance, mais aucun historien ne nous l'indique. Nous croyons pourtant devoir rapporter ce mariage à l'année 1190, époque du départ de Robert de Sablé pour la troisième croisade. Il n'est pas probable, en effet, que ce seigneur ait laissé sa fille Marguerite au milieu des embarras de toute sorte suscités à un

homme, à plus forte raison à une femme, par tous les petits seigneurs voisins, suivant les mœurs du temps. Le fief de Sablé avait assez d'importance pour exciter la convoitise d'une foule de nobles du Maine; aussi, Robert de Sablé dût-il chercher à prémunir sa fille contre ces dangers en lui donnant un mari d'une valeur et d'une expérience éprouvées, qui la pût défendre et lui servir de protecteur dans toutes les vicissitudes de la vie féodale. Qu'en conclure? C'est que pour remplir les vues de Robert, Guillaume des Roches devait être en 1190 un homme fait, c'est-à-dire âgé d'environ 35 ans. De plus, comme nous le ferons voir, lors de ce second mariage, il était déjà veuf d'une première femme nommée Philippe. On peut donc présumer qu'ayant en 1190 l'âge que nous indiquons, il avait dû naître entre 1155 et 1160; et l'on remarquera que ce point de départ lui donnerait, en prenant l'année 1155 pour celle de sa naissance, 67 ans lors de sa mort en 1222, durée d'une vie ordinaire. Ce qui fortifie la présomption que Guillaume des Roches s'est marié, comme nous le disons, en 1190, c'est le mariage de sa propre fille Clémence. Car, en 1207, celle-ci était déjà femme de son premier mari, Thibaud, comte de Blois 1. D'après les mœurs du temps et d'après les canons de l'église, l'âge nubile des femmes était douze ans. Si donc, nous donnons, en 1207, douze ans à Clémence, elle serait née en 1195; mais, outre qu'il est peu probable qu'elle se soit mariée si jeune, la charte de 1207 où elle figure étant une donation, fait supposer qu'elle devait avoir au moins quatorze ans pour avoir conscience de ses actes; considération qui ferait remonter sa naissance à l'année 1193. Puis, rien ne prouve que l'année 1207 soit la première de son mariage. Ce n'est pas tout: Clémence n'était que la fille puînée de Guillaume, elle avait pour aînée sa sœur Jeanne; elle avait enfin un frère nommé Robert. En combinant les dates possibles de ces diverses naissances avec le temps nécessaire pour la gestation, on arrive bien près de l'année 1190, et, même en ce cas, faudrait-il supposer que Marguerite accoucha régulièrement chaque année, ce que rien n'atteste. Il est plus naturel de croire qu'elle eut ses enfants à des intervalles inégaux, ce qui nous ramènerait certainement alors à 1190, époque à laquelle nous rattachons le mariage de Guillaume des Roches.

1. Dom Housseau, t. 6, no 2643.

On connait peu les premières années de la vie du célèbre sénéchal dont on ne parle pour la première fois que quelques années avant 1190. Vers cette époque, on le voit paraître dans un acte, malheureusement sans date, mais antérieur aux dix dernières années du XIIe siècle. C'est une donation par laquelle notre personnage, qui s'y intitule simplement Guillermus de Rupibus, fait présent à Notre-Dame de la Boissière, en Anjou, en perpétuelle aumône, de deux arpents de près situés in lunga insulla, juxta angulum nemoris. Parmi les témoins de cette donation, figurent Philippe et Hilaire (Philippa et Hilaria), femme et belle-mère de Guillaume. D'autres personnages tels que Pierre Savari, Mathieu de la Jaille, Geoffroi de Vilaines, de Vilennis, Geoffroi d'Auverse, de Avernicia 2, Pierre, clerc, Hardouin Maumoine, Malus Monachus, Raoul, son frère, et plusieurs autres 3. Cette pièce est une des plus importantes que nous ayons parcourue; elle mentionne un fait que, jusqu'ici, aucun historien, pas même Ménage, n'avait soupçonné, savoir un premier mariage de Guillaume des Roches. C'est bien de lui qu'il s'agit dans l'acte en question. Car les personnages qu'on y voit figurer se retrouvent avec le sénéchal à d'autres époques de sa vie, soit Pierre Savari, assistant avec lui à une fondation que fait le roi Richard en faveur d'une abbaye 1, soit Mathieu de la Jaille 5 et Geoffroi d'Auverse", témoins des fondations de Guillaume lui-même. Ce n'est pas tout l'abbaye de la Boissière, à qui la donation

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1. Les termes vagues dans lesquels cette donation est faite, manqueraient complétement à la précision que ce genre d'actes demande, si lunga insula n'était pas le nom particulier d'un lieu dit dont nous avons perdu la trace.

2. Le nom de terre Avernicia qu'on lit ici, est écrit ailleurs Auverucia où nous croyons voir Auverse (Maine-et-Loire, ar. Baugé, c. Noyant) plutôt que Auvers le Hamon qui, en latin, se dit Alversus, Alversa, Auveriæ, Auversa, Auversum Hamonis. Cauvin, Géog. de l'anc. dioc. du Mans, p. 17.

3. Dom Housseau, t. 6, no 2129.

4. Pierre Savari est nommé avec Guillaume des Roches parmi les témoins d'une donation que fit aux religieuses des Loges (ordre de Fontevraud), au diocèse d'Angers, Richard, roi d'Angleterre. Cart. de Fontevraud, t. I, fol. 229 r.

5. Pour Mathieu de la Jaille, voir la donation faite par Guillaume à Marmoutier entre 1187 et 1199. Cartul. de Marmoutier, fol. 239 r.

6. Geoffroi d'Auverse, de Auverucia, est cité dans la confirmation, par Guillaume des Roches, des largesses de son neveu Baudouin, aux moines de la

s'adresse, nous offre une nouvelle garantie de ce que nous affirmons, la famille des Roches l'ayant comblée de bienfaits. Sans compter les libéralités que lui fit, en 1203, le propre neveu de Guillaume, Baudouin des Roches, et que son oncle confirma, un Geoffroi des Roches, issu d'un fils de ce Baudouin lui fit en 1257, nous l'avons dit, un don de 50 sous de rente annuelle sur le péage des ponts du Lude 2, de plus, à cette époque, il n'y a dans la famille des Roches de personnage connu sous le nom de Guillaume que celui qui nous occupe. Enfin, le début même de la pièce: Posterorum nostrorum labenti memorie brevi scripto tradimus, forme usuelle des actes de la seconde moitié du XIIe siècle, nous fait, outre tous les autres motifs, placer la charte en question à cette époque. Ce sont ces différentes considérations qui nous permettent de tirer parti de cette pièce défectueuse en ce sens qu'outre qu'elle n'a point de date, elle ne s'explique pas sur la situation des biens donnés (ce qui eût pu servir à éclaircir complétement notre hypothèse), et que le sceau qui eût au moins donné les armes du bienfaiteur de la Boissière est perdu ainsi que les lacs qui le retenaient. La pièce qui suit celle-ci est l'acte de fondation du prieuré du Houx, par lequel Guillaume donne à Marmoutier ses biens sis dans ce même prieuré, in hereditate sua 3. Nous ne nous étendrons pas davantage sur cette fondation dont on peut trouver ailleurs le récit, nous contentant de rappeler succinctement ce qui en résulte, savoir que Guillaume des Roches dit, à cette époque, chevalier, miles, possédait le manoir du Houx et des terres (paroisse de Jupilles), la terre de Vaugahet, la vigne de la Grange, de Grangia, à Château-du-Loir. Ce document n'est pas plus daté que celui qui précède. Mais, comme dans celuici où il confirme simplement une fondation antérieure, Guillaume dit, d'une part, qu'il l'avait faite avant d'être sénéchal, que, d'autre part, il dit la faire à Geoffroi 4, abbé de Marmoutier, qui gouverna ce monastère de 1187 à 1210, on peut en circonscrire

Boissière. Dans cet acte, le sénéchal appelle ce personnage, son clerc, clericus

meus.

1. Dom Housseau, t. 6, n° 2181.

2. Dom Housseau, t. 7, n° 3091.

3. Cartul. de Marmoutier, fol. 239 r.

4. Geoffroi I, dit de Corsouez, alias de Coradut ou de Coursol, breton, et vingt-quatrième abbé régulier de Marmoutier. Gall. Christ, t. XIV, col. 223.

la date entre l'année 1187, époque probable de l'avènement de l'abbé Geoffroi, et le mois de mai 1199, époque à laquelle Guillaume devint sénéchal d'Anjou. Tels sont les humbles commencements de celui qui, par une série d'heureuses circonstances, devait finir par être un des plus considérés et des plus puissants seigneurs, non-seulement du Maine, mais de France. En effet, sa fortune éprouva rapidement un changement immense, elle fut particulièrement due à un opulent mariage, si bien que Guillaume eût mérité strictement ce vers fait pour un état moderne: Bella gerant alii, tu, felix Austria, nube. Marguerite de Sablé, qu'il épousait en 1190, justifie cette allusion.

Un des plus illustres seigneurs du Maine, Robert IV de Sablé1, sur le point de partir avec le roi Richard pour la troisième croisade, ne voulut point laisser sa fille Marguerite exposée à mille dangers sans lui donner un mari. Il n'y avait dans le Maine que d'illustres familles qui pussent prétendre, pour un de leurs membres, à la main de la fille du seigneur de Sablé, car les alliances de la maison de Sablé avec les grandes familles de la province et l'importance du fief de Sablé faisaient que Marguerite pouvait avoir légitimement les plus hautes espérances. Cependant, ce ne fut pas un de ceux que son père semblait devoir préférer, soit pour la puissance, soit pour la richesse, qui devint l'époux de la noble demoiselle, mais Guillaume des Roches que recommandaient uniquement l'ancienneté de sa famille, peut-être aussi (ce que l'histoire se charge de nous confirmer) sa valeur et sa haute intelligence des affaires, car, pour ses biens, ils n'étaient pas considérables. Il se peut, d'ailleurs, que le frère de Marguerite de Sablé, Geoffroi 2, vécût

1. Nous suivrons pour le degré à donner à ce Robert de Sablé la grande majorité des historiens qui ont compté, comme premier seigneur de Sablé du nom de Robert, Robert le Bourguignon, ce que n'a point fait Ménage pour lequel, par conséquent, le seigneur de Sablé, qui est pour nous Robert IV, est Robert III.

2. Marguerite de Sablé avait en effet un frère, Geoffroi, seigneur de Cornillé, qui figure dans une donation à l'abbaye de la Boissière, en Anjou, par laquelle, avec son consentement, Robert de Sablé, son père, pour le salut de son âme, de celle de ses père et mère, de son épouse Clémence, mère de Geoffroy, accorde aux moines, dans toute sa terre, le privilége d'être exemptés de tout tonlieu, droit de passage, pontage et de tout autre impôt. Dom Housseau, t. 6, no 2125. Ce Geoffroi fit à l'époque où son père Robert était grand-maître du temple,

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