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NOTICE SUR UN RECUEIL

DE

TRAITÉS DE DEVOTION

AYANT APPARTENU A CHARLES V.

Le 5 juillet dernier, mon confrère, M. Harold de Fontenay a bien voulu me communiquer un manuscrit du xrve siècle, que possède aujourd'hui M. Toutain, directeur de la succursale de la banque de France à Saint-Lô, et dont la description m'a semblé de nature à intéresser les lecteurs de la Bibliothèque de l'École des chartes.

C'est un volume dont la reliure en basane date du XVIIIe siècle et qui est intitulé au dos: MORALE CHRÉTIEN[NE]. Il se compose de 207 feuillets de parchemin, savoir: deux feuillets préliminaires non cotés, et 205 feuillets qu'une main du XIV siècle a numérotés en chiffres romains (I-CCVII); cette opération a été faite avec peu de soin, puisqu'on n'a pas employé les cotes LXXV et CXIX. Les feuillets sont hauts de 223 millimètres et larges de 155. Au XVII° siècle le manuscrit devait appartenir à Nicolas Barron, dont le nom est plusieurs fois répété sur le dernier feuillet de garde. La signature BARRON se lit au bas des fol. II, VI, XLV et CXXXVII; au premier endroit elle es accompagnée de la qualification : « concierge au Sauleys. »

Avant de déterminer l'origine du volume, il faut énumérer les différents morceaux qu'il renferme.

I. Au commencement, deux feuillets non cotés sont occupés par une table, écrite de la même main que le reste du volume et commençant par ces mots : « Vous trouverés en cest livre les >> choses qui sont contenues en ceste table, premièrement le Legiloque...

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II (fol. I). Traité des commandements de la loi, qui n'est précédé d'aucune espèce de titre, mais que la table placée au commencement du volume désigne en ces termes : « Le Legiloque » qui est ainssi apelé pour ce que il parle de la loy de nature qui qui a II commandemens, et de la loy de la sainte escripture qui » a X commandemens que nostre sire donna à son peuple par

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Moyse escripte en II tables. » Commencement du traité : << Audi Israel precepta et judicia que doceo te, ut faciens ea » vivas. Deuteronomii IIII. Ceste parole dist Nostre Seigneur à » son peuple par Moyse son deciple, et tout aussi comme vous » véez que, quant l'en veust aucune chose de grant profit en » commun proposer, l'en sieut les auditeurs amonester que il » soient diligens de chelle chose oir et retenir... »

III (fol. XLII vo). « Cest livret est apelé Dialogue pour ce que » il est fait et ordené des paroles de deus, c'est dou père qui son » filz enseigne, et dou filz qui au père demande ce que il ne sét. » Or dit donc le père: Biau filz, oi mes paroles et enten et » les retien et met à euvre. Car enseigné qui est oi et n'est > entendu et retenu ne vaut nulle chose, et je te enseignerai ce » que je pourré, et te parleré des choses qui sunt necessaires à » sauvement et especiaument des sains sacremenz de sainte » eglise... » Plusieurs parties du Dialogue ont été considérées comme des traités distincts par l'auteur de la table placée au commencement du volume. Ce sont les chapitres suivants : — 1° (fol. LXXXVIII vo). « Ci commence le trectié de antecrist: » Biau filz, nous savons bien que cest monde et ceste presente » vie ne faudra devant que antecrist soit venu... » 2o (fol. XC v°). « De Enohc et Helie qui venrront encontre antecrist : » Et lors envoiera nostre sires Jhesu Crist au confort de » son peuple II sains prophètes... » — 3o (fol. XCII vo). « Ce » sunt les XV signes : Biau filz, les XV signes dont parle saint » Jeroime seront tex. Le premier jour se eslevera la mer... Fin du traité (fol. CIII) : « Ici s'achiève le Dyalogue dou père et » dou filz, où sunt contenuz les VII sacremenz de sainte eglise. » Et pour ce que le père se repose, si parlerons, après le » Dyalogue dou père et dou filz, des VI degrez de charité par » quoy homme monte espirituement à souverain repos et à » souveraine pès de conscience. »

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IV (fol. CIII vo). « Ici se commence un petit trectié des VI degrez de charité par quoi l'en monte à souveraine pès de

> conscience et à souveraine perfection, qui sunt entenduz espi> rituement par la figure et par la similitude des VI degrez par » quoi l'en montoit corporement ou throne Salomon. » Commencement: « Nous lisons ou tiers livre des Roys, ou Xme chapitre,

que le roy Salomon fist un throne pour se seoir et pour se reposer » paisiblement, et la matière dont celui throne fu fait fu de pure > yvoire, et le parement par dessus fu de très fin or luisant » très clerement... »

V (fol. CVIII). «Ci commence un petit trectié des nouvelletez » dou monde qui sunt empeechement de vertu et de sauvement » selonc ce que elles sunt entendues espirituement. » Commencement « L'en dit communement selonc le monde : De nouvel » tout bel, et pour ce le monde, qui cèle par dedanz sa corruption » et sa mauvestiẻ, et monstre par dehors ce que il a de bèle » aparence, pour ce que il soit convoitié et amé, a moustré puis » un pou de temps trois nouvelletez, c'est à savoir chançons >> hoquetées, robes boutonnées et chauces coulourées. Et ces >> trois choses entendues espirituement sunt empeechement de vie » espirituele et de vie et de pardurable sauvement. Or dirons » premièrement des chançons hoquetées. Les chansons hoquetées. » Et entendez que par les chanchons qui issent de la bouche, qui » est l'estrument de parole que Diex a donnée à homme, et non » pas à nulle autre creature terrienne, nous entendons la lumière » de reson, que Diex a donnée à homme pour congnoistre bien » et mal, le bien pour le faire, et le mal pour soi en retraire. Et » par le hoquetement dou chant qui empeeche l'entendement des » paroles nous entendons les esmouvemenz et la desordenance » de propre volenté qui empesche la lumière de droite reson, » aussi comme la taie quant elle vient sus l'oil empesche la veue. » Or lessiez donc, biau filz, les hoquetemens, c'est à dire les » desordenez esmouvemenz de vostre propre volentė... » Dans ce traité, l'auteur a inséré l'histoire de la fondation de l'ordre des Chartreux (fol. CIX), « selonc ce que il fu raconté » devant madame la contesse de Saint Pol 1 par un des » greigneurs hommes et des plus anciens de céle ordre de » Chatreuse. »

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VI (fol. CXIII v°). « Ce sunt ici les enseignemenz que le saint

1. Mahaut de Châtillon, femme de Gui de Luxembourg, morte en 1378. 2. Au lieu de par le ms. porte à.

» roy Loys fist à son filz Phelippe en Cartage, ou temps que il trespassa de ceste mortéle vie à la pardurable vie l'an de » grace mil CC et sexante et dis, ou mois d'aoust. » Ce texte des instructions de saint Louis est, sauf de légères variantes, semblable à celui que notre confrère, M. Paul Viollet, désigne par la lettre A et qui, jadis conservé à la Chambre des comptes, est connu par les éditions de Théveneau et de Moreau. Je transcris les premières lignes du ms. que j'ai sous les yeux : « Très chier » filz, pour ce que je desirre de tout mon cuer que tu soiez bien > enseignié en toutes choses, je ai pensé que je te face aucuns » enseignemenz par escript, selonc ce que le père doit faire à » son enfant, et je croi que tu les orras ententivement et enten» dras sougneusement et volentiers. Chier filz, je te enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cuer et de tout » ton povoir, car sanz ce nul ne se puet sauver ne riens valoir. » Si te dois garder de toutes les choses que tu cuideras que li » doient desplère à ton povoir, et especiaument tu dois avoir » ceste volenté que tu ne feroies pechié mortel pour nulle chose qui te peust avenir, et que tu te lesseroies avant touz les » membres trenchier, et martyrier, et mourir cruelment que tu »feisses pechié mortel à ton escient. »

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VII (fol. CXXI). « C'est ci une leittre et uns petiz ensei» gnemens que un povre homme de religion envoia à un noble » jeune homme qui avoit esté en sa doctrine. » Commencement; << Mon très chier enfant et très amé en Nostre Seigneur, sou» veigne vous de ce que je vous ai dit aucune fois... » De ce traité fait partie : « une informacion de general confession » (fol. CXXIIII).

VIII (fol. CXXXI vo). « Ici sunt contenues VII peticions > très devotes et très profitables pour requerre l'aide et le conseil » et la grace Nostre Seigneur, et sunt estrètes de la sainte

Euvangile. Et de ces VII peticions les III premières sunt » faites à Dieu le filz selonc les euvres que il fist en nostre » humanité, et especiaument ou temps de sa sainte passion. Et » qui ces petitions à Dieu fera par manière de ouroison, die » après chascune peticion celle sainte ouroison que Nostre Sei» gneur Jhesu fist et nous aprint, c'est Pater noster, où il a » ensement VII peticions contenues, qui contiennent tout

1. Bibliothèque de l'École des Chartes, 6a série, V, 134.

» quanque est necessaire à homme et quant à l'ame. La première » peticion très douz père, sainte Trinité et une déité, en » l'onneur et en la remembrance de celui très haut conseil... »

IX (fol. CXXXIIII). « Ce sunt les quinze joies Nostre Dame » contenues, qui mout sunt devotes à qui bien les entent et les » dit devotement, et à chascune doit on dire une Ave Maria. » La première joie très douce dame, en l'onneur et en la » remembrance de celle très grant joie que vous eustez quant le » saint ange Gabriel... » Fin de cette pièce: «Ci acheverons » nostre petit livret en rendant graces à Dieu et à sa benoite » mère et à tous sains et à toutes saintes, et en suppliant à ceus » et à celles qui cest livret auront et liront que il se teignent à paiez de nostre petite information, que charité et devocion > nous a ainssi fait ordener, pour lessier après nous aucune chose » en quoi se puissent espirituement occuper nos enfanz que nous » avons en garde, que Nostre Sires par sa très douce pitié vuelle » de tout mal garder et en tout bien norrir et enformer et nos » seigneurs et noz dames et nos bons amis et nos bonnes amies, » aus quiex et ausquéles nous nous recommandons très-hum» blement, et à vie et à mort especiaument. » Il serait bien possible que ces paroles eussent été écrites par Mahaut de Chatillon, comtesse de Saint-Paul, qui perdit son mari, Gui de Luxembourg, en 1371, et qui eut alors sous sa tutelle plusieurs enfants mineurs.

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X (fol. CXXXVII). « Ci après s'ensuit un petit conte des III » chevaliers et des trois livres. » Voici les titres des différents chapitres de ce traité : « Comment ces trois chevaliers viennent dou » tournoi à granz boubens et à grant compaignie. L'en raconte » de III chevaliers jeunes et preuz qui compaignons estoient et » tant s'entremmoient que touz leurs cuers et leurs pensées » s'entredisoient.... Comment, en venant du tournoi, il » passent un bois pensanz et melancolians sanz parler l'un à » l'autre. - Comment, quant il sunt hors dou bois, il s'entredient » leur pensées que il ont eues en passant le bois. - Comment > il reçoivent l'abit de religion devotement. - Comment les deus » plus jeunes veulent issir de la religion et le plus ancien leur » sermonne et les fait demourer. Dou premier livre au che» valier (le livre de conscience). - Dou secont livre au chevalier

1. Lisez : « orront. »>

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