patrie terreftre qui les nourrit. Qu'il m'est doux de pouvoir faire en notre faveur une exception fi rare & placer au rang de nos meilleurs citoyens ces zélés dépofitaires des dogmes facrés autorisés par les loix, ces vénérables pasteurs des ames, dont la vive & douce d'autant éloquence porre mieux dans les cœurs les maximes de l'Evangile, qu'ils commencent toujours par les pratiquer C eux-mêmes! Tout le monde fait avec quel fuccès le grand art de la chaire eft cultivé à Ge neve: mais, trop accoutumés à voir dire d'une maniere & faire d'une autre, peu de gens favent jufqu'à quel point l'efprit du Chriftianifme, la fainteté des mœurs, la févérité pour foi-même & la douceur pour autrui, regnent dans le corps de nos Miniftres. Peut-être appartient-il à la feule ville de Geneve de montrer l'exemple édi fiant d'une auffi parfaite union entre une fociété de Théologiens & de gens de Lettres. C'est en grande partie fur leur fageffe & leur modération reconnues, c'eft fur leur zele pour la prospérité de l'Etat que je fonde l'efpoir de fon éternelle tranquillité; & je remar que avec un plaifir mêlé d'étonnement & de ref pect combien ils ont d'horreur pour les affreu fes maximes de ces hommes facrés & barbares dont l'Hiftoire fournit plus d'un exemple, & qui, pour foutenir les prétendus droits de Dieu, c'eft-à-dire leurs intérêts, étoient d'autant moins avares du fang humain qu'ils fe flattoient que le leur feroit toujours ref pecté. Pourrois-je oublier cette précieuse moitié de la république qui fait le bonheur de l'autre, & dont la douceur & la fageffe y maintiennent la paix & les bonnes mœurs? Aimables & vertueufes citoyennes, le forte de votre fexe fera toujours de gouverner le nôtre. Heureux ! quand Votre chafte pouvoir exercé feulement dans l'union conjugale, ne fe fait fentir que pour la gloire de l'Etat & le bonheur public. C'eft ainsi que les femmes.com |