gouvernement, j'ai été fi frappé de les voir toutes en exécution dans le vôtre, que même fans être né dans vos murs j'aurois cru ne pouvoir me difpenfer d'offrir ce tableau de la fociété humaine à celui de tous les peuples qui me paroît en pofféder les plus grands avantages, & en avoir le mieux prévenu les abus. Si j'avois eu à choisir le lieu de ma naissance, j'aurois choisi une fociété d'une grandeur bornée par l'étendue des facultés humaines, c'eft-à-dire par la poffibilité d'être bien gouvernée, & où chacun fuffifant à fon emploi : a , nul n'eût été contraint de commettre à d'autres les fonctions dont il étoit chargé un Etat où tous les particuliers fe connoiffant entr'eux, les manœuvres obfcures du vice ni la modeftie de la vertu n'euffent pu fe dérober aux regards & au juge ment du Public, & où cette douce habitude de fe voir & de fe connoître fît de l'amour de la patrie l'amour des citoyens plutôt que celui de la terre. J'aurois voulu naître dans un pays où le Souverain & le peuple ne puffent avoir qu'un feul & même intérêt, afin que tous les mouvements de la machine ne tendiflent jamais qu'au bonheur commun; ce qui ne pouvant fe faire à moins que le peuple & le Souverain ne foient une même perfonne, il s'enfuit que j'aurois voulu naître fous un gouvernement démocratique, fagement tempéré. J'aurois voulu vivre & mourir libre, c'eft-à-dire tellement foumis aux loix que ni moi ni personne n'en pût fecouer l'hono rable joug; ce joug fa lutaire & doux, que les têtes les plus fieres por tent d'autant plus doci lement qu'elles font faites pour n'en porter aucun autre. J'aurois donc voulu que perfonne dans l'Etat pu fe dire au-deffus de la loi, & que per n'eût fonne au dehors n'en pût impofer que l'Etat fût obligé de reconnoître.Car quelle que puiffe être la conftitution d'un gouver nement, s'il s'y trouve un feul homme qui ne foit pas foumis à la loi, |