Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[graphic]

nez et ce que vous savez vous soit utile, prenez plaisir à être inconnu, et à n'être compté pour rien dans le monde.

4. La leçon la plus sublime et la plus salutaire, est de se bien connaître, et de se mépriser soi-même.

N'avoir aucune bonne opinion de soi, et estimer beaucoup les autres, c'est une grande sagesse et une haute perfection.

Quand vous verriez quelqu'un tomber dans des fautes visibles, ou commettre quelques grands crimes, vous ne devez pas pour cela vous juger meilleur que lui, parce que vous ne savez pas combien de temps vous persévérerez dans le bien.

Nous sommes tous fragiles; mais vous devez croire que personne ne l'est plus

que vous.

PRATIQUE.

LES sentimens de l'homme, dit l'Ecriture, sont vains et inutiles, s'ils ne s'appliquent à connaître Dieu et à l'aimer, à s'oublier et à se haïr soi-même. La foi simple et vive d'un esprit qui croit, sans examiner.et sans hésiter, tout ce que Dieu veut que nous croyions, et qui porte le cœur à faire tout ce qu'il veut que nous fassions pour nous sauver, est préférable à toutes les sciences divines et humaines, qui, sans cette foi vive, enflent l'esprit, dessèchent le coeur, et sont inutiles au salut d'un Chrétien.

PRIÈRE.

Guérissez en moi, mon Sauveur, l'avidité que j'ai de tout savoir, et la négligence que j'apporte à faire

LIVRE 1. CHAP. III.

53

fait ou manqué de faire pour me sauver. Puis-je m'appliquer à vous bien connaître, sans vous admirer et sans vous aimer? Mais puis-je en même temps m'appliquer à me bien connaître, sans me mépriser et me haïr? O vie abjecte! vie inconnue! vie cachée avec J.-C. en Dieu! que vous êtes un excellent moyen de sanctifier et de sauver les Chrétiens; mais que vous êtes peu en usage dans le Christianisme! Donnez-en, Seigneur, la connaissance et l'estime, l'amour et la pratique à tout le monde. Ainsi soit-il.

CHAPITRE III.

DE LA DOCTRINE DE LA Vérité.

HEUREUX celui que la Vérité enseigne par elle-même, non par des figures et par des paroles qui passent, mais en se faisant connaître telle qu'elle est!

Notre opinion et nos sentimens bien souvent nous trompent, et ne pénètrent guère avant dans les choses.

Que servent ces recherches raffinées sur des choses cachées et obscures, puisque nous ne serons pas repris, au jour du Jugement, de les avoir ignorées ?

Notre aveuglement est étrange. Nous négligeons l'utile et le nécessaire, pour nous appliquer à des choses curieuses et dommageables. C'est avoir des yeux, et ne point voir.

2. Qu'avons-nous à faire de ces disputes de l'école sur le genre et l'espèce? Celui à qui la parole éternelle se fait

entendre, est débarrassé d'une infinité d'opinions.

Tout procède de cette unique parole, et tous les êtres rendent témoignage qu'il n'y en a qu'une; et cette même parole est le principe qui nous parle intérieurement. (Joan. 8. 25.)

Sans elle, nul ne peut ni bien entendre les choses, ni en bien juger.

Celui qui trouve tout dans l'unité, qui rapporte tout à l'unité, et qui voit tout dans l'unité, peut avoir le cœur stable, et demeurer en paix avec Dieu.

O Vérité! qui êtes Dieu même, faites que je sois une même chose avec vous, par une éternelle charité.

Je m'ennuie souvent de lire, je me lasse d'entendre tant de choses; c'est en vous seul que je puis trouver tout ce que je cherche.

Que tous les Docteurs, que toutes les créatures se taisent devant vous; parlezmoi vous seul.

3. Plus un homme sera recucilli en lui-même, et sera devenu simple de cœur, moins il aura de peine à comprendre les choses les plus relevées; parce qu'il recevra d'en haut la lumière de l'intelligence.

Une âme pure, simple et constante, n'est point dissipée par la multitude des actions; parce qu'elle fait toutes choses pour la gloire de Dieu, et qu'elle tâche

de l'amour-propre.

Qu'est-ce qui vous cause plus de trouble et d'obstacles que les passions immortifiées de votre cœur?

L'homme vertueux et fidèle à Dieu, commence par régler au-dedans de luimême tout ce qu'il doit faire au-dehors. Aussi ses actions ne l'entraînent point dans le penchant d'une inclination vicieuse, mais il les redresse selon les lois de la droite raison.

Quelqu'un a-t-il plus à combattre que celui qui entreprend de se vaincre soi même ?

Ce devrait donc être là toute notre occupation, que de nous vaincre nousmêmes, de prendre chaque jour plus de force sur nous, et d'avancer de plus en plus dans la vertu.

4. Toute la perfection de cette vie a toujours quelque imperfection qui lui est attachée, et toutes nos lumières ne sont pas sans quelque obscurité.

L'humble connaissance de soi-même est une voie bien plus sûre pour aller à Dieu, que la recherche d'une science profonde.

Ce n'est pas qu'il faille blâmer la science, ou la simple connaissance des choses: elle est bonne, étant considérée en ellemême, et selon l'ordre de Dieu; mais il

Mais, parce que la plupart des hommes s'étudient plus à savoir beaucoup qu'à bien vivre, ils tombent dans l'erreur, et ne font que peu ou presque point de fruit.

5. O s'ils prenaient autant de soin à déraciner les vices de leur cœur, et à y semer les vertus, qu'ils s'en donnent à agiter des questions, on ne verrait pas tant de maux et de scandales parmi le peuple, ni tant de relâchement dans les Monastères!

Il est certain qu'au jour du Jugement on ne nous demandera pas ce que nous aurons lu, mais ce que nous aurons fait; ni avec quelle éloquence nous aurons parlé, mais avec quelle sainteté nous aurons vécu.

Dites-moi, où sont-ils maintenant tous ces Maîtres et ces Docteurs que vous avez connus lorsqu'ils vivaient, et qu'ils florissaient dans les sciences?

D'autres à présent occupent leurs places, et je ne sais s'ils pensent seulement à eux. Ils semblaient être quelque chose durant leur vie, et maintenant personne n'en parle.

6. O que la gloire de ce monde passe vite! Plût à Dieu que leur vie eût répondu à leur science! C'est alors qu'ils auraient fait de bonnes lectures et de bonnes études.

Combien y en a-t-il dans le monde.

« ZurückWeiter »