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devient petit. La malade semble proche du terme fatal. M. Jules Simon donne le sulfate de quinine, et la patiente présente une véritable résurrection. Depuis des années, un certain nombre de rechutes ont été coupées, lorsqu'on l'a voulu, par le sulfate de quinine. Enfin, en 1868, la malade est prise d'accidents nouveaux maux de tête siégeant plus particulièrement au niveau de la nuque; chaleur et injection de la face; des purgatifs, des révulsifs, demeurent impuissants. Le sulfate de quinine fait encore disparaître ces accidents, comme il avait fait les premiers.

Et M. Jules Simon conclut : accidents palustres guéris par le sulfate de quinine.

Cette observation nous a semblé trop intéressante pour être passée sous silence. La nature, la longue durée des accidents, leur cessation comme par enchantement, sous l'influence du sulfate de quinine, la signalent suffisamment.

Enfin, la malade a guéri, et après tout, la médecine n'a pas d'autre but. Mais a-t-elle été guérie d'accidents palustres ? J'avoue que l'observation ne réussit pas à m'en convaincre. L'auteur de l'observation lui-même n'avait rien vu, dans les faits qu'il a résumés depuis et qui s'étaient déroulés sous ses yeux pendant plusieurs années, qui lui fit porter le diagnostic: accidents palustres.

Le succès du sulfate de quinine a été la seule raison déterminante. Or, si, dans le fait actuel, Tout est bien qui finit bien, je crois qu'en général le principe naturam morborum curationes ostendunt est de ceux dont l'étude des médicaments et des maladies démontre chaque jour la fausseté. Conclure du succès de la quinine à la nature palustre d'une maladie, suppose admis que le sulfate de quinine s'adresse par suite de je ne sais quel mystère, à l'élément palustre et ne s'adresse qu'à lui. Or, le sulfate de quinine ne guérit les accidents de cause palustre que parce que ces derniers rentrent généralement dans une catégorie de phénomènes qui sont d'ailleurs loin d'être toujours palustres. Les névralgies congestives non palustres guérissent par le sulfate de quinine. Ce médicament a pour action physiologique de décongestionner les organes, il les décongestionnera toujours en dépit de la cause qui aura produit la congestion et les anémiera encore, alors même que ceux-ci n'auront pas été élevés au-dessus du degré de congestion normal et physiologique. Il y a des effets physiologiques des médicaments, mais il n'y en a pas de spécifiques, parce qu'il n'y a pas non plus de spécificité.

Je ne saurais choisir un meilleur appui ni d'autre exemple que ces lignes extraites de la préface des commentaires thérapeutiques du Codex. Les effets physiologiques des médicaments «n'atteignent que "nos organes pour en modifier la composition et la structure ou les «actes sécrétoires, moteurs, sensitifs, nutritifs et plastiques. Très«rarement ils s'adressent à une cause pathogénique, jamais à une « de ces entités morbides qui ne sont que des conceptions de notre

<< esprit, des abstractions de symptômes, sans réalité naturelle; » et plus loin «La doctrine des vertus spécifiques des remèdes, issue de « l'ontologisme, périra avec lui; et quand l'action physiologiqne des « médicaments sera parfaitement connue, la thérapeutique ne sera « plus qu'un corollaire de la physiologie. »>

Dans l'observation qui nous occupe, les accidents de la dernière crise, douleurs de la nuque avec congestion de la face, et ceux qui avaient précédé, volume exagéré du foie et de la rate ayec hypersécrétion hépatique et intestinale, peuvent certainement être sous la dépendance d'un trouble congestif non palustre de l'innervation centrale et comme tels, passifs du sulfate de quinine. L'exaspération sérale est du reste le propre de toutes les névroses congestives, et l'opium leur est généralement aussi funeste que le sulfate de quinine leur est bon. Ce dernier médicament agit en effet en produisant des effets inverses à ceux de la section du grand sympatique: la pâleur, la diminution du calibre des petits vaisseaux, l'abaissement de température, sont les effets du sulfate de quinine; la rougeur, l'augmentation du calibre des vaisseaux, l'élévation de température sont ceux de la section. Si l'on se rappelle que dans les expériences de Budge l'extirpation des ganglions semi-lunaires et mésentériques produit de la diarrhée avec congestion de la muqueuse, et que ces faits ont été confirmés par les expériences de Pincus et de Cl. Bernard sur le plexus mésentérique, on comprend comment des troubles d'innervation de nature congestive peuvent entretenir la diarrhée et guérir par le sulfate de quinine. Si j'insiste sur ces considérations thérapeutiques, c'est que l'observation d'ailleurs si remarquable dont il s'agit me semble un des faits les plus importants qu'on puisse invoquer contre la spécificité,

Fièvres intermittentes pernicieuses à Paris. ➡ MM. Delasiauye, Moutard-Martin, Féréol, Archambault ont observé, à Paris, plusieurs casde fièvres pernicieuses. MM, Féréol et Archambault les ont observées dans une même circonscription restreinte; un assez grand nombre de cas semblables ont été observés dans cette ville depuis quelques années, et on n'a guère pu trouver d'autre explication à donner que les mouvements de terrain si fréquents dans les dernières années qui viennent de s'écouler. A propos des fièvres intermittentes, M. Colin a fait, à la Société, une communication des plus curieuses au sujet des fièvres intermittentes à Rome : l'immunité pour un quartier est d'autant plus grande, qu'il est plus central et plus populeux, si bien qu'on arrive à cette conclusion, que plus un quartier présente les inconvénients de l'encombrement, plus il est à l'abri de la malaria. Rome étant comme une île au milieu d'une campagne où règne la fièvre pernicieuse, on comprend que le centre soit plus à l'abri que la circonférence; mais les quelques cas de fièvre intermittente observés à Paris ne sauraient entrer sous cette loi, s'il est vrai, comme on l'a cru, que ce n'est que dans les mouvements de terrain pratiqués

dans l'intérieur même de la ville qu'il faille chercher la cause de la malaria.

Fièvre typhoïde. Rechute et récidive. M. Lorain a appelé, selon nous avec raison, l'attention de ses collègues sur les faits de récidive à courte échéance qu'on observe dans la fièvre typhoïde. Une première fièvre caractérisée par trois périodes, d'ascension, d'état, de déclin, par des taches lenticulaires, etc., est à peine terminée que la courbe de la température et du pouls se relève; trois périodes d'ascension, d'état, de déclin; des taches se renouvellent. M. Lorain dit fièvre typhoïde doublée; récidive, et non rechute. C'est une deuxième fièvre typhoïde, un second empoisonnement, dit M. Hervieux, qui se range à l'opinion de M. Lorain. « Je persiste à penser, dit M. Lorain, que le mot rechute n'est pas un terme scientifique, et qu'il ne pouvait être admis qu'à une époque où l'observation était moins complète qu'aujourd'hui... Il ne s'agit pas d'une deuxième phase de la maladie, mais bien de deux fièvres typhoïdes accolées qui se montrent et évoluent successivement; la durée du temps écoulé entre les deux manifestations ne change rien à la donnée scientifique de la reproduction complète des phases normales de la maladie. »

La discussion ne porte pas seulement sur les mots; car si, pour être rare, un deuxième empoisonnement par le miasme typhoïde est possible à courte échéance, la soustraction du convalescent à une seconde atteinte est une déduction forcée,

M. Lorain a du reste apporté dans ce débat une précision qui est d'un bon exemple; elle montre que les recherches, d'apparence purement scientifique, ne sont pas sans portée au point de vue pratique.

M. Constantin Paul a également fourni à l'appui de la thèse souM. Lorain des faits inéressants.

tenue par

Les lignes tracées par les variations de température dans la fièvre typhoïde lui donnent une première période qu'il appelle de fastigium, dans laquelle la température monte de 37,° à 40, 4. La seconde période lui succède, pendant laquelle la température oscille atour de 40°; enfin, survient une troisième période, dans laquelle la température descend de 40 à 37°, température normale.

Le fastigium ne dure guère plus de trois ou quatre jours. Il est représenté par une ligne brusquement ascensionnelle; en effet, les oscillations qu'on y remarque sont dues à des exacerbations de un degré, un degré et demi, deux degrés, tandis que les rémissions ne sont que de 0,4 et 0°,8, tout au plus,

La troisième période, de déclin, est caractérisée par un type rémittent dans lequel, chaque matin, la température tombe de un à deux degrés et demi, et remonte chaque soir un peu moins haut que la veille. Sa rémittence descendante peut affecter le type tierce.

Lorsque survient, dans le déclin de la fièvre typhoïde, une recru descence passagère, une rechute, la ligne tracée par la température

se relève de nouveau; mais elle se relève en présentant le caractère oscillatoire rémittent de la période de déclin. La rémittence se fait en sens inverse, voilà tout. Si au contraire il s'agit d'une affection nouvelle, d'une récidive, l'exacerbation ne prend pas le type rémitteut, mais bien le continu; on a de nouveau une période de fastigium.

Déjà, en 1868, mon ami, le Dr Labbée, consignait dans sa thèse, imprimée en 1869, un fait de récidive dont le diagnostic était basé sur les mêmes lois thermométriques : la température atteint de nouveau son maximum en trois jours, oscille autour de ce maximum pendant douze jours, puis redescend. Il conclut dans le sens d'une nouvelle fièvre typhoïde, malgré, dit-il, l'absence complète d'albumine dans l'urine, malgré l'absence de diarrhée ou de taches, à cause de l'état thermique, de la forme même de la courbe et de l'état du pouls.

Nouvelle affection parasitaire de la langue. Sous ce titre modeste, M. Maurice Raynaud a présenté à la Société une observation fort curieuse, et qui, si le fait observé tendait dans l'avenir à se multiplier, constituerait le point de départ d'une voie toute nouvelle dans l'étude des dermatoses parasitaires.

Une dame accuse une sensation gênante de la langue : cet organe présente une plaque noirâtre de la largeur d'une pièce de 5 francs en argent, nettement circonscrite, très-saillante. Sa surface est villeuse; M. Raynaud en compare l'aspect à celui d'un champ de blé couché par l'orage. Chacune de ces villosités, de structure cornée, est, en somme, un véritable poil dont la longueur atteint parfois 1 centimètre et même davantage. Dans l'épaisseur de ces appendices cornés, ou poils, M. Raynaud a trouvé des spores qui lui ont paru identiques à ceux du trichophyton tonsurans. En fait d'affections parasitaires de la langue, on ne saurait s'avancer avec trop de circonspection placé sur l'entrée des voies alimentaires et respiratoires, cet organe possède, en effet, le privilége de garder à sa surface, en dépit des soins de l'hygiène la plus scrupuleuse, une foule de débris alimentaires ou aériens qui, plus d'une fois déjà, ont donné le change aux micrographes les plus habiles. Je trouve cependant une garantie dans la compétence de M. Raynaud d'abord, mais surtout dans le soin fort louable qu'il a mis à se raidir contre l'enthousiasme de l'inventeur et à se poser lui-même les objections qu'on eût pu lui faire.

De semblables faits méritent confirmation; dans l'état actuel, on ne peut que s'associer à ce que dit lui-même, avec finesse, l'auteur de ce mémoire : « Une dénomination bien choisie a suffi quelquefois à faire la fortune d'une idée scientifique. Si j'avais voulu céder à cette tentation, j'aurais intitulé ce travail Recherches sur la teigne des muqueuses; mais je ne suis pas assez édifié pour me prononcer à cet égard; j'ai préféré rapporter les faits tels que je les ai observés. A l'avenir de décider si cette idée est juste ou non. Théoriquement, elle paraît très-soutenable. »> A. BORDIER.

BULLETIN

SOCIÉTÉS SAVANTES

I. Académie de Médecine.

Rapport sur l'éducation des enfants.

Rapports de prix. - Marche du choléra. - Répression de l'ivrognerie. - Rapport sur l'enseignement de l'hygiène.

Séance du 28 novembre.-M. Devilliers lit, au nom de la commission de l'hygiène de l'enfance, un rapport officiel concernant les améliorations à apporter dans l'éducation physique, intellectuelle et morale des enfants. A ce rapport est annexée une lettre adressée à M. le ministre de l'intérieur, à l'effet d'obtenir la fondation de prix et médailles, pour récompenser les médecins qui se dévoueraient à cette œuvre utile.

- M. Barth lit un rapport sur un mémoire pour le concours du prix Portal, relatif au cancer. Ce mémoire, le seul que la commission ait reçu, n'a pas été jugé digne du prix. En conséquence, la commission propose de remettre cette même question au concours pour l'année 1873.

Après discussion, l'Académie décide de renvoyer au conseil d'administration les diverses questions afférentes aux prix de l'Académie.

Séance du 5 décembre. — M. Blot donne lecture du discours qu'il a prononcé, au nom de l'Académie, aux obsèques de M. le professeur Paul Dubois.

- M. Fauvel lit une note sur la marche du choléra, qu'il résume lui-même en ces termes :

« En résumé, le choléra, dont la marche envahissante vers le nordouest de l'Europe est suspendue pour le moment, règne encore avec une certaine intensité à Constantinople, menaçant de là tout le bassin de la Méditerranée, resté intact jusqu'à ce jour. D'un autre côté, la même maladie, s'avançant à travers l'Arabie jusqu'aux lieux saints de l'islamisme, menace d'envahir l'Égypte, et par suite encore le littoral de la Méditerranée comme en 1865.

« Voilà la situation présente de l'Europe par rapport au choléra. Il en résulte que, s'il nous reste quelque chance d'échapper au fléau qui nous presse de plusieurs côtés, il y a aussi beaucoup de probabi

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