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à mettre à la disposition de l'Administration le temps nécessaire pour en réunir les éléments.

D'un autre côté, les cultivateurs, pris en quelque sorte au dépourvu par une enquête qui n'avait pas eu d'analogue depuis quatorze ans, et en quelque sorte prévenus contre les conséquences qu'elle pouvait avoir dans le sens d'une aggravation de l'impôt, n'avaient pas toujours donné à leurs déclarations sur les rendements l'exactitude ou la sincérité nécessaires. De là, pour l'Administration, l'obligation de provoquer de nombreuses rectifications, obtenues soit par des correspondances avec les associations agricoles, soit avec les commissions elles mêmes mises en demeure de faire une nouvelle étude de questions souvent mal comprises.

En somme, toutefois, l'enquête de 1852 constitue un travail plein. d'intérêt, et malgré d'incontestables imperfections, notamment en ce qui concerne la détermination des superficies affectées à chaque culture (cet inévitable écueil de tout recensement agricole dans un pays où le nombre des parcelles dépasse peut-être aujourd'hui 150 millions), elle donne une assez juste idée de l'état de notre agriculture à la fin de 1852.

ENQUÊTE DE 1862.

J'arrive enfin, Monsieur le Ministre, à l'enquête dont cette publication contient les résultats.

Je n'hésite pas à dire qu'elle s'est faite dans des conditions beaucoup plus favorables que les deux précédentes, et par les raisons ci-après :

1o Les commissions cantonales étaient fortes d'une expérience de dix années, pendant lesquelles elles avaient transmis annuellement à l'Administration les éléments d'une statistique agricole succincte comprenant les superficies occupées par les céréales et les farineux, les rendements en grains et pailles, le prix des principales denrées alimentaires, et les salaires d'un certain nombre d'ouvriers agricoles et industriels.

2. Les populations rurales, ayant eu la preuve que les enquêtes agricoles, annuelles ou décennales, étaient restées sans influence sur le chiffre de l'impôt foncier, au moins en ce qui concerne le principal, avaient généralement cessé d'attribuer une arrière-pensée fiscale à ces opérations.

3o Les cultivateurs, fréquemment interrogés sur la nature et la quantité de leurs produits, avaient appris à se rendre compte des principaux résultats de leur exploitation, et étaient mieux en mesure de les indiquer exactement.

40 L'Administration, édifiée sur la nature des difficultés révélées par le dernier recensement et provenant, les unes, de ce que la technologie du programme de 1852 ne désignait pas, pour toute la France, les

mêmes objets; les autres, de ce qu'un certain nombre de questions n'avaient peut-être pas été posées avec une clarté suffisante; enfin, de ce que le zèle des commissions avait été mis, pour un début, à une épreuve un peu sévère par suite du trop grand nombre de faits agricoles soumis à leurs investigations, s'était efforcée, en rédigeant le nouveau questionnaire, de conjurer ces diverses causes d'erreur.

D'un autre côté, éclairée, elle aussi, par dix années de statistique agricole, fruit des recherches des commissions, et par d'importantes monographies publiées, de 1852 à 1862, par de savants agronomes, elle pouvait, mieux que par le passé, contrôler utilement les éléments d'une nouvelle enquête décennale.

5o Je ne dois pas oublier de mentionner que les commissions avaient été autorisées à s'adjoindre extraordinairement, à l'occasion de cette enquête, tous les hommes dont les lumières pouvaient faciliter leur tâche, et que les présidents, en cas de doutes sur la valeur des renseignements fournis par leurs membres, tenaient de l'Administration le droit de puiser à toute autre sorte d'information.

Le programme de l'enquête de 1862 comprenait, pour chaque commune, les divisions suivantes :

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1o Superficie affectée à chaque culture et superficie totale : a) d'après le cadastre; b) d'après les recherches à faire par les commissions.

Ce renseignement avait pour but d'assurer, au moins pour la superficie totale, la conformité avec le cadastre des évaluations superficielles à déterminer par les commissions.

20 Céréales (froment d'hiver et de printemps, épeautre, méteil, seigle, orge d'hiver et d'été, avoine d'hiver et d'été, maïs, sarrasin, millet) et farineux (pommes de terre, châtaignes, riz, autres).

3° Principales cultures potagères et maraîchères (haricots frais et secs, fèves et féveroles fraîches et sèches, lentilles, pois secs et verts, choux, carottes, navets et panais, citrouilles et courges, melons et pastèques, asperges, artichauts, choux-fleurs, salsifis, salades de toute nature, et autres).

4° Cultures industrielles: a) betterave à sucre; 6) cultures oléagineuses, graines colza, œillette, cameline, navette, chènevis, lin; e) cultures arborescentes: oliviers, noyers, amandiers, faînes de hêtre; - d) plantes textiles (filasse du chanvre et du lin); — e) soie; — f) autres (houblon, tabac, garance, pastel, gaude, cardère, safran, chicorée, autres).

5o Fourrages: a) prés naturels et pacages (prés secs ou ne recevant que l'eau de pluie, prés irrigués, prés-vergers, pacages; - b) prairies artificielles (trèfles, sainfoin, luzerne, raygrass, mélanges);

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c) fourrages divers destinés à être consommés en vert (fourrages herbacés ou légumineux: févrole, hivernache, vesces d hiver, pois et bisailles, dravière, lentillon, warat, etc.); -fourrages-racines: navet d'automne, rutabaga, betterave à vache, etc.

6o Jachères mortes.

7Vignes.

DEUXIÈME PARTIE. -ANIMAUX DE FERME.

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a) Total des existences au moment du recensement (1) races chevaline, asine et mulassière; espèce bovine; espèce ovine (race commune et perfectionnée); - espèce porcine et caprine; animaux de basse-cour; ruches d'abeilles ; b) valeurs ou prix moyens;

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c) rendement moyen en viande des animaux livrés à la boucherie; d) revenu brut moyen produit annuellement par les principaux animaux de ferme.

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L

nombre de

pour eux et

a) Des divers modes d'exploitation du sol (nombre des propriétaires cultivant par les soins d'un maître-valet, d'un régisseur; propriétaires cultivant de leurs mains, cultivant à la fois pour autrui, comme fermiers, métayers, journaliers; nombre des fermiers non propriétaires, des métayers non propriétaires, des journaliers non propriétaires; nombre des fermes louées par des baux

de 3, de 6, de 9 ans et au-dessus).

b) Étendue des exploitations rurales (par quotité de superficies depuis moins de 5 jusqu'à 100 hectares).

c) Valeur vénale et prix de fermage, par hectare, des diverses natures de propriétés (terres, prés, vignes, bois).

d) Salaires et gages des travailleurs agricoles nourris et non nourris (salaires ordinaires avant et pendant la moisson); - nombre moyen de journées de travail par an et par ouvrier agricole ;

gages et salaires des ouvriers et domestiques loués à l'année et attachés à la ferme. e) Industries accessoires des travailleurs agricoles.

f) Outillage agricole.

9) Améliorations et faits agricoles divers constatés de 1852 à 1862 (défrichement, ensemencement et plantations de dunes et montagnes, irrigations, drainages, desséchement).

Le programme de 1862 comprenait, en outre, à titre d'essai, un certain nombre de questions: sur la production des arbres à fruit (arboriculture); sur la nature et les quantités d'engrais et d'amendements employés par hectare; sur les assolements en usage: sur la nature du sol et sous-sol; - enfin, sur le mode habituel d'alimentation des cultivateurs.

(1) A ces existences avaient été joints, en 1852, tous les animaux nés dans l'année.

I

L'insuffisance des renseignements transmis sur divers points n'a pas permis de les utiliser. Une nouvelle tentative sera peut-être plus heureuse en 1872.

Quelque étendu que paraisse le questionnaire dont l'analyse précède, il est loin cependant d'être complet au point de vue de la détermination de la production agricole.

Il omet notamment le produit: 1o des arbres à fruit (très-considérable en France); 20 des jachères mortes, qui donnent toujours une certaine quantité de fourrages, consommés surtout par les animaux de racine ovine; 3° du droit d'affouage dans les bois et forêts des communes et de l'État; 4° du droit de parcours, de vaine pâture, de gianage, de grapillage; 5° d'un certain nombre de cultures dérobées; 60 des pépinières; 70 des cultures florales, si importantes aux environs des grandes villes; 8° de la récolte truffière, si fructueuse dans quelques départements; 9° de l'emploi, pour l'engraissement du bétail, des tourteaux oléagineux et des résidus des fabriques de sucre de betteraves; 100 de l'élagage des cultures arborescentes (arbres, vignes, haies, etc.); 11° des substances diverses servant à la composition des composts (feuilles, débris de végétaux); 12° des engrais humains, des engrais marins, des marnes, des phosphates extraits de certains sols, des matières fertilisantes fournies par le curage des cours d'eau, étangs, marais, fossés, etc.

Malgré l'omission de ces divers produits, dont la constatation, même approximative, est à peu près impossible, on trouvera que le revenu brut agricole constaté en 1862 dépasse, dans de très-fortes proportions, celui que les enquêtes antérieures avaient mis en lumière. Les principales causes de la différence peuvent se résumer comme il suit:

10 En 1862, les diverses branches du revenu agricole ont été constatées plus exactement qu'en 1839 et 1852.

2o Les rendements se sont accrus dans une proportion très-notable. 3o Mais surtout les prix de tous les produits agricoles se sont trèsrapidement élevés. Cela est vrai surtout pour les animaux de boucherie, pour les petits produits de la ferme (volailles, œufs, beurre, etc.), pour les huiles, les fruits, les légumes, le vin. L'exception que présentent les céréales n'est vraie que dans une certaine mesure. En fait, leur prix, déduit de moyennes à longue portée, s'accroît aussi sans relâche.

Un mot, en terminant, sur le recensement des animaux de ferme. Votre Excellence trouvera, à la suite du tableau des existences dont les données ont été recueillies, en 1862, par les commission's, les résultats d'un dénombrement spécial opéré en 1866 par les soins des maires à l'occasion de celui de la population. Bien que ces résultats soient séparés des premiers par un intervalle de quatre ans, je n'ai pas hésité à les réunir dans la même publication.

Le principe d'un recensement quinquennal des animaux de ferme a

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été adopté, sur ma proposition, par votre honorable prédécesseur, qui a estimé, et avec raison, qu'un intervalle de dix années était trop considérable pour la constatation des mouvements d'un des éléments les plus intéressants de notre richesse agricole. Il a pensé, en outre, qu'une opération de cette nature, faite par les maires en même temps qu'ils procéderaient au dénombrement des habitants, présenterait des garanties d'exactitude particulière, ces fonctionnaires, obligés de se présenter personnellement ou par leurs délégués dans chaque maison, pouvant ainsi contrôler facilement la sincérité des déclarations des propriétaires d'animaux. Au surplus, l'exemple nous avait été donné depuis longtemps par l'Allemagne, où les deux opérations se font toujours simultanément.

Et maintenant, Monsieur le Ministre, je laisse la parole aux faits en ce qui concerne l'enquête de 1862. Ils sont résumés, par département, dans les 75 tableaux dont se compose ce volume, J'ai cru nécessaire de les faire précéder d'une introduction détaillée, qui en facilite l'étude, et en présente méthodiquement le principaux résultats. J'ai l'honneur d'être, etc.

Le Chef de la division de la statistique générale de France,

A. LEGOYT.

CORRESPONDANCE

ENCORE LES ADMISSIONS TEMPORAIRES DES TOILES DE COTON

ET LE SAINT-SIMONISME.

NOUVELLES LETTRES DE MM. DE HEECKEREN ET MICHEL CHEVALIER.

Nous avons reçu, avec prière de l'insérer, la lettre suivante de M. le baron de Heeckeren à M. Michel Chevalier, à propos des lettres de M. Gros-Hartmann, de M. de Heeckeren et de M. Michel Chevalier que nous avons publiées dans notre dernier numéro, à la suite d'une discussion au Sénat, reproduite dans le numéro de mars.

<< Monsieur et cher collègue,

Paris, le 18 avril 1869.

« Je cherche en vain l'utilité de la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser, comme post-scriptum à une discussion vieille de cinq semaines, dans laquelle l'attitude du Sénat a été si peu équivoque sur vos principes économiques.

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