Une Année dans le Sahel

Cover
E. Plon et cie., 1881 - 302 Seiten
 

Ausgewählte Seiten

Häufige Begriffe und Wortgruppen

Beliebte Passagen

Seite 215 - Il ya quelque temps qu'on le répète, et c'est vrai, mais irrémédiable. Autrefois l'homme était tout. Une figure humaine valait un poème. Quand la nature apparaissait derrière l'homme, c'était à l'état d'auréole, et pour remplacer les fonds noirs des portraitistes ou les nimbes d'or des primitifs italiens. La peinture et la sculpture se donnaient la main, à ce point que la peinture avait l'air d'être soutenue par sa sœur aînée. Toute pleine encore des traces de cette commune origine...
Seite 228 - C'est le pays par excellence du grand dans les lignes fuyantes, du clair et de l'immobile, — des terrains enflammés sous un ciel bleu, c'est-à-dire plus clairs que le ciel, ce qui amène, notez-le bien, à tout moment des tableaux renversés; — pas de centre, car la lumière afïïue partout; pas d'ombres mobiles, car le ciel est sans nuages.
Seite 160 - Sur cette terre croît un arbre que ne possède ni l'Asie ni la grande île dorienne de Pélops, arbre qui ne fut pas planté par une main mortelle , qui vient sans culture et devant lequel reculent les lances ennemies ; nulle part il ne pousse plus vigoureux que dans cette contrée; c'est l'olivier au pâle feuillage...
Seite 128 - Les marabouts, dont ce n'était pas la place, habitaient à l'écart dans la montagne. Les mosquées n'y figuraient que pour mémoire, et comme un chapelet dans la main des débauchés. Blidah ressemble aujourd'hui, trait pour trait, à une Mauresque que je vois se promener dans la ville, qui a été belle et qui, ne l'étant plus, s'habille à la française avec un chapeau de mauvais goût, une robe mal faite et des gants fanés : plus d'ombre dans les rues, plus de cafés; les trois quarts des...
Seite 6 - A tous ceux qui me croient un voyageur, tu laisseras en effet supposer que je voyage, et tu diras que je pars. Si l'on demande où je vais, tu répondras que je suis en Afrique : c'est un mot magique qui prête aux conjectures, et qui fait rêver les amateurs de découvertes. A toi je puis avec humilité dire le fait comme il est : ce pays me plaît, il me suffit, et pour le moment je n'irai pas plus loin que Mustapha d'Alger, c'est-à-dire à deux pas de la plage où le bateau m'a débarqué. Je...
Seite 8 - J'ai fait, autrefois deux cents lieues pour aller vivre un mois, qui durera toujours, dans un bois de dattiers sans nom, presque inconnu, et je suis passé à deux heures de galop du tombeau numide de Syphax sans me détourner de mon chemin. Tout est dans tout. Pourquoi le résumé des pays algériens ne...
Seite 48 - ... blanches, la tête enveloppée de mousseline, et rendu plus vénérable encore par la longueur et la blancheur de sa barbe. Une lampe éclairait son travail de nuit ; une très petite fleur d'un blanc pur, ayant la forme d'un lis, trempait dans un vase à long goulot posé devant lui, pour égayer la veillée de ce solitaire.
Seite 17 - Il ya deux villes dans Alger : la ville française, ou, pour mieux dire, européenne, qui occupe les bas quartiers et se prolonge aujourd'hui sans interruption jusqu'au faubourg de l'Agha; la ville arabe, qui n'a pas dépassé la limite des murailles turques, et se presse comme autrefois autour de la Kasbah, où les zouaves ont remplacé les janissaires. La France a pris de la vieille enceinte tout ce qui lui convenait, tout ce qui touchait à la marine ou commandait les portes, tout ce qui était...
Seite 182 - ... par hasard fit envoler des centaines de moineaux et de tourterelles qui dormaient à l'ombre dans le creux des arbres, et je me souviens qu'en voyant s'enfuir à tire-d'aile tous les oiseaux brusquement réveillés, je pensais que toute ma tranquillité d'esprit s'en allait aussi. Voilà ce qui me reste de ma visite à Sidi-Okba: la date d'une émotion politique mêlée subitement à , une pastorale africaine et un faisceau de palmes qui fixe à tout jamais mes souvenirs.
Seite 31 - Elles marchent le visage au vent, et ces femmes enrobe collante, aux joues découvertes, aux beaux yeux fixes, accoutumées aux hardiesses du regard, semblent toutes singulières dans ce monde universellement voilé. Grandes et bien faites, elles ont le port languissant, les traits réguliers, peut-être un peu fades, les bras gros et rouges, assez propres d'ailleurs, mais avec des talons sales; il faut bien que leurs admirateurs, qui sont nombreux, pardonnent quelque chose à cette infirmité des...

Bibliografische Informationen