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était impossible d'en rien retrancher, tandis que, | Enfin, il est maintenant reconnu que, lorsque par une longue série d'annuités détachées, ou les capitaux d'un pays ne trouvent plus chez par l'addition d'un capital fictif considérable, eux un loyer assez fort, ils désertent pour aller cet intérêt était vraiment écrasant : c'est sur ces chercher ailleurs des gains plus considérables. bases ruineuses qu'ont été contractés tous les L'Angleterre l'a éprouvé plus qu'aucune autre grands emprunts de l'Angleterre. Si on fait nation lorsqu'elle a voulu trop abaisser l'intérêt. une moyenne de tous les emprunts consentis En huit ans, treize cents millions sont sortis de par la Grande-Bretagne pendant les dernières chez elle pour s'engager dans les emprunts luttes, on trouve que, par la concession d'un étrangers; et on a estimé à plus de deux millards capital fictif, elle a grossi sa dette de près de et demi les fonds qu'elle a employés, de 1815 à moitié; c'est-à-dire qu'elle n'a guère reçu, en 1825, en placements au dehors : des symptômes réalité, que la moitié des sommes dont elle s'est analogues se sont manifestés en France. Mais, reconnue débitrice; et cependant, pour le capi- comme ces vérités sont encore peu populaital effectivement livré, elle a payé un intérêt res, et qu'il y a encore un grand engouement moyen de 5 1/4 pour cent, auquel il lui est à peu pour les conversions, il est probable qu'il s'en près impossible de faire subir aucune impor- opérera plus d'une dans l'avenir. Il convient tante réduction. Enfin, il a été établi par des donc d'examiner, en finissant les divers systècalculs exacts que les dettes contractées en va- mes de réduction des rentes. Trois opinions leurs réductibles avaient été aussi onéreuses que principales ont été chaudement soutenues; et celles stipulées en fonds non sujets à retranche- chacune d'elles compte de nombreux partisans. ments, à cause de la difficulté plus grande de la On peut d'abord faire une diminution modérée négociation d'un titre frappé de cette menace. sans augmentation de capital, ou bien, au con— Voilà, à coup sûr, des résultats bien remar- traire, on peut opérer une réduction plus consiquables, et qui prouvent que les prêteurs sau- dérable, en la compensant par un accroissement ront toujours se faire payer la réserve du droit que l'État consent dans le chiffre de la dette. de remboursement lorsque l'État voudra la sti- Enfin, on peut adoucir la rigueur de la mesure puler à son profit. Ils ne seront jamais surpris et allécher les rentiers par l'émission d'un cerqu'une fois par la mesure; et, plus tard, ils sau- tain nombre d'annuités qu'on attache comme ront bien prendre leurs précautions. Il ne faut prime au titre nouveau : chacun de ces systèmes pas oublier que, presque toujours, en raison de a des avantages et des inconvénients. Le prela rigueur des temps où se contractent les gros-mier, celui fondé sur la réduction modérée de ses dettes, ce sont les prêteurs qui font la loi, qui dictent les conditions. Le plus avantageux semble donc de se préparer par une longue pratique de probité, de bienveillance, de générosité même, leur confiance et leur bonne volonté.

la rente, procure moins d'avantages immédiats; les résultats sont plus faibles, et il faut recommencer plusieurs fois une opération toujours périlleuse; en outre, laissant les fonds trop rapprochés du pair, il comprime l'essor du crédit Il faut tirer de ces exemples et de ces observa- public; mais c'est le seul qui n'augmente pas tions une conséquence, c'est que les réductions | le capital de la dette, le seul qui ne retarde pas de rentes donnent rarement un résultat avanta- la libération définitive de l'État : enfin, c'est le geux, même au point de vue restreint de l'allé-mode qui froisse le moins les vrais rentiers. Le gement des charges publiques.—Mais il y a plus : les réductions entraînent des inconvénients fort graves: l'expérience semble faite que les essais de conversion ont constamment été le signal de crises commerciales. La catastrophe de 1825, en Angleterre, a été engendrée par le remboursement de 1822; et la secousse éprouvée à la même époque par le commerce français est regardée comme la conséquence de la tentative de 1824. Les opérations semblables de 1830 et de 1834 ont amené, dit-on, le malaise du négoce anglais dans les années suivantes. En outre, on ne remue pas de si énormes masses de capitaux, on ne présente pas tant de chances aléatoires, sans exciter une fureur effrénée d'agiotage.

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second système, celui qui réduit davantage la rente en accroissant le capital, amène du premier coup des résultats plus brillants, c'est celui qui allège le plus immédiatement le service des intérêts de la dette; et il convient très-bien aux spéculateurs, parce que, en constituant un nouveau fonds éloigné du pair, il donne de l'élasticité au crédit et présente des chances de hausse. Mais, par la faiblesse de l'intérêt nominal affecté aux nouveaux titres, il rend impossible toute nouvelle conversion; tandis que par l'accroissement du capital, non-seulement il éloigne l'extinction de la dette, mais il rend même fort problématique la réalité des avantages qu'il promet. En outre, il plait moins aux rentiers, parce que

ceux-ci considèrent dans la rente le revenu plu-
tôt que le capital. Quant au système des annui-
tés, on lui reproche de jeter sur le marché une
trop grande masse de valeurs flottantes; partant,
de fournir trop de matière à l'agiotage: ce qui
tend à imprimer des oscillations dangereuses au
crédit. On voit que la question du meilleur
système de conversion a de nombreuses analo-
gies avec celle de la meilleure constitution des
emprunts: toutefois, il y a entre les conditions
des deux opérations d'importantes différences.
Dans l'emprunt, il s'agit d'un fonds nouveau à
placer; dans la conversion, au contraire, on
opère sur un fonds tout à fait classé. Dans l'em-
prunt, l'État traite surtout avec les spéculateurs;
dans la conversion, il est principalement en
rapport avec les rentiers. Enfin, dans le pre-
mier cas, l'État subit la loi; dans le second, il la
dicte.-En parlant de la constitution des dettes,|
j'ai dit qu'il y avait avantage pour l'État à gros-
sir l'intérêt pour pourvoir stipuler un capital
moindre. Par les mêmes motifs, je n'hésite pas
à penser aussi qu'au point de vue de la conver-
sion, le meilleur système est celui qui diminue
moins la rente, en n'entraînant aucun accrois-
sement de capital. THEODORE BENAZET (MOD.).

elle a été constituée; elle est placée par le Code civil parmi les contrats aléatoires. La mort naturelle du propriétaire l'éteint, mais non la mort civile. La rente perpétuelle tire son nom de ce que le créancier en faveur de qui elle est constituée s'interdit, à perpétuité, la faculté de réclamer le remboursement du capital dont elle | représente l'intérêt, tandis que le débiteur se réserve la faculté d'éteindre la dette en remboursant le capital (voy. DETTE). Les arrérages des rentes viagères ou perpétuelles se prescrivent par un délai de cinq ans. La loi française a déclaré les rentes biens mobiliers.

RENTOILAGE.V. RESTAURATION DES TABLEAUX. RENTRÉE. (Marine.) C'est, à chaque couple d'un vaisseau, la quantité dont le plat-bord rentre en dedans à partir du fort extérieur, ou de la plus grande largeur du vaisseau. Cette rentrée qui varie à chaque couple est toujours nulle à l'avant sous les bossoirs; elle augmente ensuite insensiblement jusqu'au maître couple où elle est de quatre à six pieds de chaque côté dans les vaisseaux de ligne; puis elle diminue vers l'arrière pour donner plus d'espace aux logements dans cette partie la moins exposée aux coups de mer.

Les opinions sont partagées sur les avantages On vient de voir que la rente sur l'État conet les inconvénients de la rentrée dans les vaissiste dans les intérêts de la dette publique, payés seaux. Il est reconnu cependant que la rentrée par les contribuables aux créanciers de l'État; le rend les abordages plus difficiles; donne aux titre que ce dernier délivre aux prêteurs s'ap- œuvres mortes une courbure gracieuse sur lapelle inscription, parce que la somme prêtée est quelle la mer se brise avec moins d'effort; diinscrite sur le grand-livre (voy. FONDS PUBLICS): minue beaucoup la pesanteur des ponts, dont ce titre porte les nom et prénoms du rentier, les baux sont moins longs et d'un moindre équale montant de la rente, le numéro de la série, etc. rissage; diminue également l'écartement des En France, les rentes se payent par semestres et haubans, ce qui donne plus de facilité pour à des époques fixes contre des quittances impri- orienter les voiles. Mais par la suppression de la mées que le trésor fournit lui-même aux ren- rentrée les mâts seraient mieux appuyés; les tiers. Les actes de transmission d'une rente d'une ponts plus larges donneraient plus d'espace pour personne à un nouveau propriétaire se nomment la manœuvre et le recul des canons; une mutransferts. D'importants priviléges sont attachés raille droite offrirait plus de résistance contre aux rentes sur l'État; car ce genre de propriété un coup de vent inopiné, qui inclinerait le vaisa été déclaré insaisissable et non sujet à l'impôt. seau jusqu'au plat-bord. On voit donc que la Les économistes appellent rente de la terre ce rentrée n'est réellement nécessaire qu'aux vaisqu'elle donne chaque année, le revenu foncier. seaux de ligne; aussi donne-t-on peu de rentrées La rente se qualifie quelquefois suivant le taux de aux frégates, et l'on supprime absolument la l'intérêt qu'elle rapporte : ainsi l'on disait autre- rentrée aujourd'hui aux corvettes, aux bricks et fois une rente au denier vingt ou vingt-cinq, et autres bâtiments qui n'ont qu'une batterie. C'est aujourd'hui à 3, 4, 5 pour %, etc. La rente un constructeur anglais qui a été l'inventeur de qui n'est payable que pendant un nombre d'an- la rentrée des vaisseaux; afin de rendre l'abornées déterminé, et dont les intérêts sont com- dage des marins français plus difficile, et de leur binés de façon à l'amortir naturellement, se ôter ainsi les succès qu'ils obtenaient dans toutes nomme annuité. Il y a deux espèces de rentes les actions navales. On ne conçoit pas, d'après ordinaires, la rente viagère et la rente perpé- cela, que les constructeurs français aient adopté tuelle. La première est celle qui est due pendant la rentrée, qui fait perdre l'avantage de pouvoir toute la vie de la personne sur la tête de laquelle | sauter facilement à bord de l'ennemi; les Anglais

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ne craignant des Français que cette manière dé- | Carême et le marquis de Cussy!!! Toute vanité cisive de combattre qui a fait la réputation des à part, j'avoue que la réflexion me décourage; Duguai-Trouin, des Jean Bart et des célèbres mais à quoi bon aussi perdre mon temps à réflécorsaires de la république et de l'empire. DUB... chir au lieu d'écrire? je suis femme et je n'ai pas RÉPARATION. Voy. COMPOSITION et FREDUM. le sens commun... en cuisine; voilà mon excuse Pour la réparation civile, voy. PARTIE CIVILE en deux mots et je continue. - Repas chez les et DOMMAGES-INTÉRÊTS. Grecs. Les Grecs faisaient habituellement trois repas qu'ils nommèrent d'abord acratismos, ariston et dipnon ou dorpos; entre les deux derniers, quelques appétits impérieux en intercalèrent un troisième appelé dilinon ou hespe

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RÉPARATION D'HONNEUR. V.HONNEUR, DUEL, etc. REPARTIE. On prend souvent l'un pour l'autre, dans la conversation, les mots réponse, réplique, repartie; et pourtant il y a entre eux des nuances qu'il ne faudrait pas oublier. Larisma. Ces dénominations changèrent dans la réponse se fait à une demande ou à une question; la réplique se fait à une réponse ou à une remontrance; la repartie se fait à une raillerie ou à un discours offensant. Une repartie se fait toujours de vive voix, une réponse se fait quelquefois par écrit. Les réponses, les répliques et les reparties doivent être justes, promptes, judi- | cieuses, convenables aux personnes, aux temps, | aux lieux et aux circonstances. Une repartie peut être sentencieuse, jolie, flatteuse, galante, noble, belle, bonne, heureuse, héroïque. On peut mettre dans l'ordre des jolies reparties toutes les saillies quand elles ont du sel. La vivacité et la promptitude sont les caractères essentiels d'une repartie. Le mot de repartie a une énergie propre et particulière pour faire naître l'idée d'une apostrophe personnelle contre laquelle on se défend, soit sur le même ton, en apostrophant aussi de son côté; soit sur un ton plus honnête, en émoussant seulement les traits qu'on nous lance: on fait des reparties aux gens qui veulent se divertir à nos dépens, à ceux qui cherchent à nous tourner en ridicule, et aux personnes qui n'ont, dans la conversation, aucun ménagement pour nous. La meilleure repartie ne vaut pas une réponse judicieuse. X. RÉPARTITION, action de faire des parts, de diviser, de distribuer. En matière de faillite, le Code de commerce règle le mode de répartition de l'actif mobilier du failli entre ses créanciers: ils doivent être avertis de l'époque fixée pour l'opérer. Ceux d'entre eux qui n'ont point fait | l'affirmation de leurs créances, ne sont pas admis à y prendre part; néanmoins, la voie de l'opposition leur est ouverte jusqu'à la dernière distribution inclusivement; mais ils ne peuvent rien prétendre aux répartitions consommées. X.

REPAS (du latin pastus, d'où les Italiens et les Espagnols ont tiré pasto, et les Anglais repast). Cette étymologie donnée, je devrais, sans doute, poser la plume. Et que dire, en effet, après les articles DÎNER, et ART CULINAIRE! Que dire surtout après Jules Janin, Frédéric Fayot,

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suite: le mot ariston désigna le premier repas, dorpos le second, et dipnon le troisième. On croit que le premier était le principal, et que les deux autres étaient de simples collations. Il était rare de voir un seul individu faire les frais d'un grand festin; le plus souvent c'étaient des piqueniques (to apo spuridos), ou des festins par écot (eranoi) comme ceux dont parle Homère. Les Lacédémoniens avaient des salles publiques où, en vertu d'une ordonnance de Lycurgue, ils étaient forcés de manger en commun. Ces festins se nommaient sissy tia et pandasiæ; les tables étaient d'environ de 15 personnes, et chacune apportait par mois 1 boisseau de farine, 8 mesures de vin, 5 livres de fromage, 2 livres et demie de figues, et quelque peu de monnaie pour l'apprêt et l'assaisonnement des vivres. Il y avait également à Athènes plusieurs établissements de ce genre, entre autres le Prytanée, où la république entretenait à ses frais les citoyens qui avaient bien mérité de la patrie. Dès le principe, les Athéniens furent aussi sobres que leurs rudes émules; mais lorsqu'ils eurent étendu leurs conquêtes en Asie, lorsque leur commerce les eut approvisionnés de ce qu'il y avait chez les nations étrangères de plus exquis et de plus rare, ils s'abandonnèrent sans réserve à tous les raffinements du luxe et de la gastronomie. Alors trois parties distinctes composèrent leur souper. La première, nommée prooimion (prélude), consistait en œufs, huîtres, herbes amères et autres appétissants; la seconde, en mets solides étalés à profusion; et la troisième appelée second service, en confitures et pâtisseries d'une délicatesse exquise. Le maître de la maison se faisait même apporter d'avance le menu du repas, et chaque convive choisissait ensuite les mets à sa convenance comme chez les restaurateurs de nos jours. Les coupes étaient ornées de guirlandes, et toujours pleines jusqu'aux bords; le caprice du roi du festin décidait du nombre de rasades que chacun devait boire; tantôt c'étaient trois en l'honneur des Grâces, ou neuf en l'honneur

figuraient en seconde ligne le paon, la poule de Guinée, le faisan, le rossignol, et le chevreau d'Ambracie. Toutes ces pièces étaient servies au son de la flûte par des esclaves couronnés de fleurs, dont les attributions respectives étaient sévèrement réglées; ainsi, un maître d'hôtel (structor), était l'ordonnateur en chef du service; un écuyer tranchant (captor), découpait les vian

les coupes, chassait les mouches et rafraîchissait la salle avec des éventails. Le roi du festin, ordinairement désigné par le sort, présidait la fête et réglait, comme en Grèce, le nombre de coups. Parlerai-je maintenant des chanteurs, des jongleurs, des danseurs, des gladiateurs, qui venaient développer en présence des convives toute l'habileté, et souvent toute l'atrocité de leur art? dirai-je que dans tous ces repas il y avait assaut général de gulosité, et qu'il était de bon goût de se faire vomir après chaque service, afin de recommencer sur nouveaux frais? Au nombre des zé

des Muses; tantôt il fallait vider un nombre de coupes égal au nombre de lettres contenues dans le nom de sa maîtresse. Puis on se livrait à des délassements de tout genre, tels que les chants de table nommés scolies, et le jeu chéri du cottabos. Repas chez les Romains. Les Romains avaient l'habitude de ne faire par jour qu'un repas appelé cœna, qui avait lieu à trois heures en été et à quatre en hiver. S'ils prenaient quel-des, tandis que la foule subalterne remplissait quelque chose vers midi, ce léger dîner, nommé prandium, ne peut être regardé comme un repas, puisqu'il ne consistait qu'en un morceau de pain sec ou quelques fruits. Plus tard, l'usage | s'introduisit de faire le matin un déjeuner (jentaculum), et le soir en buvant, une collation, commessatio; quelques-uns mangeaient également entre le prandium et la cœna, et ce goûter fut nommé merenda ou antecana. Dans les premiers temps, à l'exemple des Grecs, des Germains, et des Espagnols, les Romains mangeaient assis sur des bancs de bois rangés autour de la table; ils vivaient d'œufs, de laitage, et de légulés propagateurs de cette recette, signalons en mes, qu'ils apprêtaient eux-mêmes. Mais l'austérité de ces mœurs républicaines ne résista pas longtemps à l'or pernicieux des conquêtes, et désormais la seule ambition du peuple de Romulus fut d'écraser de toute la supériorité de son luxe et de son sybaritisme les nations les plus efféminées de l'Orient. Des lits magnifiques, chargés de coussins et de matelas couverts d'étoffes de pourpre et de broderies, et resplendissants d'or et d'argent remplacèrent le banc modeste des aïeux. Ses tables, en bois de citronnier, venu de la Mauritanie, étaient vernies de couleur pourpre et or, supportées par des pieds d'ivoire du plus riche travail. De même que chez les Grecs, on prit le bain avant le souper; et le costume ordinaire était alors remplacé par un vêtement nommé synthesis, dont notre robe de chambre n'est qu'une imitation. Les guirlandes et les parfums dont la vogue était si répandue chez la fashion d'Athènes, furent prodigués à pleines mains par l'élégante société de Rome. La plus minutieuse délicatesse vint présider au choix des fleurs et des feuillages qui composaient la couronne des convives. Alors on vit des salles à manger dont les lambris, imitant les conversions du ciel par un mouvement circulaire, représentaient les diverses saisons de l'année, qui changeaient à chaque service, et faisaient pleuvoir les essences les plus rares. Alors eurent lieu ces repas mythologiques dont la dépense ferait pâlir nos plus fastueux aristocrates. Là, près du mulet, du turbot, du sarget, de la lamproie, du loup-marin et des coquillages les plus rares,

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terminant l'empereur Vitellius et son frère, ce digne Lucius, dont le nom ne périra pas, grâce au fameux banquet où il fit servir 2,000 plats de poisson et 7,000 pièces de gibier!—Repas chez les Francs. La frugalité primitive des Grecs et des Romains se retrouve chez les Francs et les Gaulois : du porc et de grosses viandes; pour boisson de la bière, du poiré, du cidre et du vin d'absinthe, tel était l'ensemble de leur repas. Les Français, sous François Ier, dinaient à neuf heures du matin et soupaient à cinq heures du soir, suivant cette rime :

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Lever à cinq, diner à neuf,

Souper à cinq, coucher à neuf,
Font vivre d'ans nonante-neuf.

Sous Louis XII, on dînait à huit heures du matin; mais pour plaire à sa dernière femme, le monarque changea de régime; il ne dina plus qu'à midi, et au lieu de se coucher à six heures du soir, il se coucha souvent à minuit. Cette nouveauté ne fit pas fortune à la cour de France; aussi, après la mort de ce roi continua-t-on à dîner de neuf à dix heures du matin, et à souper à cinq ou à six heures du soir. Sous Henri IV et sous Louis XIV, la cour dînait à onze heures du matin. Aujourd'hui, on le voit, nous déjeunons à l'heure où l'on dînait autrefois, et nous dinons à l'heure du souper. - Repas funéraires, repas des morts, repas des noces. Pour compléter cette esquisse rapide, il me reste à jeter quelques indications qui ne sont pas dépourvues d'intérêt. Dans l'antiquité grecque et romaine, on appelait

repas funéraire une cérémonie religieuse insti- | a commis un crime, d'abord la vengeance lui tuée pour honorer la mémoire de celui dont on paraît douce; ou s'il l'a commis pour de l'or, il pleurait la perte, et pour rappeler aux assistants s'étourdit avec le fruit de son forfait. Mais quand le souvenir de sa mort. La cérémonie terminée, le feu de la vengeance est éteint, ou quand l'or ils se disaient adieu comme pour une séparation s'est dissipé, il se prend à repasser dans sa mééternelle. Ordinairement, le repas était servi chez moire la vie de l'homme qui fut sa victime, et un des parents du mort. Lorsque la république ce qui le porta à se rougir ainsi du sang d'un de d'Athènes voulut célébrer les obsèques des guer- ses frères. Au milieu du silence de recueillement riers de Chéronée, elle fit un de ces repas, et la dans lequel il se plonge, il lui vient une pensée maison de Démosthène fut choisie pour le don- pénible: c'est d'abord un regret; il n'y a plus ner. - Le repas du mort (cœna mortui) était là de crainte de la justice outragée ou du châtiégalement une cérémonie funèbre ; on en distin- ment qui menace, c'est un commencement de guait de deux sortes : les uns avaient lieu dans la remords. Peu à peu sa conscience se trouble; maison du mort, au retour du convoi, entre ses bientôt l'ombre de la victime vient plaider sa parents et ses amis; les autres se faisaient sur le cause devant le coupable; puis le nuage se distombeau même l'on y servait à manger pour sipe, l'ombre s'efface et le remords apparaît. les âmes errantes, et on croyait que la déesse Alors, si l'âme du coupable est faible, il a peur, Trivia, qui présidait aux chemins et aux rues, y il tremble; il voudrait à tout prix n'avoir pas assistait pendant la nuit. L'usage de mettre commis son crime. Dans sa terreur, il se déteste de la nourriture sur les sépulcres était commun lui-même; il maudit l'instant où sa fatale passion chez les Hébreux. Tobie exhorte son fils à manl'a poussé. Si l'âme du coupable est forte, il ger son pain sur la tombe du mort et à n'en point réfléchit et il se dit : J'ai mal fait; et lui aussi manger avec les pécheurs, c'est-à-dire avec les voudrait à tout prix se débarrasser du poids de païens qui pratiquaient la même cérémonie. ce crime qui l'écrase; et l'âme de tous deux est C'est de ces derniers que le prophète Baruch dit: pleine de repentir. Si le mal est réparable, Rugiunt autem clamantes contra deos suos, l'homme qui se repent le réparera; s'il ne l'est sicut in cœnâ mortui. Les repas de noces pas, l'homme qui se repent est presque absous. étaient proscrits à Lacédémone; mais il paraît, Car le repentir est le regret amer et réfléchi d'après un dialogue de Lucain, intitulé les La- d'une âme qui a commis une faute et qui voupithes, qu'ils ne l'étaient pas chez les Athéniens. drait la réparer. Le repentir est le dernier deA Rome, le lendemain du mariage, l'époux don- gré; il vient après la pitié et la peur, le regret et nait à ses parents et amis un grand festin appelé le remords. « Ces larmes, dit J. J. Rousseau, repotia, pendant lequel la jeune mariée, assise sont de regret, mais non de repentir. » On ne avec lui sur le même lit, tenait les propos les craint pas de laisser voir son repentir, car le plus graveleux. Voilà le résumé de mes étu- repentir est tout près de l'aveu. « C'est mon des historiques sur un sujet si fécond en déve- plus cruel supplice, dit encore Jean-Jacques, de loppements de tous genres. J'aurais pu écrire un n'être amusé que par mon cœur, et de voir atvolume en quatre services. Puisse cette considé- tribuer au bon naturel des larmes que m'arrache ration me faire trouver grâce aux yeux du lec- un long et pénible repentir. »— C'est une chose teur! bien admirable que d'avoir fait du repentir une religion et un mérite; c'est là une des institutions les plus belles et les plus nobles qu'ait pu faire une religion; et le christianisme, qui appelait à lui les gentils et les pécheurs, a appelé aussi le repentir et l'a baptisé chrétien, répondant en cela au besoin de notre cœur. Car si le repentir est près de l'aveu, il renferme aussi une certaine honte. L'homme qui se repent veut une âme pour épancher son âme, pour dire sa honte et son regret. On veut encore dire ici avec le philosophe de Genève : « Vous qui pûtes pardonner mes égarements, comment ne pardonnerez-vous pas la honte qu'a produite leur repentir! » Et c'est en cela que la religion catholique a bien compris le cœur de l'homme; elle

LUCY DE CASTELMORE (MOD.). REPENTIR. Autrefois le grand orateur Démosthène se sentant pris d'une violente passion pour la courtisane Laïs, celle-ci lui demanda cent drachmes pour une seule nuit d'amour; alors le grand homme redevint philosophe et s'écria: A Dieu ne plaise que j'achète si cher un repentir! » Il savait bien que lorsque la passion ne serait plus pour lui qu'un souvenir sans attraits, la réflexion lui viendrait au cœur, et qu'alors il se dirait dans sa conscience : « J'étais bien fou quand je mis mon or aux pieds de l'idole | pour servir à la parer aux yeux de la foule et pour l'encourager de mon hommage, » et qu'alors un regret amer s'emparerait de son âme en proie au plus vif repentir. — Lorsqu'un homme

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