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dans le tombeau. Otez cette partie du culte public, l'homme mourant, tout meurt aved lui, parens, amis, patrie, providence divine, toutes ses affections les plus pures rentrent avec lui dans la même poussière; et comme l'insecte qui rampe sur l'herbe, l'homme, quand il a vécu, est comme s'il n'avoit jamais été. Triste et désolante perspective de l'avenir; c'est la seule qui nous reste, si le culte de la Divinité n'entre pour rien dans notre existence; si ce témoignage n'est qu'un mensonge et une erreur, et si l'aveugle destin des sophistes et leur affreux néant est la seule vérité que nous devions croire, et le dernier terme où tout doive aboutir.

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Que sommes-nous alors, infortunés enfans des hommes, où est la raison et la fin de notre existence, et pourquoi cet univers luimême existe-t-il, s'il ne doit nous offrir dans sa durée que le spectacle affreux des passions humaines en délire, de la vertu le plus souvent méconnue, du vice et de l'iniquité presque toujours triomphans? Comme une pareille doctrine flétrit l'ame! Comme elle est humiliante pour le sentiment! Comme elle est capable de détruire en nous les rapports les plus essentiels de la morale, et à produire une soudaine dégradation dans nos ames! Non, il ne sauroit davantage se respecter soi-même; il ne sauroit envisager sans effroi son semblable, l'homme qui ne voit dans l'homme que l'orphélin de la nature, le compagnon de la brute et l'enfant du hasard. Il ne sauroit jonir sans mêlange, des consolations de la piété filiale et fraternelle, celui qui, dans ses pa

rens,

rens, dans ses frères, dans ce qu'il a de plus cher sur la terre, ne voit plus qu'une réunion d'atômes, aujourd'hui rapprochés, et demain désunis, et dont le dernier résultat est la décomposition et la dissolution des parties; non, il ne serrera jamais la main d'un ami avec une joie vive et pure, celui qui ne voit dans ce signe de l'amitié, qu'un corps qui touche l'autre; celui dont les sophistes ont à ce point perverti l'esprit et dégradé le cœur, que son ami lui-même, et le bœuf qui beugle et l'insecte qui rampe, ne sont plus à ses yeux que la même nature homogène, destinée à subir des modifications diverses, et à renaître successivement sous toutes les formes de l'animal', du végétal et du minéral.

Ah! heureux celui qui, exempt de tous ces doutes et de toutes ces incertitudes, se montre également supérieur aux préjugés de la superstition et aux préjugés plus vains encore d'une fausse philosophie. Heureux! le véritable adorateur en esprit et en vérité, qui se fait du culte public une idée conforme à la bonté suprême, qui craint Dieu, mais d'une crainte toute filiale, d'une crainte pleine d'alégresse et d'amour, qui est moins la preuve de notre dépendance, que de notre liberté et de notre subjection, que de notre élévation réelle. Cet homme mérite qu'on l'appelle heureux, parce qu'il est dans la voie de la vérité et de la justice.

H

Aux rédacteurs, sur l'annonce du nouvel ouvrage du C. Anquétil Duperron.

Le citoyen Anquétil voudroit-il me permettre quelques observations sur l'annonce de son nouvel ouvrage?

Je crois cet ouvrage très-intéressant pour toutes les classes de lecteurs instruits.

Je crois qu'il est fait pour exciter, dans le dépérissement de la morale publique, dans l'absence de tous les principes, un intérêt général; il confirmera les uns dans la connoissance des vrais principes, il y rappellera les

autres.

Il vient de paroître deux ouvrages volumineux contre la fui des premiers peuples; le dessein des auteurs est de prouver que l'idolâtrie fut la religion primitive du genre himain, et que l'idolâtrie ne dût elle-même son origine qu'à l'astronomie. L'ouvrage du citoyen Anquétil est la meilleure réfutation I'❜on puisse faire de pareilles erreurs.

que

Mais je crois qu'il seroit important d'en donner une version françoise dans le moment, 1o. pour le mettre à la portée de tous. Le nombre des savans qui veulent se donner la peine de lire dans des livres latins est plus rare, depuis la suppression des Universités, des Monastères, des Chapitres, etc. - Depuis six ans que la révolution la révolution a commencé commencé, la génération présente a fort négligé cette langue. Ceux même qui la possèdent, aiment mieux, en général, lire dans leur langue naturelle.

C'est là, si vous voulez, une paresse de leur part; mais cette paresse existe."

2o. Le C. Anquétil se plaint d'une traduction du Zend-Avesta, qui n'est point conforme à ce qu'il en a publié lui-même. Mais croit-il que son ouvrage, imprimé en latin, seroit exempt d'un pareil brigandage? Je pense, tout au contraire, qu'il s'en imprimeroit des traductions françoises, qui auroient plus de débit sous ses propres yeux, que l'original en latin qui resteroit dans les bibliothèques des savans. 3o. Je desirerois qu'un ouvrage, aussi utile dans le moment, pût être imprimé en 2 vol. in-8°., ou en un vol. in-4°., pour circuler aussitôt dans toute la France, et je répondrois du plus grand succès pour les souscriptions, qui couvriroient bientôt tous les frais. Il faudroit pour cela que l'annonce en fût faite dans

quoit

tous les journaux.

4o. Rien n'empêcheroit, dans un temps plus opportun, de faire imprimer l'original latin. Je conviens que l'Europe savante y gagneroit; mais dans le moment, je craindrois que les communications n'étant pas libres avec l'Allemagne, l'Italie et l'Angleterre, qui auroient pu souscrire pour un grand nombre d'exemplaires, l'on ne pût retirer de sitôt les frais d'impression et de papier, qui sont prodigieux.

Je prie le C. Anquétil de me pardonner ces observations. Le seul desir de donner à son nouvel ouvrage toute la publicité possible, et d'en hâter l'impression, m'a porté à lui communiquer ma pensée par la voie de vos Annales.

Je suis, etc.

1

Aux rédacteurs des Annales Religieuses,
Politiques et littéraires.

Citoyens,

La relation des dangers que courut aux fameuses journées des 2, 3 et 4 septembre, l'estimable auteur des sourds-muets, donne à votre No. 1 un intérêt bien piquant. Vous continuerez sans doute de recueillir ainsi tous les traits de courage du même genre. Quoi de plus propre à faire ressortir les caractères de vérité qui conviennent essentiellement à la cause que vous défendez! C'est la cause même de la Religion, la seule qu'on soutienne aux dépens de sa vie, et dont la croyance s'établit merveilleusement, par le sacrifice de ceux qui la scellent de leur sang. Car, comment ne pas croire à des témoins qui se font égorger?

Quelle est belle, cette Religion auguste, cimentée du sang de ceux qui la prêchèrent les premiers, et qui, loin de se laisser abattre par la rage de ses persécuteurs, est toujours sortie plus vigoureuse et plus forte des combats livrés par toutes les puissances de l'enfer à son apparente foiblesse!

Nous avons eu, comme vous, citoyens, dans nos départemens, nos journées de septembre, et nos bourreaux et nos martyrs.

Ce qui s'est passé à Orange, petite ville du Comtat Venaissin, est bien digne de figurer dans vos Annales; ce ne sera pas un des moindres triomphes de la Religion. C'est ici, dans la foiblesse même, qu'on a vu éclater la force des premiers siècles de l'église.

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