tiennes terminoient la psalmodie de leur office.

A six heures, le bruit du tambour, les cris de vive la nation, vive la république, annonçoient la prochaine exécution de celles qui manquoient; alors celles qui leur survivoient, récitoient à genoux, pour les sœurs condamles prières des Agonisans et celles de la Recommandation de l'ame.

nées,

Quelques instans après, et quand elles présumoient que le jugement des hommes étoit subi, et que celui de Dieu avoit couronné leurs compagnes, elles se levoient, récitoient le TE DEUM et le Pseaume LAUDATE DOMINUM OMNES GENTES, etc. et elles se séparoient, en s'exhortant ensemble à la mort du lendemain.

C'est le 4 juillet, que le tribunal commença à décider du sort de ces quarante-deux martyres. On les interrogea, une à une, sur leur état, leur profession, et sur-tout sur le serment relatif à la constitution civile du Clergé. Leur réponse sur tous ces points fut unanime, « Ce » serment est contraire à ma conscience. Mes » principes religieux le condamnent. Tu »es encore à temps de le prêter », répondoit à chacune le président du tribunal; « tu peux » à ce prix être innocentée par nous ».

D

Je

ne puis sauver ma vie aux dépens de ma foi, répondoit chacune de ces saintes religieuses, et sur-le-champ leur arrêt de mort étoit pro

noncé.

Voici leur nom, si digne de mémoire, leur âge, et ce qu'il y a de particulier sur leur martyre.

La sœur Desage, religieuse Bernardine, à

Caderousse, âgée de 48 ans, reçut la première la palme du martyre.

La sœur Suzanne St.-Martin-Gaillard, religieuse du St. Sacrement, à Bolene, âgée de 32 ans, fut condamnée le lendemain.

Le 6 juillet, Marie-Anne-Marguerite Rocher, dite sœur des Anges, Ursuline, à Bolene, âgée de 38 ans; Magdeleine Guilsemier, dite sceur Mélanie, du même couvent, âgée de 35 ,ans, subirent leur jugement.

La sœur Rocher, menacée d'être traduite aux prisons d'Orange, incertaine du parti qu'elle devoit prendre, consulte son père, vieillard octogénaire, d'une grande piété, qui n'avoit que cette fille pour le servir sur la fin de sa carrière : telle fut la réponse de ce vieillard religieux. « Il me seroit bien facile

de vous cacher, ma chère enfant, et de » vous dérober aux recherches des persécu»teurs. Mais examinez bien devant Dieu, si, » en fuyant, vous ne vous écartez pas des » desseins qu'il a sur vous. Il veut peut-être » votre mort, comme celle d'une victime qui » doit appaiser sa colère. Je vous dirai, comme » Mardochée à Esther, que vous n'existez pas » pour vous, mais pour son peuple.

Un conseil aussi généreux fit sur l'ame de la religieuse, tout l'effet que produisit autrefois sur Esther le discours de Mardochée.

Elle ne balançà plus sur le parti sur le parti qu'elle devoit suivre; elle se montra, comme à l'ordinaire, dans les oratoires qu'elle avoit coutume de fréquenter. Elle y fut prise, comme l'avoient été déja quelques-unes de ses compagnes, et conduite en prison. Elle y fut comblée graces extraordinaires. Dieu lui fit connoî

de

tre le jour même de son sacrifice. La veille de sa mort, elle demanda pardon à toutes ses compagnes des scandales qu'elle avoit pû leur donner, se recommanda à leurs prières, en les assurant qu'elle auroit le BONHEUR d'être condamnée le lendemain. Elle le fut en effet; et lorsque sa sentence lui fut prononcée, remercia ses juges, de l'air le plus gracieux: « Vous me faites, leur dit-elle, plus de bien » que vous ne paroissez me vouloir de mal.

elle

Je vous dois plus qu'à mon père et à ina » mère. Ceux-ci ne m'ont donné qu'une vie » mortelle, et celle que va me procurer la sen»tence que vous venez de prononcer, me don» nera une vie éternelle ».

Qui pourroit, en lisant ces traits de courage, ne pas se rappeller ceux que rapporte l'écrivain sacré, qui nous a conservé la fin glorieuse des sept enfans de la mère des Machabées?

Le 7 juillet, Agnès Roussillon (St. Louis), âgée de 46 ans, et Gertrude de Lasier (Ste. Sophie), âgée de 35 ans, Ursulines de Bolene, furent condamnées et exécutées. Elles allèrent à la mort avec une joie si grande, qu'elles baisèrent l'instrument de leur supplice, et remercièrent leurs juges et leurs bourreaux. La sœur Sophie s'étoit réveillée, dans la nuit, remplie d'un contentement parfait, qui lui avoit fait répandre des larmes Je »suis, disoit-elle, dans' une sorte d'extase, » et comme hors de moi-même; je suis certaine que demain je mourrai, et je verrai » mon Dieu ». Ensuite elle craignit que ce ne fut une tentation et un mouvement d'orgueil, et elle eut besoin d'être rassurée.

Le 8 juillet, le tribunal condamna à mort Elisabeth Peleisier (Ste. Thérèse), âgée de 54 ans; Rosalie Bès (Ste. Pélagie), âgée de 34 ans; Marie Blanc (St. Martin), âgée de 52 ans, religieuses du St. Sacrement, de Bolene; et Marguerite Basvare (Ste. Sophie), Ursuline, au Pont St.-Esprit, âgée de 54 ans. A l'instant même où leur jugement fut prononcé, la sœur Pélagie dit à ses compagnes : « C'est donc aujourd'hui que le céleste époux va > nous admettre aux nôces, pour lesquelles >> nous avons fait jusqu'à ce jour des sacrifices » si légers. Allons, mes sœurs, au devant de » ce divin agneau, qui nous appelle. C'est » vraiment aujourd'hui le jour de notre mariage; et en montrant l'anneau qu'elle avoit » reçu le jour de sa profession : voilà, ditelle, le gage de la promesse qui nous fut » faite, et qui va être remplie en ce moment. » Allons, mes sœurs, allons ensemble au » même autel; que notre sang, en lavant nos » infidélités, en se mêlant à celui de notre victime, nous ouvre les portes des tabernacles » éternels». Elle embrassa toutes ses sœurs; on les mena au supplice.

Le 9 juillet, furent jugées et exécutées, Magdeleine Taillien (St. Xavier), âgée de 46 ans; Marie de Genés-Chansolle (St. Sacrement), âgée de 35 ans, religieuses du St. Sacrement, à Bolene; Louise Cluse (Bon Ange), âgée de 29 ans, converse au même couvent; et Eléonore de Justamon (St. Henri), âgée de 46 ans, religieuses de Ste. Catherine d'Avignon.

Du 9 au 13 du même mois, on n'en traduisit aucune au tribunal, afin d'en condamner à la fois, un plus grand nombre.

Le 13, six furent condamnées: Anastasie de Rocard, supérieure des Ursulines de Bolene, (St. Germain); Marie-Anne Lambert (St. François), âgée de 54 ans, converse au même couvent; la sœur Ste. Françoise, âgée de 38 ans, converse chez les Ursulines, à Carpentras, et trois religieuses du St. Sacrement, à Bolene; Elisabeth Verchiere, âgée de 28 ans; la sœur Alexis Mincette, âgée de 50 ans; et Henriette Laforge, âgée de 26 ans. La sœur Ste. Françoise disoit aux autres sœurs, la veille de leur condamnation : « Ah! mes chers sœurs! quel jour que celui qui se prépare! ..... » Demain, nous allons voir notre époux!. Un époux immortel, que nous n'avons ja >> mais vu ».

Le 16 juillet vit périr sept autres religieu ses, qui montrèrent le même desir de la mort, le même calme, le même courage. Leurs noms seront un jour sans doute écrits, à la suite de ces noms glorieux, dont le martyrologe de l'église catholique romaine est enrichi. Madame de Justamon; on dira un jour SAINTE Justamon, Ursuline, à Perne, âgée de 50 ans; Marie-Anne Doux (St. Michel), âgée de 40 ans, converse; Me. Gardon (aimée de Jésus); et Marie Becqui (St. Joachim), toutes deux âgées de 60 ans, religieuses du St. Sacrement, à Bolene; Marie Lage (St. André), âgée de 62 ans, Ursuline, à Bolene. La veille de sa mort, celle-ci tomba dans une grande tris tesse, craignant que Dieu ne la jugeât pas digne de la couronne du martyre; mais su l'autel de son sacrifice, elle montra plus de force, qu'elle n'avoit montré la veille, d'abat tement et de tristesse. On vit une autre Ur