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suline de Bolene, âgée de 40, ans, Jeanne Roussillon, qui avoit témoigné un grand desir de mourir un des jours consacrés à quelque fête de la Ste. Vierge, consommer son sacrifice avec la soeur Magdeleine - Dorothée de Justamon, âgée aussi de 40 ans, qui avoit demandé la même grace. Celle-ci, montée sur le char de mort, dit aux gardes, qui ne purent l'entendre sans en être attendris : « qu'ils » sont bons, ceux qui viennent de nous con» damner! Nos parens nous ont donné une » vie pleine d'amertume, une vie périssable; » et nos juges ordonnent qu'on nous donne > en échange, une vie éternelle, une vie dé

licieuse, exempte de peines et de chagrins. Un paysan voyant passer ces femmes célestes, s'incline avec respect, et demande à foucher le bord de leurs habits, mais leur humilité se refuse à cette sorte de culte, et elles s'écrient : « Ah! plutôt, priez Dieu pour nous » dans moins d'un quart d'heure, tous les » siècles auront passé devant nous, le temps » aura fini, et l'éternité sera commencée. Priez » pour nous ce Dieu qui va nous juger dans » l'instant, ce Dieu qui voit des souillures dans » la justice même ».

Cette sainte fille ne fut pas plutôt montée sur l'échafaud, qu'elle mêla sa voix à celle du peuple, qui crioit: Vive la nation. « Oui, s'écria-t-elle, je le dis comme vous, et avec plus de justice que vous: VIVE LA NA»TION, qui nous procure en ce beau jour » la grace du martyre ».

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Le 26 juillet, cinq autres religieuses subirent le même sort. Qui es-tu, demanda le président du tribunal à la première qui fut traduite

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devant lui; c'étoit la supérieure des Ursulines de Sisteron, Thérèse Consolon : je suis fille de l'Eglise catholique, répondit - elle. Claire Dubac (Ste. Sophie), âgée de 52 ans, répondit à la même question, qu'elle étoit religieuse, et qu'elle le seroit jusqu'à la mort, de cœur et d'ame. Les compagnes de leur sacrifice furent Anne Cartier (St. Basile), âgée de 68 ans, Ursuline, au Pont St.-Esprit; Marguerite Bonnet (St. Augustin), religieuse du St. Sacrement, âgée de 74 ans; et Magdeleine-Catherine Dejenes de JuSTAMON, âgée de 70 ans.

Encore une martyre de ce nom si privilégié. Quelle admirable miséricorde en faveur de cette heureuse famille! Des tantes, des nieces, des sœurs, immolées en un même jour et sur le même autel, vont se retrouver ensemble dans la grande famille, où il n'y a plus qu'une paix inaltérable et un bonheur éternel.

Telle fut la fin glorieuse de ces saintes Vierges, l'honneur et la gloire de l'église de France.

La mort du corps n'est RIEN pour qui la vie de l'ame est TOUT; pour qui sait distinguer ce qui est à Dieu d'avec ce qui est aux hommes. Alors on sait mourir, plutôt que de se détacher du tronc où est la vérité. Si c'est la cause qui fait les martyrs, et si les martyrs, à leur tour, établissent la légitimité de la cause, quel autre rang donner à ces saintes religieuses, que celui que l'église avoit déja donné aux fondatrices de leurs ordres.

Le 9 thermidor empêcha le supplice des religieuses qui restoient encore dans les prisons d'Orange. Quatre y avoient été condannées,

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et six l'auroient été, le lendemain. Elles furent condamnées à survivre à celles dont elles avoient partagé les fers; et il fallut les consoler de n'avoir pas été trouvées dignes de mourir. Puisse le sang de celles qui ont précédé celles-ci leur mériter la grace d'arriver, un jour, à la même récompense, par l'exercice des mêmes vertus? Puisse-t-il, ce sang innocent, intercéder pour ceux qui l'ont versé, et faire de leurs juges, de leurs bourreaux, et de tous ceux qui applaudirent à tant de barbarie, autant de pénitens qu'il y cut de coupables! C'est le seui desir de vengeance que puissent se permettre des chrétiens.

par

O prisons.d'Orange (1)! enceinte consacrée le courage de tant de martyres! vous deviendrez sans doute, un jour, une sorte de Temple, où l'on verra la piété se porter avec empressement, comme elle se portoit aux catacombes des martyrs, dans les beaux jours de l'église naissante. On ira visiter ces saints lieux sanctifiés par tant de vertus. On s'y rappelera les conversions multipliées dues aux exemples et aux leçons de ces pieuses Vierges. On y racontera les discours de tous ceux qui furent les témoins de leur courage; et on ne les quiitera qu'avec les dispositions saintes de ce jeune homme de la ville d'Alais, qui laissa dans cette prison, où il avoit admiré de si grands modeles, tous les goûts du siècle qu'il y avoit apportés, pour aller dans la solitude, mener une vie

(1) Cette cour, appellée le Cirque, où les condamnés attendoient l'heure de leur exécution', ne seroitelle pas le même Cirque, arrosé du sang des premiers chrétiens, sous les Nérons et les Maxences!

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pénitente qui pât lui mériter de partager, un jour, la gloire de celles dont il avoit cu le bonheur de partager les chaînes.

Réponse d'un prêtre de Saint-Sulpice, moribond, sur un vaisseau, à Rochefort, à un de ses confrères, déporté comme lui, qui s'affligeoit de voir que, même en cet état, on le laissoit manquer de tout.

NOUS SOMMES LES PLUS MALHEUREUX DES HOMMES; MAIS NOUS SOMMES LES PLUS HEUREUX DES CHRÉTIENS.

Aux Rédacteurs des Annales Religieuses.

Paris.

Hâtez-vous de faire connoître, par la voie des vos Annales, les derniers traits de la vie de l'abbé de Fénélon, une des victimes de T'impiété de Robespierre; la notice que je vous envoie est imprimée à la suite de plusieurs anecdotes édifiantes, dont vous ne devez pas priver vos lecteurs. C'est un témoin oculaire; c'est un prêtre, c'est un confesseur de JésusChrist, qui raconte avec une simplicité vraiment évangélique, des faits qu'il a vus ou entendus lui-même, ayant été successivement prisonnier pour la cause de la foi, soit à Versailles, soit à Paris. Le recueil de ces anecdotes édifiantes, pour tout l'univers catholique, se trouve imprimé à la suite du premier vol. de la Vie et des Œuvres de M. Conneaux, zélé missionnaire, décapité à Paris, en 1794. Je reviendrai sur cet ouvrage, en 3 vol. in-12.

TRAITS ÉDIFIANS ARRIVÉS DANS DIVERSES

PRISONS.

Notice sur l'abbé de Fénélon, une des victimes du tribunal révolutionnaire de Paris; par un prisonnier, témoin oculaire.

«L'abbé de Fénélon, de la famille du grand Fénélon, vieillard octogénaire, si connu à Paris par son zèle et sa lib ́ra lité envers ceux qu'on appelle les Petits Savoyards, brilioit dans la maison d'arrêt du Luxembourg, par Féclat de ses vertus. Tout le temps qu'il ne donnoit pas, pendant le jour, à la priè e et à de saintes lectures, étoit consacré à faire, dans le secret, les œuvres d'un homme apostolique.

» Ce vénérable prêtre étoit transporté de ioie et remercioit Dieu de tout son coeur, quand il avoit eu le bonheur de convertir une seule ame; et il n'y a que Dieu qui sache combien il a ramené d'ames égarées, dans le chemin de la vérité. Sa confiance en Dieu, qu'il regardoit comme le plus tendre des pères, étoit admirable, et il desiroit ardemment de donner sa vie pour Jésus-Christ. Je m'en apperçus par une réponse qu'il me fit. Je crois bientôt paroître devant le tribunal, lui disois-je, je suis dénoncé comme fanatique. Le vrai serviteur de Dieu me dit : « Ah! que je vous félicite, je voudrois bien être à votre place! » Quel bonheur de mourir pour avoir rem, » son devoir! C'est mourir pour Jésus Christ

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