Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

» qui est mort pour nous, je n'aurai pas ce » précieux avantage; je n'en suis pas digne». Ces paroles, et encore plus, l'onction dont il les accompagna, me pénétrerent pour lui d'un respect religieux, et remplirent mon ame de consolations.

Le jour de la grande levée des détenus du Luxembourg, après que la troisième charretés fut partie; (c'étoit vers les huit heures du matin), je demandois à tous ceux que je réncontrois l'abbé de Fénélon est-il du nombre? Les uns me discient oui, parce qu'on avoit em. mené un de ses parens, qui portoit le même nom; les autres m'assuroient qu'il n'en étoit pas, et en effet, on ne l'avoit pas appellé; il étoit alors environné de plusieurs prisonniers, qui se félicitoient de ce qu'ils le possédoient encore; mais ils ne devoient pas le posséder longtemps.

» M. l'abbé de Fénélon étoit sur la liste de. ceux qui devoient mourir, le jour même, ou le lendemain, et il n'avoit pas été appellé, paroubli. Mais comme l'on vint à s'apperçevoir que le nombre des victimes désignées n'étoit pas complet, qu'il en manquoit une, l'abbé de Fénélon, on envoya le chercher, à l'heure même. A cet appel des guichetiers: Fénélon, Fénélon! Beaucoup de prisonniers, accablés d'une douleur profonde, se portèrent sur ses pas, pour voir encore une fois celui qu'ils regardoient comme leur père dans la foi. Fénélon touché de leurs larmes, leur parla le langage d'un vrai martyr; il porta dans leur ceur des sentimens de consolation et de résignation, et il descendit ainsi du troisième étage où il étoit logé.

» Il y avoit parmi les détenus deux ou trois Savoyards qu'il avoit instruits, et à qui il avoit fait faire la première communion. Lorsqu'ils le virent aller au greffe, l'un d'eux s'écria, en versant des larmes : Quoi! mox bon père vous allez aussi au tribunal? Il lui répondit d'un ton paternel; ne pleurez pas, mes enfans, c'est la volonté de Dieu, priez pour moi. Si je vais dans le Ciel, comme je l'espère de la grande miséricorde de Dieu, je vous assure que vous y aurez un bon protecteur.

Je ne sais rien de ce qu'il dit ni de ce qu'il fit, jusqu'à ce qu'il fut dans le chariot qui te conduisit à Péchafaud; mais ce chariot, et ensuite l'échafaud, furent pour lui deux chaires, où il prêcha Jésus-Christ et son évangile, où il inspira à ses camarades d'infortune, des sentimens de pénitence et de confiance. Il leur fit entendre ces paroles: Mes chers camarades » Dieu exige de nous un grand sacrifice; celui » de notre vie, offrons-le lui de bon cœur, c'est » un sûr moyen d'en obtenir miséricorde. Ayons confiance en lui, il nous accordera le » pardon de nos péchés dont je vais, comme » son ministre, vous donner l'absolution ». On dit qu'il avoit obtenu de l'exécuteur la permission de parler, et que cet homme s'inclina, dans le temps que le saint prêtre prononça les paroles sacramentales».

[ocr errors]

Notice sur la prison de DOM NON AN, Prieur de la Chartreuse de Paris, condamné à mort, dans la prétendue conspiration du Luxembourg.

On ne conçoit pas comment ceux qui, pour multiplier le nombre de leurs victimes, imaginèrent la prétendue conspiration des détenus dans la maison d'arrêt du Luxembourg, ne craignirent pas de divulguer trop hautement leur secret, en plaçant le nom de Dom Nonan, Prieur de la Chartreuse de Paris, dans la liste des conspirateurs. Cet homme, dont la seule vue inspiroit une vénération profonde, menoit dans la prison la vie d'un Chartreux. Il faisoit dans son petit réduit, comme une retraite perpétuelle, toujours occupé de prières, de lectures ou de méditation. Ceux qui pouvoient avoir avec ce digne religieux une conversation de quelques instans, et qui savoient en connoître tout le prix, s'estimoient heureux. Il étoit en effet difficile, de ne pas se retirer d'auprès de lui, meilleur que quand on s'en étoit approché. Il y en eut beaucoup qui. d'après ses salutaires avis, firent un sérieux examen de leur conscience, y rétablirent l'ordre, et furent assidus à faire chaque jour des exercices de pénitence, de piété et de charité, afin d'être toujours prêts à paroître au redoutable tribunal du Souverain juge.

Lorsqu'on apprit qu'il sortoit du Luxembourg pour aller à la mort, on se disoit tout bas à P'oreille: Eh! qu'a donc fait ce bon, ce vénérable Dom Nonan? On auroit pu répondre; il n'a

fait que du bien; il sert Dieu, et porte les autres à le servir.

Résignation des condamnés au tribuna! révolutionnaire; quelques-unes de leurs réponses à leurs jugs.

La moitié des victimes condamnées par le tribunal sanguinaire de Robespierre, a été au dernier supplice avec une modestie frappante, et ayant la résignation et la paix peintes sur le visage. Dans la plupart, c'est la religion qui opéroit ce prodige. L'affliction les avoit détachés de la vanité et leur avoit donné Fintelligence. Ils avoient eu recours à Dieu, et Dieu s'étoit montré à leur égard un tendre père. Ils avoient eu des secours spirituels dans père. la prison, et ils en avoient profité pour leur slut. Plusieurs d'entr'eux auroient frappé leurs juges d'étonnement et d'admiration, par leurs réponses, et par le sang-froid avec lequel ils entendoient prononcer leur arrêt de mort, si leurs juges n'avoient eu des cours de tigres. Quelques uns des jurés ont fait cet aveu, qu'ils étoient vivement émus; mais ils sacrifioient le sang innocent à la crainté d'être eux-mêmes immolés..

[ocr errors]

Lorsqu'on annonçoit à ceux qui avoient paru en jugement qu'ils étoient condamnés à mort, les uns se contentoient d'incliner la tête; mais d'autres parloient. Voici des réponses qui ont été faites et qu'on a recueillics.

« Dieu vous pardonne comme je vous pardonne. J'espère prier pour vous dans le Cicl»«Je vous remercie, vous ne pouviez rien faire de plus avantageux pour mois.

[ocr errors]

C'est pour ma foi, c'est pour mon Dieu que je meurs »

« Dieu soit béni de tout ».

Graces soient rendues à Dieu ».

Ignoroit-on qu'il y eut dans les prisons des prêtres qui exei cassent le ministère de la réconciliation à Tegard des pécheurs qui vouloient revenir à Dieu, de vrais chrétiens, qui désiroient persévérer dans la justice? Non; il y avoit trop d'observateurs soudoyés, et des observateurs trop clairvoyans pour ne pas s'en appercevoir. L'un d'entr'eux avertit Robespierre, qu'à la Conciergerie, un prêtre d'un grand mérite, qu'on lui nomma, avoit confessé en un seul jour un grand nombre de personnes. Laissez-le faire, répondit Robespierre, il ne faut pas qu'on le juge de sitôt. C'est un homme qui nous est utile. I fait qu'on va à la mort sans se plaindre; son tour viendra. Son tour n'est pas venu. Il est libre.

[ocr errors]

LITTÉRATURE.

DES CONSOLATIONS, ou RECU BIL choisi de tout ce que la raison et la religion peuvent offrir de consolation aux malheureux.

Ia vertu se forme dans l'adversité. Tous les Sages.

Il existe des Recueils pour toutes les sciences humaines; il u'en existe point pour la plus difficile de toutes, celle de l'adversité. Nous venons en offrir la souscription au public.

[ocr errors]

La première livraison, composée de deux volumes in-18, (nous avons préféré le petit format pour rendre les volumes plus portatif), est prête à paroitre. Elle renferme dans le premier volume tout ce que les livres in liens, chinois, arabes, persans et musulmans contiennent de plus remarquable

« ZurückWeiter »