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tions, nous les nommons IDÉES. C'est à ce propos, qu'un de mes éleves, interrogé sur la nature des sens en général, répondit qu'un sens étoit un PORTE-IDÉE, réponse à-la-fois juste, ingénieuse et précise.

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Ici nous demanderons à nos enfans : « Ces >> perceptions des objets que nous nommons » IDÉES, où sont-elles, et que sont-elles? Peut» on dire qu'elles ressemblent aux opérations qui se rapportent à chacun de nos membres? Faisons-en la comparaison : je frappe » un objet, le coup frappé et l'objet lui-même » peuvent se mesurer. Je vois un objet, je » peux mesurer la distance que parcourt le

rayon de lumiere qui, de cet objet, vient » à mon œil et le frappe. Mais je ne vois plus » cet objet, et je sens néanmoins que je pour »rois le dessiner. Les formes en sont restées »en moi. Je leur demande encore une fois,

où sont ces formes? Sont-elles dans mon » œil, dans mes mains, dans mon cerveau? » J'ai beau chercher. Cette copie n'occupe en >> moi aucune place, je ne peux en indiquer » le lieu, et cependant rien n'est plus vrai » que cette image, puisqu'au besoin, elle ser » viroit de modele et d'original à la copie » que j'en voudrois tracer. J'ai pu partager » et diviser toutes les opérations de chaque » membre de mon corps, je ne peux également » partager cette idée. C'est, dis-je, à nos en» fans, que l'effet est toujours de la même na»ture que sa cause ».

Nous comparons alors avec leurs causes des effets de toutes les sortes, et nous y remarquons toujours une parfaite analogie. Si les

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effets sont étendus et divisibles, nous voyons que leur cause est également étendue et divisible. De même quand nous remarquons des effets sans étendue et que nous ne pouvons mesurer, nous assurons que la cause n'est pas plus mesurable qu'eux.... Nous allons plus loin, et je prie de vouloir bien ici redoubler, d'attention en faveur d'un raisonnement, qui vaudroit seul, je crois, une démonstration. Nous nous demandons si l'étendue pourroit jamais mesurer l'étendue, et s'il nous est démontré que pour mesurer un objet, il faut au moins pouvoir se porter au-delà des deux bouts de cet objet; il est également démontré que l'étendue qui peut se mesurer, ne peut mesurer l'étendue, et que par conséquent l'être qui la mesure ne doit, ne peut être étendu. Car si l'être mesurant avoit de l'étendue, il seroit une portion quelconque de celle qu'on voudroit mesurer, il ne l'atteindroit donc pas du premier point où commence l'étendue, jusqu'au dernier point où elle finit, il seroit une portion quelconque, petite ou grande, de cette étendue mesurable; il se confondroit avec elle, il ne la distingueroit donc pas, il ne la sépareroit pas de lui-même. Il est donc évident qu'une étendue quelconque ne peut être mesurée que par un être qui est lui-même hors de l'étendue, puisque cet être seul en a la compréhension entiere, c'est-à-dire, atteint depuis le premier point où elle commence, jusques au dernier point où elle finit.

On dira, peut-être, le pouce mesure le pied, le pied mesure la toise, etc.; donc l'étendue mesure l'étendue.

C'est une équivoque du mot mesurer; par mesurer, nous entendons connoître l'étendue et la déterminer. Ici il n'y a que l'application d'une étendue à une étendue, sans notion quelconque de l'étendue. Il resteroit toujours à dire pourquoi le pouce est étendu? qu'estce que l'étendue du pouce, ou de toute autre quantité qu'on emploiroit comme mesure commune. Cette notion ne peut être ni dans le pouce, ni dans aucune mesure commune. Autrement il faudroit dire (ce qui est un peu trop absurde), que le pouce et la ligne ont la notion, ou même la conscience de leur étendue propre, particuliere et individuelle. Or, qui peut nier qu'il n'y ait en nous une faculté qui mesure les trois dimensions des corps? Cette faculié mesurante ne peut donc être me surée, elle ne peut donc avoir les trois dimensions des corps qu'elle mesure. Or, si elle n'a pas les trois, elle n'en a et n'en peut avoir aucune, car elles sont correlatives et doivent se trouver par-tout ensemble. Or, qu'est un être qui existe sans aucune dimension? C'est un être qui n'est pas corps. Qu'estce qu'un être qui n'est pas corps?.... On Pappellera comme on voudra. Il faudra au moins exclure de sa nature tout ce qui convient au corps ou à la matiere, et dire donc qu'il est immatériel. Il faudra donc finir par dire qu'il y a dans l'homme un être mesurable et mesuré, et un être non-mesurable et non-mesuré; un être corporel et matériel, et un être incorporel et immatériel. Nous revenons à ces souvenirs dont nous parlions tout à l'heure ; à ces effets de la mémoire; à ces

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restes précieux, dont nous cherchions la place, et qui sont dans notre esprit comme une gale rie de tableaux tout cela ne nous dit-il pas clairement, et d'une voix que nous ne pouvons méconnoître : « Nous n'appartenons à >> rien de ce que vous voyez? Nous sommes » les effets d'une cause invisible comme nous» mêmes, et aussi simple que nous. Cette cause >> ne se trouve dans aucun de ces êtres diffé» rens de vous que vous connoissez. Vous n'y >> remarquez pas non plus ces effets dont nous parlons, ou si quelques-uns, animés comme » vous, vous en offrent de légers apperçus, » vous n'y trouverez ni combinaison, ni affir»mation, et par conséquent ni jugement. Ce » n'est qu'en vous, être merveilleux ! que vous » trouvez l'idée, et l'idée comparée, et par >> conséquent la PENSÉE. Vous seul, en vous » arrêtant à la pensée, et en la comparant » à une autre pensée, êtes capable de ce beau » travail qui produit le raisonnement, dont » la conséquence, qui en est le résultat, est » si simple, qu'elle ne peut appartenir à aucune portion matérielle d'un être composé. » Et à quelle partie de l'homme se feroit le rapport de la comparaison de deux objets, si >> tout dans l'homme étoit matériel? »

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Nous avons appris qu'il n'y qu'il n'y a point d'effets sans cause. Nous trouvons ici des effets, il y a donc une cause. D'ailleurs, la nature des effets indique la nature de la cause, puisqu'ils sont toujours de même sorte qu'elle; or, rien de ce qui est matériel, étendu, divisible, n'ayant pu produire des effets qui sont essentiellement simples, leur cause productrice est

donc

donc immatérielle, indivisible et simple comme

eux.

:

J'annonce à un de mes éleves une nouvelle affligeante il en ressent de la peine, et je lui demande où est le siége de cette peine qu'il ressent? quelle place elle occupe? quelle en est la longueur, la largeur, la profondeur? L'impossibilité où il est de répondre à ces questions, rend très-sensible pour lui la vérité, que nous cherchons à lui faire connoître. Si son intelligence résistoit à cette premiere épreuve, je le frapperois rudement sur le bras, de maniere à lui causer de la douleur; je rechercherois avec lui la place de cette douleur causée par ce coup, j'en mesurerois l'étendue, je l'interrogerois, et sur cette douleur, et sur cette peine, causées par cette mauvaise nouvelle; la différence de l'une et de l'autre, la localité de l'une, l'impossibilité de déterminer la place de l'autre, ce rapprochement de deux affections si disparates, prouvent l'existence de deux êtres, aussi différens entr'eux, que le sont la peine et la douleur.

Nous en conclurons qu'il y a donc dans l'homme un principe d'opérations physiques, et un principe d'opérations simples et intellectuelles; que les effets de chacun de ces principes attestent leur existence; que la nature de ces effets atteste aussi la nature de ces principes. Nous dirons donc que des effets composés et divisibles ont une cause composée et divisible; que des effets simples et indivisibles ont une cause simple et indivisible; qu'il y a donc deux causes en nous, puisqu'il y a deux Tome I. Ann. Rel.

L

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