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de vos alliances, si vous voulez assurer dans votre famille la conservation des bons principes, qui en sont le plus riche trésor.

Le départ du courier ne me permet pas d'entrer à ce te heure dans de plus longs détails.

Adieu, mon très-cher; adieu; prêtres et fideles, vivons et mourons de telle sorte, que nous méritions, par un salutaire répentir, d'éloigner de dessus la France, la soustraction de la Foi, dont elle est menacée, et dont tant d'autres pays ont été les déplorables victimes, pour avoir rejeté l'instruction du Seigneur, dans les jours de sa miséricorde.

Lettre aux Rédacteurs.

Paris, le 13 pluviose, an 4 de la république.

Ceux d'entre les philosophes inconvaincus qui ont attaqué avec le plus de force la Religion chrétienne, n'ont été, citoyens, que trop bien et trop souvent secondés par le zele louable sans doute, mais bien malheureux dans ses suites, de ceux qui ont voulu isoler la science de la religion d'une philosophie éclairée. La philosophie est l'interprête de la raison buinaine, et quoique cette derniere reconnoisse d'abord des limites nécessaires, au-delà des

pour

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quelles il n'est elle que des ténebres on des nuages, quoiqu'ensuite la dégradation originelle de l'homme ait asservi sa raison à ce qu'on appelle ses sens, on peut assurer

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qu'en deçà de ces limites, l'homme peut s'élever à de grandes vérités, dont l'harmonie et le rapprochement servent de phares aux Voyageurs intellectuels et éclairent l'horizon de la pensée; 2°. que s'il est vrai qu'une funeste pente entraîne l'homme à se livrer à ses sens, il a le pouvoir de résister à cette pente, qu'il y résiste souvent, et que c'est alors qu'il touche presqu'à la vérité. Il est facile de conclure de cette donnée, que, rien n'étant isolé dans les ouvrages du suprême architecte, l'ordre de la grace se lie à celui de la nature, et les connoissances purement rationnelles à celles révélées. Je sais, par exemple, que la religion offre une série de dogmes que ma raison ne peut concevoir, qui, si l'ensemble de ces dogmes présente un systême très-harmonique et parfaitement lié, il n'en est pas moins vrai, que chacun de ses élémens, que chaque dogme pris isolément, échape à ma pensée.

Mais, il est aussi très-vrai, que si je me compare à l'être infini, je ne trouve en moi que des bornes et des limites, et c'est même là le caractere qui me distingue de l'Etre su prême; ensorte que si, tout est infini en lui, tandis que tout est fini dans mon être, respectivement à Dieu, il m'est impossible d'avoir des représentations parfaites, soit de sa maniere d'être absolue, soit de sa maniere d'exister relativement à moi. Or, les chrétiens affirment, qu'il est de fait, qu'il y a eu dans la nature une intervention spéciale de l'Etre suprême en faveur de la nature humaine; cette intervention, ou ce rapprochement appartient à

Dieu tout entier. Il n'a pu donc se rapprocher de nous, lors même qu'il a tempéré les rayons de sa gloire, en s'enveloppant de voiles assortis à notre état actuel, à nos limites essentielles, sans nous accabler en quelque sorte par l'infinité de ses attributs, et de l'onction qui appartient à son essence. Il est donc vrai, que Dieu ne peut révéler une religion, sans qu'elle présente de grands mysteres, c'està-dire, des vérités, dont nous ne saurions atteindre les vives images. Faut-il conclure delà qu'il existe deux especes de raison, dont l'une appartient à l'homme, et l'autre à Dieu, ou aux intelligences supérieures? Je ne le pense pas. La sombre lueur qui éclaire une caverne, n'est pas certainement, en apparence, la même que celle don't jouit l'observateur de la nature, lorsqu'au lever du soleil, il observe ce qui l'entoure, du haut d'une montagne très-élevée; c'est pourtant en soi la même lumiere, infiniment affoiblie dans la caverne, et très-intense au sommet de la montagne. Elle est essentiellement la même, et dans sa nature, et dans ses propriétés essentielles, et dans les loix selon lesquelles elle se propage. Les milieux seuls établissent la différence. Ici-bas nous sommes dans la caverne, et les intelligences supérieures habitent le sommet de la montagne. Le même soleil nous éclaire et les éclaire; elle est dans notre monde, ce qu'elle est dans le monde supérieur; elle se propage selon les mêmes loix, mais les intelligences supérieures, plus grandes dans l'ordre de leurs voient facultés, plus pures dans leurs amours, ce dont nous ne nous doutons même pas ; et ce

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pendant combien n'est-il pas encore de myste res pour elles?

Depuis l'âge de quinze ans, citoyens, je suis occupé de l'étude de la philosophie spéculative. J'ai été initié à ses mysteres par un maître lebre, qui sut allier une haute philosophie, à la foi du christianisme, dont il prit la défense, et par un penseur moins connu, quoique digne de l'être à tous égards. J'ai adopté la méthode philosophique de Leibnitz et de son école, je ne dis pas les hypotheses, parce qu'en philo. sophie, je ne connois de maître que la vérité; et je suis certain, par exemple, que, sur bien des points, la doctrine du Platon du Nord doit être corrigée, adoucie, expliquée, et même entiérement rejetée. C'est donc à un sage catéchisme qu'il faut se vouer.

Si mes travaux peuvent vous être agréables, je vous ferai quelquefois parvenir des essais, qui, lors même qu'ils paroîtront purement philosophiques, auront pour but de mettre au grand jour une vérité très-salutaire; c'est qu'il n'en est point dont les chrétiens doivent s'effrayer; il n'en est point qui ne puise servir utilement l'économie des vérités révélées.

Salut fraternel,

M., du Conseil des anciens.

Les Rédacteurs recevront avec reconnoissance, et inséreront dans leur Journal, avec plaisir, tous les morceaux de ce genre, qui leur seront communiqués par cet estimable député, dont les lumieres et les vertus leur sont parfaitement connues.

RELATION du massacre des Ecclésiastiques, Evêques et Prêtres renfermés dans la maison des Carmes, rue de Vaugirard, le 7 septembre 1792.

Le 11 août, au soir, quarante-six Ecclésiastiques enlevés de leurs domiciles, étoient prisonniers dans une des salles du comité de

section du Luxembourg (1). On comptoit trois Pontifes de ce nombre. M. Dulau, Archevêque d'Arles, et MM. de la Rochefoucault, freres, l'un Evêque de Beauvais, l'autre Evêque de Saintes. La modération et la douceur formoient le caractere distinctif de M. Dulau. Elles ne le mirent pas à l'abri de la proscription. Les soldats qui vinrent saisir, M. Evêque de Beauvais, offroient à l'Evêque de Saintes sa liberté. « MM., leur dit-il, les liens » du sang et de l'unité me lient au sort de » mon frère. Les mêmes principes nous unis» sent encore. S'il est coupable, je le suis aussi. S'il doit être conduit en prison, ne m'en séparez pas. Je souffrirois trop de ne pas » lui tenir compagnie ». On l'emmena prisonnier avec son frere.

M. Dulau fortifioit les détenus par sa présence et par ses discours. C'étoit un spectacle digne des plus beaux temps de l'église, que celui de l'arrivée de tous ces prêtres dans la

(1) Le lieu des séances de cette section étoit dans le Séminaire même de S. Sulpice.

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