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Christ qui ne soit pénétré des mêmes sentimens, et qui n'ambitionne pour tout bonheur de pouvoir être ce qu'il est, c'est-à-dire, le serviteur des indigens, le consolateur des affligés, l'instituteur des ignorans, l'ami de tous les malheureux?

CHARITÉ DES MINISTRES DE JÉSUS-CHRIST.

Si les services rendus par les bons prêtres à la morale des peuples, si l'assistance journaliere dont ils sont à toutes les classes d'infortunés, étoient mieux counus, si l'on publioit, à la face de l'univers le livre de leurs vertus, comme l'on s'est plû, de nos jours, à publier celui des vices des ministres coupables, je n'en doute pas, leurs plus grands ennemis seroient forcés de leur rendre hommage; ils commenceroient à les regarder d'un œil moins dédaigneux ou moins cruel, et peut-être finiroient-ils par être persuadés, qu'au lieu de s'occuper à détruire la race des prêtres, il seroit beaucoup plus politique, beaucoup plus sage, de s'occuper à en avoir de bons, et à ne pas les déporter pour les punir de leurs principes religieux, quand ces principes s'accordent avec la soumission aux loix civiles, et le respect dû au magistrat.

Parmi les mille traits, tous plus respectables, de la générosité de ces vertueux ministres de Jésus-Christ, en voici un qui mérite d'être connu.

« Le tribunal criminel des Bouches du Rhône

avoit prononcé le jugement de mort contre plusieurs particuliers de Salon, convaincus d'avoir été chefs et provocateurs de meurtres;

ces malheureux étoient à la veille d'être transférés à Salou même, pour y subir leur juge ment. Un des prêtres catholiques d'Aix se précipite dans les prisons. Il va s'associer à leur douleur, le partager, les fortifier par le souvenir des miséricordes éternelles. Les condamnés sont émus. Ils étoient, je crois, au nombre de huit, tous finissent par se jeter aux pieds du ministre de la religion; ils lui ouvrent leur ame, et le font dépositaire de leurs derniers sentimens. Un seul résiste d'abord à Pascendant de la vertu; majs l'exemple de ses compagnons de supplice l'emporte, Il se rend, et il commence, dès cet instant, à voir naître dans son coeur, un calme, qu'il avoua n'avoir pas goûté depuis bien des années. Le citoyen Isnardon, c'est le nom de ce respectable ministre, ne quitta plus ses nouveaux amis. If les suivit jusqu'à Salon; les exhortant avec un eceur si embrásé de l'amour divin, que bientôt ces ennemis du Christ, devenus, à leur tour, des chrétiens fervens, en furent pénétrés, et s'estimuerent heureux, oui, heureux, de mourir, puisque leur supplice les rappeloit à la vérité d'un Dien et d'ane religion, qu'ils avoient jusques-là blasphémés. Le ministre de JésusChrist repoussa loin d'eux toutes les insultes. Les condamnés arrivés à la place de Salon, lieu de leur supplice, y firent éclater leur résignation. Le plus coupable dit au ministre, sur l'échafaud même. « Adieu, mon pere, je » meurs plein de confiance, que le bon Dieu re

» pardonnera mes péchés, puisque cette même place, où j'ai été tant de fois applaudi pour » mes crimes, devient aujourd hui le théâtre de ma pénitence, en même-temps que celui de mon supplice ».

se passe

Nous ignorons, nous écrit-on d'Aix, ce qui dans les autres cités; mais nous savons bien que nos prêtres insermentés, vis-à-vis de la constitution civile du Clergé, n'ont cessé, depuis qu'ils exercent publiquement leur ministere, de prêcher la soumission aux loix, le respect aux magistrats, le pardon des injures. Ils n'ont vu, qu'avec une profonde horrear, des meurtres, appellés des représailles. Ils out tonné hautement contre l'esprit de vengeance. Ils ont rappellé tous les chrétiens à des sentimens de paix, d'unité, de vraie fratermité. C'est en se conduisant ainsi, qu'ils ont, à-peu-près, éteint toute division de principes religieux dans les consciences.

M ORALE

De l'examen journalier de nos actions.

Lettre à un ami.

Voulez-vous arriver à une solide vertu mon cher ami, ne négligez point deux regles de conduite trop oubliées de nos jours, et sans lesquelles il me seroit aisé de prouver que la moindre sagesse est d'une acquisition impossible à l'homme.

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« Avant que de rien commencer, adressez vos vœux à Dieu comme au principe et à la fin

de toutes vos actions ».

» N'abandonnez pas vos yeux aux douceurs » du sommeil, avant d'avoir examiné les ac» tions de votre journée. Quelle faute ai-je » commise? Quai-je fait ? À quel devoir ai-je » manqué? Commencez par la premiere de » vos actions, et parcourez ainsi toutes les au» tres. Reprochez-vous ce que vous aurez fait » de mal; jouissez (dans le seigneur) de ce que » vous aurez fait de bien, et ne croyez pas, » mon cher ami, que ces regles de conduite » ne soient que pour des chrétiens parfaits; » la seule raison en avoit fait un devoir aux sa» ges du paganisme (1) ».

En effet, la seule raison, ô mon ami, ne nous dit-elle pas, que si un pere de famille qui multiplie ses dépenses au hasard, sans compte rjamais avec ses revenus, il mérite d'étre appellé un mauvais économe de ses biens, un homme près de sa ruine. Le chrétien qui se laisse entraîner par le torrent de la vie, sans compter jamais avec la vertu, mérite d'être appellé un mauvais économe de ses jours, un homme près de sa ruine morale.

(1) Pithagore va plus loin encore; car dans ce pas sage qui est extrait de ses vers dorés, il veut que l'on revienne trois fois sur ses actions, dans le même

examen.

ANECDOTE CHINOISE.

Le gouverneur d'une province, au lieu de s'enrichir dans sa place, s'étoit appauvri par ses bienfaits. On lui avoit nommé un successeur, et il retournoit dans sa patrie; il trouve sur son chemin un pauvre lettre qui venoit de mourir, et dont le corps étoit abandonné;

dépouille de ses meilleurs habits pour l'en couvrir; il vend son cheval pour payer les obseques, et se contente d'acheter un beuf pour continuer sa route. Deux jours après, il rencontre un pere de famille, réduit à la derniere misere, et près de mourir de faim avec sa femme et ses enfans; il vend son bœuf, et lui donne le prix qu'il en reçoit. On lui représenta qu'il poussoit trop loin la compassion. Vous vous trompez, répondit-il, et mon > cœur ne me trompe pas; il est utile que » cet homme vive pour soutenir sa famille, et pour élever des citoyens à l'état : il est fort » indifférent que je retourne chez moi à pied, ou traîné par un boeuf».

(Du recueil de Maximes, Réflexions et Exemples, traduits du chinois, par le P. d'Hervieu.)

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