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Au citoyen Sicard, instituteur des sourds

muels.

Citoyen, le récit des dangers que vous avez courus dans les journées des 2 et 3 septembre, est si intéressant pour l'histoire, quil est important que rien ne manque à son authenticité. Je vous prierai donc d'y joindre cet arrêté de la section de l'Arsenal, que vous ne faites qu'indiquer; et si je ne me trompe, il est encore plusieurs autres anecdotes que je vous ai entendu raconter de vive voix, qui ne seroient pas indifférentes pour l'histoire de ces jours malheureux, et dont vous ne devez pas priver les lecteurs des Annales Religieuses. C'est par la voie de ce journal que j'ose, vous adresser mes réclamations.

Je suis fraternellement, etc.

N. B. Le citoyen Sicard à qui nous avons déja communiqué la lettre qu'on lui adresse dans ce No. nous a promis de nous communiquer l'original de l'Arrêté qu'on lui demande et quelques traits de l'histoire des dangers qu'il a courus aux 2 et 3 septembre, omis dans sa relation. Nous les donnerons au prochain No.

Ce Journal paroit tous les quinze jours; il contient 52 pages d'impression. On souscrit à Paris, chez LE CLERE, imprimeur libraire, rue St.-Martin, près celle aux Ours, Ns 254 et dy. Prix, 200 liv. pour trois mois en assignats, ou 4 liv. 10 s. ca numéraice, franc de port par la poste.

RELIGIEUSES,

POLITIQUES ET LITTÉRAIRES.

DE L'EXISTENCE DE DIEU ET DE SES ATTRIBUTS;

Pour faire suite au discours sur la spiritualité de l'ame, inséré dans le dernier Numéro des Annales Religieuses, p. 146.

Aux Rédacteurs des Annales Religieuses.

Vos souscripteurs, citoyens, ont lu sans

doute avec intérêt, la dissertation de l'instituteur des sourds-muets sur l'existence d'un être immatériel dans l'homme, principe des idées et de toutes les opérations intellectuelles. Les meres sur-tout, ces premieres, ces tendres institutrices de l'enfance, auront apprécié avec plus de justesse que nous, cette maniere si simple, et en même-temps si sûre, de communiquer à un âge, pour lequel rien n'est jamais trop facile, la connoissance de ce principe, dont l'existence, comme le dit l'instiTome I.

N

tuteur, sert de base à la morale, et fait ici bas la consolation de l'opprimé, et la terreur de l'oppresseur.

L'existence de Dieu est trop liée à l'existence de notre ame, pour que l'instituteur n'ait pas songé à établir celle-ci, après avoir démontré celle-là. Il a employé la même méthode. Ce n'est pas un dissertateur, qui appelle à son secours tous les moyens de la dialectique. C'est un pere au milieu de ses enfans, qui converse familiérement avec eux, qui cherche à découvrir lui-même la vérité, qu'il feint d'ignorer, et dont il veut enrichir leur ame; qui veut les en convaincre, sans forcer leur raison, autrement que par l'évidence même des plus simples raisonnemens. Mais pourquoi, lui disois-je, un jour que j'assistai ala leçon qu'il faisoit sur l'ame, avez-vous cru qu'il falloit commencer par prouver son existence et sa spiritualité, avant de chercher à prouver celles de son auteur ? C'est, me dit-il, que l'homme intellectuel, étant plus près que Dieu de l'homme physique, la connoissance de cet homme étoit plus facile à communiquer; et l'homme intellectuel étant une image de Dieu, la connoissance de l'image m'a paru un moyen plus sûr de conduire mes éleves à celle de son modele.

En effet, comment espérer que celui qui ne se connoît pas, et qui ne soupçonne même pas en lui l'existence de deux êtres, dont l'un semble exclure l'autre, sans avoir appris à distinguer l'être qu'il ne voit pas en lui, pourra comprendre, sans cet intermédiaire, ce que c'est que ce Dieu, que ses sens peuvent encore

moins atteindre? Dieu est un esprit, direzvous à cet enfant. Mais qu'est-ce qu'un esprit? Existe-t-il des esprits? Les esprits existent-ils sans les corps? Telles sont les notions qui doivent précéder une leçon sur DIEU, et voilà la raison qui doit déterminer à traiter dans cet ordre là ces deux sujets si importans. C'est toujours le motif d'utilité publique, qui a déterminé l'instituteur des sourds-muets à me communiquer cette dissertation sur l'existence de Dieu. Sans doute, ce sujet a été traité de lamaniere la plus distinguée par des écrivains du premier genre. Mais la maniere de notre instituteur est plus près de l'enfance, et peut être, en cela, plus généralement utile. Il faut donc l'entendre lui-même :

«Nous avons parcouru avec nos éleves la chaîne entiere des êtres; nous les avons tous vus, comparés, classés; nous pouvons en parler et nous en entretenir ensemble. C'est alors que nous leur disons: toutes les choses qui servent à notre usage, et tous les objets dont nous sommes entourés depuis notre enfance, sont l'effet de l'industrie humaine; tout a sa cause bien connue. Les êtres que nous voyons devant nous, autour de nous, au-dessus de nous, ont donc aussi leur cause productrice, sans laquelle ils n'existeroient pas. Mais cette cause, qu'elle est-elle ? A-t-elle été produite comme tous les autres êtres? Il est facile de leur faire comprendre, que, si elle a été produite, il faut remonter à une autre, de laquelle celle-ci a reçu l'existence; et que, remontant ainsi de cause en cause, il faut nécessairement arri

ver à une premiere, qui ne l'ait reçue d'aucune autre ; ou admettre une suite infinie d'êtres qui existent, sans qu'il y ait aucune raison de leur existence; et on parvient aisément à leur montrer l'absurdité de cette supposition. On peut faire usage, pour leur rendre cette vérité sensible, d'une chaîne composée d'un très grand nombre d'anneaux qu'on entreprendroit de placer debout devant eux, et on leur dit je vois bien que ! premier anneau qui touche à la terre est soutenu par le second, le second par le troisieme, et ainsi de suite; mais si le dernier de tous qui est le premier en l'air n'est soutenu par rien, la chaîne entiere tombera. Il faut donc, pour que cette chaîne entiere se tienne debout, que le premier anneau, qu'on suppose au haut de la chaîne, se soutienne par lui-même, par une force qui lui est propre, et qu'il a, indépendamment de tous les autres anneaux qu'il doit soutenir. On en fait l'application aux êtres produits et reproduits les uns par les autres, et on parvient à leur rendre sensible la nécessité d'une premiere cause, qui n'a pas reçu l'existence, qui l'a nécessairement, qui l'a toujours eue, qui l'a donnée et qui la donne à tout ce qui est.

Pour que cet argument, qui est en effet invincible, exerce toute sa force sur l'esprit du sourd-muet, il faut l'avoir long-temps familiarisé avec l'idée de cause et d'effet, il faut qu'il ait bien compris, que par-tout où il y a un effet produit, il y a aussi, et par une relation nécessaire, une cause produisan

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