Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

te. Ma montre, lui dit-on, ne s'est pas faite elle-même. Son existence démontre celle d'un horloger; ce tableau suppose un peintre; cette, belle statue, un sculpteur; ce superbe palais, un architecte; ce beau livre, un habile écrivain; ce bel ordre, un ordonnateur plein de sagesse et de lumiere. Par une conséquence nécessaire, le monde, qui présente à nos yeux un spectacle si grand, si magnifique, dans lequel regne un si bel ordre, et un ordre si constamment observé, où le soleil fournit tous les jours sa carriere, et gradue sa chaleur pour féconder et vivifier notre terre, où la nuit succede réguliérement au jour, pour procurer à l'homme le repos qui lui est nécessaire, où l'armée imombrable des étoiles marche à nos yeux avec une majesté si imposante, où toutes, comme autant de soleils, donnent la vie à des mondes, encore plus nombreux qu'elles; cet univers, où tout est si réguliérement placé comme il doit l'être; où tout marche, se développe, se succede sans trouble, sans secousses, sans interruption; où enfin les causes finales de tout peuvent être si aisémeat assignées, suppose sans doute (et le sourdmuet le sentira vivement), un ordonnateur infiniment sage, infiniment éclairé, infiniment puissant, infini en toutes sortes de perfec

tions.

Nous profitons de cette forte impression qu'il reçoit pour la premiere fois, et qui ouvre son ame à l'admiration, pour lui faire connoître les attributs de ce grand être.

Voilà, lui dirons - nous, l'Etre suprême, l'être par essence, le seul qui existe par lui

[ocr errors]

même et par la nécessité de son être; tout le reste existe par lui, et par un effet de sa puissance souveraine. Comme c'est par un acte de sa volonté qu'il a tiré le monde du néant, un seul acte de cette même volonté l'y feroit rentrer à l'instant.

Voilà notre Dieu, le seul objet de notre culte, devant lequel nous devons nous prosterner, nous humilier, nous anéantir. 'Eh! qui refuseroit de lui rendre l'hommage de respect, d'amour et de reconnoissance, qui lui est dû si légitimement? L'homme, sa créature par excellence, qu'il a fait à son image, en qui il a réuni tant de perfections, pourroit-il oublier, qu'il ne l'a si avantageusement, distingué de toutes les créatures, au milieu desquelles il l'a placé, que pour leur servir d'interprête, leur prêter sa voix, et exprimer avec les plus vifs transports leur commune recon

noissance?

Ici nous développerons au sourd-muet toutes les perfections de Dieu nous lui dirons qu'il est éternel, puisqu'il n'a pu commencer d'ètre, ni jamais cesser; qu'il est tout-puissant, puisque, hors de lui, rien n'existe, qui puisse borner sa puissance; qu'il est infini, puisque s'il ne l'étoit pas, il ne seroit pas tout-pussant; que sa science embrasse tout, le présent, le passé, l'avenir, puisque si elle pouvoit être bornée, il ne seroit plus infini; qu'il est infiniment bon, infiniment juste, infiniment ai mable, puisqu'il est le principe et la source de toutes ces qualités ; qu'il réunit en lui, et qu'il épuise tout ce que renferme dans sa compréhension l'idée de bonté, de justice, d'ama

bilité; que ces perfections dans les créatures qui les possedent au plas haut degré, ne sont que de foibles émanations, des ruisseaux, quí se perdent et disparoissent dans cet océan de toutes les perfections divines.

Nous lui dirons que sa providence veille sans contention et sans effort sur son ouvrage; qu'il le conserve par sa puissance; qu'il le gouverne par sa sagesse; qu'il le conduit à ses fins, avec autant de douceur que de force. Nous lui dirons qu'il est présent à tout, que son oeil pénetre le fond le plus intime de nos cœurs, en sonde toutes les profondeurs, en développe tous les replis, et qu'il est devant lui comme un livre ouvert, où rien ne peut être caché. Il voit, il compte nos œuvres; il en sonde, il en pénetre les motifs que nous cherchons souvent à nous déguiser à nousmêmes. Idée terrible pour le méchant que les ténebres les plus épaisses ne peuvent dérober à cette pénétrante lumiere, et qui ne peut pas plus échapper à l'oeil de Dieu, qu'à celui de sa conscience! Idée infiniment consolante l'homme bon et juste, qui peut pour sans cesse se dire à soi-même je vis sous les yeux de Dieu, qui compte mes œuvres, et qui les pese dans les balances éternelles de sa justice! L'homme me juge dans l'iniquité de son cœur, i me prête ses motifs, ses vices, ses passions; mais Dieu ne juge pas comme l'hoaime, et autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant les voies de Dieu sont élevées au-dessus des voies de l'homme. Je vivrai donc, et j'agirai comme étant toujours sous les yeux de Dieu, et comme marchant en sa présence.

N 4

1

Je ne doute pas qu'un instituteur habile ne puisse parvenir à faire entendre à ses éleves tout ce que nous venons de dire. Mais je dois le prévenir que le sourd-muet aura encore bien des questions à lui faire; et ce sont ces questions que je vais prévenir ici, en supposant qu'il m'interroge, et que je lui réponds.

Où est Dieu? me dira-t-il. Où n'est-il pas, lui répondrai-je? Il est par-tout, puisque tout est par lui, et que rien n'est sans lui; il est par-tout, par sa présence, puisqu'il voit tout; par sa science, puisqu'il connoît tout; par sa puissance, puisqu'il gouverne tout. Il est par-tout où il y a des êtres créés, partout où il y a des êtres à conserver, puisque c'est lui qui a créé les êtres, et que c'est lui qui les conserve. Il remplit donc l'univers par sa présence; mais l'univers, quelqu'immense qu'il soit, ne la borne pas, elle embrasseroit mille mondes, et ils seroient devant lui comme une goutte d'eau, un grain de sable,

un atome.

Mais comment, me dira mon éleve, Dieu, qui est un esprit, occupe-t-il les lieux qu'il remplit? Vous nous avez dit que l'esprit n'oc cupe pas de place. Il n'y est pas, lui diraije, à la façon des corps, qui remplissent et terminent le lieu où ils sont : il y est par sa puissance active et vivifiante, comme les oiseaux sont en l'air, comme les poissons sont dans le vaste Océan, parce que ces deux élémens sont le principe de leur vie; ainsi tous les êtres vivent, se meuvent et existent en Dieu, principe de leur vie et de leur mouvement.

J'emploirai pour leur rendre ceci sensible, une comparaison que l'imperfection de leurs connoissances fera excuser dans ce qui pourroit ne pas paroître assez rigoureux. Ils connoissent le mot monde, et son acception, ils connoissent aussi l'acception du mot ame: je leur dirai donc le monde est, par rapport à Dieu, ce que notre corps est par rapport à notre esprit: l'ame est la vie du corps, le principe actif qui le fait mouvoir : Dien est, de même, la vie du monde, et son moteur universel. Par-tout où est le mouvement et l'action du corps, notre ame y est; par-tout, où, dans le monde, est la végétation, le mouvement, la vie, la pensée, Dieu, l'ame du monde, y est aussi. Čette ame universelle seroitelle moins apperçue, parce que son domaine est plus étendu? Si nous sommes parvenus à démontrer dans l'homme l'existence de deux natures, si la pensée atteste la présence de l'esprit; comment la création, et l'ordre de l'univers n'attesteroient-ils pas la présence de cet esprit créateur, ordonnateur universel? L'ame est par-tout où un objet cause une sensation qui produit une idée; l'esprit universel est de même par-tout où se trouve un effet produit; et de même que tous les mouvemens de la main sont réglés par la volonté; tout ce qui vit ou se ment dans l'espace, doit être rapporté à cette volonté dont rien ne peut arrêter la puissance. L'existence. d'une ame dans un homme qui agit avec discernement, n'est donc pas plus certaine, plus sensible, que l'existence de l'ame du monde.

L'instituteur qui a été assez heureux pour

1

« ZurückWeiter »