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conduire son éleve jusqu'à la connoissance d'un Dieu, doit s'appliquer à recueillir tous les avantages qui doivent en résulter.

S'il y a un Dieu, dira - t- il, rémunérateur de la vertu et vengeur du crime; si no tre ame est immortelle, tout ne finit donc pas avec la vie présente; il y a une autre vie à attendre, où l'ordre, qui ne regne pas toujours dans celle-ci, sera parfaitement rétabli, où la vertu seule sera récompensée, et le vice puni. Ce nouvel ordre sera immuable comme Dieu. C'est donc vers lui, si nous sommes sages, que nous devons tourner loutes nos pensées, tous nos vœux, tous nos de

sirs.

Il se servira de cette haute considération, pour inspirer à ses éleves une grande horreur du vice, et pour leur faire aimer le bien.

Il leur peindra sans cesse Dieu toujours présent et toujours éclairant les bonnes comme les mauvaises actions; Dieu, à qui rien n'échappe, devant qui passent les torrens des siecles, et les hommes avec eux, comme passent et s'écoulent les eaux d'un fleuve devant le spectateur immobile sur ses bords; Dien patient, parce qu'il est éternel, laissant à P'homme le temps de se reconnoître, et renvoyant presque toujours à une autre vie la punition des coupables. Il leur peindra Dieu, l'ami des pauvres, le protecteur des foibles, le consolateur des affligés, par l'espérance qu'il leur donne d'une meilleure vie, et de ces récompenses éternelles, réservées à ceux qui auront marché dans les voies de la justice. Il leur peindra, sur-tout, Dieu, commandant

à tous les hommes, sans distinction, parce qu'ils sont tous égaux à ses yeux; l'obeissance aux loix, quels qu'en soient les ministres ; l'amour de la patrie, quelque sacrifice qu'elle exige; le respect pour les mœurs, quelque violence qu'il faille se faire; le pardon des injures, quoi qu'il en coûte à l'amour propre; l'amour de ses semblables et une bienfaisance universelle. Enfin il leur peindra Dieu, comme l'auteur et la source de toutes les vertus, comme la base unique sur laquelle reposent toutes les institutions sociales, toutes les loix, toute la morale; il imprimera fortement dans leur esprit, qu'en ôtant l'idée de Dieu, tous les liens qui unissent les hommes entr'eux se rompent a-la-fois, tout se désorganise, tout se confond. C'est le cahos qui en résulte, et par une conséquence nécessaire, l'athée est le plus dangereux, le plus coupable des hommes, le plus cruel ennemi du genre humain..

Réponse du citoyen Sicard, à la demande qu'on lui a adressée, dans le Numéro précédent.

On me demande une copie fidele de l'ARRÊTÉ de la prétendue Assemblée générale de la section dite de l'ARSENAL de Paris, cité dans la relation des événemens des 2, 3 et 4 septembre 1792.

Je dois dire, avant tout, comment cette copie m'est parvenue, et tout ce que j'ai su depuis, relativement à cet œuvre de ténebres.

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Sorti des prisons de l'Abbaye, et rendu à la liberté, mon premier soin fut d'aller demander à l Commune de Paris, des commissaires, pour lever les scellés qui, le jour de mon arrestation, avoient été apposés sur mon appartement. On imaginera sans peine, combien j'étois empressé de me rendre aux vœux de mes éleves, et d'aller reprendre des travaux si chers à mon cœur. Des commissaires me furent accordés. On en nomma deux autres de la section pour la même opération. L'un de ces derniers, fut précisément celui qui avoit apporté à la Cominune et à la prison de l'Abbaye le fameux ARRÊTÉ. Cet homme avoit assisté plusieurs fois à mes lecons; il m'avoit témoigné le plus grand inté-rêt et la plus grande estime. On ne concevroit pas comment, avec quelqu'honnêteté, cet homme avoit pu accepter une mission anssi infâme, si l'on ne savoit que la foiblesse fait le mal avec la même facilité que le fait la méchanceté, et qu'elle n'est pas moins cruelle. Cet homme, en me revoyant, se jette à mon col, et m'avoue lui-même sa faute. « J'ai » été, me dit-il, le complice de vos assassins. » Il n'a pas tenu à moi, que l'homme que j'estimois le plus, ne fut enveloppé dans le massacre général qui a fait verser tant de » sang. J'ai porté moi-même à la prison, où >> vous attendiez la mort, l'ARRÊTÉ qui provoquoit sur votre tête la hache des égor» geurs, et j'avois été cent fois témoin des » miracles de bienfaisance que vous opériez » tous les jours, dans votre école. Mais je me voyois perdu, si j'eusse refusé de servir la

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» haine des persécuteurs des prêtres, et je » n'ai pas eu le courage de résister. De» main je vous remettrai une des copies de » l'ARRÊTÉ.

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Il procéda à la levée des scellés. J'allois jouir du bonheur d'être rendu à mes éleves. Gardez-vous bien», me dit ce commissaire qui connoissoit la rage des persécuteurs d'alors, « gardez-vous bien de suivre ce mou>>vement de votre ame: ne logez pas encore » chez vous; on ne peut vous pardonner d'être échappé au fer des assassins. On viendroit jusques dans votre retraite vous en punir, » en vous égorgeant ».

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Je suivis cet avis je me retirai dans une section éloignée, chez le bon citoyen LACOMBE, artiste distingué dans l'horlogerie, plus distingué encore par son courage et ses vertus. On l'avoit vu, pendant ma détention, quand il y avoit tant de danger à réclamer un prétre, aller, au péril de sa vie, redemander par-tout l'instituteur des sourds-muets. On admirera sans doute ici, que ce soit encore un horloger qui vienne à mon secours, et qui m'offre un asyle, où je trouvai, auprès du couple le plus vertueux, toutes les consolations dont mon ame flétrie avoit tant de besoin. C'est là que je reçus la premiere visite de cet éleve précieux, que j'avois nommé mon légataire, au moment où, près de recevoir le coup mortel, je remis, pour lui, ma montre au commissaire. Quelle entrevue! MASSIEU dans les bras de son pere, de son instituteur, de son ami..... MASSIEU !..... Cette ame brûlante réunie à la mienne nos deux cœurs

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battans l'un contre l'autre !..... Ce malheureux jeune homme avoit passé sans nourriture et sans sommeil tous les jours des dangers de son maître. Un jour de plus, et il mouroit de douleur et de faim. Quel moment que celui où il me revit, après avoir tant pleuré sur mon sort!.... Quels signes il me fit!... Quelle scene pour ceux qui en furent témoins! Qui n'en eût été attendri?....

Le commissaire de la section de l'Arsenal tint sa parole, il m'apporta la copie collationnée de l'arrêté : la voici.

Assemblée générale du premier septembre

1792.

Sur les représentations faites par plusieurs membres, 1°. que le sieur abbé Sicard, instituteur des sourds-muets, arrêté comme prétre insermenté, étoit sur le point d'être élargi, attendu l'utilité dont ON PRÉTEND qu'il est dans son institution.

2o. Que son élargissement seroit d'autant plus dangereux, qu'il possede l'art coupable de cacher son incivisme sous des dehors patriotes, et de servir la cause des tyrans, en persécutant sourdement ceux de ses concitoyens qui se montrent dans le sens de la révolution;

L'Assemblée a arrêté qu'elle formeroit les demandes suivantes :

1o. Que la loi soit exécutée DANS TOUTE SON ÉTENDUE vis-à-vis du sieur abbé Sicard.

2o. Qu'il soit remplacé par le savant et mo deste abbé SALVAN, Second instituteur des

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