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à cette lettre, nous avons l'honneur de prévenir celui qui nous fait ces deux questions: que les curés catholiques de Paris ne REBAPTISENT point ceux qui ont reçu le baptême, qui que ce soit qui ait administré ce sacrement; et qu'ils ne REMARIENT point ceux qui ont été MARIÉS.

Il est vrai, que quant au sacrement de mariage, ils l'administrent à ceux qui, n'ayant contracté qu'un mariage purement civil, se présentent à eux pour le faire bénir; ce qui ne peut être appellé REMARIER, que par ignorans.

les

Fin de la relation du massacre des Ecclésiastiques, Evêques et Prêtres renfermés dans la maison des Carmes, rue de Vaugirard, le 2 septembre 1792.

M. l'Archevêque d'Arles étoit alors auprès de l'oratoire, avec l'abbé de la Pannonie, qui lui dit « Pour le coup, Monseigneur, je » crois qu'ils vont venir nous assassiner; eh » bien! mon cher », répondit l'Archevêque, « si c'est le moment de notre sacrificé, soumet»tons-nous; et remercions Dieu, d'avoir à » lui offrir notre sang, pour une si belle

cause ».

Au moment où il disoit ces paroles, les assassins stipendiés avoient déja enfoncé la porte du jardin. Ils n'étoient pas encore plus de vingt. Ils ne furent jamais plus de trente pour cette boucherie. Les premiers se divisent,

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s'avancent, en poussant des hurlemens affreux, les uns vers le grouppe où se trouvoit M. l'Archevêque d'Arles, les autres par l'allée du milieu. Le premier prêtre que rencontrent ceuxci, est le pere Séveria Girault, directeur des dames de Ste. Elisabeth. Il étoit à réciter les prieres de son bréviaire auprès du bassin; il ne s'étoit point laissé déranger par les cris de ces malheureux. Un coup de sabre le renversa, comme il prioit encore; deux assassins se hâterent de le percer de leurs piques.

M. l'abbé Salins, celui-là même à qui Manuel avoit tant parlé des précautions à prendre, des pensions à fixer pour les prêtres avant leur déportation; M. Salins fut le second immolé. Il s'avançoit vers ses bourreaux; il tomba mort sous un coup de fusil.

Ceux des assassins, qui avoient pris l'allée du côté de la Chapelle, s'avanceient en criant: où est l'Archevêque d'Arles! Il les attendoit à la même place, sans la moindre émotion. Arrivés près du grouppe, en avant duquel il étoit, à côté de M. de la Pannonie, ils demandent à celui-ci : est-ce toi qui es l'Archevêque d'Arles? M. de la Pannonie joint les mains, baisse les yeux; et ne fait point d'autre C'est donc toi, scélérat, qui es l'Archevêque d'Arles, disent-ils, en se tournant vers M. Dulau. Oui, Messieurs c'est moi qui le suis. - Ah! scélérat! c'est donc toi qui as fait verser le sang de tant de patriotes dans la ville d'Arles! -Messieurs, je »ne sache pas avoir jamais fait mal à personne ». Eh bien! je vais t'en faire, moi répond un de ces hommes tigres, et en di

ponse.

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sant ces mots, il décharge un coup de sabre sur la tête de M. l'Archevêque. Le prélat immobile, et tourné debout vers l'assassin, reçoit le premier coup sur le front, en attend 'un second, sans prononcer une seule parole. Un nouveau monstre décharge encore sur lui son cimeterre, et lui fend presque tout le visage. Le prélat, toujours muet et debout, porte simplement ses deux mains sur sa blessure. Il étoit encore debout, sans avoir fait un pas ni en avant, ni en arriere; frappé d'un troisieme coup sur la tête, il tombe, en appuyant un bras sur la terre, comme pour empêcher la violence de sa chûte; alors un de ces assas-sins, armé d'une pique, l'enfonce dans le sein. du Prélat, avec tant de violence, que le fer n'en peut être arraché. L'assassin pose le pied sur le cadavre de M. Dulau, prend sa montre, et l'éleve, en la faisant voir aux autres bourreaux, comme le prix de son triomphe.

éle

Au moment où la porte du jardin avoit été enfoncée, quinze à vingt des plus jeunes prê tres auroient pu profiter également de la facilité de franchir une partie des murs, vée seulement à la hauteur d'appui, pour s'échapper vers les maisons voisines; quelquesuns se procurerent ainsi la liberté, mais plusieurs, arrêtés par cette réflexion, que leur fuite pouvoit devenir funcste à plusieurs de leurs confreres, revinrent sur leur pas, réunir aux autres victimes. Dans la crainte qu'ils ne fussent une seconde fois tentés de s'échapper par le même endroit, un garde y fut mis en sentinelle, tenant un pistolet d'une

main, un sabre de l'autre, et manaçant tous ceux qui approchoient de ce côté.

En voyant tomber l'Archevêque d'Arles, les assassins entoanerent un hymne triomphal. Le jardin retentissoit de leurs chants féroces mêlés à tous les cris, à toutes les injures de la fureur, de la rage, de la rage, et au bruit de leurs armes. Un grand nombre de prêtres s'étoit réfugié dans la Chapelle; , attendant la mort dans un profond silence, leur ame toute à Dien, ils lui offroient leurs derniers sacrifices. Une partie des assassins vint les y assiéger; leurs fusils ou leurs pistolets, pointés à travers les barreaux, ils déchargeoient leurs balles sur ce grouppe de prêtres à genoux. Dans cet espace (troit, les victimes tomboient les unes sur les autres. En attendant le coup qui devoit les frapper, les prêtres encore vivans étoient arrosés du sang de leurs freres mourant; le pavé en ruisseloit. Ce fut au milieu de cette Chapelle, qu'une balle atteignit l'Evêque de Beauvais, qui étoit alors à genoux; sa jambe fracassée du coup, il tomba, et les prêtres à côté de lui le crurent mort; une foule d'autres victimes tomberent avec lui dans ce saint asyle. Je puis attester, dit un des témoins oculaires, que je n'entendis pas la moindre plainte d'aucun de ceux que je vis massa

crer,

Dans un champ moins resserré, les autres assassins forcénés et ivres de sang, poursuivoient les prêtres épars dans le jardin, les chassant devant eux, abattant les uns à coup de sabre, enfonçant leurs piques dans les entrailles des autres, faisant feu de leurs fusils et

de leurs pistolets, sans distinction, sur les jen nes, les vieillards et les infirmes.

Pour s'étourdir dans leur fureur, les uns continuoient à s'exciter au carnage par le chant, les autres vomissoient contre leurs victimes les grossieres injures, de scélérats, de gueux et de voleurs; ils y ajoutoient les plus affreux blasphemes contre la Religion, ses mysteres et son sacerdoce. Ils poussoient la rage, jus qu'à ne pas permettre aux prêtres de recevoir la mort à genoux ; ils les forçoient de se lever, les dispersoient devant eux. C'toit ensuite à qui des bourreaux leur donneroit le premier coup de balle, ou les sabreroit d'une imain plus exercée.

Cependant arrivoient d'autres assassins, ayant à leur tête un commissaire. Aussi-tôt on entendit crier: arrêtez, arrêtez, c'est trop tôt, ce n'est pas ainsi qu'il faut s'y prendre. Il y avoit, en effet, pour ces massacres, un ordre désigné qu'on suivoit ailleurs, pour que la confusion ne favorisât les victimes qui chercheroient à s'échapper.

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Les mêmes voix appelloient les prêtres dans l'église, en leur promettant qu'ils y seroient en sûreté. Les prêtres essayoient d'obéir'; une partie des assassins cessoit de massacrer; d'au tres, sourds à toutes les voix, même à celle de leur capitaine, paroissoient redoubler de rage, dans la crainte de perdre leurs victimes.

Dans cette horrible confusion, les uns pons soient les prêtres hors du jardin, d'autres les repoussoient en dedans; quelque parti qu'ils prissent, ils ne rencontroient que des piques et des bayonnettes. Ceux qui arriverent jus

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