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» faut pas changer à demi; je suis chrétien » recevez l'humble aveu de mes fautes, e puisque vous m'en promettez le pardon, qu » je reinplisse à vos pieds toute justice. Ecou » tez-en la confession ».

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A ces mots, Mr. de C. se jette aux pied du prêtre et se confesse. On l'entendoit san glotter, on le voyoit pleurer. Jamais il p eut un retour plus sincere, ni une péniten moins équivoque. A peine la sentence del réconciliation fut-elle prononcée, que les a sassins vinrent à la porte de la salle, po immoler les victimes qu'elle renfermoit. L curé de St.-Jean adressa alors ces paroles ses confreres : « L'heure de notre mort son » dans ce moment, que chacun de nous » confesse, c'en est fait de nous tous ».

Tous les prêtres se confesserent, les unsk autres. Tous prierent, à-la-fois, le digne cu de leur donner l'absolution générale. Qu'on représente soixante prêtres à genoux auto de ce ministre respectable; celui-ci levant yeux au ciel et les bénissant, ceux-là embra sant ses genoux, et faisant tous, d'une con mune voix, le sacrifice de leur vie : qu'on représente celui qui venoit de confesser Mr Charnois, et qui le voit, fondant en larme aux pieds du respectable, et les cannibal qui faisoient tous leurs efforts pour enfone la porte de la salle, qui ne résista quelq temps, que pour faire éclater un nouvel at d'héroïsme chrétien.

On avoit obtenu de Manuel un ordre p délivrer un des prêtres renfermés dans ce salle. On l'apporto an moment où les ig

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geurs l'enfonçoient. La porte cede aux coups redoublés, et pour ne pas envelopper dans le massacre général le prêtre réclamé par Manuel, les égorgeurs suspendent encore un moment leur rage, et laissent appeller ce prêtre. Il s'étoit échappé par une des fenêtres, il n'étoit plus avec ses compagnons. On l'appelle à plusieurs reprises, et on ajoute que c'est de la part de Manuel, et que c'est pour le sauver. Le prêtre réclamé n'étoit connu d'aucun de ceux qui l'appelloient. Chacun pouvoit facilement profiter de cette ignorance. Mr. de Charnois pouvoit en profiter plus que personne. Il étoit de la taille du prêtre qu'en vouloit sauver. Il voyoit tous les autres décidés à mourir. Mais il falloit faire un mensonge. Aucun ne voulut racheter sa vie à ce prix. Tous consentirent à la mort.

Le silence de cette multitude de confesseurs ent dû toucher sans doute les bourreaux qui étoient venus pour les immoler. Ce silence qui doit être aujourd'hui si éloquent pour nous ce silence qui nous prêche si haut qu'il ne faut jamais faire un petit mal pour en éviter un plus grand, ce silence fut pour ainsi dire un appel de mort sur ces fêtes innocentes. Les égorgeurs oublient que ce sont des hommes, et des hommes patiens et justes; ces tigres, 'altérés de sang, se précipitent sur ces agneaux. Ils les trouvent tous à genoux, les mains élevées vers le ciel, vers ces demeures où les appelloient les martyrs dont ils imitoient, en ce moment, le glorieux courage. Ces monstres n'en épargnerent pas un seul. Ainsi mourut Mr. de Charnois, dont la fin est un miracle de la grace et une grande leçou

Tome I. Ann. Rel.

S

pour ceux qui, après avoir imité ses égaremens, refusent encore de le suivre dans sa généreuse confession.

RELATION du massacre des prêtres dans le séminaire de St. Firmin, le 3 septembre 2792.

Dans la section dite des Sans- Culottes, la motion d'arrêter tous les prêtres non assermentés fut accueillie avec transport, le dimanche 13 août, ainsi que le projet de les enfermer dans le séminaire de St. Firmin, où se trouvoient déja dix-huit ecclésiastiques chassés de leurs places, et qui n'eurent plus la liberté de sortir. Dès luit heures du matin, les prêtres de St. Nicolas furent tous entraînés avec leurs séminaristes à la maison de St. Firmin. Les aumónés abondantes qu'ils ne cessoient de répandre sur tous les pauvres de leur quartier furent oubliées dans ce moment : le peuple qu'ils nourrissoient fut le plus ardent à provoquer et à exécuter avec violence leur arres tation. Un de ces prêtres, M. Bonnet, étoit sur-tout connu par sa grande charité. Dans le terrible hiver de 1788, il avoit distribué aux malheureux tout ce dont il pouvoit disposer. - Il ne me reste plus rien, dit-il à quelques femmes qui lui demandoient Paumône. Il vous reste au moins votre mouchoir, rondirent-elles, puisque vous le tenez à la main. - Eh bien! le voilà, prenez-le. La populace revint jusqu'à trois fois pour arrêter ce prêtre.

Le supérieur de la même communauté M. Andrieux, fut traduit devant la section avec ses anciens collaborateurs et les jeunes séminaristes; à leur arrivée, la cour de St. Firmin, remplie d'hommes, de femmes et d'enfans furieux, égarés, retentit des cris d'une barbare joie. On entendit un homme de la popu lace crier: Donnez-les moi, que je les expédie tous avec ma hache.

A trois heures du même jour, des hurlemens plus féroces encore annoncerent l'arrivée d'une proie remarquable. C'étoient tous les prêtres de la maison des Nouveaux-Convertis, qu'emmenoient, triomphans, cinquante hommes armés de bayonnettes et de piques. A la têté de tous ces prisonniers étoit le vénérable pere Guérin Durocher, connu par cette Histoire véritable des temps fabuleux, qui avoit étonné le monde savant par l'érudi tion de son auteur. Tous ceux qui ont connu ce digne prêtre, trouvoient eu lui quelque chose de plus admirable encore que ses vastes connoissances. C'étoit, avec tant de savoir, une modestie et une humilité, qui faisoient, en quelque sorte, chercher le savant caché sous le voile de la simplicité. Une ame gagnée à Dieu par ses catéchismes, lui étoit mille fois plus chere que toute cette grande réputation dont il jouissoit.

Pour la premiere fois, il sembloit, en ce jour, se départir de son humble simplicité. En soutane et en manteau long, comme dans un jour de fête, il marchoit, glorieux d'être le chef des respectables confesseurs de JésusChrist emmenés avec lui; à ses côtés étoit son frere aîné, ancien Jésuite, comme lui,

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depuis peu de temps de retour des missions d'Orient. Il en avoit apporté des connoissances que bien des gens croyoient égales à cel les de son frere; il commençoit à les déve lopper dans ses Lettres sur les mœurs, la religion et les antiquités des pays qu'il avoit parcourus, en savant et en évangéliste. Sa mort prématurée nous a privés pour jamais de ces précieux trésors.

Avec ces deux savans arrivoient bien d'autres prêtres, les uns saisis dans leurs maisons, les autres dans l'Abbaye de St. Victor, et d'autres jusques dans l'hôpital des Enfanstrouvés, où ils avoient passé bien des années dans les exercices de charité que leur emploi y commandoit. Avec eux étoit encore un au tre prêtre, M. Ladeveze. Servir les malades et les mourans, à l'Hôtel-Dieu, avoit fait tou tes ses délices, pendant dix ans. Le refus du serment le fit exclure de ces fonctions pieuses. On le força de quitter cette maison, son zele et sa charité rendoient tant de ser vices à la plus pauvre classe du peuple. La bonté de son caractere lui avoit conservé des

amis parmi plusieurs de ses compatriotes du Vivarais, alors à Paris. Ceux-ci d'ailleurs, très-opposés de sentiment avec lui, et instruits de ce qui se tramoit contre les prêtres fideles, l'en prévinrent, en lui offrant une retraite à l'abri de toute recherche dans leur propre logement. Mais il craignoit leurs sollicitations en faveur du serment, et il aima mieux s'exposer au martyre qu'à la séduction.

Le même jour, sur les dix heures du matin, une troupe armée se rendit dans la maison de la Doctrine Chrétienne, si respectée dans

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