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çoit la main habile de ce grand et souverain dessinateur.

Les animalcules d'infusion nous font voir encore de plus grands prodiges. Une goutte d'eau est un Océan, où une immensité de poissons fourmillent. Quoique d'une petitesse inconcevable et qui échappe à l'œil sans le secours du microscope, ils ont toutes les parties nécessaires à la vie animale, comme les plus grands insectes; ils ont leurs yeux, leur bouche, leurs nageoires, leur vessie. Ils ont des visceres, des intestins, la circulation des liqueurs, des trachées pour respirer l'air; quelques-uns les ont au bout de leur queue, qu'ils élevent sur la surface de Peau. Tous ont les instrumens qui leur conviennent. Le Rotifer, à l'aide des roues placées, aux deux côtés de sa tête, agite l'eau et attire sa proie. Le Porte-feuille, ou que du moins quelques microscopistes appellent ainsi, amarré à des herbages, comme à une petite île, file sur son câble, s'ouvre un éventail pour attraper la sienne, se referme, et sur le même cordage revient à son poste, où il se remet en embuscade. Des especes de polypes, disposés en boites à quadrille, se partagent, et forment d'autres divisions, quelquefois même plus compliquées, mais qui ensuite se partagent également, et sont autant d'animalcules. Ainsi Dieu n'est ni plus grand dans les grandes choses, ni plus petit dans les plus petites: Nec major in maximis, nec minor in minimis.

Grand Dieu, j'ai rendu sensible ton existence par tes œuvres. Elles attestent en même

temps tes divins attributs, ta puissance infinie, ta suprême sagesse, ta souveraine bonté. S'il y a des désordres apparens dans l'univers, son ensemble et une étude plus approfondie de la nature, nous prouvent assez qu'ils conspirent au bien du tout, et que tu sais les faire rentrer dans l'ordre général. Le désordre le plus réel est celui que l'homme introduit ici bas par le seul abus de sa liberté. Il n'y a que le méchant qui soit impie (1), et qui ferme l'oreille à la voix de toutes les créatures, pour ne suivre que ses penchans déréglés. S'il triomphe un instant, qu'est-ce que ce moment fugitif de son bonheur factice et de ses joies passageres? Mille ans sont à tes yeux comme un jour: tu attends le scélérat et l'impie aux portes de l'éternité. Dieu est patient, dit Tertullien, parce qu'il est éternel: Patiens est, quia æternus est.

Que le méchant, ô mon Dieu, abuse de tes dons; que l'ingrat méconnoisse tes bienfaits, et te refuse l'hommage qui t'est dû; que l'homine insouciant et frivole t'oublie, ou ne te rende que le genre de culte qui s'accommode le mieux à ses caprices, ou qui gêne le moins ses passions; pour moi, Seigneur, rempli du souvenir de tes perfections adorables, je me ferai un devoir constant de t'aimer comme mon Créateur bienfaisant, comme mon Souverain bien, comme le bien le plus cher à mon

[1] Tenez votre ame en état de desirer toujours qu'il y ait un Dieu, dit Rousseau, et vous n'en douterez jamais.

cœur, et son premier besoin ; je te donnerai toute la confiance que je dois au meilleur des peres, à celui qui a sans cesse les yeux ouverts sur nos véritables nécessités, et qui regle tout par sa Providence; je te rendrai toute l'obéissance qu'a droit d'attendre de moi mon souverain maître, l'être le plus puissant tout à-la-fois et le plus sage; je ferai consister ma gloire et ma joie la plus pure, dans l'accomplissement de tes préceptes.

SUITE des mémoires pour servir à l'histoire de l'Eglise de France.

Parmi les nombreuses victimes qui ont péri sous le glaive de la persécution dans le Midi de la France, où elle fut très - active, nous distinguerons M. l'abbé Boyer, ecclésiatique, vénérable par son âge, ses vertus et les services qu'il avoit rendus dans le diocese d'0range, où il avoit été grand-vicaire, pendant 30 ans. A la suite de ses travaux, il fut atteint d'une goutte cruelle qui attaqua tous ses membres, et le rendit complétement pa ralytique. Il étoit dans cet état, lorsqu'on alla le prendre, pour le conduire dans les prisous de Valence. Deux de ses beaux-freres, qui Paimoient tendrement, agirent vivement allprès de Boisset, représentant du peuple, et obtinrent de lui, que ce malheureux vieillard restât avec eux à Montélimart, pour y vivre de son patrimoine et y fut secouru dans ses douloureuses

loureuses infirmités. Il y fut donc fixé sous la protection de ce représentant du peuple, et sous celle du jacobin Bartalier.

L'abbé Boyer, toujours occupé des besoins des pauvres malades, avoit trouvé un remede infaillible pour guérir le charbon et les chancres, et il s'étoit empressé de le rendre public par la voie des journaux. Il avoit même donné une provision de ce remede à un chirurgien qui alloit dans les Colonies; et ce chirurgien qui y avoit opéré des cures merveilleuses sollicitoit M. l'abbé Boyer de lui en envoyer encore. Le saint ecclésiastique tenoit un registre exact des malades attaqués du charbon et de chancre, qu'il avoit guéris, et qui se portoient à 1400. Il les avoit tous traités gratuitement, et fourni à ses dépens les drogues nécessaires. Au temps de la persé cution, il trouva parmi ses persécuteurs plusieurs de ceux qu'il avoit guéris de ces cruelles maladies, et il fes reconnut aisément aux cicatrices des plaies qu'ils portoient encore.

Après avoir toujours vécu, dans une honnête aisance, de son patrimoine, l'abbé Boyer, qui n'avoit rien épargné pour les pauvres, se trouve réduit, par une suite de la révolution, à vendre ses effets pour vivre. Toujours tourmenté par la goutte, il n'avoit pour le servir que ces deux beaux-freres, dont les soins ne lui manquerent jamais. C'étoit deux hommes dont la réputation de probité et de vertu étoit solidement établie à Montélimart.

Du reste, l'abbé Boyer avoit toujours été si réservé dans ses discours, que les jacobins les plus enragés n'y avoient jamais trouvé

Tome I. Ann. Rel.

V

rien à reprendre. Souffrant ses maux avec patience, avec joie même, soulageant ceux de ses freres, il prêchoit la soumission aux loix, et il en donnoit l'exemple. Il n'avoit point prêté le serment de la constitution civile du Clergé, il n'étoit point dans le cas de la loi, n'ayant jamais été fonctionnaire public, étant depuis plusieurs années couché dans un lit de douleur, perclus de tous ses

membres.

Ce bienfaiteur de l'humanité, que tant de motifs devoient rendre intéressant, n'échappa pas à la cruelle inquisition du représentant Maignet. A peine fût-il arrivé dans ce malheureux pays, qu'il désigna sa proie. Un gendarme fut envoyé à M. Boyer, pour lui signifier qu'il devoit partir le lendemain à 4 beures du soir pour se rendre à Orange. Le respectable malade montra la plus grande soumission à l'ordre qui lui étoit donné; mais il déclara en même-temps, qu'étant dans l'impossibilité de faire un pas et de se soutenir, un instant, sur ses jambes, il ne pourroit s'y ren dre qu'en voiture. La voiture fut prête au moment marqué, et le saint abbé en reçut la nouvelle avec une sainte joie. Il se fit en lui, au même instant, une révolution miraculeuse. Vivement frappé du bonheur qu'il attend, il retrouve ses forces, il se leve sans aucun secours, il repousse les matelats qu'on avoit préparé pour le porter, il descend seul, et sans aucun secours, l'escalier, pour se rendre à la voiture qui l'attendoit.

Les spectateurs étonnés de ce prodige, lui demandent comment il a fait pour descendre,

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