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réconciliation, et que ce ne fut qu'après avoir vu tomber une trentaine de têtes (et qu'on. n'oublie pas que celle de son frere étoit du nombre), qu'il présenta la sienne, et alla ainsi recueillir, dans le sein de Dieu même la récompense promise par l'esprit saint (1), ceux qui, ayant été instruits, ont appris aux autres les voies de la justice.

Les réflexions sont ici inutiles. Je laisse à vos lecteurs le soin d'en tirer eux-mêmes d'un

récit qui en fournit une matiere si ample. Ils se joindront sans doute à vous et à moi, pour bénir le Seigneur qui daigne, se montrer, de nos jours, le même Dieu qui opéra tant de prodiges du temps de nos peres; et nous prouver que son bras n'est pas raccourci dans ce siecle, quoiqu'on puisse l'appeller, avec raison, la lie des siecles.

Salut, fraternité et charité en J. Ch. N. S.

Un de vos Abonnés.

Un de nos Abonnés dont la lettre annonce des intentions pures et un zele louable pour la Religion nous écrit qu'il a observé une différence remarquable entre quelques numéros du Journal de la Religion et ceux des Annales Religieuses. Que dans les premiers, nous disons que les Parisiens remplissoient en foule les temples, sans faire attention à la décoration qu'ils avoient; mais satisfaits seulement,

(1) Daniel, ch. 12.

de pouvoir exercer le culte de leurs peres; que dans le premier No. des Annales Religieuses, le tableau religieux et moral de notre commune porte qu'à juger sur les apparences, on diroit Paris une nouvelle Babylone, sans religion et sans Dieu; qu'on y vit dans l'oubli de tout culte, et que l'Epicuréisme gagne les ames.

La contradiction qui paroît, au premier coup-d'œil, entre ces deux tableaux, n'est qu'apparente. D'abord, lorsque nous avons tracé le premier, nous ne parlions pas en pårticulier des Parisiens, mais, en général, des habitans de toute la France. « Notre correspondance, y disions-nous, est pleine des descriptions les plus touchantes du zele et de l'empressement des fideles à courir dans les temples; à y faire éclater la piété la plus fervente ». (Journal de la Religion, No. 3, p. 36).

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L'empressement extraordinaire qu'ont montré les peuples de tous les départemens, pour profiter de cette liberté (du culte) même entravée qu'ils avoient obtenue, la joie sainte et édifiante qu'ils ont fait éclater, etc. ». (Ibid, No. 4, p. 63). « Les vrais fideles n'ont rien perdu de leur zele pour la maison du Seigneur; ils regrettent moins la pompe extérieure qui accompagnoit nos sacrifices, que la gloire intérieure qui en faisoit le véritable ornement... Ils chérissent toujours les pierres du sanctuaire, toutes nues, toutes dépouillées qu'elles sont de leur éclat ». (Ibid, No. 11, p. 163).

On voit par ces différentes citations, que ce tableau de l'empressement des fideles à renplir les temples, pour y célébrer leur culte religieux, regarde en général ceux de tous les

départemens; et nous n'avons fait que retracer ce dont nous avions eu le bonheur d'être nousmêmes les témoins.

En second lieu, ces deux tableaux si contraires peuvent très-bien s'adapter l'un et l'autre à la ville de Paris, cette cité si vaste, qui, par son immense population, est comme un abrégé de la France entiere, et où tous les extrêmes se trouvent réunis. Nous avons entendu dire, il y a déja bien des années, à un homme du monde de beaucoup d'esprit, mais bien peu religieux, qu'à voir la corruption affreuse qui régnoit dans Paris, il falloit qu'il y eut dans cette ville une grande somme de bien et de vertu qui compensât l'excès du mal; que cette multitude d'ames pieuses, dont la plupart y étoient inconnues, arrêtoient, par l'influence de leurs mérites, la colere divine, et empêchoient que, comme une autre Sodome, cette ville si coupable, ne fût consumée par le feu céleste.

En effet, depuis que des jours de lumiere eurent succédé à ces siecles d'ignorance qui avoient couvert la France, comme le reste de l'Europe, de tenebres profondes; que le goût des bonnes études, en s'y réveillant, eût fait réfleurir la religion et la science ecclésiasti que, Paris a été la ville où les effets de cet heureux renouvellement ont été les plus sensibles. Ce fut sur-tout dans le siecle dernier qu'on vit jaillir de toutes parts, dans son sein, des sources abondantes de lumiere et de grace, et qu'au milieu de la licence des mœurs et des désordres de toute espece, dont elle offroit l'image, on y voyoit une foule d'exemples de

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la foi la plus vive, de la religion la plus éclairée, de la piété la plus fervente, Comme autrefois les Israélites, dans la terre de Gessen, jouissoient de la clarté la plus brillante, et de la plus profonde paix, tandis que le reste de l'Egypte étoit couverte de ténèbres, et frappée de plaies horribles; de même, dans cette capitale, pendant que la multitude de ses habitans étoit livrée à un funeste aveuglement, et s'abandonnoit à tous les vices que le luxe et l'opulence enfantent au sein de la prospérité, un grand nombre d'ames fideles, la plupart cachées au monde, et connues de Dieu seul, étoient éclairées des lumieres les plus pures, et comblées des bénédictions les plus abondantes : l'ardeur de leurs desirs, la ferveur de leurs prieres, les gémissemens continuels qu'elles poussoient vers les cieux, détournoient les fléaux de la colere céleste, comme le souffle presque insensible d'un vent favorable, dissipe les nuages et écarte les tempêtes.

L'abondance des lumieres en a amené l'abus; l'orgueil et l'ingratitude ont pris la place d'une humble reconnoissance, et tari le cours de ces graces dont on avoit osé méconnoître la source. La corruption et l'incrédulité qui en a été la suite sont montées à un tel point que Dieu, lassé enfin de nos iniquités, a fait éclater ses vengeances, et pleuvoir sur nous ce déluge effroyable de maux que quelques années auparavant, nous n'aurions pas cru même possibles. La verge de sa justice nous a frappés des coups les plus terribles. Comme les Israélites prévaricateurs, et long-temps sourds aux menaces du Seigneur, nous avons été sans

religion, sans sacrifice et sans autel. (Osée., c. 3). Nous sommes devenus semblables à ces nations qui n'ont jamais porte le nom du Scigneur; Dieu a paru nous rejetter, et nous désavouer pour son peuple.

La privation a fait sentir le prix de ce qu'on avoit long-temps négligé. Cet état d'opprobre auquel nous étions réduits, cette solitude qui régnoit dans nos temples, ce silence de nos saints cantiques qui ne faisoient plus retentir les murs de Sion, aux jours de nos solemnités, et qui nous rendoit si semblables à ce peuple captif dont les instrumens étoient suspendus aux saules de Babylone, cet anathême terrible que nous avions provoqué sur nos têtes, tout nous a rappellé au Dieu de nos peres dont nous avions tant irrité la colere; et comme le cerf altéré soupire après l'eau des fontaines, nous avons ardemment desiré de voir le Dieu qui s'étoit retiré de nous, et de pouvoir l'adorer encore dans ses tabernacles. A peine cette heureuse liberté nous a été rendue que par-tout un saint empressement a amené les fideles dans nos temples, et ils y ont fait entendre des cris d'alégresse et des chants d'actions de graces. (Ps. 41.) Mais ce zele et cette ardeur n'ont pas été universels. Le plus grand nombre est opiniâtrément resté dans le mépris qu'ils avoient toujours témoigné pour la religion et pour son culte; parmi ceux même qui ont paru revenir au Seigneur avec empressement, et qui se sont joints à la troupe des vrais fideles, pour invoquer son saint nom, il s'en est trouvé plusieurs qui ne l'ont honoré que des levres, et qui ne lui ont point

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