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fises, et nous en faisons l'objet de nos risées. Pour ce qui est de nos enfans, nous les tenons sous le joug d'une discipline sévere; nous les formons à de rudes travaux, à des exercices et des études pénibles; nous ne leur permettons rien de ce qui peut les amollir, les énerver, les rendre lâches et foibles. Dieu en use de même par rapport à nous : il nous exerce, il nous met aux prises avec la nécessité, avec le malheur, avec nous-mêmes; et le plus beau spectacle pour le ciel, dit encore Sénéque, est le juste aux prises avec l'adversité (1).

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Telles sont les leçons de la vraie philosophie eh! pourquoi cette philosophie ne seroitelle pas la nôtre? Le peu de soumission et de confiance dans les divers genres d'épreuves, nos murmures contre la Providence, sont, dans la vérité, autant d'atteintes que nous portons, autant d'outrages que nous faisons aux perfections divines. Ils supposent néces sairement que Dieu manque ou de justice, ou de sagesse, ou de bonté, ou de puissance. Avec des idées saines et des notions précises de ses attributs, j'ose dire que le défaut de résignation et les murmures nous deviennent en quelque sorte impossibles; comme il me paroît impossible, moralement parlant, de bien

(1) Voici le passage, tel que je l'ai confronté depuis dans le texte même : Ecce spectaculum dignum, ad quod respiciat intentus operi suo Deus; ecce par Des dignum, vir fortis cum malâ fortunâ compositus, utique si et provocavit.

connoître Dieu, sans l'aimer. Avec cette juste idée de la Divinité, l'ame se conserve dans une égalité parfaite, et jouit d'une paix profonde. C'est à l'égard du juste qui s'appuie sur Dieu, sur la Providence, que ces paroles du poëte latin ont leur entiere application: Si fractus illabatur orbis, impavidum ferient ruine (1); si l'univers s'écoule sur ses fondemens, il se verra sans crainte enseveli sous ses ruines. Il sait en effet que, même en expirant, I tombe entre les mains d'un pere, et qu'un meilleur sort lui est réservé.

Mais, disent les ames foibles et sans vertu, mes maux sont trop grands; je ne me sens pas la force de les supporter. Homme si peu ligne de la noblesse de ton origine et de la grandeur de tes destinées, demande-là cette orce dont tu as besoin, à celui qui, seul, beut te la donner. Si ta priere est ce qu'elle loit être, fervente, humble et confiante,

(1) Horac. Od. 3, 1. 3.

Cette pensée est, au reste, bien plus ancienne 'Horace; et elle se trouve rendue, dans son sens e plus complet et le plus vrai, au pseaume 35. « Le eigneur est notre réfuge et notre force. Il est notre ecours dans les tribulations qui nous pressent de toues parts; nous ne craindrons donc pas, lorsque la erre sera ébranlée, et que les montagnes arrachées e leurs fondemens, se précipiteront dans le sein des

ners ».

Deus noster refugium et virtus : adjutor intribulaionibus quce invenerunt nos nimis. Proptereâ non tisebimus dum turbabilur terra, et transferentur montes

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crains-tu d'essuyer de sa part un refus? Ce n'est point envain qu'on réclame son secours: il est le témoin de tes combats; il y sera ta force et ton soutien, et il finira par en être la récompense. Souviens-toi seulement de ne lui demander que ce qu'il jugera lui-même le plus conforme à tes véritables intérêts. Abandonne à sa sagesse les moyens qu'il doit employer pour te rendre heureux; dis-lui avec un cœur filial ô mon Créateur! ô mon Pere! je ne veux que ce que vous voudrez vous-même; je me crois bien plus en sûreté entre vos mains qu'entre les miennes; et quand vous me donneriez le choix du sort qui me flatteroit le plus, je m'en remettrois uniquement à vous, parce que vous seul savez ce qui me convient le mieux, et que vous êtes seul incapable de tromper mon espoir. Ce que j'attendrois de moi-même et des autres hommes, ou seroit incertain, ou ne répondroit pas à mes desirs. Il n'y a que vous, ô mon Dieu! qui puissiez assurer mon repos et faire même au-delà de mon attente. Le présent tient à l'avenir par un enchaînement merveilleux de causes et d'effets que j'ignore, et dont il n'y a que cet avenir, caché maintenant à mes yeux, qui puisse me dévoiler le rapport avec mes intérêts les plus chers. Souvent même, des plus petites causes, naissent par vos ordres, ô mon Dieu! les plus grands événemens; et la situation la plus désespérée en apparence, est, quand il vous plaît, celle qui touche de plus près au rétablissement de Fordre, de la paix et du bonheur. Quelque

pire, après tout, que vous laissiez prensur nous aux méchans, dès que mon ame immortelle, votre Providence est toujours tifiée (1).

Tel est donc mon dernier vou; telle est plus constante priere, et l'unique dispoon de mon cœur daignez, Seigneur, me dre tel que vous soyez toujours content de i; car je le suis souverainement de vous, voulant que ce que vous faites et que ce il vous plaira de faire,

1) C'est la pensée de Rousseau, quoique dans un e endroit, après avoir tourné en dérision nos prélus sages, que l'on voit s'en prendre au ciel de qu'ils ne sont pas impassibles, crier que tout est lu au moindre mal, et charger Dieu, comme dit que, de la garde de leur valise, il ait ajouté: uelque parti qu'ait pris la nature, la Providence jours raison chez les dévôts, et toujours tort chez philosophes ». Ces dévôts dont il parle, out-ils Esi mal vu, et pour peu qu'ils soient éclairés ensent-ils pas, sur cela mêine, en vrais sages qu'on sent que la nature entiere n'est que l'agent Etre suprême, qu'elle n'est qu'un instrument entre nains de la Divinité; dès qu'on sait que la Provi e n'est que l'action continuelle d'un être souveement intelligent, souverainement juste, souve-. ement bon et tout-puissant, n'est-il pas de la e sagesse de dire que la Providence à toujours

Relation de ce qui vient de se passer ) à Versailles.

C'est avec une véritable douleur que nous apprenons que, dans presque tous les départemens, la loi du 11 prairial, de l'an 3, qui non - seulement permet le libre exercice des cultes, mais encore déclare les mettre tous sous sa sauve-garde spéciale et sous sa protection, éprouve de grandes difficultés dans son exécution. On diroit que le gouvernement, en rendant cette loi salutaire, s'étoit flatté que le dépouillement des églises, les profanations du sanctuaire, l'apostasie de plusieurs prêtres, la déportation de plusieurs autres, et l'espece d'abandon universel de toutes les cérémonies du culte catholique, avoient entiérement effacé la religion de tous le cœurs; et qu'on pouvoit, sans conséquence, accorder la liberté des cultes, sans que la philosophie qui les avoit fait abolir, eût rien à craindre de cette liberté pour le culte de la Raison.

Mais il n'en a pas été ainsi. Tous les cœurs se sont émus à la seule idée de voir se rétablir ce saint commerce qui régnoit entre le ciel et la terre. Les temples se sont ouverts, et aussitôt des prêtres, confondus n'agueres parmi les autres citoyens, sont sortis de leurs retraites, et tous les fideles sont accourus à leurs prédi cations, sont allé mêler leurs voix à celles qui répétoient dans les lieux saints la divine psal modie. C'est à la quinzaine de Pâques sur-tout

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