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Après avoir communiqué à nos lecteurs, dans le précédent No. de ce journal, la rétractation d'un évêque ci-devant constitutionnel, rien sans doute ne paroîtra moins extraordinaire que de trouver dans celui-ci la rẻtractation d'un laïque, qui, après s'être permis d'examiner les causes du schisme qui nous sépare des ci-devant constitutionnels, a cru voir que la vérité étoit du côté de ceux qui se trouvent aujourd'hui à la même place où ils étoient avant la formation de la société appellée l'église ci-devant constitutionnelle. La piece qu'on va lire a été affichée à la porte principale de l'église Notre-Dame de Paris, le 4 floréal, an 4; et elle nous a été communiquée par l'auteur lui-même, qui nous a prié de lui donner la plus grande publicité.

Nous croyons devoir faire précéder une lettre adressée au citoyen Grégoire, se disant autrefois évêque constitutionnel du département du Cher et Loir, et se disant aujourd'hui (on ne sait trop pourquoi) évêque de Blois. Nous garantissons l'authenticité, et de la déclaration du laïque, et de la lettre.

Copie de la lettre du citoyen Boucher, cidevant vicaire épiscopal du département de Loir et Cher, au citoyen Grégoire. Du 28 mai 1796.

Citoyen, le

pauvre curé de Vienne est venu hier me faire part que depuis qu'il a publié

la lettre pastorale que vous avez datée du 8 de ce mois, signée en commun avec les quatre évêques dans votre cas, il ne cessoit d'avoir des insomnies; qu'il s'imagine que le diable est après lui, et qu'il croit que le prince des ténebres vous fait agir. Je vous avoue que le colloque que nous avons eu l'un et l'autre, a produit des inquiétudes qui m'accablent; je m'éveille subitement; je me vois exposé à passer de tristes nuits; dans l'état des choses, expliquons-nous ensemble. Vous avez été constitutionnellement évêque du département de Loir et Cher; mais la constitution civile du clergé étant rapportée, ce titre ne se trouve-t-il pas éteint? Vous prenez celui d'évêque de Blois. Qui vous l'a donné? car nous autres nous n'avons pas encore pensé à nous choisir un chef. Il y plus, c'est qu'actuellement plus qu'autrefois, les chrétiens de ce diocese ne reconnoissent que M. Thémines, comme successeur légitime et immédiat des apôtres, envoyés par notre divin législateur, pour prêcher sa doctrine. Celui-ci a donc une origine certaine; et la vôtre, Monsieur! où est-elle? Concevez donc que ce n'est point en bâtissant et en débâtissant qu'on paroît autorisé à redire que nous faisons partie des ministres de l'église fondée sur le rocher. Si vous ne prouvez promptement que vous êtes évêque de Blois, je serai forcé de me réunir à ceux qui disent que vous êtes un évêque né de lui-même, et par conséquent de consentir que je suis un des freres errans qui contribuent à l'entretien du schisme qui désole la France. J'attends votre réponse.

Signé, BOUCHER, prêtre.

Premier avis d'un laïque, ci-devant partisan des Ministres constitutionnels, à ses freres de bonne foi, qui écoutent la voix de ces prétendus pasteurs.

Par eux l'erreur, toujours finement apprêtée,
Sortant pleine d'attraits de leur bouche empestée,
De son mortel poison cherché à nous abreuver,
Et l'église elle-même a peine à s'en sauver. B. D. XII.

Ouvrez donc enfin les yeux, mes très-chers Freres, interrogez l'antiquité, et jugez vousmêmes à laquelle des deux églises vous devez donner la préférence. Si vous êtes de bonne foi, il est indubitable que c'est à celle qui vons présente, depuis Jésus-Christ jusqu'à nous, une chaîne non interrompue de pasteurs toujours liés les uns aux autres, par leur union à un centre commun (c'est-à-dire, au Pape), autour duquel tout doit se réunir. Les Ministres constitutionnels pourroient-ils nous montrer leurs légitimes prédécesseurs? Non. Mais s'ils avoient le malheur d'ajouter encore cette erreur à tant d'autres qu'ils ont déja mises en avant, la constitution civile à la main, je leur dirois : « Voilà d'où vous tirez votre origine, voilà votre mere commune, voilà celle qui, en vous donnant le jour, vous ouvrit, pour la premiere fois, les portes du sanctuaire. Mais, hélas! celle qui vous enfanta avec tant de dou

leur, celle qui vous plaça avec tant de violence sur des siéges qui n'étoient pas les vôtres, enfin celle qui vous investit autrefois de son pouvoir suprême, elle n'existe plus : il y a six mois qu'elle est morte, et vous existez encore! Qui le croiroit? C'est en son nom que vous regnez et que vous continuez à ravager la vigne du Seigneur!

Il est évident, mes très-chers freres, que, de quelques côtés que vous envisagiez les Ministres de l'église constitutionnelle, vous ne pouvez désormais voir en eux que des intrus dénués de toute espece de titres, puisque la pierre fondamentale de leur nouvelle église est arrachée; des étrangers (1) abandonnés de la puissance publique qui seule les envoya (2); des usurpateurs, que le premier des pasteurs méconnoît; des adulteres (3) que l'église universelle réprouve; de faux pasteurs que les fideles ne peuvent écouter, et qu'ils doivent fuir s'ils ne veulent se rendre coupables du déplorable schisme qu'ils ont occasionné dans l'église de France. Enfin, vous ne pouvez voir en eux que des invaseurs que l'église de France repousse avec horreur, en soupirant

(1) St. Jean, ch. x, v. 5.

(2) Le tribunal du district, séant à Sainte-Genevieve... enjoint à M. l'évêque de Paris de se retirer pardevers M. de Périgord, pour recevoir l'institution canonique. Cette formalité a été remplie hier au soir. Journal de Paris, du vendredi 25 mars 1791.

(3) Comme une femme qui épouse, du vivant de son mari, un autre homme, devient adultere, de méme un évêque qui prend la place d'un légitime pasteur, de son vivant, est un adultere et un invaseur. Lettres de saint Chrysostôme à Cyriaque, etc....

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après le moment favorable où Dieu, dans sa miséricorde, lui donnera la force de les vomir de son sein. Fiat fiat. Mais en attendant gardons-nous bien de communiquer avec les Samaritains.

Signé, POLYCARPE l'ainé.

Paris, le 4 floréal, an 4.

Deuxieme avis d'un laïque, ci-devant partisan des ministres constitutionnels, à ses freres de bonne-foi, qui écoutent encore la voix de ces faux pasteurs.

Avant qu'à vos erreurs le ciel vous abandonne,
Profitez de l'instant, que sa grace vous donne. B. D. XIIa,

C'est un dogme de foi, que pour être légitime pasteur dans l'église de Dieu, il faut, outre l'ordination et la consécration, une mission canonique. Si quelqu'un dit que ceux

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qui n'ont pas été légitimement ordonnés par » la puissance ecclésiastique et canonique, et » qui n'ont pas été envoyés par elle, mais qui viennent d'ailleurs, sont de légitimes mi»nistres de la parole et des sacremens, qu'il » soit anathême (1) ».

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Peut-on dire que c'est l'église qui a envoyé

(1) Conc. trid. sess. 23, chap. 7.

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