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Des rizophages sont sortis à la suite des siècles les cultivateurs et des chasseurs naquirent les nomades, c'est-à-dire, les pâtres, les bergers. Les nomades devinrent des astronomes; mais hélas! ils ne purent observer les astres, sans en faire des Dieux. Jusques-là le sentiment d'une religion leur étoit inconnu ; c'est le soleil et la lune qui recurent les premiers hommages des stupides mortels. Le C. Delaunaye cite en preuve deux témoi gnages isolés; l'un de Cicéron, qui peut souffrir une interprétation diverse; l'autre de Chérémon, cité par Porphyre; mais ces témoignages fussent-ils bien avérés, comment pourroientils balancer auprès d'un homme raisonnable les témoignages contraires de toute l'antiquité?

Ce n'est pas seulement un historien que l'on peut opposer à cet inconcevable récit; mais de tous les historiens, il n'en est aucun qui ne nous présente dans la foi des peuples les plus idolatres, l'idée d'un Etre suprême, créateur et conservateur, bien distinct de la matière, c'est-à-dire, d'un Etre qui existe par soi, et qui gouverne tout ici bas par sa providence.

Mais cet Etre est appellé Thien ou le Ciel, par les Chinois; le Temps sans bornes, par les Perses; le Soleil, par les Egyptiens; le TrèsHaut, par les Juifs. L'homme, pour donner un nom à celui qui est au-dessus de tous les noms, a dû s'adresser à toute la nature, pour y puiser une idée moins indigne de son auteur. Il l'a donc appellé le Ciel, c'est-à-dire, l'infini, le très-grand; il l'a appellé le Temps

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sans bornes, comme nous l'appellons l'Eternel; il l'a appellé le Soleil, comme nous appellons encore Jesus-Christ le Soleil de justice; i l'a appellé le Très-Haut, pour marquer son in finie distance de tous les objets créés, etc. Si ces dénominations n'ont pas été exemptes d'idolatrie chez la plupart des peuples; si les Mages d'Egypte et de Chaldée y ont mêlés des idées astrologiques, que peut-on en conclure contre le culte primitif des nations? Qu'il a été altéré successivement dans la presque totalité de l'univers.

Nous en convenons; mais vouloir induire delà, que c'est à l'astrologie que la Religion elle-même doit sa naissance, et que les hommes chasseurs, ictyophages, rizophages et cultivateurs, n'en auroient eu aucune idée, sans l'instruction qu'ils en ont reçu des hommes nomades, c'est à la fin du dix-huitième siècle, vouloir prétendre réformer les idées religieuses de tous les siècles, et mieux connoître les senti-. mens que les Romains, les Grecs et les autres peuples anciens ont eu de la Divinité, que ces peuples eux-mêmes.

Notre auteur est néanmoins si confiant dans son systême, qu'il y voit tous les cultes expliqués dans l'unité de leur construction primitive, unité, dit-il, qui aura lieu d'étonner le lecteur.

Il est certain qu'il existe une tradition primitive, source de toutes les traditions de la terre; et il est évident, que si l'on se trompe dans l'objet de cette foi primordiale, l'on pourra tomber dans les conséquences les plus

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fausses sur la foi des âges ultérieurs, et en dénaturer entièrement lidée.

Voilà pourquoi, sans doute, l'auteur de cette histoire ne voit plus, comme il le dit lui-même (pag. 9, de son disc. prélim.), qu'un immense cahos dans la religion des divers peuples. C'est pour le débrouiller qu'il a pris la

plume.

Il distingue dans toute institution religieuse trois parties; la fiction, le dogme et les rites ou

cérémonies sacrées.

La fiction fut essentiellement la même chez tous les peuples civilisés. Tous adoroient le soleil et les astres. (Disc. prélim., pag. 9.)

Les rites ou cérémonies religieuses varient à chaque pas. ( Id., ib. )

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« Le dogme, c'est-à-dire, les articles de „ croyance que prescrivent les prêtres de chaque religion se rapportent généralement aux deux grands principes, du bien et du mal, à ces bons ou à ces mauvais génies, qui, dans un état continuel de ,, guerre, régissent le monde, et oppriment ou protègent les débiles humains». ( Id., pag. 10.)

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Important aveu! car si tous les peuples sont obligés de remonter à ces deux principes, d'où vient ce consentement général? d'où vient cette tradition universelle? ne renferme-t-elle pas en elle-même la grande énigme de notre

nature?

Non, dit le C. Delaunaye, ces articles de croyance, dérivent presque tous des systémes divers que les hommes ont formés sur la physique du globe. C'est-à-dire, selon cet au

teur,

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teur, que l'étude de la physique, a précédé sur le globe, celle de la morale; c'est une suite de son systême, qui fait des hommes nomades les inventeurs primitifs du dogme.

Le C. Delaunaye s'en prend ensuite à la doctrine de l'immortalité de l'ame, comme à un des dogmes les plus propres à faire le malheur des hommes; il l'appelle le dogme redou table des peines et des récompenses. (Disc. prél., pag. 10.)

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A ce blasphême de l'athéisme, contentonsnous d'opposer ici la voix du sentiment. « Non, dit Young (1), l'homme ne fait que plonger dans la mort et se relève immortel. Le tombeau n'est pour le juste, qu'une route sou,, terraine qui le conduit au bonheur. Son histoire glorieuse se partage en deux portions inégales. Cette courte vie en est pour ainsi dire le frontispice; l'éternité déroule le volume entier de nos destinées.

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L'incrédule a dit: Tout n'est dans l'univers qu'un fiux éternel d'êtres foibles et pé,, rissables, que le torrent du temps roule avec bruit dans l'abîme du néant.

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Quoi! au milieu de ce torrent qui nous ,, entraîne, et avant d'être engloutis, il ne se,, roit point de rocher où l'homme pût respirer un instant de ses terreurs, sonder d'un ,, regard sa destinée, et concevoir l'audace de penser, que c'est quelque chose d'ê», tre né!

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,, Si la nature ne peut instruire l'incrédule,

(1) Nuits d'Young, t. 1, De l'immortalité et de l'anéantissement, Tome I.

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s'il s'aveugle sur ce qu'il voit, résistera-t-il
encore à ce qu'il sent?

Les caractères de l'immortalité sont empreints sur lui. Il porte dans son sein le ,, juge qui le condamne. La nature n'en impose point à ses enfans. Elle n'a point écrit des fables dans nos cœurs, et fait de l'homme un ,, mensonge, qui trompe l'homme.

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....

Si le tombeau étoit la porte du néant, homme de bien, que deviendroit ta confiance et ta joie? Que te serviroit-il de veiller tout le jour, et de faire une garde sévère autour de ton cœur irréprochable?

,,.... Vertu, sagesse, vérité! Noms sacrés, respectés, applaudis, divinisés dans tous les ,, âges! Pleurons sur eux, si les esprits doivent mourir.

"

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Dès que la raison est déshéritée dans l'avenir, c'est aux sens que l'empire appar tient, eux seuls sont nos maîtres légitimes; c'est à eux à gouverner l'homme »....

Certes! une pareille doctrine seroit commode pour les méchans; elle ne seroit désespérante que pour les bons. Car dès-lors plus de dis tinction réelle entre le vice et la vertu; dèslors plus de frein à la cupidité, plus de remords dans le crime; tout est renversé dans l'ordre moral de cet univers.

Le méchant a seul deviné le mystère de la nature; la vérité ne s'est découverte qu'à lui; P'homme de bien, l'homme sans intrigue l'homme bienfaisant, sans ostentation, et victime néanmoins de l'envie, n'est que la dupe de son systême et l'instrument de son erreur.

Mais quelle pensée ignominieuse et déchirante de croire, que les plus exécrables scélé

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