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étoit d'une sensibilité de nerf si grande, que la voix seule d'un homme un peu élevée, même celle de son pere, la faisoit tomber en syncope. Elle s'évanouit donc, et eut une attaque de nerf si violente, que ses bourreaux craignirent de perdre leur proie. C'est dans cet état qu'elle fut séquestrée de tous les autres prisonniers, et enfermée scule dans un vaste corridor qu'on avoit fait vuider tout exprès. Dieu la soutint, et lui fit retrouver les forces nécessaires pour passer le carême entier en ne mangeant qu'un peu de riz et quelqués légumes. Dans cet intervalle, elle parut une fois au tribunal de sang: le grand nombre de victimes qui y comparurent le même jour, fit qu'on la renvoya avec un seul soldat qui l'accompagnoit Elle traversa les rues de Bordeaux, au milieu des huées d'une populace qu'on soudoyoit pour outrager les prisonniers : elle avoit les mains croisées sur sa poitrine, et les yeux fixés vers le ciel, gardant un profond silence qu'elle s'étoit prescrit, et que rien ne put lui faire rompre. La guillotine lui causoit néanmoins une frayeur indicible: Vous savez, écrivoit-elle à un homine de confiance, combien j'ai horreur de ce genre de supplice; elle est si grande, que si la chose étoit permise et à mon choix, je nie je terois volontiers dans un brasier ardent; mais Dieu ne nous donne pas ce qui nous plaît, ét il veut que nous acceptions avec soumission ce qu'il choisit pour nous purifier. Elle parut quatre fois différentes au tribunal sa foiblesse étoit si grande qu'on fut contraint de l'y faire conduire dans une chaise à porteur. Sa derniere apparition à ce tribunal de sang fut le dimanche des Rameaux. La séance dura plus de deux heures, pendant lesquelles son juge ne put lui arracher une

senle parole, se contentant d'approuver ou de désapprouver par un signe de tête. Un défenseur officicux mit son innocence dans un si grand jour, que le juge lui imposa silence dans les termes les plus grossiers. Ce défenseur officieux fat lui-même guillotiné le jeudi suivant. On lat, pour la forme, une foule d'accusations vagues, et le juge prononça, avec les accens de la rage, sa sentence de niort; et s'adressant à la martyre:.... Eh bien! qu'as-tu à répondre maintenant que tu es condamnée? Rien, puisque vous me trouvez digne de mort. Dieu veuille vous pardonner comme je vous pardonne! Tous les spectateurs, frappés de cette atroce condamnation, demeurerent dans un morne si lence; elle seule parut satisfaite. Ceux qui la considererent attentivement, crurent apperce voir sur son visage un rayon de cette gloire immortelle à laquelle elle touchoit. Sa foiblesse disparut; au lieu de cette pâleur qu'elle avoit cue jusqu'alors,, ses joues se colorerent d'un vif incarnat. Elle se leva aussi-tôt et traversa la salle avec une majesté qui frappa tout le monde. Arrivée au pied de l'échafaud, elle demanda au bourreau la permission de faire sa priere, et l'ayant obtenue, elle se prosterna dans la boue, le visage contre terre. Les spectateurs s'approchant de trop près, elle dit avec une douceur angélique, éloignez-vous, je vous pric, et permettez que je fosse en paix ma derniere priere au Seigneur: c'est aujourd'hui qu'il est entré en triomphe à Jérusalem; je le supplie de recevoir en ce même jour mon ame dans la Jérusalem céleste. Elle put exécuter tout ce que je viens de raconter, parce que, contre l'usage, elle n'eut point les mains liées

derriere le dos. Après avoir achevé sa priere, elle monta librement et courageusement sur l'autel de son sacrifice, et elle le consomma avec la foi des premiers martyrs de l'église.

Etat de l'Eglise de Parts.

Le culte catholique est toujours exercé à Paris, avec la même ferveur, le même zele, et avec la même liberté. Les autorités constitubes continuent de protéger, d'après le texte de la loi qui permet LA LIBERTÉ DES CULTES, et les ministres et les fideles. Aussi, bien loin d'avoir à gémir d'aucune sorte de vexations, ni d'aucun scandale, comme dans les départemens, les habitans de cette grande commane n'ont qu'à rendre grace à la Providence de maintenir dans le coeur des gouvernans de si favorables dispositions.

Jamais peut-être, depuis des siecles, on n'avoit célébré avec plus de piété et une édification plus touchante la grande. FÊTE DU SAINT SACREMENT. Tous les jours de l'octave, les églises et les oratoires publics pouvoient à peine contenir les assistans : ce n'étoit plus seulement, comme aux premiers jours de l'ouverture des églises, quelques femmes pienses, c'étoient des familles entieres, les peres et les meres à la tête de leurs enfans et de leurs domestiques. Les. saints cantiques n'étoient pas seulement chantés par les ministres : tous mêloient leurs voix à celles des chantres; ce qui formoit un concert si attendrissant, que les farmes d'une si sainte joie couloient de tous les yeux Ah! si ceux qui ne cessent de calomnier la religion avoient pu être témoins d'un spectacle aussi intéressant!..

les entendroit-on accuser sans cesse ceux qui la pratiquent, et de qui elle est, dans ces jours malheureux, la consolation la plus douce, de fanatisme, de fureur et de révolte contre un gouvernement protecteur, que les vrais catholiques ne pourroient maudire qu'en attirant sur eux-mêmes, non-seulement les justes châtimens du gouvernement, mais même (ce qui est bien plus épouvantable) les peines éternelles, dont le Dieu qu'ils servent menace ceux qui ne seront pas soumis aux puissances de la terre.

La pratique des sacremens, et des saluts denx fois par jour, dans toutes les églises, des premieres communions dans quelques-unes, des processions avec le Saint-Sacrement, dans l'intérieur des oratoires, ont rappellé à tous les fideles les temps heureux où la France donnoit à toute l'Europe l'exemple éclatant du respect unanime de la presque totalité de ses habitans pour le très-Saint-Sacrement de nos autels. Sans doute les temples de Paris n'ont pas offert cette pompe extérieure qui attiroit dans toutes les rues ou passoient autrefois les processions, les spectateurs de tous les âges et de toutes les classes. On n'a pas vu ces exercices où un grand nombre d'encensoirs s'élevoient et retomboient à-la-fois au milieu d'une foule d'enfans répandant des corbeilles de fleurs, et de lévites chargés d'ornemens magnifiques; mais on a vu des meres chrétiennes prosternées aux pieds du ministre, lui demander que leurs enfans eussent le bonheur de recevoir sur leurs têtes l'attouchement du vase sacré qui contenoit les saints mysteres, des citoyens de tous les rangs confondus an milieu des pauvres, bénissant tous d'une commune voix le Dieu trois fois saint. Cette pompe de tous les cœurs réunis dans les mêmes

sentimens, de foi, de respect et d'amour, valuit bien sans doute celle dont une pauvreté sans murmure a commandé le sacrifice.

Tel est l'état de l'église de Paris. Quelle consolation pour son digne pasteur, si notre journal pouvoit fui parvenir dans sa retraite! Quel modele pour les autres églises, s'il leur étoit permis de s'y conformer! Mais encore un peu de temps, et les malheureuses entraves dont on gêne, dans les départemens, la liberté des catholiques, seront brisées. Le gouvernement ne fermera plus les yeux sur la pureté de nos principes et sur l'avantage d'en protéger le libre exercice. La tyrannie seule avoit intérêt de nous poursuivre et de nous tourmenter. La tyrannie est déjouée, et le triomphe des gens de bien n'est pas éloigné, il est inséparable de celui de la véritable religion.

DRACI S.

LITTÉRATURE.

INVENTION NOUVELLE.

PASIGRAPHIE, ou

premiers élémens de l'art d'écrire et d'imprimer en une langue, de maniere à être entendu en toute autre langue sans traduction; inventés par D. M..... A. M. d'I, et rédigés par l'inventeur lui-même, et par R. A. SICARD, instituteur des sourds-muets. A Paris, un volume in-8°. 1796.

L'importance de l'objet et les demandes que nous avons reçues depuis qu'il en a été fait mention dans notre No. 12, nous portent à remplir au plutôt nos promesses de développemens attendus avec impatience.

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