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par l'Eglise) ayant pour objet Dieu et son rapport avec le monde, surtout avec l'homme; ou, ce qui est la même chose, Dieu en lui-même, et aussi comme Créateur, comme Providence et comme Sauveur. » En définitive, sous le nom de Théologie dogmatique orthodoxe, il faudra entendre la science qui expose la doctrine de l'Église orthodoxe sur Dieu et ses œuvres, ainsi qu'on définit d'ordinaire cette branche de la Théologie.

$3. Origine et développement des dogmes dans l'Église sources et modèles de la Théologie dogmatique orthodoxe.

De l'idée que nous avons offerte des dogmes chrétiens, ressort naturellement la divinité de leur origine à tous. Ainsi personne n'a le droit d'en augmenter ou d'en diminuer le nombre, ni de les changer ou de les altérer en quoi que ce soit tout ce qu'il a plu à Dieu d'en révéler au commencement doit être maintenu tant que subsistera le christianisme. Cependant, quoique invariables dans la révélation même, soit pour leur nombre, soit pour leur nature, les dogmes de la foi doivent être développés dans l'Église, comme ils le sont, en effet, par rapport aux croyants.

Du moment même où les hommes commencèrent à s'approprier les dogmes enseignés dans la révélation et à les faire descendre au niveau de leurs conceptions individuelles, ces vérités saintes durent se représenter diversement aux différents individus (il en est ainsi de toute vérité qui devient la propriété de la pensée humaine); il dut inévitablement se manifester, et il se manifesta, en effet, diverses opinions, divers doutes à l'endroit des dogmes, même différentes altérations de ces dogmes, ou des hérésies volontaires et involontaires. Pour préserver les fidèles de tant d'incertitudes, pour leur montrer à quoi et de quelle manière ils

devaient croire, appuyés sur la révélation, l'Eglise leur proposa dès le principe, suivant la tradition des saints Apôtres eux-mêmes, des modèles abrégés ou des symboles de foi (1). Là, en peu de mots, étaient exposés dans leur ensemble tous les dogmes fondamentaux du christianisme, et chaque article avait une double portée : d'un côté, il montrait la vérité de la révélation, que les fidèles devaient admettre comme dogme de foi; et, de l'autre, il les préservait de telle hérésie contre laquelle il était dirigé (2). Il en fut ainsi pendant les trois premiers siècles du christianisme. Il n'y avait pas alors dans l'Église un symbole unique; il y en avait plusieurs, identiques pour l'esprit, mais différents quant à la lettre (3); ils renfermaient, presque tous, certaines particularités, dirigées contre telle ou telle erreur qui avait surgi dans les lieux où ils étaient en usage (4). L'un de ces symboles est

(1) Pour les différentes significations du mot symbole (σúμéoλov) et pour l'origine des symboles dans l'Église chrétienne, voir l'Hist. biblique de Philarète, métrop. de Moscou, 599 à 601, 4o éd., et dans Switzer, Thesaurus Eccles., le mot symbole : σύμβολον.

(2) Ainsi, par exemple, ces paroles des anciens symboles : « Je crois au..... tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, » prémunissaient les orthodoxes contre l'erreur des Simoniens et des Ménandriens, hérétiques qui parurent déjà du temps des Apôtres, et qui enseignaient que le monde fut créé non par Dieu, mais par les anges. La doctrine des mêmes symboles sur la conception de Jésus-Christ par l'Esprit-Saint et sa naissance de la vierge Marie, les garantissait des erreurs d'autres hérétiques du temps des Cerinthiens et des Ébionites, qui enseignaient que Jésus-Christ avait été conçu et était né comme les autres hommes, et qu'il était véritablement le fils de Joseph et de Marie.

(3) On connait jusqu'à ce jour les anciens symboles des églises de Jérusalem, de Césarée, d'Alexandrie, d'Antioche, de Rome et d'Aquilée. Ils se trouvent aussi dans les écrits des docteurs particuliers de l'époque : Irénée, Tertullien, Cyprien, Grégoire le Thaumaturge, et dans les Constitutions apostoliques. Ils different en étendue, ainsi que dans certains termes, et dans l'ordre d'exposition de quelques articles. Voir les symboles mêmes chez Bingham, Orig. Eccles., lib x, cap. 3 et 4.

(4) Par exemple, dans le symbole de l'Église d'Aquilée, à ces paroles: Je crois en Dieu, Père tout-puissant, sont ajoutées celles-ci : invisible et impassible

resté jusqu'à présent en grande considération dans l'Eglise orthodoxe : c'est celui de saint Grégoire le Thaumaturge, qui expose, contre Sabellius et Paul de Samosate, la doctrine des attributs et de l'égalité parfaite de chacune des personnes de la très-sainte Trinité (1).

A partir du quatrième siècle, lors de l'apparition des hérésies funestes d'Arius, puis de Macédonius, et quand les hérétiques eurent commencé à faire abus des mots employés jusque-là pour exprimer les vérités de la foi, et à publier leurs propres symboles à l'exemple des orthodoxes; alors l'Eglise se vit dans la nécessité, non-seulement de rédiger et de publier, pour servir de règle à tous les fidèles, un sym

(invisibilem et impassibilem). C'est proprement contre les Sabelliens et les Patripatiens. « Il faut savoir, » dit Rufin, qui appartenait lui-même à cette église d'Aquilée, « que ces deux mots ne se trouvent pas dans le symbole de l'Eglise de Rome, et sont ajoutés chez nous contre l'hérésie des Sabelliens, connue sous le nom d'hérésie des Patripatiens, enseignant que le Père (Pater) lui-même est né de la Vierge, qu'Il est devenu visible et qu'Il a souffert (passus est) dans la chair. Ce fut apparemment en réfutation de cette erreur que nos aïeux ajoutèrent ces mots, c'est-à-dire qu'ils nommèrent le Père, invisibile et impassibile. » (Rufin. in Expos. symboli.) Ce fut sans doute aussi ce qui fit insérer par la suite, dans quelques anciens symboles, les articles de la descente de Jésus-Christ aux enfers et de la communion des saints, bien que nous ignorions l'époque de leur insertion. (Apud Bingham, op. cit., lib. x, cap. 8, § 7.)

(1) Nous ne disons rien ici du symbole dit apostolique, qui fut en usage pendant les trois premiers siècles, surtout dans l'Église romaine, et qui jusqu'à ce jour jouit d'une haute estime en Occident; nous n'en disons rien, paroe que l'Eglise orthodoxe d'Orient n'employa ce symbole, ni dans les trois premiers siècles, où elle en avait d'autres, ni à aucune époque postérieure; que, par conséquent, elle ne le considéra jamais dans un sens rigoureux comme un symbole apostolique, et ne le préféra jamais aux autres anciens symboles de la foi, qui tous, suivant la tradition, pouvaient également tirer leur origine des Apôtres, sinon pour la lettre, au moins pour l'esprit et le contenu. (Hist. Bibl. de Philarète, métrop. de Mosc., p. 600, 4o éd.) “Huɛic, oŭte ëxoμev, οὔτε εἴδομεν σύμβολον τῶν Ἀποστόλων : telle fut, au concile de Florence, la réponse des représentants de l'Église orthodoxe aux Latins, qui, en montrant leur symbole, disaient qu'il provenait des Apôtres eux-mêmes. (Concil. Florent., sect. vi, cap. 6.)

bole bien déterminé, invariable même quant à la lettre, mais aussi de fixer le sens des termes sacrés, et en général la langue théologique de l'Église (1). Tel fut le symbole qui, composé au premier concile œcuménique, puis complété dans le deuxième, dit de Nicée et Constantinople, devint, par les décrets du troisième concile œcuménique et des suivants, un modèle invariable de foi pour tout le monde chrétien et pour tous les siècles (2). Ce symbole contient la même doc

(1) Il est pourtant à remarquer que la formation de la langue théologique de l'Église commença en partie même avant le concile œcuménique de Nicée : dans quelques conciles provinciaux, comme celui d'Antioche contre Paul de Samosate, lequel inséra dans son symbole le mot consubstantiel, ópovúcios, et dans les écrits de certains docteurs, Denys d'Alexandrie, par exemple, qui emploie le même mot (in Epist. ad Dionys. Roman.), et Théophile d'Antioche, chez qui nous trouvons pour la première fois le mot Trinité, Tpias (Ad Autolic., 11, n. 15); qu'elle se continua même après le concile de Nicée, à mesure que paraissaient de nouvelles hérésies, contre lesquelles il importa de fixer avec plus de précision la doctrine orthodoxe, et d'établir par conséquent plus exactement la valeur des expressions mêmes. Les principaux mots dont se composa ainsi la langue théologique de l'Église, et qui ont un sens rigoureusement fixé, sont, dans l'exposition de la doctrine sur Dieu, qu'il est unique dans la Trinité, unique par essence, triple en personnes ou hypostases; que l'attribut personnel du Père, c'est de n'être pas né; celui du Fils, d'étre né du Père; celui du Saint-Esprit, de procéder du Père; - dans l'exposition de la doctrine concernant le Christ notre Sauveur: qu'Il s'est incarné ou fait homme; qu'en lui il n'y a qu'une personne, mais qu'il y a deux natures, la nature divine et la nature humaine, réunies, sans fusion, invariablement, indivisiblement, inséparablement, etc.

(2) III concile œcum., déc. 7; VI œcum., déc. 1 et 2. L'opinion sur ce point du concile de Chalcédoine, IVe acum. Voir Labbey, Concil., t. IV, p. 567; quant à la décision du concile de Constantinople (en 867), qui passa longtemps en Orient pour le VIII acum., voir : Lect. du dim., IV année, p. 400. — Comp. Introd. à la Theol., etc., p. 565 570, Saint-Pétersb., 1847. Depuis le deuxième et surtout le troisième concile œcuménique, on commença à veiller rigoureusement à ce qu'il ne s'employat, pour exprimer les vérités fondamentales de la foi, que des termes consacrés par l'Église et jamais des expressions arbitraires; et le Vle concile œcuménique, après avoir examiné l'affaire des ci-devant patriarches de Constantinople, Serge, Pyrre et Paul, et de quelques autres qui pensaient comme eux, les accusa particulièrement d'avoir introduit dans la langue théologique de nouvelles expressions contraires à la foi orthodoxe (vide apud Labbeum, Concil., t. VI, p. 610-611), et confirma de nouveau

trine que les symboles antérieurs, avec cette différence pourtant, que certains articles de la foi y sont exposés avec plus de précision et de détails contre de nouvelles hérésies, particulièrement l'article concernant la divinité de la seconde personne de la sainte Trinité, contre Arius, Photius et Apollinaire, et l'article sur la divinité de la troisième personne, contre Macédonius (1).

Le siècle suivant vit paraître l'hérésie des Monophysites, et le quatrième concile œcuménique (an 451) rédigea, sur les deux natures réunies dans la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une profession de foi qui n'est qu'une explication plus précise du sens énoncé dans le troisième article du symbole de Nicée et Constantinople (2). A la même epoque à peu près parut le symbole dit d'Athanase, qui, outre la doctrine de la sainte Trinité, renferme l'exposition la plus exacte de celle de l'union des deux natures en NotreSeigneur Jésus-Christ: ce symbole, bien que non rédigé en concile œcuménique, est admis néanmoins par toute l'Église et fort estimé. Ensuite parut l'hérésie des Monothélites, et le

l'obligation, non-seulement de ne prendre les dogmes des saints Pèrès que dans le sens adopté par eux, mais encore de ne les exprimer que dans les memes termes qu'eux, et de ne rien introduire de nouveau. (Apud Labb., ibid., p. 1028.)

(1) Il est à remarquer qu'en exposant plus en détail le symbole du Ier concile œcuménique, les Pères du II s'appliquèrent à faire surtout usage, dans ce travail, des mots et des phrases de l'Écriture sainte, et que les quatre derniers articles qui ne se trouvaient pas dans le symbole du concile de Nicée, ils les tirèrent d'anciens symboles en usage dans l'Église antérieurement à celui de Nicée.

(2) Nous ne pouvons passer ici sous silence quelque chose de fort important pour nous dans le cas actuel, savoir, l'apostrophe (πpoopwvnτixóc) de ce concile œcuménique à l'empereur Marcien. Là, les Pères exposent en détail que le développement graduel des dogmes dans l'Église est indispensable, surtout quand surgissent des hérésies; que l'Église est toujours en droit de le donner, et que, dans ce cas, en développant les dogmes, elle n'y ajoute rien de nouveau. (Apud Labb., Concil., t. IV, p. 819-828.)

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