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qui est le nom de la province dont Damas est la capitale (a). Ils croient communément que cette ville a tiré son nom de Dameschek Eliézer, serviteur ou intendant de la maison d'Abraham, et que ce patriarche en est le fondateur. Il y a toutefois des historiens arabes qui font la ville de Damas encore plus ancienne que le siècle d'Abraham, et qui prétendent qu'elle a été fondée et nommée par Demschak, fils de Chanaan, fils de Cham et petit-fils de Noé.

Le géographe Persien dit que la campagne ou plaine de Damas, qui s'étend entre le Liban et l'Antiliban, et que les Arabes appellent Ganthah, est un des quatre paradis de l'Orient. Les trois autres sont Obolla dans la Chaldée, où il y a une rivière de même nom; Schebbaoran, en Perse, et la Sogdiane, que les Orientaux appellent la vallée de Samarcand. Ils prétendent qu'Adam a élé créé près de Damas, d'une terre rouge que l'on voit au même endroit, et qui leur a paru plus propre que d'autre à former de la chair vive. Plusieurs placent au même endroit le paradis terrestre.

La ville de Damas, selon le géographe Etienne, a tiré son nom de son fondateur Damascus, fils de Mercure et d'Alcimède. Dans le premier livre des Paralipomènes, c. XVIII, 5, 6, Damas est nommée Dar

.( Damask דמשק au lieu de ,דרמשק ) masch

Quelques-uns dérivent le nom de Damasch, ou Damsak de l'hébreu Dam, sang, et sak, un juste, comme pour marquer que cette ville a été souillée du sang d'Abel. Damas a été ville épiscopale métropolitaine sous le patriarche d'Antioche; mais aujourd'hui le patriarche grec d'Antioche y réside. Le temple de Damas passe pour un des plus beaux qu'aient les Turcs. Ils disent que ce temple fut d'abord bâti par les Sabiens, disciples de saint Jean-Baptiste, qui y conservaient le chef de ce saint précurseur suspendu à la voûte ensuite les chrétiens s'en rendirent les maîtres, et en furent chassés par le Calif Valid, fils d'Abdalmelech, qui dépensa pendant plusieurs années tout le revenu qu'il tirait de la Syrie à l'embellir. Il y a un dome magnifique qui porte le nom de dôme d'Aliat; il est accompagné de plusieurs autres dômes de moindre grandeur, dont l'un s'appelle le dôme de la montée, ou de l'ascension de Mahomet au ciel: le troisième, le dôme de la résurrection des morts; et le quatrième, le dôme de la balance ou du jugement dernier. Malgré toutes les révolu tions qui sont arrivées à Damas, cette ville passe encore aujourd'hui pour une des plus belles et des plus considérables de l'Orient. [L'Arabe Calid, surnommé le glaive de Dicu, à la tête des guerriers musulmans, prit Damas sur les chrétiens, qui devaient fuir et disparaître devant la face dévorante de l'Islam, devant cette religion nouvelle prêchée

(a) Biblioth. Orient. p. 282, 772, etc.

(1) Michaud, Hist. des Croisades, liv. V, tom. II, p. 86. (2) Id., ibid., pag. 98.

(3) Id. ibid. liv. VI, pag. 183-189.

(4) Id. ibid. liv. VII, pag. 247 et liv. IX, tom. III,

le sabre à la main, et dont les farouches sc ctateurs menaçaient d'asservir la terre toul entière. On peut lire dans Gibbon l'histoire du siége de la conquête de Damas par ces fanatiques enfants de Mahomet. Damas, après cela, fut l'objet de la convoitise des princes musulmans, le théâtre sanglant de leurs rivalités perpétuelles.

Au temps des Croisades, la douzième année du règne de Baudouin II, les Francs de Palestine se mirent en route pour aller assiéger Damas (décembre 1130); mais il leur sembla que Dieu s'opposait à leur entreprise, et ils revinrent sur leurs pas, quoique les hostilités eussent déjà commencé (1). Plus tard, douin II, Zenghi, prince de Mossoul, se dissous Foulques d'Anjou, successeur de Bauposait à venir s'emparer de Damas; le Sullan qui gouvernait cette ville, implora le secours des chrétiens, leur promettant de les aider à reprendre Panéas, qui avait été récemment livrée à Zenghi. Ce dernier, à la vue de l'armée chrétienne, près de Damas, abandonna son dessein. Le sultan de Damas, reconnaissant, contribua puissamment à arracher à Zenghi la ville de Panéas, qui revint ainsi en la possession des chrétiens (2). Dans la croisade de Louis VII et de Conrad (1145 – 1149), sous Baudouin III, fils et successeur de Foulques, les chrétiens tentèrent de nouveau le siége de Damas; après y avoir déployé beaucoup d'héroïsme, et au moment de saisir la victoire, la discorde, appelée par l'ambition des chefs, s'établit parmi eux, et ils furent obligés de se retirer (3). Plus tard, Saladin fut couronné sultan de Damas et du Caire (4). Afdal, son fils aîné, lui succéda à Damas; il se livra à la débauche, et MalekAdhel, son oncle, lui fit la guerre au nom d'Aziz, autre fils de Saladin et sultan d'Egypte. Il prit Damas, en chassa Afdal, et s'y établit souverain (5). En 1200, un tremblement de terre détruisit en partie cette ville (6). Quelques années après, Malek-Adhel, renonçant à la souveraine puissance, et partageant ses Etats entre ses fils, donna au second, c'est-à-dire à Coradio, la souveraineté de Damas (7). Cette capitale ne cessa pas d'être disputée par les princes musulmans, ambitieux et avides du pouvoir. Près de deux siècles s'écoulèrent pendant lesquels Damas ne jouit de la paix que par intervalles; puis parurent les Tartares. « En 1401, dit M. Poujoulat (8), époque où ces conquérants barbares épouvantaient l'Orient de leurs victoires, Damas était défendue par les armées d'Egypte, et les compagnons de Timour ou Tamerlan furent d'abord repoussés. La révolte des mameluks ayant obligé le sultan de reprendre le chemin du Caire, les Dama squins, quoique réduits à leurs propres forces, continuèrent à résister. Timour offrit de lever le siége à des conditions que les habitants crurent pouvoir accepter. Mais le con

pag. 27.

(5) Id. ibid. liv. IX, tom. III, pag. 6-9, 21. (6) Id. ibid. liv. XII, pag. 255.

(7) Id. ibid. pag. 306

(8) Correspond. d'Orient, lettr. CXLIX, tom. VI, p. 233

quérant tartare viola le traité sous la foi duquel il avait pénétré dans la ville,... et ordonna le carnage à ses troupes... Le glaive n'épargna qu'une seule famille... et un certain nombre d'artisans armuriers qu'on envoya à Samarcande; c'est depuis ce temps que Damas a perdu ses fabriques de lames lant vantées (1). L'incendie fit de la capitale syrienne un monceau de cendres et de ruines, et le beau Barrady coula solitaire à travers les décombres et les jardins dévastés. » Damas est appelée aujourd'hui par les Arabes EL-CHAM, la Syrie, parce qu'elle en est la capitale, et non point El-Chams, le soleil, selon quelques auteurs (2). Pokoke, Maundrel, Niebuhr, Volney, Ali-Bey, plusieurs voyageurs anglais modernes, entre autres Richardson, ont parlé de Damas; mais on connait peu cette ville quand on ne l'a vue qu'à travers leurs récits, pleins, à la vérité, de détails curieux. M. Poujoulat, qui a aussi visité Damas, a fait sur cette antique cité le travail le plus intéressant et le plus complet qui existe jusqu'à ce jour. Voyez dans la Correspondance d'Orient, les lettres CXLVCXLIX, tom. VI, pag. 148-233. C'est principalement le tableau de la ville et des mœurs de ses habitants à notre époque. Nous y trou. vons quelques traits que nous devons mentionner ici :

Les peuples qui ont passé par Damas n'y ont laissé aucune trace de beaux monumenis. La porte de Saint-Paul (Bab-Boulos), à l'orient, est le débris le plus remarquable de la vieille cité (3).... La grande mosquée, celle qu'on a coutume de fermer en signe d'alarme, fut autrefois une église consacrée à saint Jean-Baptiste, selon les uns, à saint Jean Damascène, selon les autres; quelques auteurs prétendent aussi que cette église était dédiée au prophète Zacharie et qu'elle date de l'empire d'Héraclius; cette dernière opinion est fondée sur ce que dans le premier siècle de l'ère chrétienne, les fidèles et sur tout les Grecs aimaient à placer leurs temples sous l'invocation des anciens patriarches et des prophètes. Les auteurs arabes nous apprennent que le calife Valid, an 86 de l'hégire, répara et embellit le monument; ce qui a fait croire que la grande mosquée de Damas était l'ouvrage de ce calife. Je n'ai pas le temps de fouiller dans les vieilles origines pour déterminer avec une incontestable vérité, quel fut le premier fondateur de ce temple, sous quel saint patronage ce sanctuaire lut d'abord placé ; je me borne à dire que la grande mosquée est le plus beau monument

(1) On ne fabrique à Damas que des sabres d'une trempe commune et l'on ne voit chez les armuriers que de vieilles armes presque sans prix.J'y ai vainement cherché un sabre et un poignard de l'ancienne trempe. Ces sabres viennent maintenant du Korassan, province de Perse, et même là on ne les fabrique plus. Il en existe un certain nombre qui passent de mains en mains, comme des reliques précieuses, et qui sont d'un prix inestimable. La laine de celui dont on m'a fait présent a coûté cinq mille piastres au pacha. Les Turcs et les Arabes, qui estiment ces lames plus que les diamants, sacrifieraient tout au de pour une pareille arme; leurs regards étincellent u'enthousiasme et de vénération quand ils voient la mienne, et ils la portent à 1 ur front, coimme s'ils adoraient un si

de Damas; l'édifice est d'architecture corinthienne; la vue extérieure du monument présente des formes et un caractère qui rappellent les grandes œuvres du génie grec; lo premier âge de la foi chrétienne n'a rien enfanté de plus remarquable (4).... « La nef da centre, dit Ali-Bey, cité par M. Poujoulat, renferme le sépulcre du prophète Jean, fils de Zacharie.... » Les musulmans damasquins croient posséder le tombeau de Jean-Baptiste; avec un peu d'attention et de critique, on peut reconnaître leur erreur. C'est à Tibé riade que le précurseur du Christ cut la tête tranchée; les disciples de Jean l'ayant su, dit l'Evangile, vinrent prendre son corps et le mirent dans un tombeau. Il est donc bien évident qu'il faudrait chercher le sépulere du fi's de Zacharie dans la Galilée et nou point à Damas... Une tradition musulmane annonce qu'à la fin du monde saint Jean descendra dans la grande mosquée de Damas, comme Jésus, d'après la même tradition, descendra dans le temple d'Omar à Jérusalem, et Mahomet dans le temple de la Mecque (5)...

» D'après les informations que j'ai prises, et par un calcul qui d'ailleurs ne peut être qu'approximatif, je porterai à cent trente mille environ le nombre des musulmans à Damas; on compte à peu près deux mille Juifs, dix mille Grecs catholiques, cinq mille Grecs schismatiques; le reste de la population chrétienne est arménien et syrien (6)...

» Le faubourg du sud de Damas se nomme Bab-Allah (la porte de Dieu), parce qu'il fait face aux chemins de Jérusalem et de la Mecque (7).

» .... A une heure de Damas, à l'est, les Israélites vont visiter, au village de Jobar, le tombeau d'Elisée, renfermé dans une synagogue. Pokoke dit que cette synagogue, autrefois une église grecque, marque le lieu où le prophète Elisée couronna Hazael roi de Syrie, selon les ordres du Seigneur. On a rẻmarqué que les habitants de Jobar ne coupent point le blé, mais qu'ils l'arrachent suivant une coutume mentionnée dans les livres saints. - Le village de Bezé, à une demiheure au nord de Jobar, indique la place où Abraham atteignit les quatre rois qui retenaient Loth prisonnier; c'est, dit-on, sur la montagne voisine de Bezé que les quatre rois reçurent la sépulture (8)...

... Je ne me suis pas donné la peine d'aller voir ce qu'on appelle la grotte de Jérémie; l'endroit du paradis terrestre où le Seigneur fit entendre au premier homme son arrêt de mort après son péché; le lieu où coula le

parfait instrument de mort. » Lamartine, Voyage en Orient. tom II, pag. 213.

(2) Dit M. Poujoulat, Corresp. d'Orient, lettr. CXLVI, tom. VI, pag. 160. M. de Lamartine, Voy. en Orient, tom. III, pag. 61, admet l'étymologie que rejette M. Poujoulat. « La célèbre ville de Scham, nom qui signifie soleil, dit-i en note, cette porte de la gloire (Babel Cahbé), comme l'appellent les Turcs. »

(5) Pag. 161. (4) Pag. 170. (5) Pag. 173.

(6) Pag. 188.

(7) Pag. 200. (8) Pag. 207.

sang d'Abel; ces traditions de localité ne supportent pas la critique (1).

» Je reviens à Damas pour m'arrêter un moment au lieu où le persécuteur de l'Eglise, qui depuis fut saint Paul, se sentit frappé d'une lumière du ciel, et entendit une voix... Ce lieu est à un demi-mille de la ville, du côté de la porte de Saint-Paul, ou Porte orientale, à peu de distance du cimetière chrétien; près de là se voit un massif de maçonnerie qui peut-être appartient à quelque chapelle bâtie en mémoire de la conversion de saint Paul. Cet homme... fut conduit miraculeusement à Damas, dans une rue appelée la rue Droite, et que les chrétiens montrent encore. Ananie, dont j'ai visité la maison souterraine, alla trouver Paul pour lui rendre la vue et le faire chrétien. I tomba des yeux de Paul quelque chose qui ressemblait à des écailles; le jour lui fut rendu, l'eau du baplême coula sur son front... Les Juifs, ne pouvant résister au nouvel Apôtre avec les armes de la parole, résolurent de le perdre. Celui-ci, averti du complot, ne trouvà d'au- tre moyen de salut que la fuite. A la faveur des ombres de la nuit, ses disciples le descendirent dans une corbeille, le long du mur, et des catholiques grecs m'ont fait voir, près d'une porte murée, à l'ouest de la ville, l'endroit par où saint Paul parvint ainsi à s'échapper...Le lieu consacré par le souvenir de la conversion de saint Paul fait partie d'un vaste terrain uni, inculte et sans arbres. C'est là que la caravane de la Mecque a coutume de se réunir tous les ans avant de se mettre en marche, sous la conduite du pacha de Damas (2)... » Voy. ABANA, RAISIN.

Dans un ouvrage récemment publié, M. Victor Hennequin, malheureusement affecté d'une manie qui consiste à parler avec assurance de beaucoup de choses qu'il n'a point étudiées, s'exprime dans les termes suivants: « Tyr, Babylone, Ninive, ont péri comme l'avaient prévu les poëtes; mais ils avaient prédit en termes non moins formels la destruction de Damas, aujourd'hui florissante. Prophétie (d'Isaïe, XVII, 1) contre Damas: Voilà que Damas va cesser d'être une ville, et elle deviendra comme un monceau de pierres d'une maison ruinée. Isaïe a prédit à faux la destruction de cette ville (3). » M. Hennequin ignore l'histoire de Damas. Plus d'une fois cette ville a cessé d'être une ville et présenté l'aspect d'une maison ruinée. « Damas, dit Barbié du Bocage, fut prise, pilléc, incendiée, et ses habitants transférés par TéglathPhalasar... à Kir... Cependant Damas s'était relevée de ce désastre, lorsque Nabuchodonosor y porta le fer et le feu, etc. » Damas n'était plus une ville lorsqu'elle n'offrait aux regards qu'un monceau de décombres, et la prophétic d'Isaïe était alors vérifiée; mais Isaïe n'a pas prédit que des raines de Damas il ue sortirait point une autre ville de Damas.

(a) Genes. xxx, 4, 5, 6, etc.

(b) Genes. XLV1, 23.

(c) Num. 1, 38.

(d) Genes. XLIX, 16, 17.

(1) Pag. 208.

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Le texte et les faits accusent l'auteur qui a donné lieu à notre remarque, et qui ne se doute même pas que les prophéties des poètes bibliques sont de l'histoire écrite à l'avance.] DAMIETTE, ville d'Egypte. Voy. PELUSE. DAMMIM. Voy. APHES-DOMMIM, et PRÈSDOMMIM.

DAMNA [ou plutôt DANNA], ville dans les montagnes de Juda. Josue XV, 49.-[Danna était située vers les frontières de Siméon. suivant Barbié du Bocage. Voy. le troisième article Damna, ci-après.]

DAMNA, ville de la tribu de Zabulon. Josue XXI, 34, 35, Elle fut donnée aux lévites de la famille de Mérari pour leur demeure. - [Voy. AMTHAR et REMMONA, et l'article suivant.]

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DAMNA, ville de la tribu de Juda. Josue XV, 49. Il y en a encore une autre de même nom dans la tribu de Nephthali, qui fut donnée aux lévites. Josue XXI, 35.

[Cet article est évidemment la répétition desdeux précédents. On y voit une différence, c'est que, dans ce dernier, Damna est attribuée à la tribu de Nephthali, et que, dans le second, elle l'est à celle de Zabulon. On voit par cette répétition et par cette différence que dom Calinet a fait son dictionnaire avec une incroyable négligence.]

DAN, cinquième fils de Jacob, et le premier de Bala, servante de Rachel (a). Rachel, voyant que Dieu ne lui avait point donné d'enfants, pria Jacob de prendre Bala, sa servante, afin qu'au moins par son moyen eile pût avoir des enfants. Jacob la prit, et Bala lui enfanta un fils; et Rachel dit: Le Seigneur a jugé en ma faveur, et a exaucé ma voix, en me donnant un fils; et elle l'appela Dan, qui signifie, il a jugé.

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Dan n'eut qu'un fils nommé Husim (b). Ce qui n'empêcha pas qu'il n'eût une fort nombreuse postérité, puisqu'au sortir de l'Egypte, cette tribu était composée de soixante-deux mille sept cents hommes, capables de porter les armes sans compter les femmes et les enfants (c). Jacob, au lit de la mort, douna sa bénédiction à Dan, en disant (d) : Dan jugera son peuple comme une autre tribu d'Israel. Que Dan soit comme un serpent dans le chemin, comme un céruste dans le sentier, qui mord l'ongle du cheval, et qui fait tomber le cavalier en arrière. Jacob voulait dire que, quoique cette tribu ne fût pas des plus puissantes ni des plus célèbres d'Israel, elle ne laisserait pas de produire un chef de son peuple. Ce qui fut exécuté dans la personne de Samson, qui était sorti de Dan.

Jacob ajoute que Dan sera comme un serpent caché dans le chemin, qui mord l'ongle du cheval et renverse le cavalier; ce qui peut encore marquer sa valeur et son adresse à surprendre et à vaincre un ennemi plus fort que lui. D'autres ont cru que Jacob, par ces dernières paroles, voulait dire que

(2) Pag. 214, 215.

(5) Victor Hennequin, Introduct. historiq, à l'étude de la législat. française, tom. II, pag. 116 et 620, cel. 2. Paris, 1812.

l'Antechrist sortirait de la tribu de Dan. Ce sentiment est très-commun dans les Pères et dans les auteurs ecclésiastiques. Ils se servent aussi, pour l'appuyer, de ce que, dans l'Apocalypse (a), saint Jean ne fait nulle mention de la tribu de Dan, parmi les autres tribus d'Israel; mais ces raisons, quoique appuyées par l'autorité de plusieurs anciens, ne sont pas toutefois fort convaincantes; et l'origine de l'Antechrist sera toujours une question fort incertaine jusqu'après l'événement.

La tribu de Dan eut son partage dans un terrain fort gras et fort fertile, entre la tribu de Juda à l'orient, et le pays des Philistins à l'occident (1); mais ce terrain était fort resserré, parce que ce n'était proprement qu'un démembrement qui avait été fait des terres de Juda. C'est ce qui obligea ceux de cette tribu de chercher un pays plus étendu pour y envoyer une colonie de plusieurs de leurs familles, qui n'étaient pas assez au large dans leur propre terrain. Ils envoyèrent donc cinq hommes choisis des plus vaillants d'entre eux (b), pour chercher une demeure qui leur convint. Ils s'avancèrent jusqu'à Lais, près les sources du Jourdain, qu'ils trouvèrent sans défiance, et vivant dans une pleine sécurité. Ils en vinrent donner avis à leurs compatriotes, qui envoyèrent six cents hommes bien armés, avec leurs familles, pour se rendre maîtres de Laïs. En passant par la montagne d'Ephraïm, ils prirent dans la maison de Michas un jeune lévite, qui y entretenait un culte superstitieux, et l'emmenèrent à Laïs. Ils se rendirent aisément maîtres de cette ville, et y établirent le même mauvais culte qu'ils avaient trouvé chez Michas. Ce fut alors que la viile, qui s'appelait auparavant Laïs, prit le nom de Dan, à cause de ceux de cette tribu qui s'en rendirent les maîtres. [Voyez l'article suivant.]

Un historien juif, nommé Eldad (c), que quelques-uns font vivre au neuvième siècle vers l'an 880, et d'autres au treizième en 1283, a écrit que les Juifs de la tribu de Dan, ne voulant pas prendre les armes contre leurs frères, sous le règne de Jéroboam, se relirèrent en Ethiopie, où ils firent alliance avec Jes habitants du pays, et devinrent tributaires du roi d'Ethiopic. Ils remontèrent le Phison (il veut dire le Nil) et trouvèrent des peuples noirs comme des corbeaux, d'une stature de géant, et qui se nourrissaient de chair humaine. Les tribus de Nephthali, de Gad et d'Aser, suivirent en ce pays-là celle de Dan, et ayant passé les fleuves d'Ethiopie, s'y habiLuèrent, nourrissant des troupeaux, et de

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meurant sous des tentes. Ils avaient à leur tête un roi descendu d'Oliab, et gardaient les principales ordonnances de la loi. Leur prince pouvait mettre cent vingt mille cavaliers et cent mille fantassins sous les armes. Čes quatre tribus unies partagèrent entre elles les quatre saisons de l'année; chacune faisait la guerre pendant trois mois, et rapportait son butin au roi, qui en faisait un partage égal aux autres tribus qui étaient demeurées à la garde du pays. Mais cette transmigration est une pure fable, qui n'a pas le moindre fondement dans l'histoire sainte. [Voyez ETHIOPIE et JUIFS.]

DAN, ville située à l'extrémité septentrionale du pays d'Israel, dans la tribu de Nephthali. [Cette ville, colonie des Danites, et à cause de cela nommée Dan, s'appelait auparavant Laïs, comme il est dit dans l'article qui précède.] Pour marquer les deux extrémités de la Terre promise, l'Ecriture se sert souvent de cette manière de parler (d) : Depuis Dan jusqu'à Bersabée. Dan était au nord, et Bersabée au midi. La ville de Dan était au pied du Liban, sur le ruisseau de Dan, ou du Jourdain; et plusieurs auteurs ont cru que le Jourdain, Jordanes, prenait son nom de l'hébreu jor, un ruisseau, et Dan, qui était une ville située près de sa source. [Voyez l'article suivant.] Mais on fera voir ailleurs que cette prétention souffre d'assez grandes difficultés. Voyez l'article JOURDAIN. Dan était à quatre milles de Panéas, du côté de Tyr (e). Quelques-uns (f) l'ont confondu mal à propos avec Panéas, parce que Dan est proche de cette ville. Jéroboam, fils de Nabath, mit un de ses veaux d'or dans la ville de Dan (g), et l'autre à Béthel. [Voyez DAPHNÉ.]

[Il est dit dans le Deutéronome (XXXIV, 1) que le Seigneur fit voir à Moïse, placé sur le Phasga, tout le pays de Galaad jusqu'à Dan. De quel Dan s'agit-il? Est-ce de la ville ou du lieu qui en est différent et qui est l'objet de l'article suivant? Plusieurs croient qu'il est question de la ville, et tirent de cette opinien des conclusions diverses. Les uns prétendent que Moïse n'a rien écrit du XXXIV• chapitre du Deuteronome; les autres soutiennent que Moïse en a certainement écrit les quatre premiers versets, et, admettant qu'il s'agit de la ville de Laïs, croient, ou que le nom de Dan fut écrit par anticipation, ou que dans la suite il fut substitué à celui de Laïs. Vaines disputes. Il y a un lieu qui se nomme Dan et qui n'est pas bien éloigné de la ville de Laïs ou de Dan; c'est de ce lieu qu'il s'agit et non pas de la ville. Bersabée n'était aussi qu'un lieu à cette époque.]

d'Ephraim, un des meilleurs cantons de la Palestine, qui, par sa position, leur offrait en outre le moyen de se livrer à la navigation; et en effet, ils possédaient les ports de Joppé et de Jamnia. Ils eurent, lors de leur établissement dans le pays, beaucoup à souffrir de la part des Amorrhéens, qui, réfugiés dans leurs montagnes, ne cessaient de les harceler (Jud. xvn). Moise (Deut. xxxii, 22) avait pré fit que Dan Serait comme un lion, prédiction que justilia la bra,oure des Danites; ils prospérèrent. Bai biẻ đu Bocage.

'DAN, lieu jusqu'auquel Abraham poursuivit Codorlahomor et ses alliés. Gen. XIV, 14. Il y a au même lieu un ruisseau du même nom, et qu'on appelle aussi le petit Jourdain. Voy. AsOR et JOURDAIN. C'est de ce même lieu que parle Moïse, Deut. XXXIV, 1. Voy. mon addition à l'article précédent, et DAPHNÉ.

DAN, dont parle Ezechiel XXVII, 19, est, suivant les uns, la ville de Dan, l'ancienne Laïs; suivant d'autres, c'est le mont Ida, dans l'Asie Mineure. Voy. ma note sur DADAN.

*DAN (CAMP DE), lieu situé entre Saraa et Esthaol, d'où partirent les 600 Danites qui vinrent de là à Cariathiarim, derrière laquelle ils plantèrent leurs tentes, et se dirigèrent ensuite au nord vers Laïs, où ils s'établirent. Depuis cette époque, on a continué d'appeler ce lieu le Camp de Dan. Judic. XIII, 25; XVIII, 12.

DANIEL, prophète du Seigneur, sorti de la race royale de David, fut meué captif à Babylone, étant encore fort jeune, la quatrième année de Joakim, roi de Juda, du monde 3398, avant Jésus-Christ 602, avant l'ère vulgaire 603. On le choisit, avec trois de ses compagnons, Ananias, Azarias et Mizael, pour demeurer dans la cour de Nabuchodonosor (a), et on leur procura une éducation proportionnée à l'emploi auquel on les destinait. Daniel et ses compagnons firent de très-grands progrès dans toutes les sciences des Chaldéens, et ne voulurent pas se souiller, en mangeant des viandes qu'on leur servait de dessus la table du roi.

(a) Dan. 1, 2, 3, 4, etc.

(b) Dan. xm.

(c) An du monde 3434, avant Jésus-Christ 566, avant l'ère vulg. 570. Dan. iv, i, 2, 3, etc.

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(d) Dan. 1, 1, 2, 3, te. An du monde 3144, avant Jésus-Christ 556, avant l'ère vulg. 560.

(1) Lisez le chapitre u de Daniel, qui contient l'histoire de la vision de Nabuchodonosor. « C'est, dit M. Raoul Rochette, professeur d'archéologie, un précieux document sur les colosses des Babyloniens. Daniel, chap. n, raconte que Nabuchodonosor Il avait vu en rève une statue d'une grande élévation qui avait d'or fin la poitrine, et les bras d'argent, le ventre et les cuisses d'airain, les jambes et les pieds partie de fer, partie d'argile. En mettant à part le côté symbolique et religieux de ce récit, pour ne le considérer que dans ses rapports avec l'histoire de l'art, cette vision n'a pu arriver évidemment que chez une nation où les objets qu'elle représentait étaient familiers à tous les esprits, où l'on avait sous les yeux des colosses formés de différents métaux mélangés ensemble et travaillés au repoussé. Telles sont en effet les statues colossales auxquelles la Grèce dans l'enfance a rendu ses premiers hommages: la Diane d'Ephèse, la Junon d'Argos, etc.; et plus tard, lorsque le progrès de la civilisation ent amené le perfectionnement de l'art, le génie de Phidias produisit son chef-d'œuvre à l'aide des mêmes procédés. C'était cette sculpture polychrome qui, par le Jupiter Olvinpien, prosteruait l'un des plus grands peuples de l'antiquité devant l'autre, et amenait, dans la personne de Paul-Emile, Rome victorieuse aux pieds du génie de la Grèce vaincue. »

Sur cet aperçu de M. Raoul Rochette, M. de Paravey s'exprime en ces termes : « Nous croyons que le savant professeur a négligé la véritable explication de la statue allégorique vue en songe par Daniel (Sic).

>> Les métaux divers, comme les couleurs, répondaient, dans l'antique système hieroglyphique, à des points spéciaux de l'horizon.

Le jaune ou l'or répondait au centre, on à la tête; le vert a l'est; le rouge ou le cuivre au sud; le blanc à l'ouest; le noir ou le fer au nord.

Ainsi ces métaux divers désignaient les quatre empires principaux, par leurs positions relativement à Babybone. Encore actuellement les villes du Tunquin, toutes

La première occasion où Daniel fit éclater sa sagesse, fut dans la délivrance de Susanne, injustement accusée, et condamnée (b) à la mort. Il fit reconnaître son innocence, et découvrit la calomnie des vieillards qui l'avaient accusée. Voy. l'article de SUSANNE. Quelque temps après, Nabuchodonosor, ayant vu en songe une grande statue composée de divers métaux (1), qui fut mise en pièces par une pierre détachée de la montagne, voulut savoir l'explication de son songe. Mais comme il l'avait oublié, il prétendit que les mages lui en donneraient non-seulement l'interprétation, mais aussi qu'ils le lui rappelleraient dans la mémoire. Comme la chose leur était impossible, ils furent tous condamnés à mort. Daniel en ayant été informé, devina et expliqua le songe, et fut établi intendant de la province de Babylone, et chef de tous les mages et de tous les devins du pays (2).

Une autre fois Nabuchodonosor ayant vu en songe un grand arbre (c) qui fut abattu, coupé, et mis en pièces, mais en sorte toutefois que sa racine demeura, Daniel prédit à ce prince que bientôt il serait réduit à l'état des bêtes, et qu'il serait chassé de son palais. L'événement suivit bientôt l'explication; et le prince fut frappé de manie, et s'imagina qu'il était devenu bœuf. Il fut sept ans dans cet état, après lesquels il remonta sur le trône, et régna comme auparavant.

Quelque temps après (d), il fit dresser une statue d'or, et fit publier qu'aussitôt qu'on entendrait le son des instruments de musique, orientées, offrent à l'est, une porte verte; au sud, une porte peinte en rouge; à l'ouest, une porte blanche; au nord, une porte noire; et ce système allégorique qu'a entrevu M. Raoul Rochette, et qu'il a indiqué dans son cours, mais sans s'y arrêter suffisamment, lui eût expliqué, s'il en avait pénétré plus profondément le sens, pourquoi les quatre mers ont des noms de couleurs qui leur furent donnés, en raison de leur position géographique et de la situation qu'elles occupaient à partir de l'Assyrie comme

centre.

La célèbre inscription de Sémiramis, conservée par Pollien, porte en effet que son empire s'étendait entre les quatre mers; locution qui a été emportée aussi de Babylone en Chine, mais qui là est absurde.

»Les quatre mers, que citait Sémiramis, sont le golfe Persique, ou mer Verte des Arabes, à l'est; le golfe Arabique, ou petite mer Rouge, au sud; la Méditerranée, que les Grecs et les Arabes nomment encore la mer Blanche, à l'ouest, et enfin, le Pont-Euxin, ou mer Noire, au nord. » Ces noms ont été ensuite étendus aux mers de la Chine, des Indes, à l'Océan Atlantique et à l'Océan Ténébreux, puisque les Arabes nomment aussi la mer de la Chine, mer Verte, et que le nom de mer Erythrée ou Rouge, est celui de la mer des Indes dans tous les anciens

auteurs.

» Tous ces noms supposent également l'Assyrie et la Judée comme centre, et cette conséquence, ou le sent, est de la plus haute importance pour l'explication de l'histoire des Assyriens et des Chinois. >>

(2) On s'est étonné que Daniel, emmené captif à Babylone, soit parvenu à cette haute position. Cet étonnement annonce, dans ceux qui le manifestent, une profonde ignorance des usages des cours orientales dans tous les temps. Aujourd'hui comme autrefois, les souverains de l'Orient s'ainusent et ont des caprices. Pendant qu'ils se livrent aux plaisirs, ce sont souvent des esclaves, subitement devonus ministres, qui gouvernent l'Etat; et dans ces hautes fonctions, les esclaves se succèdent suivant la volonté capricieuse des monarques, cédant ordinairement aux sggestions de quelque autre esclave ou à quelque autre influence étrangère. L'histoire nous offre beaucoup d'exem ples de ces révolutions de palais, et nous montre jusqu'à des nègres occupant, même daus la cour de Constantino ple, les postes les plus élevés.

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